Le football est parfois méprisé par des gens de gauche car il serait un divertissement pour les travailleurs, au sens premier à savoir les distraire de leurs intérêts de classe. Il est vrai aussi que le capital s’est emparé de façon prodigieuse de ce sport populaire pour accumuler des profits, en user de façon diplomatique (le Qatar à travers le Paris Saint-Germain) ou faire de la propagande personnelle (Silvio Berlusconi, président de l’AC Milan jusqu’en 2017). Il est également vrai que beaucoup de jeunes, sans conscience de classe, sont fascinés par un sport ultramédiatisé qui entretient l’illusion d’un argent facile. À cet égard, des discussions avec des élèves sont révélatrices : certains ne peuvent comprendre l’attachement à certains clubs désormais moins réputés par rapport aux grosses machines à fric qui achètent à tour de bras des joueurs, de la force de travail, à coup de millions. Des jeunes sont plus attachés à la vedette et moins au club. Pourtant, le club, c’est l’identité d’un collectif. Aussi, s’il est nécessaire de critiquer le football-business et le football professionnel voire de vouloir le limiter et demander aux puissants clubs de contribuer davantage financièrement, il ne faudrait pas rejeter le football. En effet, au-delà de l’aspect financier, le football et le stade sont des enjeux de classe et de luttes sociales. Pour le comprendre, il faut parfois retourner aux origines des clubs.
La négrophobie arabe et la question du pouvoir
De nombreux activistes ou membres d’ONG connaissaient de longue date l’existence d’un trafic d’esclaves subsahariens dans la Libye actuelle. Ce qui a changé avec la diffusion d’un reportage par CNN le 13 novembre 2017, c’est que personne n’a plus la possibilité de faire semblant de l’ignorer. L’éthique commande de prendre en compte cette situation et de tenter d’en comprendre les ressorts, en évitant les facilités de l’antiracisme moral. Pour ce faire, il importe de prêter attention à deux niveaux. Premièrement, rappeler que ce qui répond aujourd’hui au nom de « Libye » n’est plus un État. Depuis l’intervention impérialiste que l’on sait, elle a perdu toute souveraineté ; elle est devenu un pays fantomatique ou zombie, incapable d’assurer le monopole de la violence légitime sur son propre territoire. Pire, elle s’est muée en un vulgaire prestataire de service pour l’Union Européenne. En février 2017, à la faveur du Plan d’action de la Valette, 200 millions d’euros sont débloqués en vue de financer le contrôle de ses frontières. En juillet s’y ajoutent 43 millions de plus. Aux yeux des institutions européennes, peu importe que la Libye soit un État, une nation. Elle doit être une frontière, et la plus infranchissable possible. Que leur importe si, au-delà, règnent l’esclavage, le meurtre, le viol, la destruction et l’abaissement de tout ce qui fonde l’humain. L’histoire récente du continent Africain et du Moyen-Orient nous le rappellent inlassablement : la dissolution des États laisse souvent le champ libre à la résurgence de formes débridées et sidérantes de violence sociale ou politique. L’esclavagisme en est une des déclinaisons.
Conquérir le désert
Conquérir le désert
De l’actualité du colonialisme
Par Guillermo Kozlowski
Merci beaucoup à Paola Stévenne pour son regard sur ce texte et tant d’autres.
Pourquoi insister ? Le colonialisme semble une vieille question. On ne voit plus ces fanatiques, sanguinaires, ignares et ridicules conquistadores espagnols se promener avec leur croix et leurs épées. Les pays du tiers-monde sont indépendants. Ne restons pas esclaves du passé alors, vivons dans le présent, regardons le futur…
Déjà au XIXème siècle la colonisation commence à se présenter elle-même comme l’instant pendant lequel a lieu une rupture. Elle prétend être le point d’inflexion entre l’épuisement d’un monde archaïque et le début du monde moderne, se défend de plus en plus d’être une modalité du pouvoir ; c’est peut-être pour cela qu’elle semble toujours une problématique du passé, un débat déjà clos. C’est peut-être pour cela aussi qu’il faut aller chercher la présence du colonialisme dans une image paradoxale. Non pas les images dépassées de l’évangélisation forcée du XVIème siècle, ou de la lourde administration coloniale du XIXème, mais la « conquête du désert » qu’il n’a cessé de revendiquer à partir du dernier quart du XIXème siècle. Une image qui encore aujourd’hui, peut-être plus qu’à ses débuts, sert de modèle pour la politique « d’aménagement » des territoires et de « gestion » des populations.
Ce que nous dévoile l’affaire TR
Sur notre soutien « inconditionnel ».
Qualifier « d’inconditionnel » le soutien apporté par des gens au professeur Tariq Ramadan c’est ôter à ces gens toute capacité de réflexion et d’esprit critique, c’est les réduire à un fan club en admiration aveugle devant leur idole. Vision lourde de préjugés. On peut parfaitement le soutenir avec discernement et clairvoyance, sans tomber dans l’aliénation.
Oui ! le professeur Tariq Ramadan mérite tout notre soutien pour son œuvre, pour ses combats, pour avoir redonné fierté et dignité à toute une génération qui se cherchait. Il a largement contribué à nous réconcilier avec nous même, avec nos parents et avec la société française / belge / européenne. Il a aidé beaucoup de personnes à se reconstruire et à reprendre confiance en elles-mêmes.
Oui ! nous lui devons notre soutien en ce tragique moment de sa vie ; vie qu’il a passé à sillonner notre pays pour panser nos blessures et nous réconforter comme un père, comme un frère.
Les pouvoirs publics ne peuvent pas continuer à nous exclure alors que nous vivons ici depuis des lustres
–> Dans le cadre de la mobilisation internationale pour la régularisation des sans-papiers et contre les politiques migratoires de l’Union européenne et de ses États membres, la Coordination des sans-papiers de Belgique manifestera le dimanche 10 juin 2018. Rendez-vous à 14 h Gare du Nord à Bruxelles.
Une opinion de Serge Bagamboula pour la Coordination des sans-papiers de Belgique.
Depuis 2014, la Coordination des sans-papiers de Belgique tente de vaincre l’absurdité de la politique d’asile et de migration qui s’est installée dans ce pays. Aujourd’hui, il est clair pour tous que les choix qui ont été adoptés par le gouvernement dans ce domaine s’éloignent des droits humains et ont produit des effets désastreux : les arrestations au parc Maximilien, l’expulsion de sans-papiers vers le Soudan (en violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits humains qui interdit l’expulsion d’une personne vers un État où elle risque d’être soumise à la torture), le projet de loi permettant les perquisitions à domicile chez des personnes sans papiers et des citoyens solidaires, et enfin le ciblage d’interventions policières pour traquer les sans-papiers dans le monde associatif, social et culturel. Sans oublier l’ouverture prochaine d’un centre fermé pour enfants et le tragique décès de la petite Mawda, tuée d’une balle policière.
Viol : les racines du mal
J’espère mettre en lumière la terreur du banal et du quotidien plutôt qu’exploiter le spectacle choquant. Ce qui me concerne ici est la diffusion de la terreur et de la violence perpétuée dans les rubriques du plaisir, du paternalisme et de la propriété. (Saidiya V. Hartman, Scenes of Subjection: Terror, Slavery and Self-Making in Nineteenth-Century America
Race and American Culture, 1997)
Le viol a été au-devant de l’actualité pendant plusieurs mois, conduisant la France à faire évoluer ses standards en matière de licite et d’illicite. La campagne #MeToo a provoqué une onde de libération de la parole si massive qu’elle a fait craindre à Emmanuel Macron que la France bascule dans une culture de la délation[i]. Une affaire cependant cristallise l’attention. Et certains, forts de ce qu’ils viennent d’apprendre sur la question du viol, cèdent à la tentation de nous éduquer, nous, sujets postcoloniaux, sur ce qu’est ce crime et sur la manière dont il devrait être pris en charge politiquement. Une mise au point s’impose.
Féminismes blancs, féminismes non blancs : quel bilan après l’affaire Tariq Ramadan ?
Quels sont les effets politiques de l’affaire Tariq Ramadan ? Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des Indigènes de la République, répond à cette question et fait l’état des lieux des féminismes.
L’ego conquiro comme fondement de la subjectivité moderne
L’ego conquiro comme fondement de la subjectivité moderne
par Luis Martínez Andrade[1]
Chercheur postdoctoral au Collège d’études mondiales, Paris.
Avant 1492, l’Europe n’avait pas une conscience de supériorité (matérielle et ontologique) vis-à-vis des autres peuples (tels que le monde musulman ou ottoman, par exemple). C’est avec l’ouverture vers l’Atlantique et la « découverte » du Nouveau Monde que les Européens commencent à construire une nouvelle ontologie dans laquelle les indigènes seront cantonnés dans la position du non-être. Ainsi, la subjectivité moderne occidentale est bâtie sur un rapport de domination/exploitation relié à une altérité niée : celle de l’indigène.
Et Maintenant, Il Nous Faut Une Régularisation!
MANIFESTATION NATIONALE A BRUXELLES
» ET MAINTENANT, IL NOUS FAUT UNE RÉGULARISATION ʺ
LE 10 JUIN 2018, DÉPART 14 HEURES GARE DU NORD
#REGULARISATIONMAINTENANT
Les accusatrices de Tariq Ramadan vont-elles se transformer en accusées ?
Ce dossier regroupe un ensemble de faits sur les plaignantes accusant Tariq Ramadan de viol. De nombreuses enquêtes à charge ont été faites dans la presse. La justice et les médias ne peuvent respirer qu’avec deux poumons. Nous rétablissons ici la balance. Enquête.
Les éléments d’incohérences et de zones d’ombre sur les profils, les actes et les contacts de chacune doivent être pris en compte et relevés pour pouvoir s’interroger sur cette affaire. La majorité des médias français se sont occupés de la culpabilité médiatique de Tariq Ramadan et peu concernant les plaignantes. Nous retranscrivons ici tous les faits énumérés par les médias mais aussi par les plaignantes elles-mêmes.

