Depuis toujours, cette rengaine du « On savait pas » ou « On n’avait pas vu » autour du judeocide commis par les Nazi en Europe me dégoûte. En Allemagne, en France, en Belgique, ces excuses, ces faux aveux d’ignorance, servent de boucliers à la complicité. Mais aujourd’hui, je comprends mieux. Pas grâce à des livres ou à des musées, mais en regardant le présent, en vivant la montée de l’islamophobie, du suprématisme blanc et de l’extrême droite. Ce n’est pas qu’on ne sait pas, c’est qu’on choisit de détourner les yeux. Oui, on peut exterminer une population entière sous les regards du monde entier, et après, ces mêmes regards oseront dire qu’ils « n’avaient pas vu ».
Discours de clôture Yessa Belkhodja à la marche du 21 avril contre l’islamophobie et la protection des enfants
« Notre malheur collectif, c’est que nous avons désormais des esprits habitués »
« Le monde observe la dégringolade du “pays des droits de l’homme” avec stupéfaction. Ce pays que nous chérissons, la France, et que nous voulons laisser à nos enfants, nous trahit et trahit son passé. Je parle ici en tant que maman de quartiers, en tant qu’initiatrice du collectif de défense des jeunes du Mantois ». Discours de clôture de Yessa Belkhodja, lors de la marche du 21 avril 2024.
P. Gelderloos – Comment la non-violence protège l’État – Chapitre 2 (traduction française)
CHAPITRE 2 : LA NON-VIOLENCE EST RACISTE
Je ne cherche pas à faire assaut d’insultes, et ce n’est qu’après mûre réflexion que j’utilise l’épithète « raciste ». Dans le contexte contemporain, la non-violence est en soi une posture de privilégiés. Outre que le pacifiste lambda est assez clairement un Blanc de la classe moyenne, le pacifisme comme idéologie émane d’un contexte privilégié. Il ignore que la violence est déjà là ; que la violence est inévitable, car elle fait structurellement partie intégrante de la hiérarchie sociale actuelle ; et que ce sont les personnes de couleur qui sont les plus touchées par cette violence. Le pacifisme présuppose que les Blancs qui ont grandi dans des banlieues pavillonnaires, et en obtenant satisfaction de tous leurs besoins de base, peuvent conseiller aux personnes opprimées, dont un grand nombre sont des personnes de couleur, de subir patiemment une violence indiciblement plus grande que celle qu’ils ont connue eux-mêmes, jusqu’au jour où le Grand Père Blanc (2) se laissera émouvoir par les exigences du mouvement, à moins que ce ne soit celui où les non-violents parviendront à la légendaire « masse critique ».
L’Etat racial intégral : en finir avec la collaboration de race
Cette intervention a été présentée par Houria Bouteldja une première fois à l’université de Yale (Etats-Unis), le 6 avril 2023 et une deuxième fois, le 18 mai 2023, à Montréal dans le cadre de la « Grande Transition », conférence internationale organisée par Historical Materialism. Elle est proposée ici dans sa dernière version.
Bruxelles, la police raciste tue
En avril dernier, la police a tamponné à Paris trois gamins circulant en scooter sans casque. En Belgique, une affaire similaire avait provoqué en 2020 un très vif émoi : en plein confinement, au terme d’une course-poursuite dans les rues de Bruxelles, un véhicule de police avait percuté Adil, 19 ans, mort sur le coup. Les nouveaux éléments révélés par Blast, Le Soir et la RTBF sonnent comme un coup de tonnerre. Avant-hier, mardi 12 mai, la chambre du conseil devait décider des suites à donner à l’affaire, sur laquelle le parquet préfère fermer les yeux. Décision reportée. Il y a quelques jours, devant la juge d’instruction, une collègue du policier au volant de la Corsa banalisée qui a fait barrage au scooter s’est épanchée sur son racisme pathologique : « J’en ai sorti un de la rue », s’est vanté l’inspecteur principal après le choc fatal. Autre révélation, un courrier dont la hiérarchie a eu connaissance circulait en interne pour dénoncer les mêmes faits.
Entretiens avec Houria Bouteldja.
Samedi 4 mars
Houria Bouteldja à Bruxelles
Rencontre organisée par la librairie Météores et Bruxelles Panthères avec Houria Bouteldja, autrice de Beaufs et barbares, samedi 4 mars 2023 à 19h au Pianocktail (304, rue Haute, 1000 Bruxelles).
BANDUNG DU NORD – BRUXELLES – DU 16 AU 18 DECEMBRE 2022
De l’antiracisme moral à l’antiracisme « woke » ou l’histoire d’un progrès et d’une régression
Au moment où l’antiracisme libéral menace sérieusement les acquis de l’antiracisme politique, on peut se demander si on n’assiste pas à un retour de l’antiracisme moral endossant de nouveaux oripeaux et se faisant passer pour une nouvelle radicalité. Pour répondre à ce questionnement, il m’apparaît utile de revenir sur l’histoire de cet antiracisme qu’on peut appeler d’Etat, de sa confrontation avec l’antiracisme politique et de la manière dont il se métamorphose pour réduire à néant les efforts de politisation des forces militantes issues de l’histoire coloniale.
ACCUSÉ DE TERRORISME : LE PÉCHÉ DU MUSULMAN MILITANT
Nordine Saïdi, militant décolonial et fondateur de Bruxelles Panthères, a grandi à Bruxelles dans le quartier populaire de Cureghem [1]
[1] Quartier populaire de…
. À travers son enfance et son parcours politique apparaissent les ciblages et criminalisations qui visent les populations d’origines non-blanches. Désormais, on l’accuse de terrorisme pour ses actions politiques. Nordine Saïdi comparaissait le 2 décembre 2021 devant le tribunal correctionnel de Bruxelles pour avoir demandé au bourgmestre de Lessine de retirer « la sortie des nègres » de la Ducasse de Culant, considéré jusque dans un rapport de l’UNESCO [2]
[2] Le Soir, « L’Unesco met en garde contre le “Sauvage” de…
comme folklore raciste. Comme il y a parfois des victoires, elles valent la peine d’être relayées : Nordine Saïdi a été acquitté le 6 janvier 2022. [3]
Mawda : nous avons besoin d’une commission d’enquête aux compétences élargies
Vendredi 12 février 2021, lors du rendu du jugement dans la partie de l’affaire liée à l’« incident de tir », le tribunal de Mons a clairement reconnu les limites de sa saisine par rapport au cas du meurtre de Mawda.