L’apartheid d’Israël contre les Palestiniens …

Saleh Hijazi, d’Amnesty International, parle à +972 du récent rapport de son organisation, de la sévère réponse du gouvernement israélien et explique pourquoi notre analyse de l’apartheid israélien doit commencer à partir de 1948.

Des membres d’Amnesty International, dont Saleh Hijazi (à gauche), tiennent une conférence de presse à Jérusalem pour annoncer la publication du rapport de l’organisation sur l’apartheid israélien, le 1er février 2022. (Oren Ziv)

Même avant que ne soit rendue publique la bombe qu’est le nouveau rapport d’Amnesty International sur Israël-Palestine, mardi matin, le gouvernement israélien et quelques-unes des plus importantes organisations pro-Israël du monde entier étaient partis à l’offensive. Le rapport, intitulé « L’Apartheid d’Israël contre les Palestiniens : un système cruel de domination et un crime contre l’humanité » avait été divulgué au gouvernement israélien, au Bureau des représentants des Britanniques juifs et à la Ligue anti-diffamation basée aux Etats-Unis, chacun accusant vertement Amnesty International d’antisémitisme pur et simple.

Il n’est pas difficile de voir pourquoi Israël et ses supporters se sentent le dos au mur. Le rapport de 280 pages de l’organisation vedette des droits humains dans le monde est un acte d’accusation accablant de ce qu’Amnesty appelle le « système d’oppression et de domination d’Israël contre le peuple palestinien, partout où il contrôle leurs droits », y compris dans les territoires occupés, en Israël et là où vivent des réfugiés palestiniens. L’enquête inclut des détails sur l’occupation militaire d’Israël, la ségrégation, la torture, la confiscation de terres, les restrictions sur les déplacements et le déni de citoyenneté et de nationalité, entre autres violations.

Mais le rapport d’Amnesty n’est pas purement descriptif. Comme de récents rapports similaires par des organisations de défense des droits humains, comme Human Rights Watch (HRW) et B’Tselem, Amnesty demande que le régime d’apartheid d’Israël soit démantelé et que la Cour pénale internationale (CPI) prenne en compte le crime d’apartheid lorsqu’elle enquête sur les crimes de guerre dans les territoires occupés. C’est précisément pourquoi le rapport est si terrifiant pour Israël et ses supporters.

J’ai rencontré Saleh Hijazi, le directeur régional adjoint d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, après la conférence de presse à Jérusalem marquant mardi la publication du rapport. Nous avons parlé, parmi d’autres choses, des attaques du gouvernement israélien contre son organisation, des raisons pour lesquelles Amnesty parle délibérément de 1948 comme le point de départ de l’apartheid, et de la façon de gérer les critiques des alliés des Palestiniens et des Israéliens.

Saleh Hijazi, d’Amnesty International, parle à une conférence de presse à propos du nouveau rapport de l’organisation sur l’apartheid israélien, 1er février 2022. (Oren Ziv)

Cette interview a été éditée pour des raisons de longueur et de clarté.

Nous ne sommes que quelques heures après la publication du rapport d’Amnesty qui a été accueilli par une réponse extrêmement sévère de la part d’Israël et de diverses organisations dans le monde entier, qui ont affirmé que le rapport est « antisémite » et «  répand les mensonges d’organisations terroristes ». Est-ce que ces réactions vous ont choqué ou surpris ? 

Malheureusement pas. L’utilisation, la transformation en arme, de l’antisémitisme pour attaquer ceux qui critiquent les politiques d’Israël, particulièrement quand elles concernent les Palestiniens, est une tactique qui a été utilisée depuis de nombreuses années, y compris contre Amnesty International. Ces types d’attaques, fausses et sans fondement, sont attendues de la part de gouvernements et d’Etats qui violent systématiquement les droits humains, ou dans ce cas, qui imposent un système de répression et de domination équivalent à un apartheid. Quand vous offrez une analyse solide qu’un crime contre l’humanité a lieu, le gouvernement qui l’a perpétré va certainement être inquiet.

Est-ce que vous avez subi une quelconque pression du gouvernement israélien lorsque vous travailliez sur le rapport ? 

Non. Le gouvernement a décidé de ne pas avoir de relations constructives avec nous, bien que nous leur ayons demandé des rencontres et des informations à de nombreuses reprises, depuis de longues années. Depuis que j’ai commencé à travailler pour Amnesty en 2011, nous avons eu seulement un rendez-vous avec le Ministre des Affaires étrangères, qui a eu lieu en 2012. Depuis, aucune des lettres que nous avons envoyées pour réclamer des rencontres ou demander de l’information au gouvernement ou à l’armée n’a reçu de réponse.

Il est important de mentionner que, dans ce contexte, Israël continue à ignorer nos demandes pour accéder à la Bande de Gaza. Nous voulons entrer dans Gaza pour examiner la situation des droits humains résultant du blocus illégal qui équivaut à une punition collective ou les effets des offensives militaires israéliennes, ainsi que les violations dues aux autorités palestiniennes là-bas, particulièrement au gouvernement du Hamas et à divers groupes armés.

Human Rights Watch a sorti un rapport sur l’apartheid israélien en avril 2021. Quel genre de leçons avez-vous tiré de leur rapport et est-ce que leur travail a guidé votre réflexion ? 

Le rapport de Human Rights Watch a une influence considérable. HRW est une organisation majeure de défense des droits humains, qui fournit des documentations et des analyses juridiques haut de gamme, que nous devions examiner et sur lesquelles nous devions réfléchir, et nous devions aussi penser à la manière dont nos propres recherches et analyses se comparent aux leurs, et à la manière dont nous pouvons travailler ensemble. Avec le lancement de notre rapport, nous allons former, avec HRW et d’autres organisations de défense des droits humains palestiniennes et israéliennes, nous l’espérons, une coalition anti-apartheid.

Des ouvriers déblaient les décombres d’un bâtiment détruit à Rafah dans la Bande de Gaza après qu’il a été touché par des frappes aériennes israéliennes pendant la dernière attaque contre Gaza, le 29 septembre 2021. (Abed Rahim Khatib/Flash90)

J’ai le sentiment que la réaction au rapport d’Amnesty est beaucoup plus forte et sévère que la réaction au rapport de HRW. Avec Amnesty, vous amenez le pouvoir d’un mouvement. Une partie importante de notre lancement n’est pas seulement le rapport et la campagne, mais aussi un élément d’éducation sur les droits humains. Nous avons mis en ligne un cours d’éducation aux droits humains sur l’apartheid israélien qui sera disponible à quiconque dispose d’un accès internet, dans plusieurs langues, y compris en hébreu. Nous avons mis beaucoup de travail et d’énergie dans ce cours parce que nous voulions tirer avantage du fait d’avoir des membres qui peuvent agir et être efficaces. Pour cela, ils ont besoin de comprendre comment l’apartheid marche en Israël-Palestine, pour pouvoir aller parler à leurs responsables élus.

Votre rapport fait remonter les racines de l’apartheid israélien à 1948, ce que beaucoup d’organisations de défense des droits humains ont souvent tendance à éviter. Pouvez-vous nous parler de la réflexion derrière votre choix de faire de cela le point de départ ?

Ce rapport nous a pris quatre ans à écrire, mais son histoire est bien plus longue que cela. Lorsque la CPI a annoncé avoir juridiction sur les territoires occupés, nous avons commencé à regarder la manière dont nous pourrions faire de la justice internationale une partie centrale du travail sur les droits humains qu’Amnesty fait sur Israël-Palestine. Dès que nous avons commencé à examiner dans cette perspective les schémas des violations, le crime d’apartheid a immédiatement émergé comme quelque chose qu’en tant qu’organisation de défense des droits humains nous pouvions examiner. La prochaine étape a été de formuler une politique globale sur la manière dont Amnesty International comprend le crime d’apartheid, en tant qu’il est intégré dans le droit international, ainsi qu’une manière pour nous de déterminer ce qui constitue ou ne constitue pas l’apartheid. Le processus pour formuler ces critères a été achevé en 2017.

Ce que le rapport fait, c’est de regarder les derniers 20 ans, mais pour comprendre complètement la situation aujourd’hui, vous avez besoin de suivre quelques-unes des principales composantes du système jusqu’à ses racines. Cela inclut la fragmentation territoriale, la ségrégation et le contrôle, la dépossession des terres et de la propriété, et la privation des droits économiques et sociaux. Ce sont les éléments qui forment le système d’apartheid israélien aujourd’hui, mais ils ne commencent pas là.

Les forces israéliennes réalisent un exercice à proximité et à l’intérieur des villages palestiniens de la région de Masafer Yatta, Cisjordanie, 3 février 2021. (Keren Manor/Activestills.org)

Donc nous retournons en 1948 et nous voyons comment, lors de l’établissement de l’Etat, Israël a passé des lois à propos de la nationalité et du statut, où les Palestiniens qui restaient en Israël après la Nakba se sont vu accorder la citoyenneté mais n’ont pas été traités comme des nationaux, contrairement aux Israéliens juifs. Le Loi du retour permettait aux juifs seulement de retourner en Israël et de se voir accorder automatiquement la citoyenneté, alors que les Palestiniens qui étaient fragmentés du fait du nettoyage ethnique se voyaient refuser ce droit au retour. Quand il s’agit de propriété, la Loi de propriété des Absents et les lois variées qui composent l’actuel régime foncier d’Israël ont toutes été votées dans les années 1950. La stratégie du régime militaire dans les territoires occupés est la même stratégie que celle utilisée par Israël contre les citoyens palestiniens d’Israël entre 1949 et 1966.

Donc vous commencez à voir comment ces éléments qui composent le système ont tous commencé juste après l’établissement de l’Etat d’Israël. C’est pourquoi l’analyse doit commencer à partir de là plutôt qu’à partir de l’occupation de 1967.

Le rapport appelle aussi au retour des réfugiés palestiniens, ce qui est quelque chose que les principales organisations de défense des droits humains, typiquement, ne font pas. 

L’acte initial de la fragmentation palestinienne a eu lieu pendant le nettoyage ethnique — la Nakba de 1948 — qui a vu le déplacement de centaines de milliers de Palestiniens hors de leurs maisons, sans leur permettre de revenir, ce qui est un droit garanti dans le droit international des réfugiés, ainsi que dans la Résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies. Le déni du droit au retour est crucial pour maintenir un système dont l’intention et l’objectif sont de maintenir l’hégémonie démographique juive et le controle maximal sur la terre. Si vous voulez garder cette hégémonie, vous ne permettrez tout simplement pas à des millions de réfugiés palestiniens vivant dans des camps dans tout le Moyen-Orient de revenir. C’est la manière dont cela devient une partie cruciale de notre analyse sur l’apartheid.

Les activistes palestiniens ont utilisé des termes comme « apartheid » et « colonialisme de peuplement » pour décrire le régime entre le fleuve et la mer depuis des années. Comment le travail de ces militants a-t-il influencé et guidé votre réflexion en élaborant cette réponse ? 

C’est la responsabilité d’une organisation internationale de défense des droits humains de réagir quand des organisations locales lancent une affirmation. Nous reconnaissons que nous sommes en retard là-dessus et que nous devrions l’avoir examiné plus tôt. Mais il y a deux raisons pour lesquelles nous faisons cela maintenant. D’abord, et ceci n’a pas de lien avec Israël-Palestine, nous en sommes venus à voir que des systèmes de discrimination institutionalisée, violemment racistes, — l’apartheid étant la manifestation la plus extrême de ces systèmes — sont malheureusement fréquents dans le monde entier et nous avons décidé que nous devions affronter cette situation.

Le Mur de séparation israélien, Al Zaeem, Cisjordanie, 22 mars 2020. (Ahmad al-Bazz/Activestills.org)

Il y a eu aussi des demandes d’organisations palestiniennes, ainsi que de nos propres membres, pour que nous enquêtions afin de déterminer si le crime d’apartheid était perpétré ici. Quand nous avons commencé à le faire, nous avons reparcouru l’ensemble des connaissances qui avaient été produites par les activistes, universitaires et intellectuels palestiniens, en remontant sur plusieurs années — y compris l’appel de 2005 par des organisations de la société civile palestinienne à des boycotts, au désinvestissement et à des sanctions, appel qui était basé sur le cadre de l’apartheid. Le discours, le savoir et l’analyse juridique générés par des Palestiniens étaient une part intégrante des recherches que nous avons faites.

En tant que membre palestinien d’Amnesty International, était-il difficile d’essayer de mettre à l’ordre du jour ce qui est souvent vu comme un sujet « toxique » ? Est-ce que cela a été difficile de convaincre vos supérieurs ? 

J’ai été heureusement surpris que cette démarche n’ait pas en fait été dirigée par des Palestiniens dans l’organisation. Nous avons beaucoup d’amis dans le Secrétariat international [l’organisme responsable de la majorité de la recherche d’Amnesty International et qui dirige son travail de campagne] et dans des sections variées, qui ont pris la main là-dessus et avec qui nous avons travaillé épaule contre épaule. En 2011, Amnesty Grèce a envoyé au Secrétariat international une demande pour regarder la situation en Israël-Palestine. En tant que mouvement démocratique, vous devez répondre à cette sorte de demande. Après cela, une autre demande est venue d’Amnesty Espagne et il y a eu plusieurs demandes informelles de sections dans le monde entier.

Est-ce qu’il y a eu des conversations difficiles avec Amnesty Israël pendant le processus ? Oui. C’était particulièrement difficile pour les Palestiniens et les Israéliens dans le mouvement. Ces conversations ont été importantes et nécessaires et maintenant que le rapport est sorti, elles ouvrent beaucoup d’opportunités. Finalement, la section Israël a décidé qu’ils peuvent faire face aux conséquences juridiques d’avoir exécuté cette sorte de travail. Quelques-unes des recommandations [dans le rapport] peuvent être vues comme appelant à des sanctions ou à un boycott d’Israël, et la loi anti-boycott pourrait être utilisée contre eux, et donc ils ont décidé de ne pas être pro-actifs sur ce rapport, mais de l’utiliser [comme une opportunité] pour déclencher des conversations cruciales sur la question. Espérons que s’ils décident de devenir plus proactifs, ils auront des membres tout autour d’eux pour les soutenir.

Des manifestants palestiniens débattent avec des soldats israéliens pendant une manifestation contre les colonies israéliennes dans les Collines du sud d’Hébron, Cisjordanie, 15 janvier 2021. (Wisam Hashlamoun/Flash90)

Mais tout le monde n’est pas en train de célébrer. Nous avons vu Orly Noy, [rédactrice de Local Call et journaliste à +972] qui a modéré aujourd’hui la conférence de presse, commencer ses remarques en disant qu’en tant qu’Israélienne juive, ce n’était pas un jour joyeux. Nous avons vu beaucoup de Palestiniens nous disant : « Vous êtes en retard », ou demandant : « Où étiez-vous ? » ou « Et si on parlait de colonialisme de peuplement ? » Clairement, nous vivons tous la réalité ici et les Palestiniens vivent l’oppression sur une base quotidienne, donc ce n’est pas facile et je n’attendais pas que quiconque confronté à des enjeux si élevés et impliqué professionnellement et personnellement le prenne très facilement.

Qu’est-ce que vous dites aux Palestiniens qui sont sceptiques sur ce que ces rapports peuvent effectivement faire pour eux ? Vous aviez des membres de la famille Salhiyeh, qui ont été expulsés de leur maison à Sheikh Jarrah il y a quelques semaines, qui se sont levés pendant la conférence de presse et ont demandé ce que vous pouvez faire à propos de leur expulsion et de ce qui arrive dans leur quartier.

C’est difficile de répondre à cette question. Regardez la réalité ici — c’est un pays relativement petit, les Palestiniens et les Israéliens ensemble font moins que la population de Sao Paulo. Vous avez eu des décennies de rapports, de commissions et d’enquêtes par les Nations Unies et les organisations de défense des droits humains. Vous avez des organisations très professionnelles de la société civile, à la fois palestiniennes et israéliennes, qui documentent complètement les violations des droits humains. Et pourtant la situation ne fait que s’aggraver. C’est ce constat qui rend ce rapport si pertinent.

[Le rapport] apportera-t-il le changement qui est requis immédiatement ? Absolument pas. Cela exige de développer des stratégies, du travail en commun et des partenariats. Nous voyons cela arriver, y compris entre organisations palestiniennes et israéliennes, ce qui est quelque chose que nous n’avons pas vu avant. C’est encourageant.

La famille Salhiyeh et d’autres ne verront pas un changement immédiat. Et malheureusement les expulsions et les démolitions de maisons continueront, tandis que la situation dans le Néguev ne va faire qu’empirer. Mais je pense que l’analyse en termes d’apartheid nous permettra de relier tous les points de telle sorte que nous ne déplacerons pas tout le temps notre focale, de la détention administrative aux assassinats illégaux et ensuite à la démolition dans le Néguev. Maintenant, nous pouvons relier les points. Quand vous faites cela, vous pouvez voir le système d’apartheid. Ceci ouvre la voie pour s’attaquer à ces violations d’une manière plus stratégique. Nous ne nous occupons plus des symptômes, nous nous occupons des causes profondes.

Edo Konrad est rédacteur en chef de +972 Magazine.

Source : +972 magazine

Traduction CG pour l’Agence média Palestine

ISRAËL : LES PALESTINIENS SONT VICTIMES D’UN APARTHEID

Ségrégation territoriale et restrictions de déplacement, saisies massives de biens fonciers et immobiliers, expulsions forcées, détentions arbitraires, tortures, homicides illégaux… Après un long travail de recherche, notre nouveau rapport démontre que les lois, politiques et pratiques mises en place par les autorités israéliennes ont progressivement créé un système d’apartheid à l’encontre du peuple palestinien dans son ensemble.

Après un travail de recherche de près de quatre ans, nous publions notre rapport intitulé « L’Apartheid commis par Israël à l’encontre des Palestiniens. Un système cruel de domination et un crime contre l’humanité ». Sur la base d’une analyse juridique et d’une enquête de terrain minutieuses, il documente la mise en place par Israël, à travers des lois et des politiques discriminatoires, d’un système d’oppression et de domination institutionnalisé à l’encontre du peuple palestinien. Si ces violations sont plus fréquentes et plus graves dans les territoires palestiniens occupés (TPO), elles sont également commises en Israël et à l’encontre des réfugiés palestiniens présents dans des pays tiers.

Réalisées en concertation avec des experts internationaux et des associations palestiniennes, israéliennes et internationales, nos recherches démontrent que ce système correspond à la définition juridique de l’apartheid. Il s’agit d’un crime contre l’humanité défini par la Convention sur l’apartheid de 1973 et le Statut de Rome de la Cour pénale internationale de 1998.

En droit international, le seuil pour définir un crime d’apartheid est atteint lorsque trois critères principaux sont réunis :  

un système institutionnalisé d’oppression et de domination d’un groupe racial par un autre ;

un ou des actes inhumains, tels que transferts forcés de populations, tortures et meurtres, commis dans le cadre de ce système institutionnalisé ;

une intention de maintenir la domination d’un groupe racial sur un autre.

Lorsque l’on utilise le mot « race » ou « racial », cela inclut, en droit international, « la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique » (article 1 de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale). Cela peut donc s’appliquer dans le contexte israélo-palestinien.

UN SYSTÈME D’OPPRESSION ET DE DOMINATION

Notre rapport détaille comment – au moyen de lois, de politiques et de pratiques – l’État d’Israël a instauré progressivement un système dans lequel les Palestiniens et Palestiniennes sont traités comme un groupe inférieur, discriminé sur tous les plans :  économique, politique, social, culturel…

En imposant de nombreuses restrictions qui privent le peuple palestinien de ses libertés et de ses droits fondamentaux, les autorités israéliennes se rendent coupables du crime d’apartheid et violent les conventions internationales qui définissent ce crime.

Ces restrictions ont un impact sur tous les aspects de la vie quotidienne des populations palestiniennes : leurs déplacements sont restreints de façon draconienne dans les territoires occupés, et les conséquences peuvent s’avérer désastreuses sur l’accès à des soins ou à un emploi, ou pour une vie de famille normale.

Ces restrictions ont également un impact économique très fort et contribuent à appauvrir les communautés palestiniennes d’Israël. Par ailleurs, le droit au retour des réfugiés palestiniens est toujours bafoué. Notre enquête fait aussi état de transferts forcés, de détentions administratives, d’actes de torture et d’homicides illégaux, de dépossessions de terres et de biens fonciers, ainsi que de ségrégation, à la fois en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés, et envers les réfugiés palestiniens.

Palestinian protesters run for cover after Israeli forces launched tear gas canisters during a demonstration along the border between the Gaza strip and Israel, east of Gaza city on June 22, 2018. MAHMUD HAMS / AFP

Des manifestants palestiniens courent se mettre à l’abri après que les forces israéliennes aient envoyé des gaz lacrymogènes lors d’une manifestation entre la bande de Gaza et Israël. 22 juin 2018. © Mahmud Hams / AFP

De nombreux manifestants palestiniens ont été gravement blessés ou tués ces dernières années. C’est sans doute l’exemple le plus flagrant du recours des autorités israéliennes à un usage de la force disproportionné et à des actes illicites pour maintenir le statu quo. En 2018, des Palestiniens et Palestiniennes de la bande de Gaza ont commencé à organiser des manifestations hebdomadaires le long de la frontière avec Israël, pour exiger la fin du blocus et revendiquer le droit au retour des réfugiés. Avant même le début des manifestations, des hauts responsables israéliens avaient averti que tout Palestinien s’approchant du mur serait visé par des tirs. À la fin de l’année 2019, les forces israéliennes avaient tué 214 civils, dont 46 enfants.

LA POPULATION PALESTINIENNE EST CONSIDÉRÉE COMME UNE MENACE DÉMOGRAPHIQUE

En 2018, l’adoption d’une loi constitutionnelle qui, pour la première fois, définissait Israël comme étant exclusivement « l’État-nation du peuple juif », a entériné les privilèges des citoyens juifs en termes d’obtention de nationalité et une discrimination à l’encontre de la population palestinienne. Cette loi établit notamment le développement des colonies juives comme une « valeur nationale » et l’hébreu comme seule langue officielle, retirant ainsi à l’arabe son statut de langue officielle.

L’expansion permanente des colonies israéliennes illégales dans les TPO est ainsi encouragée par les autorités israéliennes. Les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est sont fréquemment la cible d’organisations de colons qui, avec le soutien total du gouvernement israélien, s’emploient à forcer des familles palestiniennes à partir et à attribuer leurs logements à des colons. L’un de ces quartiers, Cheikh Jarrah, est le siège de manifestations fréquentes depuis mai 2021, car des familles luttent contre la menace d’une procédure d’expulsion initiée par des colons.

La construction de ces colonies dans les TPO est une politique publique depuis 1967. Actuellement, des colonies sont implantées sur 10 % de la Cisjordanie, et environ 38 % des terres palestiniennes de Jérusalem-Est ont fait l’objet d’une expropriation entre 1967 et 2017.

LA POPULATION PALESTINIENNE CONFINÉE DANS DES ENCLAVES

L’État israélien confine le peuple palestinien dans de petites enclaves et l’exclut de certaines zones.

Dans le Néguev/Naqab, à Jérusalem-Est et dans la Zone C de la Cisjordanie occupée (c’est à-dire la zone sous contrôle israélien en Cisjordanie), les autorités israéliennes refusent d’accorder des permis de construire aux Palestiniens, ce qui les force à bâtir des structures illégales qui sont démolies régulièrement. On compte plusieurs centaines de milliers de logements et de bâtiments palestiniens détruits à ce jour.

Dans le Néguev/Naqab au sud d’Israël, de grandes réserves naturelles et des zones militaires de tir ont été créées avec l’objectif de permettre à des habitants juifs israéliens de s’y installer et d’y développer une activité. Ces politiques ont eu des conséquences dramatiques pour les dizaines de milliers de Bédouins palestiniens qui vivent dans la région.

 Bedouin women sit next to the ruins of their demolished houses in the unrecognized Bedouin village of Umm Al-Hiran, in the Negev desert, Israel, January 18, 2017. A resident and an Israeli policeman were killed during the operation. Israeli authorities said the policeman was killed in a car-ramming attack, while residences and activists claimed the driver was first shot dead by the police, with no apparent reason, before losing control of his car and driving towards the policemen. The Israeli state plans to completely demolish the village in order to build a Jewish-only town on that land. Faiz Abu Rmeleh

Des femmes bédouines assises à côté des ruines de leurs maisons, à Umm Al-Hiran, désert du Néguev, Israël © Faiz Abu Rmeleh

Trente-cinq villages bédouins, où vivent environ 68 000 personnes, sont actuellement « non-reconnus » par Israël, c’est-à-dire qu’ils sont coupés des réseaux d’eau et d’électricité nationaux, et leurs habitations sont régulièrement démolies. Les Bédouins de ces villages subissent aussi des restrictions en matière de participation à la vie politique et n’ont pas accès aux soins et à la scolarisation. Ces conditions de vie ont contraint nombre de ces personnes à quitter leur logement et leur village, ce qui constitue un transfert forcé illégal au regard du droit international.

Cette dépossession et le déplacement forcé des Palestiniens constituent un pilier central du système d’apartheid israélien.   

OPPRESSION SANS FRONTIÈRE

Les guerres de 1947-1949 et de 1967, le régime militaire actuel d’Israël dans les TPO et la création de régimes juridiques et administratifs distincts au sein du territoire ont isolé les communautés palestiniennes et les ont séparées de la population juive israélienne.

Aujourd’hui, le peuple palestinien a été fragmenté géographiquement et politiquement, et il vit divers degrés de discrimination selon son statut et son lieu de résidence. Les citoyens palestiniens d’Israël ont actuellement plus de droits et de libertés que leurs homologues des TPO. Le quotidien des Palestiniens et des Palestiniennes est par ailleurs très différent selon qu’ils vivent dans la bande de Gaza ou en Cisjordanie.

Nos recherches montrent néanmoins que l’ensemble du peuple palestinien est soumis à un seul et même système.

Partout, l’objectif d’Israël est le même : privilégier les citoyennes et les citoyens juifs israéliens dans la répartition des terres et des ressources, et minimiser la présence du peuple palestinien et son accès aux terres.

Par exemple, les citoyennes et les citoyens palestiniens d’Israël sont privés de nationalité, ce qui crée une différenciation juridique entre eux et la population juive israélienne. En Cisjordanie et dans la bande de Gaza, où Israël contrôle les services de l’état civil depuis 1967, les Palestiniens n’ont aucune citoyenneté et la majorité d’entre eux est considérée comme apatride. Elle doit par conséquent solliciter des papiers d’identité auprès de l’armée israélienne pour vivre et travailler dans les territoires. Les réfugiés palestiniens et leurs descendants, qui ont été déplacés lors des conflits de 1947-1949 et de 1967, restent privés du droit de revenir dans leur ancien lieu de résidence. Cette exclusion des réfugiés imposée par Israël est une violation flagrante du droit international et elle abandonne des millions de personnes à une incertitude permanente liée à leur déplacement forcé.

RESTRICTION DRACONIENNE DES DÉPLACEMENTS

Depuis le milieu des années 1990, les autorités israéliennes ont imposé des limites de plus en plus strictes aux déplacements de la population palestinienne dans les TPO. Un réseau de “checkpoints” militaires, de barrages routiers, de clôtures et d’autres structures contrôle la circulation des Palestiniens et limite leurs allées et venues en Israël ou à l’étranger.

Le mur construit par Israël en Cisjordanie fait quatre fois la longueur du mur de Berlin

Un mur de 700 km, qu’Israël continue de prolonger, isole les communautés palestiniennes à l’intérieur de « zones militaires ». Actuellement, les Palestiniens doivent obtenir plusieurs autorisations spéciales à chaque fois qu’ils veulent quitter leur lieu de résidence ou y revenir. Dans la bande de Gaza, plus de deux millions de Palestiniens et de Palestiniennes subissent un blocus, imposé par Israël, qui a provoqué une grave crise humanitaire et entrave le développement socio-économique. Il est quasiment impossible pour les habitants de la bande de Gaza de se rendre à l’étranger ou ailleurs sur le territoire. Ils sont, de fait, isolés du reste du monde et même des autres Palestiniens.

Chaque déplacement de Palestiniens est soumis à la validation de l’armée israélienne, et les tâches quotidiennes les plus anodines nécessitent de braver un éventail de violentes mesures de contrôle. Les citoyens et les colons israéliens sont, eux, libres de circuler à leur guise

Agnès Callamard, Secrétaire générale d’Amnesty International

Pour justifier ces mesures de ségrégation, Israël avance des motifs de sécurité. Vouloir protéger ses populations est légitime, c’est même le devoir d’un État. Mais ceci ne peut justifier des mesures disproportionnées et discriminatoires, et donc contraires au droit international.

L’URGENCE : DÉMANTELER CE RÉGIME D’APARTHEID

Rien ne peut justifier un système reposant sur l’oppression institutionnalisée et prolongée de millions de personnes. L’apartheid n’a pas sa place dans notre monde. La communauté internationale doit reconnaître le crime d’apartheid dont sont responsables les autorités israéliennes et étudier les nombreuses pistes judiciaires qui restent honteusement inexplorées pour que les victimes de ce système puissent obtenir justice et réparation.

« Israël doit démanteler le système d’apartheid et traiter les Palestiniens comme des êtres humains, en leur accordant l’égalité des droits et la dignité. Tant que ce ne sera pas le cas, la paix et la sécurité resteront hors de portée des populations israéliennes et palestiniennes » conclut Agnès Callamard, notre Secrétaire générale.

NOS RECOMMANDATIONS

Nous avons de nombreuses recommandations précises pour mettre un terme à la ségrégation et l’oppression à l’encontre du peuple palestinien et pour qu’Israël démantèle le système d’apartheid, la ségrégation et l’oppression qui l’entretiennent. Voici nos principales demandes.

Nous demandons au gouvernement israélien :

la fin des démolitions de logements et des expulsions forcées ;

l’égalité des droits pour l’ensemble des Palestiniens en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés ;

la reconnaissance du droit des réfugiés palestiniens et de leurs descendants à rentrer sur les lieux où leurs familles ou eux-mêmes vivaient autrefois. ;

le versement de réparations complètes aux victimes d’atteintes aux droits humains et de crimes contre l’humanité.

Nous demandons aux États tiers et à la communauté internationale de réagir avec force :

en exerçant la compétence universelle afin de traduire en justice les personnes responsables du crime d’apartheid. Les États qui ont ratifié la Convention sur l’apartheid en ont l’obligation.

Nous demandons au Conseil de sécurité de l’ONU d’imposer :

un embargo strict sur les transferts d’armement – armes et munitions, ainsi que les équipements de maintien de l’ordre – vers Israël, car des milliers de civils palestiniens sont tués illégalement par les forces israéliennes.

des sanctions, comme le gel d’actifs, ciblées à l’encontre des responsables israéliens les plus impliqués dans le crime d’apartheid.

Nous demandons à la Cour pénale internationale :

d’inclure la question de l’apartheid, crime contre l’humanité, dans son enquête, ouverte en mars 2021, sur la situation dans les territoires palestiniens.

AGIR

STOP À L’APARTHEID CONTRE LES PALESTINIENS !

Demandez au Premier ministre Naftali Bennett de mettre fin immédiatement aux démolitions et aux expulsions forcées en signant notre pétition.

Rapport
L’Apartheid commis par Israël à l’encontre des Palestiniens (Résumé)
Un système cruel de domination et un crime contre l’humanité  Rapport 2022
Rapport
L’Apartheid commis par Israël à l’encontre des Palestiniens (Rapport complet)
Un système cruel de domination et un crime contre l’humanité  Rapport 2022 (version anglaise)

Un ancien procureur général d’Israël : avec une grande tristesse, je conclus que mon pays est maintenant un régime d’apartheid

Par Michael Benyair, le 10 février 2022

Michael Benyair, ancien Procureur Général d’Israël approuve Amnesty International

Au cours de l’année dernière, un débat public s’est déroulé sur le fait de savoir si les actions menées par le gouvernement israélien dans les Territoires Palestiniens Occupés peuvent être classées comme de l’apartheid au regard du droit international.

Le 1er février, Amnesty International est la dernière ONG à l’avoir classé comme de l’apartheid, le qualifiant de « cruel système de domination et de crime contre l’humanité ». Cela s’est produit à la suite de déclarations antérieures sur l’apartheid de la part d’autres groupes de défense des droits humains, Yesh DinB’Tselem et Human Rights Watch.

Étant l’ancien procureur général d’Israël, j’ai passé ma carrière à analyser les questions juridiques les plus pressantes concernant Israël. L’occupation par Israël de la Cisjordanie et de Jérusalem Est a été un dilemme de fond pendant mon mandat et au-delà.

Une grave injustice

La domination d’Israël sur ces territoires est une grave injustice que doit être urgemment rectifiée.

C’est avec une grande tristesse que je dois aussi conclure que mon pays a sombré dans de telles profondeurs politiques et morales qu’il est maintenant un régime d’apartheid. Il est temps pour la communauté internationale, elle aussi, de reconnaître cette réalité.

Depuis 1967, les autorités israéliennes ont justifié l’occupation en la prétendant temporaire jusqu’à ce qu’une solution pacifique puisse être trouvée entre Israéliens et Palestiniens. Or, cinq décennies ont maintenant passé depuis que ces territoires ont été conquis et Israël ne montre aucun intérêt à abroger ce contrôle.

Il est impossible de conclure autrement : l’occupation est une réalité permanente. C’est la réalité d’un État unique avec deux peuples différents n’ayant pas les mêmes droits.

En violant le droit international, Israël a transféré plus de 650,000 de ses citoyens qui se sont installés dans les colonies de Cisjordanie et de Jérusalem Est. Ces colonies sont établies dans des zones qui entourent des villages palestiniens et fragmentent intentionnellement les communautés palestiniennes les unes par rapport aux autres, pour, au bout du compte, empêcher la possibilité d’un État palestinien attenant. À Jérusalem Est, des lois discriminatoires sur la propriété expulsent des Palestiniens hors de leurs maisons dans une politique de judaïsation de la ville appuyée par l’État.

Il n’y a pas « deux Israël »

Dans la zone C de Cisjordanie, des lois d’aménagement discriminatoires sont utilisées pour chasser les communautés palestiniennes de leurs terres. Ces communautés sont face à un déluge de violence des colons des avant-postes non autorisés (illégaux même en droit israélien), et les auteurs de cette violence n’encourent aucune conséquence de leurs actes.

Toute tentative de résister à l’apartheid est fortement surveillée et criminalisée, comme le montre la qualification trompeuse de groupes de la société civile palestinienne de terroristes par le ministère israélien de la défense. Les gouvernements israéliens successifs, dont le récent gouvernement de coalition qui s’est affiché comme un changement par rapport à l’intransigeance de Netanyahou, ont constamment et publiquement affirmé qu’ils n’ont aucune intention que se crée un État palestinien.

Quoi qu’il en soit, l’essentiel du débat dans la communauté internationale se passe comme si le comportement d’Israël dans les territoires occupés pouvait être distingué de la démocratie libérale qui existe de l’autre côté de la Ligne Verte. C’est une erreur.

On ne peut tout simplement pas être une démocratie libérale en pratiquant l’apartheid sur un autre peuple. Il y a une contradiction dans les termes parce que l’ensemble de la société d’Israël est complice de cette réalité injuste.

C’est le cabinet ministériel d’Israël pour les colonies qui approuve chaque colonie illégale dans les territoires occupés. C’était moi, dans mon rôle de Procureur Général qui approuvait l’expropriation de terres privés palestiniennes pour la construction d’infrastructures telles que des routes qui ont ancré l’expansion des colonies.

Ce sont les tribunaux israéliens qui font respecter des lois destinées à chasser des Palestiniens de leurs maisons à Jérusalem Est et de leurs terres en Cisjordanie. Les services de soins opèrent par-dessus la Ligne Verte. Et les citoyens israéliens paient finalement des impôts qui financent la pérennisation du contrôle et de la domination du gouvernement sur ces territoires.

Entre le Jourdain et la Méditerranée, c’est Israël qui prive en permanence des millions de Palestiniens de leurs droits civils et politiques. C’est l’apartheid israélien.

Y a-t-il de l’espoir ?

Il y a deux solutions démocratiques possibles qui peuvent transformer ce statu quo. La première est de garantir à chaque personne vivant sous contrôle israélien la pleine citoyenneté et l’égalité.

Malheureusement, ce scénario conduirait à la perte de la majorité juive et à la « balkanisation » de la totalité du territoire, augmentant par-là la probabilité que le conflit soit inextricable.

La seconde solution possible serait qu’Israël se retire des territoires occupés et établisse un État de Palestine aux côtés d’Israël. Cela assurerait non seulement une juste répartition de la terre entre le peuple palestinien autochtone et le peuple juif qui a été persécuté pendant des milliers d’années. Cela garantirait aussi, à la fois une solution durable au conflit israélo-palestinien et la fin de l’apartheid.

Le statu quo sur le terrain est une abomination morale. Le retard de la communauté internationale à prendre des mesures significatives pour tenir Israël responsable du régime d’apartheid qu’il perpétue est inacceptable.

Michael Benyair est un ancien Procureur Général d’Israël et un ancien juge de la Cour Suprême. 

Source : The journal

Traduction SF pour l’Agence média Palestine

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