Ils veulent qu’on soit « Gandhi » face à des milices néonazies.
« On savait pas » ou « On n’avait pas vu »
Depuis toujours, cette rengaine du « On savait pas » ou « On n’avait pas vu » autour du judeocide commis par les Nazi en Europe me dégoûte. En Allemagne, en France, en Belgique, ces excuses, ces faux aveux d’ignorance, servent de boucliers à la complicité. Mais aujourd’hui, je comprends mieux. Pas grâce à des livres ou à des musées, mais en regardant le présent, en vivant la montée de l’islamophobie, du suprématisme blanc et de l’extrême droite. Ce n’est pas qu’on ne sait pas, c’est qu’on choisit de détourner les yeux. Oui, on peut exterminer une population entière sous les regards du monde entier, et après, ces mêmes regards oseront dire qu’ils « n’avaient pas vu ».
P. Gelderloos – Comment la non-violence protège l’État – Chapitre 2 (traduction française)
CHAPITRE 2 : LA NON-VIOLENCE EST RACISTE
Je ne cherche pas à faire assaut d’insultes, et ce n’est qu’après mûre réflexion que j’utilise l’épithète « raciste ». Dans le contexte contemporain, la non-violence est en soi une posture de privilégiés. Outre que le pacifiste lambda est assez clairement un Blanc de la classe moyenne, le pacifisme comme idéologie émane d’un contexte privilégié. Il ignore que la violence est déjà là ; que la violence est inévitable, car elle fait structurellement partie intégrante de la hiérarchie sociale actuelle ; et que ce sont les personnes de couleur qui sont les plus touchées par cette violence. Le pacifisme présuppose que les Blancs qui ont grandi dans des banlieues pavillonnaires, et en obtenant satisfaction de tous leurs besoins de base, peuvent conseiller aux personnes opprimées, dont un grand nombre sont des personnes de couleur, de subir patiemment une violence indiciblement plus grande que celle qu’ils ont connue eux-mêmes, jusqu’au jour où le Grand Père Blanc (2) se laissera émouvoir par les exigences du mouvement, à moins que ce ne soit celui où les non-violents parviendront à la légendaire « masse critique ».
Ethnocentrisme, impérialisme sexuel et homonationalisme
L’ethnocentrisme constitue un élément central de la manière dont l’occident à découvert, considéré et raconté les orientations, identités et pratiques sexuelles subalternes. Il est toujours présent et influant dans les rapports que les communautés, les militants, les professionnels et les institutions entretiennent avec celles et ceux perçues comme LGBTQIA+. Pour envisager une prise compte véritablement inclusive de la diversité des identités et des pratiques il convient de regarder les approches LGBTQIA+ occidentales comme des constructions anthropologiques exportées, soumises au risque de la récupération politique, et appelant les professionnel a une vigilance méthodologique.
Par Guilhem Lautrec, travailleur social, militant.
Ce texte est extrait des actes d’un colloques de la ligue bruxelloise de santé mentale de novembre 2022 sur la prise charge en santé mentale des publics LGBTQIA+
L’Etat racial intégral : en finir avec la collaboration de race
Cette intervention a été présentée par Houria Bouteldja une première fois à l’université de Yale (Etats-Unis), le 6 avril 2023 et une deuxième fois, le 18 mai 2023, à Montréal dans le cadre de la « Grande Transition », conférence internationale organisée par Historical Materialism. Elle est proposée ici dans sa dernière version.
Under Queer Eyes : les politiques de la visibilité et la nouvelle réaction
A propos de Queer Palestine and The Empire of Critic de Sa’ed Atshan (Stanford University Press, 2020).
Traduit de l’anglais par Nina Zadekine, avec l’aimable autorisation de l’auteur. Vous pouvez retrouver la version originale ici[1].
À l’aube du vingtième siècle, une fièvre étrange s’est emparée du monde civilisé : les parlements modernes ont adopté des lois ordonnant aux femmes orientales qu’ils gouvernaient d’abandonner les objets de mode couvrant leur visage. De Lord Cromer à Atatürk, « dévoiler » les femmes orientales est devenu une question de modernité ou de barbarie, de vie ou de mort. Tracts politiques, carnets de voyage et rapports de santé publique dépeignaient les nombreuses conséquences médicales, sociales ou politiques fâcheuses du « voile ». Des primes fiscales ou encore des rencontres avec des chefs d’Etat récompensaient celles qui se portaient volontaires pour se dévoiler. Les parlements soviétiques de l’Asie Centrale ouvraient leurs réunions avec des rituels de dévoilement : des dizaines de femmes retiraient leur foulard tout en prêtant allégeance au progrès socialiste séculaire et remettaient souvent leur voile sur le chemin du retour.
Distinguer individuel et institutionnel, c’est mal ?
Distinguer individuel et institutionnel, c’est mal ?
Le terme « homophobie soft », prononcé par Houria Bouteldja lors d’un évènement organisé par Dany et Raz, deux streamers abordant souvent les problématiques queer, a provoqué un véritable scandale sur le réseau social twitter. C’est tout d’abord le mot « soft » qui a causé la colère de professionnels de l’indignation, affirmant qu’une oppression ne pourrait jamais être « soft », mais indistinctement violente dans tous les cas.