L’État-nation comme pivot de l’impérialisme

Ce texte est tiré d’une intervention faite lors de l’inauguration de l’Ecole Décoloniale, le 6 octobre 2019 , à La Colonie.

On m’a demandé aujourd’hui de parler de « l’État-nation comme pivot de l’impérialisme », vaste programme. La question de l’État, de son rôle et de sa place dans l’impérialisme contemporain est essentielle à toute politique décoloniale. La question sous-jacente porte en quelque sorte, et pour paraphraser Claude Serfati[1] sur le rapport entre les dynamiques « économiques et géopolitiques. » Si l’on suit la fameuse phrase de Rosa Luxemburg, dans le 31e chapitre de L’accumulation du capital, selon laquelle « [l]’impérialisme est l’expression politique du processus de l’accumulation capitaliste se manifestant par la concurrence entre les capitalismes nationaux », alors il est évident que le rôle des États doit être central dans toute analyse décoloniale. Cependant, l’impérialisme contemporain n’est, bien évidemment, plus configuré de la même manière qu’à l’époque de Luxemburg. Certains théoriciens de l’impérialisme expliquent par exemple que la domination impérialiste ne repose plus principalement sur les États-nations. On pourrait, en effet, arguer que la transnationalisation toujours plus grande du capital sape la centralité des États-nations dans l’impérialisme contemporain – ce qui n’efface pas leur rôle pour autant. Afin de ne pas traiter de ce sujet de manière trop vague et superficielle, je vais m’attarder sur un cas bien précis (un cas d’école de transnationalisation du capital) : celui de l’Union européenne (UE).

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Du Nord au Sud de la planète : Les répudiations de dettes de la fin du XVIII au XXIe siècle

Le présent texte montre qu’il est parfaitement possible de répudier des dettes qui sont considérées comme illégitimes ou odieuses sans que cela entraîne durablement des conséquences néfastes, au contraire. L’idée selon laquelle un pays qui répudie une dette sera boycotté par les prêteurs est infirmée par la réalité.

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Extrait du livre  «Planter du blanc » de Saïd Bouamama

Nous avons le plaisir de publier en exclusivité un extrait du livre  «Planter du blanc » de Saïd Bouamama

Au nom de quoi la France possède-t-elle toujours, en 2019, et en violant ostensiblement certaines résolutions de l’ONU, des territoires en Amérique latine, au large de Madagascar et en plein Océan pacifique ? Comment s’y prennent nos gouvernements pour endiguer, le plus discrètement possible, les velléités indépendantistes des populations ultra-marines ? Pourquoi huit pays africains utilisent-ils encore une monnaie portant le nom de l’ancien occupant, le franc CFA ? En quoi la philosophie des Lumières peut-elle s’avérer le corolaire, et non le remède, de discriminations raciales ? Dans « Planter du Blanc ». Chroniques du (néo)colonialisme français (Syllepse, 2019), un livre incroyablement documenté sur le plan historique et factuel, le sociologue Saïd Bouamama apporte des réponses édifiantes.

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Bandung ou la fin de l’ère coloniale

En 1955, les damnés de la terre réinventent le monde

Longtemps, ils ne furent que des taches de couleur sur les cartes symbolisant les empires coloniaux. C’est à Bandung, en Indonésie, en avril 1955, que cette moitié de la planète devint le « tiers-monde ». Nombre de participants étaient déjà au pouvoir, comme le Chinois Zhou Enlai, le Yougoslave Tito, l’Egyptien Nasser, l’Indien Nehru ou l’Indonésien Sukarno. D’autres se battaient encore pour l’indépendance, à l’instar du Front de libération nationale d’Algérie, du néo-Destour de Tunisie ou de l’Istiqlal du Maroc. Au total, vingt-neuf Etats et trente mouvements de libération nationale allaient, à Bandung, changer le cours de l’histoire. Un demi-siècle plus tard, Jean Lacouture se souvient de cette « aurore ».

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Mehdi Ben Barka et la Tricontinentale

Lors de son enlèvement à Paris, le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka préparait la conférence tricontinentale, qui s’est tenue à La Havane en janvier 1966. C’est cette dimension moins connue de l’activité du dirigeant socialiste marocain – animateur des mouvements révolutionnaires du tiers-monde – que nous évoquons à l’occasion du quarantième anniversaire de son assassinat.

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UN DICTIONNAIRE DÉCOLONIAL

Introduction

CLAUDIA BOURGUIGNON ROUGIER

Ce livre destiné à un public francophone n’a pas pour objet de parler des luttes décoloniales ni des études décoloniales en général. Son objectif est plus modeste. Le but est de revenir sur la « colonialité du pouvoir »  et le mouvement dans lequel le concept « décolonial » a pris en Amérique ibérique et dans la Caraïbe. Ce n’est donc pas l’acception du terme « décolonial » en France, en Belgique, au Canada ou dans les pays africains francophones qui nous intéressera ici, ni son utilisation par les groupes antiracistes de ces pays. Nous voulons seulement présenter le versant latino-américain de la théorie décoloniale.

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BANDUNG DU NORD – BRUXELLES – DU 16 AU 18 DECEMBRE 2022

Le lien de l'événement facebook : https://fb.me/e/32xC10WkG
BANDUNG DU NORD – BRUXELLES – DU 16 AU 18 DECEMBRE 2022
A l’initiative de Bruxelles Panthères, la deuxième édition du Bandung du Nord aura lieu à Bruxelles, du 16 au 18 décembre 2022 : « Bandung du Nord, guerre permanente ou paix révolutionnaire ».
Une riche programmation vous propose 3 jours de rencontres, de projections, d’interventions et de débats avec de nombreux intervenants et thématiques.
La diffusion en direct aura lieu sur la chaîne Twitch de Paroles d’honneur (@Wissam Xelka) et sur la page Facebook de Bruxelles Panthères.
Pour assister en présentiel à l’événement, il faut obligatoirement -mais gratuitement- s’inscrire en envoyant votre nom et prénom à l’adresse mail bruxelles.pantheres@gmail.com  Les places sont limitées.

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Fútbol y Teoría crítica, de Luis Martínez Andrade

Le football est un miroir du système et, sans aucun doute, il est aussi un champ de bataille au-delà de l’aspect purement sportif.” Cet essai en langue espagnole, propose une analyse marxiste influencée autant par Walter Benjamin que par Eduardo Galeano.

Avec cet ouvrage sorti en juin dernier aux éditions barcelonaises La Vorágine, à quelques mois d’une des Coupes du Monde les plus contestées de l’Histoire, Luis Martínez Andrade – originaire de Puebla au Mexique – apporte sa pierre à l’étude et à la compréhension du football et des enjeux qui l’entourent. Il livre, selon les mots de son éditeur, “une cartographie de la pensée critique contemporaine et de l’étude des formes perverses et eurocentrées du capitalisme et de la modernité“.

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Le CADTM Afrique exige des réparations, la fin des conditionnalités et l’annulation des dettes illégitimes du continent

(CC – Wikipedia)

Au regard de l’enlisement des États d’Afrique dans le piège de l’endettement malgré l’énorme potentialité et la diversité de leurs richesses, la fuite de leurs capitaux à travers la fraude et l’évasion fiscales, la perte d’importantes sommes d’argent qu’ils subissent à travers le libre-échange et l’échec avéré des fausses solutions à la crise de la dette africaine, le CADTM reste intransigeant pour exiger l’annulation pure et simple de la dette africaine, publique extérieure illégitime.

Ainsi, rappelant que de nombreuses dettes sont illégitimes ou odieuses et ont déjà été remboursées à de multiples reprises, le CADTM considère, aux côtés de mouvements sociaux de plus en plus nombreux, qu’il faut se battre pour la mise en œuvre d’un vaste programme anticapitaliste qui inclut une série de mesures fondamentales :

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