Je voudrais ce soir emprunter au registre religieux pour parler un peu solennellement et dire que Dieu nous a accordé un sursis. Et s’il fallait continuer à filer la métaphore biblique, je dirais que si comme Moïse, Dieu à ouvert la mer, il ne le fera plus deux fois. Il ne retiendra pas deux fois les vagues gigantesques de l’extrême droite qui finiront bien par nous submerger un jour si nous ne sommes pas capables de nous entendre sur une ligne politique qui soit et de rupture et de masse. Une ligne de masse qui se constituerait contre le bloc bourgeois et contre le bloc fasciste qui comme vous le savez s’alimentent l’un l’autre. Surtout, surtout, il ne faut pas laisser l’extrême droite jouer seule le beau rôle du parti antisystème. Au contraire, il faut occuper résolument la place du bloc de rupture anticapitaliste, antiraciste et anti-impérialiste.
Rendre les Juifs à l’Histoire ou la fin de l’innocence
Avec l’aimable autorisation des éditions La Fabrique, nous publions l’introduction d’une contribution d’Houria Bouteldja intitulée « Rendre les Juifs à l’histoire ou la fin de l’innocence » dont vous trouverez le texte complet dans le livre collectif « Contre l’antisémitisme et ses instrumentalisations » qui sort le 18 octobre 2024. Vous y trouverez également les contributions importantes et indispensables d’Ariella Aïsha Azoulay, Maxime Benatouil, Sebastian Budgen, Judith Butler, Leandros Fischer, Naomi Klein, Frédéric Lordon et Françoise Vergès.
France-Israël-Palestine : au nom du Beau, défaire les cinq nœuds
« Soit on croit à l’innocence des humains, et j’ai conscience que quand on grandit à Gaza il est difficile de croire à l’innocence des humains, car croire à l’innocence c’est d’une certaine manière croire à la beauté. Et quand on est complètement privé de n’importe quelle forme de beauté, c’est compliqué d’y croire. C’est comme croire à un phénomène surnaturel. Si vous n’avez jamais vu l’arc en ciel, c’est compliqué d’y croire. Et le fait qu’on ait privé les Gazaouis de n’importe quelle forme de beauté, dans le sens profond du mot, qui est le goût de la vie, oui, ça nous rend absolument aussi responsable de ce qui s’est passé ». Nadav Lapid, cinéaste israélien[1].
« Dénoncer et pointer du doigt la violence des opprimé·es et des colonisé·es n’est pas seulement immoral, c’est aussi raciste ». Hamza Hamouchene[2]
L’Etat racial intégral : en finir avec la collaboration de race
Cette intervention a été présentée par Houria Bouteldja une première fois à l’université de Yale (Etats-Unis), le 6 avril 2023 et une deuxième fois, le 18 mai 2023, à Montréal dans le cadre de la « Grande Transition », conférence internationale organisée par Historical Materialism. Elle est proposée ici dans sa dernière version.
Houria Bouteldja : « Revenir à l’Etat-nation pour mieux combattre l’Etat-nation »
Entretien paru dans le Courrier de l’Atlas, avril 2023
Propos recueillis par Emmanuel Riondé
Qui sont les « beaufs », qui sont les « barbares » et quel est ce « nous » que vous entendez constituer en les réunissant ?
Tout d’abord, une précision : les mots « beaufs » et « barbares » ne sont pas les miens, ce sont ceux du mépris de classe et du mépris de race. Les beaufs, ce sont les classes populaires blanches et les barbares, ce sont les populations issues de l’immigration postcoloniale, ceux que j’appelle les Indigènes. Ils ont en commun d’être deux composantes du prolétariat français mais séparés par la longue histoire de l’Etat racial intégral. Le « nous » est donc un nous politique, celui de la convergence de ces classes prolétaires qui auront dépassé la division raciale. Parce qu’on ne peut pas former un « nous » si on est divisé par le racisme.
Entretiens avec Houria Bouteldja.
Samedi 4 mars
Houria Bouteldja à Bruxelles
Rencontre organisée par la librairie Météores et Bruxelles Panthères avec Houria Bouteldja, autrice de Beaufs et barbares, samedi 4 mars 2023 à 19h au Pianocktail (304, rue Haute, 1000 Bruxelles).
Introduction de « Beaufs et barbares » : La fin du monde
Avec l’aimable autorisation des éditions La Fabrique, nous publions l’introduction du livre « Beaufs et barbares, le pari du nous » d’Houria Bouteldja dont la sortie est prévue le 20 janvier 2023.
Distinguer individuel et institutionnel, c’est mal ?
Distinguer individuel et institutionnel, c’est mal ?
Le terme « homophobie soft », prononcé par Houria Bouteldja lors d’un évènement organisé par Dany et Raz, deux streamers abordant souvent les problématiques queer, a provoqué un véritable scandale sur le réseau social twitter. C’est tout d’abord le mot « soft » qui a causé la colère de professionnels de l’indignation, affirmant qu’une oppression ne pourrait jamais être « soft », mais indistinctement violente dans tous les cas.
BANDUNG DU NORD – BRUXELLES – DU 16 AU 18 DECEMBRE 2022
De l’antiracisme moral à l’antiracisme « woke » ou l’histoire d’un progrès et d’une régression
Au moment où l’antiracisme libéral menace sérieusement les acquis de l’antiracisme politique, on peut se demander si on n’assiste pas à un retour de l’antiracisme moral endossant de nouveaux oripeaux et se faisant passer pour une nouvelle radicalité. Pour répondre à ce questionnement, il m’apparaît utile de revenir sur l’histoire de cet antiracisme qu’on peut appeler d’Etat, de sa confrontation avec l’antiracisme politique et de la manière dont il se métamorphose pour réduire à néant les efforts de politisation des forces militantes issues de l’histoire coloniale.