
A propos de Queer Palestine and The Empire of Critic de Sa’ed Atshan (Stanford University Press, 2020).
Traduit de l’anglais par Nina Zadekine, avec l’aimable autorisation de l’auteur. Vous pouvez retrouver la version originale ici.
La liberté, la justice et l'égalité, par tous les moyens nécessaires ! Malcolm X
A propos de Queer Palestine and The Empire of Critic de Sa’ed Atshan (Stanford University Press, 2020).
Traduit de l’anglais par Nina Zadekine, avec l’aimable autorisation de l’auteur. Vous pouvez retrouver la version originale ici.
Intervention de Nacira Guénif au Rassemblement fraternel contre l’islamophobie du samedi 19 octobre 2019, place de la République, Paris.
Bonjour,
Je vais essayer de parler fort pour faire entendre toutes les voix qui nous animent aujourd’hui. Je m’appelle Nacira Guénif, je suis la fille d’une femme qui a porté, à la fin de sa vie, un voile, et qui un jour a été insultée dans la rue de la ville où nous habitions. C’est aussi sa voix aujourd’hui que je veux porter, même si je ne suis pas voilée. Du fond de sa dignité, elle n’a pas compris ce qui lui arrivait, mais elle a reconnu le visage du colonisateur, qui l’avait fait mettre sous le Code de l’indigénat, et qui avait cherché à l’humilier toute sa vie. C’est donc aussi au nom de ma mère, qui a été comme cette femme, comme Fatima, comme tant d’autres, humiliée, menacée dans son intégrité, tout au long de sa vie, parce qu’elle était née indigène, en Algérie, parce qu’elle vivait en France chez l’ancien colonisateur, et parce qu’elle était fière de porter les signes de la religion qui l’avait portée tout au long de sa vie…
Après Utøya en Norvège, Christchurch, en Nouvelle Zélande.
Dans les deux cas, la haine. La haine à l’état pur.
Dans son expression la plus brutale, la plus violente, la plus viscérale.
« Il est évident que l’extrême-droite ne se sent en aucun cas menacée par ces ‘moqueries' ». | © BELGA PHOTO JONAS ROOSENS
Déjà épinglé pour des dérives antisémites, le Carnaval d’Alost est également critiqué par la Nouvelle Voie Anticoloniale pour la présence d’un char de suprémacistes blancs qui se prennent notamment en photo avec le leader d’extrême droite de Forza Ninove, Guy D’haeseleer.
Ce texte est une version annotée de l’intervention tenue au Bandung du Nord dans le cadre du Forum sur les effets du racisme sur les féminités et les masculinités opprimées, le 6 mai 2018.
Dans ces 15 minutes, mon propos ne pourra être qu’incomplet, péremptoire, fait de postures et de provocations. Mais peut-être est-ce là le point de départ d’une critique indigène, à défaut d’être tout à fait décoloniale.
Après tout, nous Indigènes du Nord, sommes réputés ne pas être authentiques. L’authenticité est en Afrique, elle est en Irak, elle est en Asie, et surtout elle est dans le passé. Elle est enfouie sous les décombres de Tenochtitlan et dans le vent des plaines de l’Ouest, entre les collines de Safâ et Marwah, et sous le sable qui a enfoui le Sphinx, jusqu’à ce que l’homme blanc le redécouvre pour nous. Nous ne sommes que des versions frelatées, métissées, corrompues de ce que nous sommes « vraiment », et l’homme blanc est encore aujourd’hui le maton de cette essence.
Avec Angela Davis, Aminata Traoré, Fred Hampton Jr, Mountadhar Al Zaidi et Elie Domota, sous le parrainage de Mumia Abu Jamal et Léonard Peltier, une conférence internationale, dite Bandung du Nord, accueillera des délégations d’activistes issus des immigrations postcoloniales de tous les pays occidentaux, du 4 au 6 mai, à la Bourse du Travail de Saint-Denis.
1955. En présence de Nasser, Soekarno, Zhu Enlai, Nehru, N’Krumah…, 29 pays d’Afrique et d’Asie tiennent la première conférence internationale des pays nouvellement décolonisés. Auto-baptisé « non-aligné », « ce tiers-monde ignoré, exploité, méprisé » veut peser dans les affaires du monde. Au-delà du bilan contestable et contesté de leur évolution, ces pays ont inauguré, dans l’après-guerre, un moment fondateur : celui d’un Sud qui s’organise contre le colonialisme, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes contre l’impérialisme, en dehors de l’affrontement bloc contre bloc (Etats-Unis/Urss) qui domine cette période.
Utopies de la libération : Houria Bouteldja à propos du féminisme, de l’antisémitisme, et des politiques de décolonisation
De Ben Ratskoff
Le 5 avril 2018
En mai 1943, l’écrivaine surréaliste noire et militante Suzanne Césaire a demandé des rations de papier au gouvernement de Vichy, en temps de guerre, administrant la Martinique. Elle avait besoin de ce papier pour imprimer le prochain numéro de Tropiques, un journal consacré à l’intersection du Surréalisme et des politiques anticolonialistes dans les Caraïbes. Le gouvernement a refusé sa demande. Dans une vertigineuse démonstration de double discours, les collaborateurs du régime Nazi ont affirmé que le journal de Césaire était trop raciste et sectaire, dans son engagement assumé pour la négritude, et dans sa révolte littéraire contre la civilisation française. Il est à la fois troublant et éclairant de trouver un discours quasi-identique entourant la publication récente d’Houria Bouteldja, Les blancs, les juifs et nous : vers une politique de l’amour révolutionnaire. A la sortie du livre en France en 2016, un véritable lynchage s’est produit dans les médias. La pensée unique des intellectuels Français, de droite comme de gauche, s’est précipitée pour discipliner cette femme Arabe qui avait osé démystifier le conte de fée que la France se raconte à elle-même. De bien laids qualificatifs lui ont été attribués : Bouteldja était donc une raciste antiraciste ! Une néo-nazie ! Une homophobe ! Pas grand-chose n’a changé depuis la requête de Césaire pour les rations de papier en Martinique.