Ce texte est une version améliorée d’une intervention faite d’abord à la New School for social Research, New-York, le 11 mars 2019, puis à Brown University, Providence, le 12 mars 2019, à Rutgers University, Brunswick, le 14 mars 2019 et enfin à l’Université de Naples, le 17 mai 2019.
« Il n’y a aucun doute qu’Abu-Jamal est coupable ».
Seth Williams, procureur de Philadelphie
Merci à La New-School de cette invitation qui m’honore. Merci à Ann Stoler et à Gil Anidjar. Merci à vous tous d’être là pour m’écouter.
D’abord comme nous allons aborder ensemble un débat sur la notion d’innocence et que ce débat a lieu à New-York, aux États-Unis, au cœur de l’empire, je ne peux pas ne pas me présenter pour ce que je suis : certes une militante décoloniale, certes, une militante politique, mais surtout une « citoyenne », habitante d’un pays du Nord, la France, qui fonde sa puissance sur son passé/présent colonial. À ce titre, le terme « citoyenne » me paraît être un cache-sexe pour brouiller la réalité de ce que je suis réellement car ces rapports de pouvoir asymétriques dont je profite objectivement ne sont rien d’autre qu’un crime déguisé. Dès lors, je ne peux que me présenter à vous pour ce que je suis réellement : une criminelle. Il ne s’agit pas pour moi de battre ma coulpe, ce qui serait déjà une échappatoire, mais simplement de ne pas être tentée par une forme ou une autre de blanchiment qui à mes yeux est une entrave à l’action politique.
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