Christophe Oberlin, Cheikh Ahmed Yassine – Le fondateur du Hamas, Éditions Erick Bonnier, 09/01/25, 316 pages, 22€
Il est des livres qui, semblables aux fantômes de l’histoire, viennent hanter notre présent, exigeant une relecture attentive des strates du passé. Cheikh Ahmed Yassine, Le fondateur du Hamas, sous la plume de Christophe Oberlin, appartient à cette catégorie d’ouvrages essentiels, quoique dérangeants. Essentiels, car ils exhument une figure occultée par le fracas médiatique et les simplifications géopolitiques ; dérangeants, car ils nous confrontent aux racines d’un mouvement dont l’ombre portée, tragique et complexe, s’étend jusqu’à l’embrasement actuel ; dérangeants, parce que publier ou simplement analyser un tel ouvrage, c’est accepter de naviguer sur une ligne de crête où l’accusation d’apologie du terrorisme – l’anathème contemporain – guette indistinctement l’auteur, l’éditeur, et celui qui ose en disséquer la portée. Je prends volontiers ce risque, eu égard à l’éditeur que je connais très bien et apprécie, et la personnalité de Christophe Oberlin, médecin dont les missions répétées dans l’enclave palestinienne ancrent le propos dans une expérience vécue. Il ne nous offre pas une thèse académique distanciée, mais une immersion quasi ethnographique, une tentative de compréhension « de l’intérieur ».