Fútbol y Teoría crítica, de Luis Martínez Andrade

Le football est un miroir du système et, sans aucun doute, il est aussi un champ de bataille au-delà de l’aspect purement sportif.” Cet essai en langue espagnole, propose une analyse marxiste influencée autant par Walter Benjamin que par Eduardo Galeano.

Avec cet ouvrage sorti en juin dernier aux éditions barcelonaises La Vorágine, à quelques mois d’une des Coupes du Monde les plus contestées de l’Histoire, Luis Martínez Andrade – originaire de Puebla au Mexique – apporte sa pierre à l’étude et à la compréhension du football et des enjeux qui l’entourent. Il livre, selon les mots de son éditeur, “une cartographie de la pensée critique contemporaine et de l’étude des formes perverses et eurocentrées du capitalisme et de la modernité“.

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« Les Blancs ne comprennent rien au football »

« Les Blancs ne comprennent rien au football » par Jean Bofane
( Coupe du monde 1974, Zaïre-Yougoslavie)
« … Encore une fois, lorsque Mbuta Kimvuila avait entendu le hurlement exploser derrière lui, du banc de touche où il était assis, il avait senti son sang se glacer inexorablement. Après le 5 à 0 en trente-cinq minutes, il avait ingénument cru s’y habituer. Il s’était dit, advienne que pourra pour pouvoir au moins sauver la face, pour que lorsque le cri fuserait à nouveau, il puisse encaisser avec le flegme nécessaire, mais rien à faire, cela faisait toujours aussi mal. On en était à 7 à 0 en deuxième mi-temps et cela ne semblait pas vouloir s’arrêter. Si en tant que simple supporteur, après un score pareil, il commençait à se sentir comme moins que rien, quelle estime pouvait-il encore avoir sur ses capacités à remplir convenablement sa fonction lors de ce match comptant pour le premier tour de la finale de la Coupe du monde de football organisée par l’Allemagne. Parce que, en cette glorieuse année 1974, Grand-prêtre Kimvuila – comme l’appelaient certains – émargeait au budget de l’équipe nationale du Zaïre en tant que féticheur attitré et le Président Mobutu, lui-même, avait pris acte de sa nomination auprès des Léopards.

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Le « Onze de l’indépendance » ou la katiba sportive du FLN

Au printemps 58, la contre-guérilla menée par l’armée française contre les insurgés algériens cause d’importantes pertes au sein du Front de Libération Nationale (FLN), l’organisation politico-militaire qui lutte pour l’indépendance de l’Algérie. La libération du pays est alors plus qu’incertaine d’autant que le mouvement est traversé par un conflit interne sanglant

Encore marquée par les exactions des troupes parachutistes lors de la Bataille d’Alger, de janvier à octobre 57, les premiers mois de l’année 58 sont durs pour la branche armée du FLN dont plusieurs katibas ont aussi été vaincues aux abords des frontières. Les assassinats et disparitions se multiplient, sans parler du recours systématique à la torture contre les personnes arrêtées. La Question du journaliste et militant communiste Henri Alleg, justement écrit pour témoigner de la torture, est immédiatement censuré à sa sortie. Dans la même période, en métropole comme en Algérie, la rivalité pour le leadership de la lutte indépendantiste se solde par de nombreux règlements de compte meurtriers entre le FLN et le Mouvement National Algérien (MNA) de Messali Hadj. Le FLN qui, suite au Congrès de la Soummam en août 1956, s’est doté de structures étudiantes et ouvrières à sa botte, viendra à bout des messalistes et imposera sa ligne.

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Le football, espace de luttes !

Le football est parfois méprisé par des gens de gauche car il serait un divertissement pour les travailleurs, au sens premier à savoir les distraire de leurs intérêts de classe. Il est vrai aussi que le capital s’est emparé de façon prodigieuse de ce sport populaire pour accumuler des profits, en user de façon diplomatique (le Qatar à travers le Paris Saint-Germain) ou faire de la propagande personnelle (Silvio Berlusconi, président de l’AC Milan jusqu’en 2017). Il est également vrai que beaucoup de jeunes, sans conscience de classe, sont fascinés par un sport ultramédiatisé qui entretient l’illusion d’un argent facile. À cet égard, des discussions avec des élèves sont révélatrices : certains ne peuvent comprendre l’attachement à certains clubs désormais moins réputés par rapport aux grosses machines à fric qui achètent à tour de bras des joueurs, de la force de travail, à coup de millions. Des jeunes sont plus attachés à la vedette et moins au club. Pourtant, le club, c’est l’identité d’un collectif. Aussi, s’il est nécessaire de critiquer le football-business et le football professionnel voire de vouloir le limiter et demander aux puissants clubs de contribuer davantage financièrement, il ne faudrait pas rejeter le football. En effet, au-delà de l’aspect financier, le football et le stade sont des enjeux de classe et de luttes sociales. Pour le comprendre, il faut parfois retourner aux origines des clubs.

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