Marcher sur un fil et ne jamais tomber : stratégie pour un féminisme décolonial

Ce texte est une version enrichie de l’intervention tenue oralement au Bandung du Nord, le 6 mai 2018 à la Bourse du Travail de Saint-Denis et à Penser l’émancipation, le 14 septembre 2017.

Bonjour à toutes et à tous,

Avant toute chose, je voudrais exprimer ici l’honneur qui est le mien de participer à un événement politique d’une telle envergure.

Je voudrais également préciser que je n’interviens pas ici en tant qu’individu ni même simplement en tant que femme, mais en tant que membre d’une organisation politique décoloniale qui développe depuis plus d’une décennie une réflexion théorique et stratégique soutenue par un projet politique clairement identifié. Cette organisation, c’est le Parti des Indigènes de la République. Je précise, enfin, que la durée de mon intervention étant très limitée, je vais devoir grassement résumer et peut-être appauvrir un peu la complexité de ce que voudrais défendre ici. Il y a quelques mois, c’est ici, sur cette même estrade que j’ai été invitée à intervenir dans une plénière intitulée « Féminisme et Révolutions » dans le cadre du colloque Penser l’émancipation.

Lors de cette séance, certains s’en souviendront sans doute, j’ai commencé par cette déclaration un tantinet insolente : « je ne suis pas féministe. »

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Féminismes de blanches, Féminisme Blanc et situations de femmes blanches

Féminismes de blanches, Féminisme Blanc et situations de femmes blanches

2017 a enfin forcé une discussion parmi les femmes blanches sur nos rôles dans les systèmes d’oppression. Ce sont notamment les femmes blanches qui ont mis Trump à la maison blanche, et la figure d’Hilary Clinton a posé la question de nos alliances et de nos priorités. Nous sommes les femmes de Macron, nous accompagnons les pires criminels du monde jusque dans leur lit. Nous sommes « Becky with the good hair », l’accès à nos corps représentant pour beaucoup une ascension sociale. Nous sommes sionistes et impérialistes. Représentées par un trope d’innocence et de vulnérabilité dans les productions culturelles qui nous sont destinées, nous sommes en fait des parties intégrales de la machinerie raciste et sexiste, qui non seulement la font tourner, mais adoucissons son image. Nous travaillons pour les hommes blancs de manière à libérer leur temps, le temps dont ils ont besoin pour opprimer, dominer; nous les élevons, nous les soutenons. Nous interagissons avec eux dans des jeux complexes qui cooptent et objectivent des femmes et des hommes de couleur. Nous bénéficions de l’oppression raciste et coloniale de manière directe.

 

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