Réflexions sur le hip-hop

A propos de : Michael Eric Dyson, Know What I Mean? Réflexions sur le Hip-Hop, éditions BPM, Paris, 2022.

Les jeunes éditions BPM ont publié, en 2022, la première traduction française d’un classique de la littérature sur le rap américain : Know What I Mean ? Réflexions sur le hip-hop de l’immense Michael Eric Dyson. Initialement publié en 2007, préfacé par Jay-Z et postfacé par Nas, il est certain que cet ouvrage mériterait d’être réactualisé en prenant en compte les évolutions récentes du rap outre-Atlantique. Pour avoir une meilleure idée du paysage rapophonique de 2007, c’est l’année ou sont sortis des albums comme The Offering de Killah Priest (à écouter d’urgence pour ceux qui ne connaissent pas), Graduation de Kanye West ou encore 8 Diagrams du Wu-Tang Clan (pas leur meilleur album, mais ça se laisse écouter). En France sortaient Autopsie. Vol. 2 de Booba et Jusqu’à la mort de la Mafia K’1 Fry. La parution étatsunienne de ce livre remonte donc à une autre époque du hip-hop, que ce soit en France ou aux Etats-Unis. Toutefois, la traduction de cet ouvrage n’est pas sans intérêt, loin de là. Dyson part de la non-légitimité du hip-hop dans la sphère artistique :

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Louisa Yousfi aux Soulèvements de la Terre : « mon mot c’est ‘Islam’ »

De notre point de vue, qui est celui de militants antiracistes et décoloniaux, ce que nous inspire spontanément le mot dissolution c’est celui d’islam. Nous pensons, dans ce contexte de grande répression du mouvement social, qu’islam c’est le mot manquant, celui qui permettrait de reconstituer le puzzle que nous avons sous les yeux. Car c’est sur l’islam et plus exactement sur les musulmanes et les musulmans que l’État répressif a fait ses dents.

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Louisa Yousfi présente RESTER BARBARE à Bruxelles

Nous avons le très grand plaisir de recevoir Louisa Yousfi pour son premier ouvrage Rester Barbare, elle sera accompagnée pour cette occasion de Houria Bouteldja.
La rencontre est co-organisée et co-animée avec la Librairie Météores.
« « Je sens que j’ai tellement de choses à dire qu’il vaut mieux que je ne sois pas trop cultivé. Il faut que je garde une espèce de barbarie, il faut que je reste barbare. » Cet énoncé de Kateb Yacine, Louisa Yousfi l’entend comme une formule magique : à la fois mot d’ordre esthétique et fable politique, elle permet de convoquer ensemble Chester Himes, Toni Morrison, Booba, PNL et toute une cohorte ensauvagée à l’assaut de l’Empire ».

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Entretien avec Louisa Yousfi autour de Rester barbare.

Louisa Yousfi : « Plus je me gavais de culture légitime, plus je ressentais une impuissance à écrire » (Rester Barbare)

Entretiens Johan Faerber    

Autant le dire tout de suite : avec Rester barbare, Louisa Yousfi livre un texte important. Essai littéraire, manifeste politique du décolonial, force de l’écriture devant un monde qui s’effondre, réflexion sur l’intégration et l’assimilation, Rester barbare sonde l’irréductible d’une parole que l’Occident voudrait faire taire. De Mohammed Dib à PNL, de la littérature au rap, Louisa Yousfi pose la barbarie comme puissance esthétique et politique positive contre la rhétorique macroniste, lepéniste et zemmouriste de l’ensauvagement. Une nouvelle voie se dessine pour qui écrit : elle est ici. Autant de nouvelles perspectives sur lesquelles Diacritik a souhaité interroger avec Louisa Yousfi le temps d’un grand entretien.

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Marcher sur un fil et ne jamais tomber : stratégie pour un féminisme décolonial

Ce texte est une version enrichie de l’intervention tenue oralement au Bandung du Nord, le 6 mai 2018 à la Bourse du Travail de Saint-Denis et à Penser l’émancipation, le 14 septembre 2017.

Bonjour à toutes et à tous,

Avant toute chose, je voudrais exprimer ici l’honneur qui est le mien de participer à un événement politique d’une telle envergure.

Je voudrais également préciser que je n’interviens pas ici en tant qu’individu ni même simplement en tant que femme, mais en tant que membre d’une organisation politique décoloniale qui développe depuis plus d’une décennie une réflexion théorique et stratégique soutenue par un projet politique clairement identifié. Cette organisation, c’est le Parti des Indigènes de la République. Je précise, enfin, que la durée de mon intervention étant très limitée, je vais devoir grassement résumer et peut-être appauvrir un peu la complexité de ce que voudrais défendre ici. Il y a quelques mois, c’est ici, sur cette même estrade que j’ai été invitée à intervenir dans une plénière intitulée « Féminisme et Révolutions » dans le cadre du colloque Penser l’émancipation.

Lors de cette séance, certains s’en souviendront sans doute, j’ai commencé par cette déclaration un tantinet insolente : « je ne suis pas féministe. »

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Bandung du Nord : vers une Internationale décoloniale. Entretien avec Sandew Hira

Sandew Hira est le coordinateur du réseau décolonial international (DIN) et le directeur de l’International Institute for Scientific Research (IISR) de La Haye (Pays-Bas). L’IISR est une organisation membre du DIN, qui s’attache à mener des recherches autour de la décolonisation de l’esprit. Sandew Hira dirige avec Stephen Small et Arzu Merali une collection de livres chez Amrit Publishers : « Decolonizing the Mind ».

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