Rationalité, Islam et décolonisation chez Maxime Rodinson

Le savant et le militant. Rationalité, Islam et décolonisation chez Maxime Rodinson

Intellectuel hors-norme Maxime Rodinson est surtout connu pour sa magistrale étude Islam et capitalisme (1966) et a également eu une intense activité militante, notamment au sein du Parti Communiste Français, dont il fit partie de 1937 à 1958. Dans cet article, Selim Nadi revient sur les rapports entre activité scientifique et engagement politique chez Rodinson à travers son analyse des possibilités tactiques et stratégiques qu’offrait l’Islam dans les luttes anticoloniales. De la lutte de libération nationale algérienne au dialogue de Rodinson avec Edward Said, en passant par la Révolution iranienne de 1979, cet article se propose de revenir sur les défis auxquels a dû faire face Rodinson dans son effort pour penser et accompagner les processus révolutionnaires dans les pays musulmans.

« […] j’ai toujours perçu une certaine contradiction entre l’engagement politique et la rationalité. […] L’expérience et l’âge aidant, je me suis rendu compte que plus on avance dans le militantisme, plus on s’aperçoit, à chaque instant, des irrationalités qu’entraîne sa pratique courante. » 

Maxime Rodinson, Entre Islam et Occident. Entretiens avec Gérard D. Khoury

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État d’urgence : De l’exception à la norme

VISIBILISER LES CONSÉQUENCES DES POLITIQUES ANTI-TERRORISTES, ANTI-MIGRATOIRES, RACISTES EN BELGIQUE AUJOURD’HUI. On s’est pris une grosse claque dans la gueule suite aux attentats. Concernant la situation, ici, à Bruxelles…les 12 puis les 18 mesures sécuritaires qui ont été prises par le gouvernement Michel. On sent vraiment une décomplexification… C’est-à-dire, qu’il n’y a plus du tout de complexe ou de frein à l’adoption de ces mesures et qu’elles vont très, très vite…CE QU’IL FAUT ESSAYER D’ÉVITER C’EST QU’IL Y AIT 2 SOCIÉTÉS QUI SE CONSTRUISENT EN PARALLÈLE. L’UNE BLANCHE PLUS OU MOINS PROTÉGÉE ET L’AUTRE QUI SE RAMASSE… CHEDIA, DILETTA et DESPINA

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Rencontre avec Maïté Lonne


Maïté Lonne fait partie des 76.000 personnes touchées en Belgique par l’incarcération d’un proche. Elle rend visite à son petit ami en prison pour la première fois il y a cinq ans.

Maïté a écrit un livre qui raconte son expérience (Une fenêtre entre deux murs – Éditions du Rapois) : sans caricature ni tabou, elle veut alerter sur le sort des familles de détenu, parfois égarées et souvent sans repère.

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Notes contre la prison

La prison demeure un impensé des mouvements d’émancipation, notamment en France. Il s’agit pourtant, par la force des choses, d’un maillon essentiel du capitalisme autoritaire qui progresse de jour en jour, mais aussi de la recomposition des classes subalternes à l’heure du néolibéralisme. C’est ce constat que dresse Antonin Bernanos, militant antifasciste et incarcéré dans le cadre de l’affaire de la voiture brûlée du Quai de Valmy. À partir d’un contexte de répression accrue du mouvement social et depuis son expérience de détention, Bernanos invite les luttes sociales à mieux comprendre le rôle de la prison dans le moment actuel, pour agir de façon décisive en se liant aux franges les plus durement touchées du prolétariat par l’incarcération de masse.

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Honneur à Londres aux mamans courage de Belgique

Par l’intermédiaire de Nadia Fadil, que je remercie ici, j’ai été invitée à livrer mon témoignage lors d’un séminaire de deux jours à Londres, consacré aux droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et de sa prévention par les campagnes de déradicalisation. Ce séminaire était organisé par Rights Watch (UK), avec le soutien de Chatham House. Mon intervention devait se situer dans la partie du colloque consacrée au genre. Suite à cette intervention, que je vous livre ici dans son intégralité, des participants ont manifesté leur souhait d’éditer les deux livres en anglais.

Je tiens à vous remercier pour cette invitation qui me donne l’occasion de témoigner du courage extraordinaire d’un groupe de femmes belges. Comme je l’ai dit aux organisateurs, je ne suis pas spécialiste du genre mais j’ai eu l’immense chance de rencontrer des femmes très spéciales, qui ont affronté les pires difficultés de notre temps, la lutte contre le terrorisme.

Elles ont fait face à des situations terribles parce qu’elles sont mères. L’amour de leur enfant leur a donné la force d’affronter la discrimination, la violence policière, la haine médiatique, l’isolement, la suspicion, les lois antiterroristes et la justice.

En avril 2013, un professeur me téléphone. Elle est en larmes parce qu’un de ses élèves, âgé de 15 ans, n’est pas retourné à l’école après les vacances de Pâques. Il est parti pour la Syrie, avec un ami âgé de 16 ans. Leurs deux mamans cherchent de l’aide et cette enseignante nous met en contact…

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Bruxelles, ville impériale : désenvouter l’espace public

 

Le cas du parc Duden / parc de Forest

Martin Vander Elst.

Samedi 13 Janvier 2018

Un buste de Léopold II qui se trouvait dans le parc Duden à Forest a été déboulonné dans la nuit de mercredi 10 à jeudi 11 janvier par un collectif anti-colonial. Il faut dire que les statues de Léopold II représentent un des points de cristallisation des enjeux mémoriels sur le passé colonial de la Belgique (Ceuppens, « Les monuments publics coloniaux, lieux de mémoires contestés », 2008). En effet, les massacres commis sous le règne de Léopold II par l’intermédiaire des forces de l’Association Internationale Africaine puis par celles de l’État Indépendant du Congo constituent la face la plus obscure de la colonisation belge au Congo. À Bruxelles, plus particulièrement, bien des noms de rues, de places ou de boulevards sont consacrés à des agents de Léopold II au Congo qui sont connus pour leurs crimes contre l’humanité. Qu’autant de monuments soient consacrés à la gloire des soldats et des militaires indique à quel niveau de profondeur gît, dans notre inconscient collectif, mais aussi dans l’espace public, l’accoutumance aux massacres (Mbembe, « Que faire des statues et monuments coloniaux ? », 2006).

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Gitans contre le Racisme d’état et la Romophobie en Europe


Dans le cadre du #GMD2018 (Génocide Mémorial Day), Bruxelles Panthères organise une conférence sur le racisme d’état que subit la communauté Rom depuis des siècles. A ce propos on invite le sociologue et politologue, membre de Kale Amenge José Heredia de Madrid.

Le samedi 20 janvier 2018 à 18h00

Le Space

Rue de la Clé 26 Sleutelstraat, 1000 Région de Bruxelles-Capital

Présentation

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Les États-Unis de Daniel Guérin

Syndicalisme, sexualités et antiracisme au pays de l’Oncle Sam.

Les États-Unis de Daniel Guérin

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Féminismes de blanches, Féminisme Blanc et situations de femmes blanches

Féminismes de blanches, Féminisme Blanc et situations de femmes blanches

2017 a enfin forcé une discussion parmi les femmes blanches sur nos rôles dans les systèmes d’oppression. Ce sont notamment les femmes blanches qui ont mis Trump à la maison blanche, et la figure d’Hilary Clinton a posé la question de nos alliances et de nos priorités. Nous sommes les femmes de Macron, nous accompagnons les pires criminels du monde jusque dans leur lit. Nous sommes « Becky with the good hair », l’accès à nos corps représentant pour beaucoup une ascension sociale. Nous sommes sionistes et impérialistes. Représentées par un trope d’innocence et de vulnérabilité dans les productions culturelles qui nous sont destinées, nous sommes en fait des parties intégrales de la machinerie raciste et sexiste, qui non seulement la font tourner, mais adoucissons son image. Nous travaillons pour les hommes blancs de manière à libérer leur temps, le temps dont ils ont besoin pour opprimer, dominer; nous les élevons, nous les soutenons. Nous interagissons avec eux dans des jeux complexes qui cooptent et objectivent des femmes et des hommes de couleur. Nous bénéficions de l’oppression raciste et coloniale de manière directe.

 

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De la religion aux traditions

Quelques réflexions sur l’œuvre de Talal Asad
Nadia Fadil

Plan

Talal Asad : pour une ontologie critique de la modernité
La pertinence de l’islam comme « objet » anthropologique ou sociologique
L’islam comme « tradition discursive »
Pour une anthropologie/sociologie du « séculier » et des « traditions » ?
Conclusion

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