Nous, Bruxelles Panthères, voulons exprimer toute notre solidarité envers la famille dans ce moment difficile.
Nous sommes aux côtés de toutes les victimes de ces injustices et nous continuerons à nous battre pour une société plus juste et égalitaire.
Aucune famille ne devrait avoir à poser la question « Pourquoi nous ? » dans un parc, à l’école, ou ailleurs. Nous devons ensemble changer les choses pour que nos enfants puissent vivre dans un monde où ils n’ont pas à avoir peur simplement à cause de leur couleur de peau ou de leur origine.
Nous vous encourageons à ne pas hésiter à nous signaler toute situation similaire. Bruxelles Panthères est là pour écouter, soutenir, et agir. Nous continuerons à sensibiliser, à éduquer et à lutter pour que ce genre de traitement cesse.
Avec tout notre soutien,
Bruxelles Panthères
“Pourquoi nous, maman ?” Lettre d’une mère après un contrôle policier humiliant au Parc Roi Baudouin
Je m’appelle MARZOUGUI MANEL, je suis mère d’un garçon de 15 ans. Je vis à Jette. Je travaille, je paie mes impôts, je contribue comme n’importe quel citoyen. Et pourtant, ce mercredi 2 avril 2025, on m’a rappelé que mon fils ne sera jamais vu comme « n’importe quel adolescent ».
Ce jour-là, il jouait au football avec ses amis, au Parc Roi Baudouin. Il était 16h38. Un mercredi comme un autres. Du moins en apparence.
Deux policiers arrivent, dans un Tiguan. Mon fils est fouillé, contrôlé. Rien dans ses poches, rien à se reprocher. Juste sa peau un peu plus foncée, ses traits, son prénom, son rire dans un parc public. Voilà ce qu’on lui fait payer.
Quand il est rentré, il m’a posé une question que je n’oublierai jamais :
“Pourquoi nous, maman ? Pourquoi toujours nous ?”
J’ai eu la gorge nouée. Parce que cette question, je me la pose depuis des années. Et j’espérais que mon fils n’aurait jamais à la formuler.
Ce n’est pas un fait divers. Ce n’est pas un malentendu. Ce n’est pas une bavure.
C’est une humiliation programmée. Ciblée. Répétée. C’est du racisme systémique.
Ce n’est pas un hasard si ce sont toujours les mêmes enfants, dans les mêmes quartiers, avec les mêmes prénoms et les mêmes couleurs de peau, qui subissent ce genre d’interpellation. C’est une société qui a décidé qu’ils seraient des suspects par défaut. Une société qui ne leur laisse aucune place dans l’innocence.
Je ne peux pas m’empêcher de penser au contexte plus large. À l’Europe qui bascule, doucement mais sûrement. À l’extrême droite qui prend le pouvoir, qui gagne du terrain dans les urnes et dans les esprits. À ce climat qui légitime l’inacceptable.
Les jours prochains seront sombres.
On y est déjà.
Je le vois dans les yeux de mon fils. Je l’entends dans ses silences. Je le ressens dans mon ventre, comme une peur ancienne, un déjà-vu que l’Histoire nous avait pourtant promis de ne plus revivre.
Aujourd’hui, c’est au Parc Roi Baudouin. Demain ? À l’école, dans le métro, à la sortie d’un magasin.
À quel moment allons-nous collectivement dire : assez ?
Je n’écris pas cette lettre pour demander qu’on nous regarde avec pitié.
Je l’écris pour dire que nos enfants ont le droit de vivre. D’exister. D’être en paix.
Pas sous surveillance. Pas dans la méfiance. Pas avec la peur au ventre dès qu’une voiture de police ralentit.
J’écris cette lettre pour que demain, aucun enfant ne dise plus jamais :
“Pourquoi nous ?”