Les Beaufs et les Barbares : sortir du dilemme

Je voudrais avant toute chose rendre hommage à un absent, Sadri Khiari, l’un des principaux théoriciens du PIR qui est retourné en Tunisie, faute de papiers et qui aurait dû être des nôtres. Je le dis avec d’autant plus de force qu’il n’est jamais cité par la plupart de celles et ceux qui se disent décoloniaux et encore moins par les universitaires. J’estime en effet son apport incontournable pour tout militant réellement décolonial.

Je commence avec une question directe : Indigènes de France, sommes-nous progressistes ? Sommes-nous progressistes comme nous rêvent ceux qu’on nous présente comme nos alliés naturels, la gauche ? Sommes-nous anticapitalistes, féministes, écologistes, pour le droits des homosexuels ou encore favorables à l’accueil des migrants ? Bref, sommes-nous des gens bien selon les critères de la gauche ? D’abord spontanément, j’aurais tendance à répondre que non. Ce n’est pas un « non » intemporel, ou définitif. C’est un « non » conjoncturel. Et pour le dire autrement, un « non » complexe. D’abord, pour ne pas tomber dans une quelconque forme d’essentialisme, je dirais que nous ne sommes pas un corps figé et homogène et qu’à ce titre on pourrait même répondre un « oui » partiel si on voulait considérer les membres de ce groupes, les indigènes, comme des unités autonomes et indépendantes.

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« Nouveaux dispositifs de contrôle, répressions et résistances »

Cette intervention a eu lieu durant une conférence de « Tribute to Semira Adamu »(1), dans le panel : « Nouveaux dispositifs de contrôle, répressions et résistances »

 

Je Remercie les organisateurs pour leur immense travail et pour leur invitation. Et j’ai une pensée pour Semira, Ali et toutes les autres victimes du racisme.

Je vais commencer par vous exposer l’analyse qui fondent l’existence et les actions de Bruxelles Panthères. J’évoquerai ensuite les formes de luttes que nous utilisons.

Ce que je vais dire ici – qu’est-ce que l’antiracisme politique ? –  est issu de notre expérience propre, de celle de notre réseau et dans ce cas-ci, de l’étude de trois auteurs en particulier. Je vais donc brièvement les citer, leurs pensées étant à la base de cette analyse :

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Viol : les racines du mal

J’espère mettre en lumière la terreur du banal et du quotidien plutôt qu’exploiter le spectacle choquant. Ce qui me concerne ici est la diffusion de la terreur et de la violence perpétuée dans les rubriques du plaisir, du paternalisme et de la propriété. (Saidiya V. Hartman, Scenes of Subjection: Terror, Slavery and Self-Making in Nineteenth-Century America

Race and American Culture, 1997)

Le viol a été au-devant de l’actualité pendant plusieurs mois, conduisant la France à faire évoluer ses standards en matière de licite et d’illicite. La campagne #MeToo a provoqué une onde de libération de la parole si massive qu’elle a fait craindre à Emmanuel Macron que la France bascule dans une culture de la délation[i]. Une affaire cependant cristallise l’attention. Et certains, forts de ce qu’ils viennent d’apprendre sur la question du viol, cèdent à la tentation de nous éduquer, nous, sujets postcoloniaux, sur ce qu’est ce crime et sur la manière dont il devrait être pris en charge politiquement. Une mise au point s’impose.

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Féminismes blancs, féminismes non blancs : quel bilan après l’affaire Tariq Ramadan ?

Quels sont les effets politiques de l’affaire Tariq Ramadan ? Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des Indigènes de la République, répond à cette question et fait l’état des lieux des féminismes.

Par Houria Bouteldja

Puisqu’il sera question ici d’une affaire judiciaire en cours, je tiens à préciser que je ne m’intéresse pas ici au fond de l’affaire mais à ses effets politiques.

En France, depuis les années 2000, nous assistons à l’émergence de nouvelles dynamiques  féministes qui entendent remettre en cause le féminisme hégémonique, qui comme vous vous en doutez est blanc. « Blanc » au sens où il défend principalement les intérêts des femmes blanches.

Suite à l’affaire du voile, on a vu apparaître un féminisme islamique qui combattait l’idée d’une supposée incompatibilité entre Islam et féminisme. Plus tard, avec l’apparition du mouvement décolonial et de l’antiracisme politique, il y a eu le féminisme intersectionnel. Toute une galaxie de féministes non blanches s’en réclament dont le féminisme islamique et l’afro-féminisme.  Je précise que ces mouvements qui sont plutôt très dynamiques ne représentent qu’une partie minoritaire des femmes issues de l’immigration post-coloniale car dans les faits, plus les femmes sont écrasées par leur condition moins elles militent. Cela vaut aussi pour le militantisme décolonial dont je me réclame. Nous ne sommes qu’une minorité agissante.

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Bandung du Nord : vers une Internationale décoloniale. Entretien avec Sandew Hira

Sandew Hira est le coordinateur du réseau décolonial international (DIN) et le directeur de l’International Institute for Scientific Research (IISR) de La Haye (Pays-Bas). L’IISR est une organisation membre du DIN, qui s’attache à mener des recherches autour de la décolonisation de l’esprit. Sandew Hira dirige avec Stephen Small et Arzu Merali une collection de livres chez Amrit Publishers : « Decolonizing the Mind ».

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Utopies de la libération : Houria Bouteldja à propos du féminisme, de l’antisémitisme, et des politiques de décolonisation

Utopies de la libération : Houria Bouteldja à propos du féminisme, de l’antisémitisme, et des politiques de décolonisation

De Ben Ratskoff

Le 5 avril 2018

En mai 1943, l’écrivaine surréaliste noire et militante Suzanne Césaire a demandé des rations de papier au gouvernement de Vichy, en temps de guerre, administrant la Martinique. Elle avait besoin de ce papier pour imprimer le prochain numéro de Tropiques, un journal consacré à l’intersection du Surréalisme et des politiques anticolonialistes dans les Caraïbes. Le gouvernement a refusé sa demande. Dans une vertigineuse démonstration de double discours, les collaborateurs du régime Nazi ont affirmé que le journal de Césaire était trop raciste et sectaire, dans son engagement assumé pour la négritude, et dans sa révolte littéraire contre la civilisation française. Il est à la fois troublant et éclairant de trouver un discours quasi-identique entourant la publication récente d’Houria Bouteldja, Les blancs, les juifs et nous : vers une politique de l’amour révolutionnaire. A la sortie du livre en France en 2016, un véritable lynchage s’est produit dans les médias. La pensée unique des intellectuels Français, de droite comme de gauche, s’est précipitée pour discipliner cette femme Arabe qui avait osé démystifier le conte de fée que la France se raconte à elle-même. De bien laids qualificatifs lui ont été attribués : Bouteldja était donc une raciste antiraciste ! Une néo-nazie ! Une homophobe ! Pas grand-chose n’a changé depuis la requête de Césaire pour les rations de papier en Martinique.

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Oui à une sévérité exemplaire contre le viol, Non au traitement raciste de Tariq Ramadan

Oui à une sévérité exemplaire contre le viol, Non au traitement raciste de Tariq Ramadan

En tant que femme, j’exige que le viol soit sévèrement puni quel que soit l’auteur du crime, Blanc ou Noir.

En tant que femme indigène, j’exige la même répression contre tous les auteurs de viol, Blancs ou Noirs.

 

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De « Patria o muerte » à « Allahou Akbar », le manifeste décolonial d’Houria Bouteldja

De « Patria o muerte » à « Allahou Akbar », le manifeste décolonial d’Houria Bouteldja

Préface de l’édition en espagnol du livre de Houria Bouteldja « Les Blancs, les Juifs et Nous : Vers une politique de l’Amour Révolutionnaire » (Akal, Barcelone, 2017)

« Écoute, Blanc ! », ici tu trouveras les clés de ta propre décolonisation et de ta libération du piège dans lequel t’a pris la civilisation capitaliste, impérialiste, patriarcale, occidentalocentrée, christianocentrée, moderne, coloniale, et l’auteure de ce livre te fait une proposition « amoureuse » indispensable (si tu veux vraiment sortir des guerres et de l’enfer où nous nous trouvons). Bien qu’il s’agisse d’un texte écrit dans le contexte français, il présente des leçons implacables pour les espaces métropolitains impérialistes ou pour les espaces périphériques néocolonialistes où la suprématie blanche s’est matérialisée. Si la modernité occidentale comme projet civilisationnel produit des privilèges pour les Blancs métropolitains –tandis qu’elle génère en même temps des génocides, des épistémicides, des écocides et de la mort pour le reste des vies (humaines et non humaines) sur la planète-, Houria Bouteldja se demande : « (…) qu’offrir aux Blancs en échange de leur déclin et des guerres qu’il annonce ? Une seule réponse : la paix, un seul moyen : l’amour révolutionnaire. Les lignes qui suivent ne sont qu’une énième tentative –sûrement désespérée- de susciter cet espoir ». 

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Ramadan, justice patriarcale, justice raciste

Ramadan, justice patriarcale, justice raciste

lundi 12 février 2018 par Houria Bouteldja

Post facebook de Houria Bouteldja

Oui à une sévérité exemplaire contre le viol
Non au traitement raciste de Tariq Ramadan

En tant que femme, j’exige que le viol soit sévèrement puni quel que soit l’auteur du crime, Blanc ou Noir.
En tant que femme indigène, j’exige la même répression contre tous les auteurs de viol, Blancs ou Noirs.

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Chasse aux militants antiracistes : jusqu’à quand ?

Chasse aux militants antiracistes : jusqu’à quand ?

Tribune collective /

Les offensives contre les forces de l’antiracisme politique ont gagné en intensité ces dernières semaines. Elles visent en particulier Houria Bouteldja et le Parti des Indigènes de la République. Plusieurs militants, collectifs et universitaires, appellent à ne pas céder et à prendre ces attaques pour ce qu’elles sont : les soubresauts de néo-conservateurs aux abois.

 

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