Fragments de vie carcérale, par Ali Aarrass
L’héritage du Black Panther Party
L’Etat racial intégral : en finir avec la collaboration de race
Cette intervention a été présentée par Houria Bouteldja une première fois à l’université de Yale (Etats-Unis), le 6 avril 2023 et une deuxième fois, le 18 mai 2023, à Montréal dans le cadre de la « Grande Transition », conférence internationale organisée par Historical Materialism. Elle est proposée ici dans sa dernière version.
Under Queer Eyes : les politiques de la visibilité et la nouvelle réaction
A propos de Queer Palestine and The Empire of Critic de Sa’ed Atshan (Stanford University Press, 2020).
Traduit de l’anglais par Nina Zadekine, avec l’aimable autorisation de l’auteur. Vous pouvez retrouver la version originale ici[1].
À l’aube du vingtième siècle, une fièvre étrange s’est emparée du monde civilisé : les parlements modernes ont adopté des lois ordonnant aux femmes orientales qu’ils gouvernaient d’abandonner les objets de mode couvrant leur visage. De Lord Cromer à Atatürk, « dévoiler » les femmes orientales est devenu une question de modernité ou de barbarie, de vie ou de mort. Tracts politiques, carnets de voyage et rapports de santé publique dépeignaient les nombreuses conséquences médicales, sociales ou politiques fâcheuses du « voile ». Des primes fiscales ou encore des rencontres avec des chefs d’Etat récompensaient celles qui se portaient volontaires pour se dévoiler. Les parlements soviétiques de l’Asie Centrale ouvraient leurs réunions avec des rituels de dévoilement : des dizaines de femmes retiraient leur foulard tout en prêtant allégeance au progrès socialiste séculaire et remettaient souvent leur voile sur le chemin du retour.
Crimes sans châtiment – ou comment l’UE transforme la Méditerranée en charnier liquide
Le naufrage du 14 juin en mer Ionienne est venu s’ajouter à la longue série noire de tragédies similaires dont une partie seulement bénéficie de couverture médiatique, ou même d’un quelconque signalement. Avec sans doute plus de 650 morts (104 survivants sur un total de 750 à 800 personnes à bord), ce naufrage est d’ores et déjà le second plus meurtrier jamais enregistré en Méditerranée, après celui du 19 avril 2015 (plus de 900 morts) au large des côtes libyennes mais dépassant la « tragédie de Lampedusa » d’octobre 2013 (366 corps retrouvés).
Où commence… et où finit le racisme ? Par Étienne Balibar
Figure incontournable du débat philosophique sur le racisme, Étienne Balibar, entre autres co-auteur de Race, nation, classe (La Découverte, 2018) et de Cosmopolitique. Des frontières à l’espèce humaine (La Découverte, 2022), a lu avec passion notre livre de dialogue entre Marylin Maeso et Norman Ajari Où commence le racisme, qui vient de paraître chez Philosophie magazine Éditeur. Dans ces lignes, il relève les tensions entre universalisme et essentialisme. Et se demande comment l’antiracisme peut continuer de se référer à la notion de race, de manière critique.
DEBORA SILVERMAN : THE ART OF DARKNESS OU LES TÉNÈBRES COMME ESTHÉTIQUE
par Véronique Clette-Gakuba
En mobilisant Debora Silverman et d’autres travaux de la littérature anglo-saxonne, cet article nous aide à comprendre comment nous sommes profondément affectés par une « esthétique de la Noirceur » produisant un amalgame fantasmagorique entre les corps noirs et les régions supposées sauvages du monde. Une esthétique qui influença profondément l’Art nouveau, mais également le rapport racialisé aux populations noires.
LES RÉSEAUX DE L’ART NOUVEAU
À l’occasion de la parution de son livre La Dimension coloniale de l’Art nouveau (Kunst met de K van Kongo) [1], Lucas Catherine se prête au jeu de l’interview et revient sur le long travail historique, et parfois plus personnel, l’ayant amené à devenir l’un des spécialistes du Congo.
DE L’ART NOUVEAU AU MODERNISME TROPICAL : PROBLÉMATISER LA NOTION DE PATRIMOINE ARCHITECTURAL COLONIAL
par Toma Muteba Luntumbue
Existe-t-il des réalisations architecturales de l’époque coloniale qui ne soient pas imprégnées de l’idéologie coloniale ? L’intérêt récent porté sur les vestiges architecturaux du Congo des Belges nous pousse à questionner le processus de leur « patrimonialisation », entendu comme construction d’un rapport aux objets du passé. Quels sont les enjeux symboliques de la qualification de « patrimoine » attribué aux reliquats de la présence belge pour ceux qui y sont confrontés quotidiennement ? Ces vestiges peuvent-ils ouvrir aux Congolais les portes d’une compréhension de leur passé ?