Sur la crise climatique, l’impérialisme et la libération de la Palestine

La dévastation à Gaza n’est pas seulement un génocide, mais aussi un écocide : la destruction délibérée de tout un tissu social et écologique. Des sols contaminés et des terres agricoles décimées à l’effondrement des réseaux hydrographiques et aux mers saturées de déchets, l’attaque israélienne révèle combien la violence coloniale est indissociable des atteintes à l’environnement. Reliant la lutte palestinienne à la lutte mondiale contre le capitalisme fossile et l’impérialisme, cette analyse soutient que la justice climatique est impossible sans la libération palestinienne.

Hamza Hamouchene

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Ma mère est plus écolo que vos COP!

Par Nordine Saïdi

Dans le cadre de l’université d’été du QG décolonial qui avait pour thème Penser le pouvoir et l’hégémonie avec Fanon et Gamsci, Nordine Saïdi participait à une plénière intitulée «Dérèglement climatique ou la vengeance des ancêtres: que peut l’écologie décoloniale ?». À cette occasion, il livrait le texte qui suit afin de recadrer les débats entourant les luttes environnementales ou écologiques. Il contribue à identifier les divisions de classe et les divisions raciales afin de mieux les surmonter dans une perspective de lutte. – CMB

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FRANTZ FANON, 100 ANS DE LUTTES : CE QU’IL NOUS APPREND À BRUXELLES PANTHÈRES

Ce que Frantz Fanon nous apprend à Bruxelles Panthères : pour une praxis décoloniale, radicale et populaire au cœur de la métropole européenne.

Frantz Fanon, 100 ans plus tard : armes pour nos luttes à Bruxelles Panthères
De la psychiatrie coloniale à la guérison politique collective : que ferait Fanon aujourd’hui à Bruxelles ?

« La honte. La honte et le mépris de moi-même. La nausée. Quand on m’aime, on me dit que c’est malgré ma couleur. Quand on me déteste, on ajoute que ce n’est pas à cause de ma couleur… Ici ou là, je suis prisonnier du cercle infernal. » Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs. (1952)

Fanon est vivant, ici, dans nos colères, nos soins, nos combats

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Le devoir de solidarité implique une lutte pour l’annulation intégrale de la dette du Tiers Monde

Mise en perspective des relations Nord/Sud — Les fondements d’une solidarité entre citoyen-ne-s

par Ernest Mandel

Nous publions une interview d’Ernest Mandel (1923-1995), militant marxiste, connu notamment pour ses travaux économiques et pour ses analyses politiques. Ernest Mandel a soutenu dès le départ la création du CADTM et a participé comme conférencier aux premiers grands rassemblements internationaux organisés par celui-ci à Bruxelles en 1991 (aux côtés de Hugo Blanco, Susan George, René Dumont et Gilles Perrault) et en 1993 (aux côtés d’Abraham Serfaty, Susan George, Nawaal El Saadawi et Michel Chossudovsky). L’interview qui date de 1991 se termine par la nécessité d’agir pour l’annulation de la dette du Tiers Monde et pour l’émancipation des peuples du Sud. Dans cette contribution, Ernest Mandel met en perspective historique les relations Nord Sud en utilisant la grille d’analyse marxiste, il en vient à la question des mécanismes de drainage des richesses du Sud vers le Nord (le remboursement de la dette du Tiers Monde comme l’échange inégal) et argumente en faveur de la solidarité entre travailleurs du Sud et du Nord. L’énorme intérêt de l’apport d’Ernest Mandel au travers de ce texte est la mise en évidence du cadre historique global dans lequel s’insèrent des combats comme celui de l’annulation de la dette du Tiers Monde.

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Cheikh Yassine : la trajectoire d’un paralytique devenu mythe politique

Christophe Oberlin, Cheikh Ahmed Yassine – Le fondateur du Hamas, Éditions Erick Bonnier, 09/01/25, 316 pages, 22€

Il est des livres qui, semblables aux fantômes de l’histoire, viennent hanter notre présent, exigeant une relecture attentive des strates du passé. Cheikh Ahmed Yassine, Le fondateur du Hamas, sous la plume de Christophe Oberlin, appartient à cette catégorie d’ouvrages essentiels, quoique dérangeants. Essentiels, car ils exhument une figure occultée par le fracas médiatique et les simplifications géopolitiques ; dérangeants, car ils nous confrontent aux racines d’un mouvement dont l’ombre portée, tragique et complexe, s’étend jusqu’à l’embrasement actuel ; dérangeants, parce que publier ou simplement analyser un tel ouvrage, c’est accepter de naviguer sur une ligne de crête où l’accusation d’apologie du terrorisme – l’anathème contemporain – guette indistinctement l’auteur, l’éditeur, et celui qui ose en disséquer la portée. Je prends volontiers ce risque, eu égard à l’éditeur que je connais très bien et apprécie, et la personnalité de Christophe Oberlin, médecin dont les missions répétées dans l’enclave palestinienne ancrent le propos dans une expérience vécue. Il ne nous offre pas une thèse académique distanciée, mais une immersion quasi ethnographique, une tentative de compréhension « de l’intérieur ».

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« VENGER LAHAUT »

Ce 18 août 2025, il y aura 75 ans que Julien Lahaut a été assassiné. Quatre balles d’une arme de fabrication américaine, un Colt 45, tirées à bout portant sur le pas de sa porte à Seraing, ont abattu le leader charismatique du mouvement ouvrier wallon. Julien Lahaut n’était pas seulement le Président du Parti Communiste belge, il en représentait l’âme militante, profondément nourrie par l’héritage de la révolution soviétique de 1917 et son internationalisme. Il faut relire la presse communiste des années 20 jusqu’au milieu des années 30, pour mesurer l’ampleur de la hargne qui animait alors l’anti-militarisme et l’anti-impérialisme des communistes de la première heure. Aujourd’hui, alors que nous sommes confrontés à une situation de guerre impérialiste globale contre les peuples et dans l’urgence de refonder un anti-militarisme et un internationalisme conséquent, la vie et l’assassinat de Lahaut sont toujours en  mesure de nous éclairer.

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Voyage dans la dissidence sexuelle

Gâcher la fête : pour une archive minoritaire ingouvernable

Confrontée au mot d’ordre de la « visibilisation institutionnelle » des mémoires historiquement opprimées, cette table ronde s’est donnée pour but de questionner le devenir des archives des communautés noires et queers. Contre ce mot d’ordre et ses captures, elle pose la question capitale de leur réinscription dans une continuité de résistance aux systèmes coloniaux, racistes et sexistes. « Comment non seulement conserver les archives, mais aussi les réactualiser et les honorer à travers des actions concrètes ? Comment échapper à sa patrimonialisation et la maintenir dans le trouble et les contradictions ? » Il s’agit de reconnaître le rôle clé joué par les communautés noires dans le travail de transmission et de régénération des archives, afin de nourrir les résistances actuelles et de réfléchir aux liens et différences avec les archives et mémoires queer d’aujourd’hui. S’impose alors la nécessité d’identifier certaines conditions pour des alliances attentives qui ne soient plus synonymes de nouvelles formes de pacification.

Trou Noir remercie Véronique Clette-Gakuba, Cy Lecerf Maulpoix et Olivier Marboeuf.

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26 ans après la tragédie de Yaguine et Fodé

Il y a exactement 26 ans jour pour jour, le 2 août 1999, les corps sans vie de deux adolescents guinéens étaient découverts dans le train d’atterrissage d’un avion Sabena à l’aéroport de Bruxelles. Yaguine Koita, 15 ans, et Fodé Tounkara, 14 ans, avaient trouvé la mort par hypothermie après s’être cachés clandestinement dans le compartiment de l’appareil à l’aéroport de Conakry, portés par un rêve fou : étudier en Europe pour échapper à la misère et revenir aider leurs compatriotes.

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1936 – 1938 : CES ARABES, HÉROS PERDUS DE LA GUERRE D’ESPAGNE

Portraits de combattants républicains
qui ont souffert du racisme de leur propre camp

Même si les historiens ont préféré insister sur les Maures qui ont servi Franco, des centaines de volontaires arabes ont combattu aux côtés des républicains espagnols entre 1936 et 1938. On a commencé à le dire à Lausanne, lors d’un colloque consacré aux Brigades internationales [1].

Ce dossier, Abdelatif Ben Salem, sociologue de formation, Tunisien hispanophile, Parisien passionné d’histoire, le connaît bien. Voila des années qu’il est sur les traces de ces combattants inconnus. Et qu’il est certain que Said Mohamed, l’ouvrier anar de l banlieue parisienne devenu le responsable politique des étrangers de la colo,,e Durruti, n’tait pas le seul Arabe à se battre aux côtés des antifranquistes.

Dans une première intervention sur ce sujet à Valence en 1988, il a montré que de nombreux Algériens et Tunisiens et que des Palestiniens avaient rejoint les Brigades internationales. Ils l’avaient fait, parfois, pour prouver que contrairement à ce que proclamait la propagande républicaine, les Arabes n’étaient pas tous des fascistes. Et parfois par devoir militant.

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Le Colonialisme de peuplement à la lumière de Fanon

L’année 2024 fut celle du centenaire de la naissance du guinéen et cap-verdien Amilcar Cabral, un des penseurs encore trop méconnus des processus et des luttes de libération nationale. L’année 2025 sera celle des centenaires de la naissance de l’afro-états-unien Malcolm X (19 mai), du congolais Patrice Lumumba (2 juillet) et du martiniquais et algérien[1] Frantz Fanon (20 juillet). Ces quatre anniversaires surviennent dans une séquence historique où de la Kanaky à la Palestine, en passant par le Sahara occidental, la Polynésie, Mayotte, les Bermudes,  Porto-Rico, les Iles Vierges, etc., la question de la colonisation directe reste posée. Ils se déroulent surtout dans une phase du système impérialiste mondial qui voit se déployer de nouveaux processus de colonisation. De la Libye à la Syrie, du Soudan à la République Démocratique du Congo, la balkanisation et le chaos, sont impulsés comme stratégie du maintien du lien de dépendance total c’est-à-dire de la colonisation sous de nouveaux masques.

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