Entretien avec Matthieu Renault

Matthieu Renault est Maître de conférences en philosophie à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, membre du Laboratoire d’études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie (LLCP). Il est l’auteur de : Frantz Fanon. De l’anticolonialisme à la critique postcoloniale (Éditions Amsterdam, 2011) ; L’Amérique de John Locke : L’expansion coloniale de la philosophie européenne (Paris : Éditions Amsterdam, 2014) ; C .L. R. James : La vie révolutionnaire d’un « Platon noir » (La Découverte, 2016) et de L’Empire de la révolution (Syllepse, 2017).

Selim Nadi : Après t’être intéressé à Frantz Fanon, à l’Amérique de John Locke et, plus récemment, à C.L.R. James, tu publies un ouvrage sur Lénine et les musulmans de Russie, comment en es-tu venu à écrire L’Empire de la révolution (Syllepse, 2017) ?

 

 

Lire la suite

« Lénine décolonial » de Matthieu Renault

Introduction : « Lénine décolonial » de Matthieu Renault à son ouvrage
« L’empire de la Révolution – Lénine et les musulmans de Russie »

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse

Le saviez-vous ? Vladimir Ilitch Lénine n’est pas mort le 21 janvier 1924, comme tout le monde le croit, mais des décennies plus tard. En témoigne un « album non officiel », récemment découvert, de photos le montrant à la frontière finlandaise en 1925 avec son frère jumeau, lui-même inconnu des archives, au Mexique avec Trotsky en 1938, ou encore à Cuba au tournant des années 1960. Mais le cliché le plus surprenant d’entre tous a été saisi en 1949 : on le voit faisant la prière, lors d’un pèlerinage à La Mecque. Impossible diront certains, mais, et d’autres images plus anciennes le prouvent, Lénine, dont l’ascendance nationale-ethnique a nourri toutes les spéculations, était en réalité d’origine bachkire, peuple turcique semi-nomade vivant entre la Volga et l’Oural : il était, ne serait-ce que culturellement, musulman. Quant à sa (re)conversion tardive à l’islam, elle est loin d’être étrangère à toute préoccupation révolutionnaire, bien qu’après sa mort imaginaire il se soit mis en retrait de l’arène politique. En effet, Lénine rédigea un dernier essai, qu’il tient sous son bras sur une photo prise à Bagdad en 1944 ; le manuscrit a disparu, mais son titre suffit à en dévoiler les grandes lignes : L’Islam comme dernier espoir de la révolution.

Lire la suite