L’absence et ses masques. Les commissions parlementaires belges sur la colonisation et le problème de dignité.
« Les masques ne sont pas les pièces les plus emblématiques de ce musée. Les belges les ont presque tous pillés durant la colonisation pour orner leurs musées. Voilà pourquoi nos musées sont presque vides […]. Ce qui nous reste de grandiose se trouve dehors dans le jardin. Il s’agit de gigantesques fresques qui représentent des esclaves noirs en train de construire une voie ferrée sous la surveillance des colons blancs. On y voit aussi d’imposantes statues de bronze de Stanley et de Léopold II, ces deux blancs par lesquels le malheur a commencé ».
Voilà comment Justin introduit souvent, de manière quasi-machinale mais toujours solennellement, la visite du minuscule musée du Mont Ngaliema à Kinshasa. Au fur et à mesure qu’on avance pour admirer la cinquantaine d’œuvres d’art reparties dans les deux pièces exiguës qui composent le musée, on se heurte effectivement à un contraste. D’abord l’absence et le vide créés par la violence coloniale. Il n’y a pas grand-chose dans le musée. Selon Justin, il faut aller au musée de Tervuren à Bruxelles pour avoir accès aux masques. Ensuite, la violence qu’expriment ces fresques et ces statuts qui surplombent le jardin. Elles sont si impressionnantes qu’on pourrait croire qu’elles avaient été conçues pour cacher l’absence de masques congolais que déplore Justin.