L’illustration politique de Manu Scordia

Manu Scordia est un dessinateur engagé, issue d’une famille militante, qui traque toutes les injustices avec ses crayons et ses feutres : « Je vois le dessin comme un outil et un médium de sensibilisation politique ». BD, illus pour la presse associative ou affiches pour des activistes, sa palette est large mais suit un fil rouge : « Mon travail s’axe autour de la dénonciation du racisme d’État, ce racisme structurel dans la continuité des dominations coloniales et des pillages du sud ». Il prépare d’ailleurs actuellement une BD qui revient sur l’affaire Mawda dont il avait déjà signé le portait devenu iconique au cours de la mobilisation. Mais point de place à la résignation : « Dans mes dessins, on retrouve souvent l’idée de ces systèmes implacables, de ces dominations qui nous écrasent, et qui nous rendent, nous individu, assez démunis. Et en même temps, je mets toujours en avant, l’espoir et la possibilité d’une résistance par la lutte collective. »

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Le jour où j’ai (presque) fondu (ton père)

PeoPL - LAURA NSENGIYUMVA

Les enjeux du Groupe de Travail pour la décolonisation. Par Laura Nsengiyumva

Que faire de toutes les traces de l’époque coloniale dans les rues de Bruxelles ? Les quelque 250 pages de notre rapport reprennent toute une série de recommandations « en vue de la décolonisation de l’espace public en Région de Bruxelles-Capitale » (De Standaard, édition du 17 février). Nous y avons travaillé un an et demi, de concert avec 14 experts, à la demande du secrétaire d’État bruxellois Pascal Smet.

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Statue de Léopold II : un rêve de bronze fondu qui part en fumée

PeoPL - LAURA NSENGIYUMVA

Laura Nsengiyumva se définit comme une « artiviste », mêlant ainsi sa pratique artistique à son engagement activiste. Elle a proposé de faire fondre la statue équestre de Léopold II, érigée près du Palais royal à Bruxelles. Pourtant, son nom n’apparaît pas dans les médias. Cette omission, ainsi que les réactions que sa proposition a suscitées, montrent à quel point nos pensées sont encore imbibées de colonialisme.

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Les afro-descendants belges et la question de la reconnaissance

PeoPL - LAURA NSENGIYUMVA

Par Aymar Bisoka N.

Les manifestations antiracistes à la suite de la mort de George Floyd, tué fin mai 2020 par des policiers blancs aux États-Unis, ont apporté un souffle nouveau à la lutte contre le racisme et contre l’exclusion que subissent encore les Noirs à travers le monde.

En Belgique, si les premières actions ont consisté à prendre pour cible, à vandaliser ou encore à déboulonner les statues de Léopold II, ancien roi des Belges, c’est parce que, pour les manifestants, la question noire dans ce pays nécessite à la fois un retour sur l’histoire coloniale belge en Afrique des Grands Lacs et ses divers héritages contemporains.

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DOSSIER Bruxelles ville congolaise

L’histoire coloniale belge émaille la vie quotidienne des Bruxellois : dans le métro, les parcs bruxellois, les musées, mais aussi plus simplement au supermarché ou sur la table.

À l’heure de l’imminente réouverture du musée royal d’Afrique centrale, ce dossier propose une lecture de Bruxelles, ancienne capitale coloniale, parsemée de lieux, de places, de statues, de symboles, de souvenirs et de pratiques qui renvoient à ce passé congolais et le mêlent à notre quotidien. Mais de quel Congo parle-t-on ? Quel est notre rapport à ces traces ? Acceptons-nous de les regarder ? Comment les aborder dans une ville qui vante par ailleurs son cosmopolitisme ?

Accompagnez-nous pour une balade à travers la ville et son histoire, mettant en lumière une partie de l’héritage colonial et sa continuité dans notre quotidien de bruxellois. Un premier arrêt au goût chocolat-banane étrangement amer est suivi d’une visite dans les limbes de la réouverture du musée de Tervuren (créé par le roi bâtisseur en personne) pour déboucher sur un panorama cartographique des lieux nommés d’après d’illustres missionnaires et colons zélés.

En présence de ces témoignages monumentaux et statuaires qui trônent dans l’espace public, nous nous poserons la question de leur décolonisation (im)possible, pour enfin nous retrouver dans une conférence qui s’est tenue il y a près d’un siècle et prendre un souffle d’inspiration pour les luttes qui restent à mener.

Bruxelles en mouvements n°297 – Novembre-décembre 2018

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Décoloniser n’est pas contextualiser

Face à l’ampleur du mouvement international décolonial pour la réparation, la restitution et la justice dans lequel s’inscrivent les actions de destitution du patrimoine colonial, un véritable vent de panique saisit les élites dont le pouvoir est hérité de ces systèmes de domination. Quels que soient les contextes (USA, Afrique du Sud, France, Belgique), un argument revient sans cesse dans la bouche de ceux qui s’opposent au démantèlement de ce patrimoine : ces actions seraient animées par une volonté sourde de vouloir faire disparaître le passé colonial de la mémoire collective.

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Bruxelles, ville impériale : désenvouter l’espace public

 

Le cas du parc Duden / parc de Forest

Martin Vander Elst.

Samedi 13 Janvier 2018

Un buste de Léopold II qui se trouvait dans le parc Duden à Forest a été déboulonné dans la nuit de mercredi 10 à jeudi 11 janvier par un collectif anti-colonial. Il faut dire que les statues de Léopold II représentent un des points de cristallisation des enjeux mémoriels sur le passé colonial de la Belgique (Ceuppens, « Les monuments publics coloniaux, lieux de mémoires contestés », 2008). En effet, les massacres commis sous le règne de Léopold II par l’intermédiaire des forces de l’Association Internationale Africaine puis par celles de l’État Indépendant du Congo constituent la face la plus obscure de la colonisation belge au Congo. À Bruxelles, plus particulièrement, bien des noms de rues, de places ou de boulevards sont consacrés à des agents de Léopold II au Congo qui sont connus pour leurs crimes contre l’humanité. Qu’autant de monuments soient consacrés à la gloire des soldats et des militaires indique à quel niveau de profondeur gît, dans notre inconscient collectif, mais aussi dans l’espace public, l’accoutumance aux massacres (Mbembe, « Que faire des statues et monuments coloniaux ? », 2006).

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