Communiqué de presse du MRAX : Pour un antiracisme politique

 » Racisme structurel, parallèle avec le traitement colonial des populations indigènes, hiérarchisation, races sociales, racialisme et appel à un antiracisme politique!!!

Me croyant sur le site de Bruxelles Panthères, du PIR ou d’un autre membre du réseaux décolonial, je me suis frotté les yeux, j’ai vérifié plusieurs fois et je me suis même pincé.

Mais ceci est bien un communiqué du MRAX. Le plus clairvoyant et le plus courageux que j’ai jamais eu l’occasion de lire de leur part. Bravo. Bienvenu.e.s au club. Et bon courage pour la tempête de merde que vous allez vous prendre.

Puisque tout arrive, rêvons un peu et espérons, un jour, le même type de courage de la part du CCIB. »

Mouhad Reghif Membre de Bruxelles Panthères

Communiqué de presse du MRAX – 21 mars 2018 : Pour un antiracisme politique

Le 21 mars 1960 la police blanche sud-africaine tirait à vue sur une manifestation pacifique d’opposant-e-s noir-e-s au système de restriction des déplacements les visant, système mis en place par le régime d’apartheid.

Au-delà de la commémoration de cette tuerie raciste, tuerie raciste comme il y en eut de très nombreuse autant avant qu’après ce 21 mars 1960, nous saisissons l’occasion pour revenir sur ce qui a légitimé moralement des policiers d’un régime d’apartheid blanc à ouvrir le feu sur une foule composée de manifestant-e-s noir-e-s pacifiques et tuer ainsi plusieurs dizaines de personnes sans aucune considération pour la valeur des vies humaines auxquelles ils mettaient fin.

Ôter aussi aisément la vie d’autrui, sur base ici de sa couleur de peau, est l’aboutissement d’un processus bien connu de racialisation. Celui-ci crée socialement des « races », les hiérarchise en leur octroyant des positions structurelles de subalternité au sein de la société et détermine les types de rapports sociaux structurels qui les frappent.

Ainsi, concernant ces manifestant-e-s noir-e-s de Sharpeville, leur position de subalternes légalement établie au sein du régime d’apartheid ne leur permettait pas de revendiquer quelconque droit, car un-e noir-e qui revendique était un impensé dans le processus de racialisation qui les frappait.

Et c’est en réclamant plus de droits que ce que cette « place » ne leur octroyait que leurs vies ont été prises sans aucun égard quant à leur dignité, car la reconnaissance d’une dignité pour un-e noir-e ou le respect de la vie d’un-e noir-e étaient également des impensés dans le processus de racialisation qui les frappait.

Cette racialisation est un processus long qui pour se diffuser au sein d’une société doit s’appuyer structurellement sur des leviers tels que des élites politiques, gouvernementales, académiques, médiatiques, intellectuelles… Pour qu’un policier sud-africain puisse tirer sur des manifestant-e-s noir-es, il a dû « apprendre », probablement depuis son enfance, qu’un-e noir-e n’avait pas le droit de revendiquer et que sa vie n’avait aucune espèce de valeur qui puisse l’empêcher d’y mettre fin sans quelconque souci moral.

Cette dernière semaine en Belgique nous avons de nouveau été spectateurs et spectatrices de différentes provocations intellectuelles qui ont pour but de bousculer toujours davantage, avec un effet cliquet très efficace, notre sens commun relatif à nos valeurs de société démocratique, de sens de la citoyenneté et de respect de la dignité des personnes, de toutes les personnes.

Quand un échevin bruxellois rejoue la carte du « problème de l’immigration »; quand le Président du premier parti de Belgique fait de l’assignation identitaire, s’inspire de régimes antiques où les libertés individuelles étaient inexistantes, reproduit la thèse du Grand remplacement chère à l’extrême-droite et se comporte comme les administrations coloniales d’antan qui établissaient des différences de considération et de traitement entre leurs administrés, encourageant des antagonismes qui se révélèrent persistants et délétères pour la société et les individus qui la composent; quand une société de transport  public collabore avec les forces de police afin de « sécuriser » les transports en commun et ce faisant participe surtout consciemment à l’oppression visant les hommes, femmes et enfants ne possédant pas de titres de séjour en Belgique… force est de constater que les leviers de diffusion des processus de racialisation à l’égard des personnes assignées ici comme migrantes, juives ou musulmanes fonctionnent toujours autant aujourd’hui en 2018 en Belgique.

La diffusion répétée et continue de ces discours racialistes a un effet de banalisation, ce qui facilite leur appropriation par les autres couches de la population qui les reproduisent, très rarement avec la même subtilité qu’un historien ou qu’un échevin bien conscient des limites imposées par le cadre législatif antiraciste ou trop conscient de ce que permet une immunité parlementaire.

A titre d’exemple, nous avons reçu cette semaine une énième lettre de menaces accompagnée cette fois-ci d’une balle. Cet acte, parmi d’autres à la récurrence croissante, est la conséquence d’un contexte de désinhibition raciste initié par cette propagande racialiste. Cette propagande fonctionne, une ambiance s’installe.

Pour mettre fin à cette dynamique, il est urgent de se mobiliser autour d’un projet de société inclusif qui rende caduque et sans écho toute propagande haineuse.

C’est pourquoi, en ce 21 mars, nous appelons l’ensemble de la population à réinvestir son espace public, à s’engager dans la société civile et à se réapproprier l’agenda politique. C’est la seule voie possible pour préserver notre société du déficit démocratique qui prend place.

Nous invitons tout le monde à nous rejoindre déjà ce samedi 24 mars à 14h à la Gare du Nord à Bruxelles à la Manifestation nationale contre le racisme.

Le MRAX

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