Journal de bord de Gaza 59

Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre 2023 son appartement de la ville de Gaza avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, deux ans et demi, sous la pression de l’armée israélienne. Réfugié depuis à Rafah, Rami et les siens ont dû reprendre la route de leur exil interne, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Il a reçu, pour ce journal de bord, deux récompenses au Prix Bayeux pour les correspondants de guerre, dans la catégorie presse écrite et prix Ouest-France. Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024.

> Rami Abou Jamous 

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Comment les « Suds » font reculer le fascisme

Je voudrais ce soir emprunter au registre religieux pour parler un peu solennellement et dire que Dieu nous a accordé un sursis. Et s’il fallait continuer à filer la métaphore biblique, je dirais que si comme Moïse, Dieu à ouvert la mer, il ne le fera plus deux fois. Il ne retiendra pas deux fois les vagues gigantesques de l’extrême droite qui finiront bien par nous submerger un jour si nous ne sommes pas capables de nous entendre sur une ligne politique qui soit et de rupture et de masse. Une ligne de masse qui se constituerait contre le bloc bourgeois et contre le bloc fasciste qui comme vous le savez s’alimentent l’un l’autre. Surtout, surtout, il ne faut pas laisser l’extrême droite jouer seule le beau rôle du parti antisystème. Au contraire, il faut occuper résolument la place du bloc de rupture anticapitaliste, antiraciste et anti-impérialiste.

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Frontex célèbre 20 ans de violations des droits en toute impunité

L’agence européenne de garde-côtes et garde-frontières a 20 ans ce 26 octobre 2024 [1]. Un bien triste anniversaire que celui d’une agence largement mise en cause depuis des décennies dans des violations des droits directes ou indirectes des personnes en migration [2]. Une agence qui a pour objectif de « protéger » les frontières européennes au mépris de la vie et de la sécurité des personnes qui tentent de les franchir. Une agence qui est le symbole d’un régime frontalier mortifère et l’étendard de politiques migratoires répressives et ultrasécuritaires, qui ont largement démontré leurs conséquences dramatiques.

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Rendre les Juifs à l’Histoire ou la fin de l’innocence

Avec l’aimable autorisation des éditions La Fabrique, nous publions l’introduction d’une contribution d’Houria Bouteldja intitulée « Rendre les Juifs à l’histoire ou la fin de l’innocence » dont vous trouverez le texte complet dans le livre collectif « Contre l’antisémitisme et ses instrumentalisations » qui sort le 18 octobre 2024. Vous y trouverez également les contributions importantes et indispensables d’Ariella Aïsha Azoulay, Maxime Benatouil, Sebastian Budgen, Judith Butler, Leandros Fischer, Naomi Klein, Frédéric Lordon et Françoise Vergès.

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Positions des pays africains et solidarité avec la Palestine, des années 1940 au génocide à Gaza par Israël

En réaction à l’opération Tufan Al-Aqsa lancée le 7 octobre 2023, et à l’escalade des attaques génocidaires menées par Israël contre les Palestinien·nes de Gaza dans les jours et les mois qui ont suivi, de nombreux pays africains, particulièrement subsahariens, ont pris position en faveur de la Palestine. En témoignent un soutien marqué sur tout le continent pour la cause palestinienne, et la condamnation des crimes commis par Israël dans la bande de Gaza. Ce soutien reflète un changement d’attitude à l’égard de la Palestine sur le continent africain. Au cours des cinquante dernières années, l’évolution des conjonctures a remodelé les différentes positions africaines sur la question palestinienne, notamment en raison de l’érosion des principes historiques de l’unité africaine, autrefois enracinés dans les mouvements révolutionnaires de libération et dans la solidarité Sud-Sud. En parallèle, Israël est parvenu à établir des relations diplomatiques avec 44 pays africains, ce qui a complexifié le maintien d’une position africaine unifiée autour de la Palestine.

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Qu’est-ce que Samidoun et que défend l’organisation ? Jacobin s’est entretenu avec son coordinateur européen, Mohammed Khatib.

Samidoun défend la libération des prisonniers politiques palestiniens. L’organisation doit faire face à toute une répression émanant des gouvernements occidentaux : Ainsi, elle est interdite en Allemagne et le cabinet de Dick Schoof (Premier ministre des Pays-Bas depuis le 2 juillet 2024, NdT) entend bien faire pareil aux Pays-Bas. Samidoun soutient l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 et la situe dans le contexte de plusieurs décennies d’oppression et d’expulsion, ce qui lui vaut de se voir exposée à de nombreuses critiques. Qu’est-ce que Samidoun et que défend l’organisation ? Jacobin s’est entretenu avec son coordinateur européen, Mohammed Khatib.

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Le mouvement des prisonniers palestiniens pleure le martyr et dirigeant Yahya Sinwar

Le 18 octobre 2024, le mouvement des prisonniers palestiniens a fait une déclaration en l’honneur du martyr Yahya Sinwar, le dirigeant du mouvement palestinien et ancien prisonnier libéré. Ci-dessous, nous republions ce communiqué.

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Sayyed Hassan Nasrallah : Le martyre d’un grand leader révolutionnaire international de notre époque

Hier, Benjamin Netanyahu s’est présenté devant une salle vide aux Nations Unies pour une mise en scène ridicule, où il a prétendu qu’Israël aspirait à la « paix ». Pourtant, dans le même souffle, il a ordonné l’assassinat de Sayed Hassan Nasrallah et le massacre de centaines de civils à Beyrouth. Il est maintenant évident, plus que jamais, que la seule paix à laquelle Israël aspire est une paix coloniale, celle qui anéantit toute résistance et asservit la région entière sous l’occupation israélienne.
Ce massacre n’est pas un simple acte de guerre. C’est un massacre colonial, sioniste et islamophobe. Le silence complaisant de la communauté internationale, l’hypocrisie des dirigeants occidentaux, et la complicité flagrante des États-Unis sont autant de preuves que l’islamophobie structurelle, mêlée à l’antiracisme de façade, est l’idéologie maîtresse de cette oppression. Les États-Unis, qui prétendent ne pas être informés de ces crimes, sont les fournisseurs des bombes de 900 kilos qui pulvérisent des quartiers entiers, le même type de bombes utilisées pour massacrer à Gaza. Les mains de Joe Biden, Kamala Harris, et de toute l’administration américaine sont tachées du sang des Palestiniens et des Libanais. Leur soutien militaire, financier et politique à Israël est la continuité de cette croisade impérialiste contre les peuples arabes et musulmans.
Ce que nous voyons au Liban aujourd’hui n’est pas isolé. C’est un nouveau chapitre d’une guerre globale contre les Arabes et les musulmans, où la rhétorique islamophobe et raciste sert de justification à l’extermination de nos peuples. Depuis la Nakba de 1948, l’idéologie sioniste, avec la bénédiction de l’Occident, poursuit son projet colonial d’effacement des Arabes, des Palestiniens et, plus spécifiquement, des musulmans. La diabolisation de l’islam et de la résistance musulmane est au cœur de cette violence, car elle permet de déshumaniser nos peuples et de légitimer leur extermination.
Le Liban, tout comme la Palestine, subit de plein fouet cette islamophobie structurelle. Lorsque des quartiers chiites ou sunnites sont bombardés, lorsque des mosquées sont détruites, c’est un message clair envoyé au monde musulman : vos vies ne valent rien aux yeux de l’Occident. Cette violence n’est que la continuité des guerres coloniales qui ont marqué l’histoire de nos peuples, des croisades à la colonisation européenne. Mais cette fois, elle se cache derrière le masque de la sécurité nationale, de la « guerre contre le terrorisme » et de la fausse promesse de démocratie.
Au-delà des bombes, c’est aussi un génocide culturel et spirituel qui est perpétré. Chaque frappe vise à effacer non seulement des vies, mais également des histoires, des cultures, des mémoires. Israël cherche non seulement à détruire physiquement, mais aussi à annihiler toute trace de la présence arabe et musulmane sur ces terres. C’est un projet de remplacement, où les voix et les corps arabes sont remplacés par ceux des colons sionistes, légitimés par un récit occidental profondément raciste et islamophobe.
Face à cette barbarie, nous disons aux puissances impérialistes, à l’Europe complice, et à Israël : nous ne courberons jamais l’échine. Vous pouvez continuer à bombarder, à assassiner, à propager vos mensonges islamophobes, mais la résistance arabe et musulmane ne s’éteindra jamais. Chaque bombe, chaque crime, chaque massacre ne fait que renforcer notre détermination.
Aux politiciens occidentaux qui viendront bientôt frapper à nos portes pour solliciter nos voix, nous avons un message clair : votre complicité dans ce génocide vous disqualifie. Vous n’avez aucun droit à notre soutien tant que vous continuez à être les serviteurs de l’impérialisme et du sionisme. Quiconque souhaite réellement le soutien des communautés arabes et musulmanes devra s’engager publiquement et sans ambiguïté à cesser toute aide militaire à Israël, à imposer un embargo total sur les armes, et à mettre fin à l’occupation coloniale de la Palestine, du Liban et du plateau du Golan.
Nous refusons d’être des pions dans vos stratégies politiques. Nous ne sacrifierons pas nos principes pour de vaines promesses de « tolérance » ou de « diversité ». Nous voulons la justice, la vraie, celle qui passe par la libération totale de la Palestine, du Liban et de tous les peuples arabes et musulmans opprimés par le sionisme et ses alliés impérialistes.
L’islamophobie est le carburant idéologique de ce génocide, et tant qu’elle sera tolérée, encouragée ou ignorée, il n’y aura pas de paix possible. La paix ne pourra émerger que lorsque la justice aura été rendue aux peuples arabes, lorsque l’occupation israélienne sera démantelée et lorsque les crimes de guerre, en Palestine comme au Liban, seront jugés et punis.
Nous ne nous tairons pas. Nous ne nous arrêterons pas. La résistance continue.
Nordine Saidi / Bruxelles Panthères

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Émeutes en Angleterre : Le réveil d’une avant-garde fasciste

Au matin du lundi 29 juillet, la ville de Southport, au nord-ouest de l’Angleterre, est frappée d’une tragédie aux conséquences aussi considérables qu’imprévisibles. Un adolescent âgé de 17 ans, armé d’un couteau, s’introduit dans un cours de danse pour enfants consacré aux chansons de la pop star Taylor Swift. Le jeune garçon passe à l’attaque : il prend la vie de trois petites filles, âgées respectivement de six, sept et neuf ans, en blesse huit autres, ainsi que deux adultes cherchant à s’interposer. Dépêchée sur les lieux, la police parvient à interpeler le meurtrier.

Ses motivations sont obscures et la cruauté de son acte le rend impénétrable. Lorsque les médias s’emparent de l’affaire, son identité est, elle aussi, inconnue. Or l’espace public a horreur du vide et c’est bientôt la rumeur qui vient répondre aux interrogations des citoyens. Peu après l’arrestation, les autorités ont fait savoir qu’elles écartaient le « motif terroriste » (c’est-à-dire islamique). Pourtant, certains groupes politisés sèment le doute. La chaine YouTube Channel3Now lâche un nom : « Ali Al-Shakati », qui serait un immigré musulman de fraîche date, de toute évidence un terroriste islamiste.

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Émeutes racistes et islamophobes au Royaume-Uni. La mécanique grossière de la rumeur

Les émeutes racistes et islamophobes qui ont fait couler tant d’encre au Royaume-Uni et dans le monde sont saisissantes. Quiconque est lucide quant à l’engrenage semble-t-il implacable entraînant les sociétés européennes au bord du précipice ne peut cependant être surpris quant à ses émeutes. Elles ne sont que l’aboutissement en bout de chaîne d’un processus sociohistorique aussi limpide que prévisible.

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