Les pentes glissantes de la guerre

Par Déborah Brosteaux

Le constat n’est pas récent, mais le 24 février 2022 lui a don­né une tour­nure nou­velle : nous ne vivons pas la guerre, mais nous ne sommes pas en paix. L’invasion de l’Ukraine par la Rus­sie a déclen­ché, ici à l’Ouest de l’Europe, un intense enche­vê­tre­ment d’affects : choc et sidé­ra­tion face à une guerre qui éclate sur le conti­nent euro­péen ; peur devant la pos­si­bi­li­té d’une esca­lade ; sen­ti­ments de soli­da­ri­té envers les Ukrai­niens ; angoisse sourde sus­ci­tée par la réap­pa­ri­tion de la menace d’une guerre nucléaire sur notre scène géo­po­li­tique. Aux pre­mières semaines de la guerre, une grande exci­ta­tion était éga­le­ment pal­pable, une atmo­sphère de sur­vol­tage, ryth­mée par l’emballement média­tique et les appels poli­tiques à la mobi­li­sa­tion. Dans le même temps, nous n’en demeu­rons pas moins à une cer­taine dis­tance de la guerre, phy­si­que­ment et affec­ti­ve­ment, à l’abri de ses vio­lences, et priant pour le rester.

Lire la suite

« Plus jamais ça » – Autour des actualités d’un cri

Les discours qui, en Europe, soutiennent la guerre totale menée actuellement par l’État d’Israël contre le peuple palestinien se réclament inlassablement des leçons du passé, de la mémoire de la Shoah, du cri «plus jamais ça». Cet article analyse les dynamiques à l’œuvre dans cette capture guerrière de la mémoire de la Shoah, en particulier à partir du cas de l’Allemagne. Il demande comment ne pas abandonner le cri «plus jamais ça» à ceux qui en font un cri de guerre, et cherche à penser sa reprise depuis les nœuds indénouables qui lient l’Europe à Israël et à la Palestine.

Lire la suite