Le « Onze de l’indépendance » ou la katiba sportive du FLN
Au printemps 58, la contre-guérilla menée par l’armée française contre les insurgés algériens cause d’importantes pertes au sein du Front de Libération Nationale (FLN), l’organisation politico-militaire qui lutte pour l’indépendance de l’Algérie. La libération du pays est alors plus qu’incertaine d’autant que le mouvement est traversé par un conflit interne sanglant
Encore marquée par les exactions des troupes parachutistes lors de la Bataille d’Alger, de janvier à octobre 57, les premiers mois de l’année 58 sont durs pour la branche armée du FLN dont plusieurs katibas ont aussi été vaincues aux abords des frontières. Les assassinats et disparitions se multiplient, sans parler du recours systématique à la torture contre les personnes arrêtées. La Question du journaliste et militant communiste Henri Alleg, justement écrit pour témoigner de la torture, est immédiatement censuré à sa sortie. Dans la même période, en métropole comme en Algérie, la rivalité pour le leadership de la lutte indépendantiste se solde par de nombreux règlements de compte meurtriers entre le FLN et le Mouvement National Algérien (MNA) de Messali Hadj. Le FLN qui, suite au Congrès de la Soummam en août 1956, s’est doté de structures étudiantes et ouvrières à sa botte, viendra à bout des messalistes et imposera sa ligne.
Le football, espace de luttes !
Le football est parfois méprisé par des gens de gauche car il serait un divertissement pour les travailleurs, au sens premier à savoir les distraire de leurs intérêts de classe. Il est vrai aussi que le capital s’est emparé de façon prodigieuse de ce sport populaire pour accumuler des profits, en user de façon diplomatique (le Qatar à travers le Paris Saint-Germain) ou faire de la propagande personnelle (Silvio Berlusconi, président de l’AC Milan jusqu’en 2017). Il est également vrai que beaucoup de jeunes, sans conscience de classe, sont fascinés par un sport ultramédiatisé qui entretient l’illusion d’un argent facile. À cet égard, des discussions avec des élèves sont révélatrices : certains ne peuvent comprendre l’attachement à certains clubs désormais moins réputés par rapport aux grosses machines à fric qui achètent à tour de bras des joueurs, de la force de travail, à coup de millions. Des jeunes sont plus attachés à la vedette et moins au club. Pourtant, le club, c’est l’identité d’un collectif. Aussi, s’il est nécessaire de critiquer le football-business et le football professionnel voire de vouloir le limiter et demander aux puissants clubs de contribuer davantage financièrement, il ne faudrait pas rejeter le football. En effet, au-delà de l’aspect financier, le football et le stade sont des enjeux de classe et de luttes sociales. Pour le comprendre, il faut parfois retourner aux origines des clubs.