Dans cet article, la sociologue Hèla Yousfi poursuit sa réflexion sur l’intrication entre lutte de libération nationale et révolution sociale et démocratique. À partir de l’expérience de la résistance palestinienne contre le colonialisme israélien, elle propose des pistes pour penser à l’échelle arabe les moyens de résistance contre la dynamique impérialiste d’asservissement des peuples de la région.
Les pentes glissantes de la guerre
Par Déborah Brosteaux
Le constat n’est pas récent, mais le 24 février 2022 lui a donné une tournure nouvelle : nous ne vivons pas la guerre, mais nous ne sommes pas en paix. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a déclenché, ici à l’Ouest de l’Europe, un intense enchevêtrement d’affects : choc et sidération face à une guerre qui éclate sur le continent européen ; peur devant la possibilité d’une escalade ; sentiments de solidarité envers les Ukrainiens ; angoisse sourde suscitée par la réapparition de la menace d’une guerre nucléaire sur notre scène géopolitique. Aux premières semaines de la guerre, une grande excitation était également palpable, une atmosphère de survoltage, rythmée par l’emballement médiatique et les appels politiques à la mobilisation. Dans le même temps, nous n’en demeurons pas moins à une certaine distance de la guerre, physiquement et affectivement, à l’abri de ses violences, et priant pour le rester.
EN REGARDANT CE MONDE …par Mumia ABU-JAMAL
En regardant ce monde, à l’aube de la nouvelle année, nous devons admettre que le monde est en marche, et si nous sommes honnêtes, c’est une marche vers la droite. Pourquoi en est-il ainsi ? À mon avis, parce que les politiciens de droite sont passés maîtres dans l’art de la peur. Et la politique de l’immigration tourne autour d’une manipulation de cette peur à des fins politiques. C’est la peur qui nous anime, pas l’espoir ni l’altruisme. Car la peur fait appel à nos instincts de survie ; elle nous attire aussi vers les bureaux de vote et nous incite à voter.
La négation du génocide à Gaza dans les études sur l’Holocauste
L’universitaire Raz Segal relate l’étrange expérience d’avoir été accusé d’antisémitisme, alors qu’il est lui-même juif et spécialiste de l’Holocauste ainsi que d’autres génocides, pour avoir commis le crime impardonnable de s’opposer à la guerre génocidaire menée par l’État colonial d’Israël contre les Palestinien-nes de Gaza.
La Porte du Crack : une fable contemporaine
Il était une fois, dans la prospère « Cité des Étoiles », un événement sur le point de troubler l’ordre d’un lieu pourtant habitué à dominer les tumultes du monde. Ce quartier, stratégiquement enchâssé entre des banques et des vitrines de luxe, avait de tout temps incarné le triomphe de la rationalité et de l’opulence. Pourtant, une dissonance insidieuse s’était mise à vibrer, distillant un malaise diffus dans cet univers pacifié. L’épicentre de cette perturbation ? Une poignée de vagabonds ou « sans-chez-soi », comme les appelaient les derniers rêveurs, avait osé arpenter les rues de ce sanctuaire capitaliste. Ces âmes en errance, dont les chiens paraissaient plus humains que bien des hommes en cravate, traînaient derrière elles des sacs plastiques gonflés de leurs maigres trésors : des objets dépareillés, fragments d’existences échouées ou outils bancals de survie. Leurs formes de vie, fragiles ou impérieuses, leurs pas, hésitants ou obstinés, représentaient une énigme pour tous ceux qui les apercevaient : une rupture dans l’esthétique du lieu, sorte de rumeur silencieuse dans le concert harmonieux de la prospérité.
SOULEYMANE, 19 ANS, TUÉ MÉTRO CLÉMENCEAU
par Claude Semal

J’écris souvent dans l’Asympto à hue et à dia, « à sauts et à gambades », selon mes propres disponibilités et selon les sollicitations de l’actualité.
Je ne savais pas, en me levant ce matin, que j’écrirais aujourd’hui sur ce jeune Bruxellois de dix-neuf ans, Souleymane Sow, tué d’une balle dans le dos et dans le cœur, à Anderlecht, devant la station de métro Clémenceau, à cent mètres de chez lui.
Ni qu’à 13 heures, je mettrais pour la première fois de ma vie les pieds dans une mosquée, après m’être déchaussé, pour assister à une cérémonie funéraire qui lui rendrait hommage.
Or voilà qu’à 9h30, je reçois un message d’alerte dans une boucle WhatsApp, qui annonçait une conférence de presse de sa famille « pendant l’heure du midi ».
Le message était accompagné de cette poignante « Lettre à Souleymane ».
Il est temps de revendiquer un futur autre que celui qu’on nous impose
Rêver ensemble – Pour un patriotisme internationaliste
Contribution d’Houria Bouteldja prononcée à l’occasion des journées « L’alliance des bourgs et des tours, chiche! » le 12 janvier 2025 à Pantin.
Commençons par un constat froid.
Dans la période, le rêve est d’extrême-droite. Seule l’extrême-droite rêve. Seule l’extrême-droite désire. Seule l’extrême-droite a une libido.
La meilleure des gauches est au mieux matérialiste. Ce qui n’est pas un défaut en soi car dans ce monde dystopique, où la vérité historique et le réel ont été abolis, l’analyse matérialiste est une condition essentielle de l’action politique. Mais cette gauche, aussi honnête soit-elle, peine à produire du rêve notamment à cause des défauts de ses qualités : elle n’est que matérialiste. Elle ne touche aucune corde sensible. Comme le faisait déjà remarquer le psychanalyste communiste Wilhelm Reich dans l’entre-deux-guerres, « le mouvement socialiste ne défend pas l’affirmation de la vie en ce qui concerne les masses laborieuses mais seulement quelques revendications économiques essentielles ». Mais mieux que Reich, Otto Straser (de l’aile « sociale » du parti nazi) disait en s’adressant aux communistes : « Vous commettez l’erreur fondamentale de nier l’âme et l’esprit, de vous en moquer et de ne pas comprendre que ce sont eux qui animent toute chose. »
Communiqué de soutien à Samidoun et au Collectif Palestine Vaincra – Bruxelles Panthères
Écrivez, interpellez tous les élus de l’opposition, les syndicats, les organisations de défense des droits humains et toutes les forces de gauche pour qu’elles publient un communiqué de soutien et se mobilisent afin d’éviter que ne se reproduise en Belgique ce qui se passe en France avec la dissolution du Collectif Palestine Vaincra.
Leonard Peltier, enfin libre
Ce militant autochtone et prisonnier politique amérindien, a été libéré le 18 février après 49 ans d’incarcération. « Je suis enfin libre ! Ils m’ont emprisonné, mais ils n’ont jamais pris mon esprit ! » a déclaré Leonard Peltier à sa sortie de prison. Ajoutant « Je remercie tous ceux qui m’ont soutenu dans le monde entier et qui se sont battus pour ma libération. Je rentre enfin chez moi. J’ai hâte de revoir mes amis, ma famille et ma communauté. C’est une belle journée aujourd’hui ». Leonard a rejoint sa tribu indienne Chippewa de Turtle Mountain et résidera sur ses terres dans le Dakota du Nord.