A propos de Bashir Abu-Manneh, The Palestinian Novel. From 1948 to the Present, Cambridge University Press, Cambridge, 2016.
« Consciemment ou inconsciemment, j’ai considéré le moi et le milieu où il évolue comme deux éléments interchangeables, l’un étant le reflet de l’autre, voire sa matérialisation symbolique. C’est que le temps a effectué son lent travail de sape : ce milieu où j’ai vécu, je ne veux pas le perdre complètement, et, pour ce faire, je tente de l’emprisonner dans le filet des mots. »
Jabra Ibrahim Jabra, Le Premier Puits.
C’est par la destruction de la maison de l’écrivain palestinien Jabra Ibrahim Jabra que Bashir Abu-Manneh débute son exploration de la littérature palestinienne post-1948. En 2010, dans le quartier Mansour de Bagdad, la maison où a vécu Jabra jusqu’à sa mort, en 1994, a été soufflée par une explosion. Comme l’écrit Abu-Manneh, la famille de Jabra avait pris soin de conserver cette maison dans l’espoir que son contenu soit, un jour, rendu accessible au public. Avec cette destruction, ce sont des centaines de lettres d’écrivains et artistes majeurs du monde arabe, des peintures d’artistes irakiens tels Jewad Salim ou encore Shâker Hasan, des milliers de livres et de manuscrits ainsi que des travaux de Jabra non publiés, tout comme des enregistrements de ses cours et conférences, qui ont été perdus. Bashir Abu-Manneh va même jusqu’à parler de la perte du répertoire culturel d’une seconde renaissance arabe.
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