“Pourquoi nous, maman ?” Lettre d’une mère après un contrôle policier humiliant au Parc Roi Baudouin

Nous, Bruxelles Panthères, voulons exprimer toute notre solidarité envers la famille dans ce moment difficile.

Nous sommes aux côtés de toutes les victimes de ces injustices et nous continuerons à nous battre pour une société plus juste et égalitaire.

Aucune famille ne devrait avoir à poser la question « Pourquoi nous ? » dans un parc, à l’école, ou ailleurs. Nous devons ensemble changer les choses pour que nos enfants puissent vivre dans un monde où ils n’ont pas à avoir peur simplement à cause de leur couleur de peau ou de leur origine.

Nous vous encourageons à ne pas hésiter à nous signaler toute situation similaire. Bruxelles Panthères est là pour écouter, soutenir, et agir. Nous continuerons à sensibiliser, à éduquer et à lutter pour que ce genre de traitement cesse.

Avec tout notre soutien,
Bruxelles Panthères

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La Porte du Crack : une fable contemporaine

Il était une fois, dans la prospère « Cité des Étoiles », un événement sur le point de troubler l’ordre d’un lieu pourtant habitué à dominer les tumultes du monde. Ce quartier, stratégiquement enchâssé entre des banques et des vitrines de luxe, avait de tout temps incarné le triomphe de la rationalité et de l’opulence. Pourtant, une dissonance insidieuse s’était mise à vibrer, distillant un malaise diffus dans cet univers pacifié. L’épicentre de cette perturbation ? Une poignée de vagabonds ou « sans-chez-soi », comme les appelaient les derniers rêveurs, avait osé arpenter les rues de ce sanctuaire capitaliste. Ces âmes en errance, dont les chiens paraissaient plus humains que bien des hommes en cravate, traînaient derrière elles des sacs plastiques gonflés de leurs maigres trésors : des objets dépareillés, fragments d’existences échouées ou outils bancals de survie. Leurs formes de vie, fragiles ou impérieuses, leurs pas, hésitants ou obstinés, représentaient une énigme pour tous ceux qui les apercevaient : une rupture dans l’esthétique du lieu, sorte de rumeur silencieuse dans le concert harmonieux de la prospérité.

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A propos de la « Journée internationale de lutte contre les violences policières »

« AVEC NOUS OU RIEN

Nous, Noirs, Arabes, Rroms, Musulmans, issus de l’immigration postcoloniale, identifiés comme des non-blancs, sommes les cibles prioritaires d’un racisme structurel qui, depuis plusieurs décennies, poursuit sa marche funeste en se déployant à tous les niveaux de la société. Le constat est sans appel : nous sommes de plus en plus exposés aux violences et aux crimes policiers, aux discriminations systémiques, aux humiliations et à une précarisation généralisée. À l’origine du traitement différencié réservé à nous « citoyens de seconde zone », au mieux, « citoyens refoulés », au pire, se développe et s’affirme un véritable « racisme d’État » qui s’exprime sous diverses formes.

Des formes de racisme d’Etat comme lorsque les binationaux ne bénéficient même plus des protections formelles de la Belgique lorsqu’ils se trouvent dans le pays de leur autre nationalité, ou plus subtilement lorsque Noirs, Rroms, Arabes et Musulmans sont transformés en purs objets silencieux des politiques publiques qui les concernent.

Des formes structurelles qui, s’appuyant sur ces logiques d’Etat, imprègnent la société belge dans son entièreté, jusqu’aux mouvements politiques prétendant parler en notre nom mais nous renvoyant à un supposé « communautarisme » dès que nous déployons nos propres modes d’organisation. » Collectif Rosa Parks Belgique (2018).

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Retour sur l’assassinat de Mohamed Amine Berkane

Texte de Anas Amara et Nordine Saïdi publié dans le cadre du groupe de travail mandaté par les Bruxelles Panthères autour des violences policières.(* )

« Et un arabe dans un commissariat, il tient pas plus d’une heure. » 

Ce lundi 13 décembre, nous apprenions avec un dégoût abreuvé d’un sentiment d’indignation 

l’assassinat tragique de notre cher frère Mohamed Amine Berkane. En effet, le 12 décembre 2021, Mohamed Amine Berkane, un jeune homme de 26 ans et de nationalité algérienne, sans-papiers arrivé en Belgique depuis quelques semaines, est arrêté à 22h35 au niveau de l’arrêt de bus 61 direction gare du Nord à la place Rogier pour le vol présumé d’un téléphone portable qui aurait eu lieu dans un bar sur le Boulevard Adolphe Max. Il était en compagnie de son ami, Hicham, lui aussi embarqué pour les mêmes faits présumés. Mohamed Amine Berkane et son ami furent transférés et séparés au commissariat de la rue Royale à 23h40, et Mohamed Amine Berkane a été retrouvé mort le lendemain après-midi. Le corps de notre frère a été rapatrié ce samedi à Alger. Le consul d’Algérie nous a déclaré qu’une contre-autopsie sera menée en Algérie avant que le corps ne soit définitivement rendu à sa famille à Tipaza, ville côtière proche d’Alger.(1)

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CENSURE ET REPRESSION : GÉRALD DARMANIN PORTE PLAINTE CONTRE KAREEM EL HIDJAAZI

Voici un résumé de la persécution subie par l’auteur Kareem El Hidjaazi depuis près d’un an par les services de renseignements belges et français ainsi que par le ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin :

[Témoignage de l’auteur]

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SUR LES TRACES COLONIALES DE LA VILLE BASSE

Il y a dans la ville haute beaucoup de traces de la colonisation du Congo : tous les quartiers généraux, économiques et politiques se trouvaient là. Mais dans la ville basse, elles sont quasiment effacées. Guidé·es par Lucas Catherine, spécialisé dans l’histoire coloniale belge, nous vous invitons à partir à la découverte de ces traces perdues ou méconnues. L’Union Minière du Haut-Katanga, qui exploitait presque toutes les mines du Congo existe encore, elle a seulement changé de nom : Umicore. A 14h00, nous commencerons rue du Marais 31. Les premiers Congolais ne sont pas arrivés à Matonge XL, mais dès 1910 dans l’ancien quartier du Port (le Vismet). Ils ont fondé leur première association en 1919 au boulevard Jacqumain. C’est aussi dans ce quartier que sont arrivés les bananes et le cacao, les produits de luxe en provenance du Congo.

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Propositions pour une régularisation effective des personnes sans-papiers en Belgique

Les débats en cours dans le mouvement de soutien aux grèves de la faim sur les stratégies de régularisation sont un signe encourageant de vitalité politique. En 1999 et 2008-2009, c’est cette vitalité qui était parvenue à fonder de nouvelles voies de régularisation. L’actuelle dynamique de soutiens à la régularisation, sous l’impulsion des occupations de l’USPR et des grèves de la faim à l’ULB, à la VUB, au Béguinage et au « See U », ainsi que des comités de soutien gagne en intensité chaque jour (occupations, action au siège du PS, cartes blanches, rassemblements, Marche à venir du 20 juin, pétitions, etc.).

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Au cœur de l’impunité : les techniques policières d’interpellation

Texte publié dans le cadre du groupe de travail mandaté par les Bruxelles Panthères autour des violences policières.[1] 

Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies vient une nouvelle fois, le vendredi 30 avril 2021 dernier, de rappeler sa “préoccupation” face aux crimes et violences policières racistes en Belgique : “le comité se dit préoccupé par les allégations de décès en détention ou à la suite d’une intervention policière ainsi que de mauvais traitements infligés à des personnes issues de minorités ethniques, des migrants ou des demandeurs d’asile (…) Le comité  s’étonne enfin de l’absence de condamnation pour des faits de racisme à charge de policiers ».

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Malika Hamidi : Au-delà de la « politisation du voile » : résister pour être libres

Le 4 juin dernier, la Cour constitutionnelle de Belgique a autorisé l’interdiction du foulard islamique et de tous les autres signes religieux, politiques et philosophiques visibles dans l’enseignement supérieur. La ville de Bruxelles s’est réjouie d’une telle décision.

Celle-ci est pourtant à la fois infantilisante et liberticide.

« Il semblerait que depuis près de vingt ans, la chevelure des femmes de confession musulmane soit devenue ce qu’il est convenu d’appeler ‘’un enjeu politique majeur’’, et leur dévoilement fait désormais partie des priorités les plus impérieuses », rappelle Pierre Tevanian.

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