« Marxisme noir »
Avec l’aimable autorisation des éditions Entremonde, nous publions ci-dessous un extrait de l’introduction de l’ouvrage classique de Cedric Robinson, Marxisme noir. La genèse de la tradition radicale noire (https://entremonde.net/marxisme-noir). Bien que certains aspects de cet ouvrage soit discutables (et à discuter), sa traduction vient combler un manque important dans le monde francophone. S’intéressant à la genèse de la tradition radicale noire ainsi qu’à ce qu’il nomme le capitalisme racial, l’enquête de Robinson permet de discuter avec sérieux et rigueur de nombre d’aspects qui animent régulièrement les débats au sein de la gauche et de l’antiracisme. Cette traduction est accompagnée de la traduction de l’avant-propos de Robin Kelley – sans doute l’un des plus éminents intellectuels noirs étatsunien vivant – ainsi que d’une longue introduction de Selim Nadi, permettant de restituer l’importance (et les limites) de cette œuvre dans les discussions plus larges autour du capitalisme et de la race. Nous rajoutons également la table des matières de l’ouvrage, plus bas, afin que le lecteur puisse avoir une idée de la structuration de l’ouvrage.
LUTTES ANTICOLONIALES : HIER ET AUJOURD’HUI
Objet d’instrumentalisations, soumis à une mémoire désaccordée, l’anticolonialisme connut son point d’incandescence au mitan du siècle dernier. S’il croise les théories décoloniales et anti-impérialistes, c’est à partir d’un autre ancrage dans l’histoire et dans l’espace social, qui invite à se décentrer de l’État-nation et du narratif identitaire. Son actualité tient à l’inachèvement de la décolonisation et à la pertinence des espoirs qu’il nourrit.
Un Enfant Noir Victime de Brutalité Policière à Nalinnes
FRANTZ FANON ET AMILCAR CABRAL : ANTICOLONIALISME ET RECODIFICATION DÉCOLONIALE
« Tout le reste est littérature et mystification »
Les théories décoloniales prétendent dépasser l’anticolonialisme. Mais, plutôt que d’un dépassement, il s’agit d’un recodage de pensées – dont celles de Frantz Fanon et d’Amilcar Cabral – autrement plus complexes, radicales et actuelles.
Les pensées décoloniales ont le vent en poupe en Europe ces dernières années. Il n’est pas toujours aisé d’en discuter les enjeux, tant ces pensées sont plurielles, parfois divergentes, et participent d’un champ intellectuel très large. Mais nous voudrions interroger ici, de façon ponctuelle, la question de leur filiation avec l’anticolonialisme, autour plus précisément de la question de la culture. Et le faire en confrontant certaines affirmations du rapport Décoloniser la coopération au développement par les marges, commandé par la coopération belge [1], avec les écrits d’Amilcar Cabral (1924-1973) et de Frantz Fanon (1925-1961).
Communiqué de presse – Ducasse d’Ath et RTBF
Nous, Bruxelles Panthères, tenons à exprimer notre profonde consternation et notre désaccord avec le contenu de l’article publié ce mercredi 23 août sur le site de la RTBF, sous le titre « Ath renforce les mesures de sécurité autour de sa ducasse ».[1]
Nous estimons nécessaire de rectifier certaines affirmations de cet article qui altère la réalité s’agissant de nos intentions et de nos actions en tant qu’organisation antiraciste politique engagée.
Énoncer l’universel. Qu’est-ce à dire au regard de la condition noire? Notes sur Des Universels d’Étienne Balibar
Par Norman Ajari (l’auteur est professeur de philosophie à l’Université d’Édimbourg)
Dans les débats politiques et sociaux contemporains, il est malaisé de distinguer la question de l’universalisme de celle des rapports de race, de genre et de classe – entre autres. C’est l’un des grands mérites du philosophe français Étienne Balibar, nous dit Norman Ajari, que d’avoir pris toute la mesure de la transformation contemporaine du contenu théorique du concept d’universel. L’objectif de ce bref texte sera de souligner les apports, l’originalité et la force de la théorie de l’universel que le philosophe déploie depuis plusieurs années et dont l’ouvrage Des Universels[1] propose la formulation la plus aboutie. En conclusion, l’auteur s’emploie, sur une note plus personnelle, à souligner l’importance des réflexions de cet ouvrage pour une réflexion philosophique sur le racisme et l’antiracisme. Il explique ainsi pourquoi il juge nécessaire d’emprunter une route différente dans la réflexion sur la condition noire qu’il mène depuis quelques années.
P. Gelderloos – Comment la non-violence protège l’État – Chapitre 2 (traduction française)
CHAPITRE 2 : LA NON-VIOLENCE EST RACISTE
Je ne cherche pas à faire assaut d’insultes, et ce n’est qu’après mûre réflexion que j’utilise l’épithète « raciste ». Dans le contexte contemporain, la non-violence est en soi une posture de privilégiés. Outre que le pacifiste lambda est assez clairement un Blanc de la classe moyenne, le pacifisme comme idéologie émane d’un contexte privilégié. Il ignore que la violence est déjà là ; que la violence est inévitable, car elle fait structurellement partie intégrante de la hiérarchie sociale actuelle ; et que ce sont les personnes de couleur qui sont les plus touchées par cette violence. Le pacifisme présuppose que les Blancs qui ont grandi dans des banlieues pavillonnaires, et en obtenant satisfaction de tous leurs besoins de base, peuvent conseiller aux personnes opprimées, dont un grand nombre sont des personnes de couleur, de subir patiemment une violence indiciblement plus grande que celle qu’ils ont connue eux-mêmes, jusqu’au jour où le Grand Père Blanc (2) se laissera émouvoir par les exigences du mouvement, à moins que ce ne soit celui où les non-violents parviendront à la légendaire « masse critique ».
L’UE craint d’offenser Israël – Un document interne
Depuis plus d’une décennie, je soupçonne l’Union européenne (UE) d’avoir une politique tendant à éviter de heurter Israël. Aujourd’hui, j’ai enfin la preuve que cette politique existe bel et bien.
David Cronin, 17 juillet 2023
Alors que la bureaucratie bruxelloise a célébré « le succès des dialogues contreterroristes » qu’elle entretient avec Israël depuis 2015, très peu de détails de ces échanges ont été rendus accessibles au public.
En janvier dernier, j’ai introduit une plainte auprès de l’ombudsman de l’UE – nominalement, un contrôleur au service des citoyens – à propos de ce manque de transparence. La plainte a été introduite après que les services diplomatiques de l’UE avaient refusé de divulguer les noms des institutions israéliennes qui avaient participé à ces « dialogues ».
Via une requête au nom de la liberté d’information, j’ai obtenu un document qui résumait les discussions concernant ma plainte entre l’équipe de l’ombudsman et les diplomates de l’UE.