Je voudrais avant toute chose rendre hommage à un absent, Sadri Khiari, l’un des principaux théoriciens du PIR qui est retourné en Tunisie, faute de papiers et qui aurait dû être des nôtres. Je le dis avec d’autant plus de force qu’il n’est jamais cité par la plupart de celles et ceux qui se disent décoloniaux et encore moins par les universitaires. J’estime en effet son apport incontournable pour tout militant réellement décolonial.
Je commence avec une question directe : Indigènes de France, sommes-nous progressistes ? Sommes-nous progressistes comme nous rêvent ceux qu’on nous présente comme nos alliés naturels, la gauche ? Sommes-nous anticapitalistes, féministes, écologistes, pour le droits des homosexuels ou encore favorables à l’accueil des migrants ? Bref, sommes-nous des gens bien selon les critères de la gauche ? D’abord spontanément, j’aurais tendance à répondre que non. Ce n’est pas un « non » intemporel, ou définitif. C’est un « non » conjoncturel. Et pour le dire autrement, un « non » complexe. D’abord, pour ne pas tomber dans une quelconque forme d’essentialisme, je dirais que nous ne sommes pas un corps figé et homogène et qu’à ce titre on pourrait même répondre un « oui » partiel si on voulait considérer les membres de ce groupes, les indigènes, comme des unités autonomes et indépendantes.