Débat « Rendre au Congo ce qui est au Congo » – Ne parlons pas de race.

Tout d’abord, je ne souhaite pas ici « cracher dans la soupe » et nous remercions RTL de nous avoir invité et donné la parole, que je n’ai finalement reçue qu’une seule fois très brièvement.

Je vais donc répondre ici aux arguments des défenseurs du statu quo. Je précise, s’il est nécessaire, que je ne m’adresse pas ici aux personnes elles-mêmes, je ne les connais pas. Cependant j’ai bien entendu leurs positions, qui sont qu’ils l’admettent ou pas idéologiques et politiques.

Dire que j’avais l’impression d’avoir Christophe Colomb en face de moi n’était pas qu’un bon mot. En effet, les arguments avancés par messieurs Giltay, Volper et Debie sont affublés d’un paternalisme auquel nous, les Noirs, Arabes, Musulmans, devons faire face à chaque fois que nous avons l’outrecuidance de réclamer le respect de notre mémoire et de notre dignité. Je ne vais pas reprendre tous les arguments. Ils sont largement diffusés dans la presse et ont encore été remis sur la table dans l’émission.

Je ne vais pas répondre non plus aux propos de Christophe Giltay que je soupçonne de mettre de côté la casquette de journaliste qu’il porte en semaine pour la remplacer par celle de polémiste le dimanche.

En revanche, voici ce que j’aurais souhaité répondre à nos deux interlocuteurs militants du statu quo et qui refusent qu’on aborde le problème sous l’angle de la hiérarchisation raciale.

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Ceci n’est pas un fake

Cette campagne anti-migrants a bien été commandée par le gouvernement belge

« Ne venez pas en Belgique », clame une campagne anti-migration qui tourne sur Facebook depuis la mi-septembre. Le post, sponsorisé, émane d’une page Facebook en anglais. Du coup, la question se posait : qui est derrière cette campagne? Est-ce un fake? Non, c’est officiellement une commande de Theo Francken (N-VA), le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration.

Si tu vis en Belgique, tu as peut-être vu ce post défiler dans ton fil d’actualité Facebook. Un post montrant une photo de policiers embarquant un migrant menotté sur laquelle est écrit en anglais et en majuscule: « Non à l’immigration illégale. Ne venez pas en Belgique ». Ce post était sponsorisé, signe que l’organisme derrière cherchait à toucher le plus grand nombre.

 

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Collections coloniales de restes humains : Le gouvernement encommissionne Lusinga

Alors que le processus de restitution gagnerait à devenir un enjeu public, c’est-à-dire à faire l’objet d’une transformation démocratique, le gouvernement encommissionne le cas de la restitution du crâne de Lusinga. L’enquête réalisée par Michel Bouffioux avait concouru à ouvrir la question en Belgique et dans la foulée les présidents de parti s’étaient prononcés pour la restitution (la secrétaire d’État avait été jusqu’à parler de changer le cadre légal). Désormais, Zual Demir (N-VA) fait marche arrière et retrouve de vieux réflexes belgicains. Décidément les forces obscures du colonialisme sclérosent encore en profondeur la société belge et exercent leurs emprises sur un monde politique attentiste et vite effrayé. La lutte décoloniale est bien la fracture politique de notre époque. Le gouvernement pourra bien encommissionner la question, le spectre de Lusinga hantera encore longtemps la politique de ce pays.

Martin Vander Elst

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« L’assassinat de Semira Adamu au prisme de l’intersectionnalité ».

Bonsoir à toutes et tous,

Je remercie les organisateurs pour cette invitation.

Je vais tenter de replacer la question de l’assassinat de Semira Adamu et plus globalement la question des politiques migratoires dans une perspective décoloniale. Il ne s’agit bien évidemment pas de livrer ici une réflexion exhaustive et aboutie, chose qui me serait impossible étant donné le temps qui m’est imparti. Il est plutôt question pour moi d’esquisser un cadre de réflexion et de lutte qui inscrit les politiques migratoires et leur dimension répressive dans le temps long des rapports globaux de domination et d’exploitation du Nord à l’égard du Sud ainsi que des processus de déshumanisation qui sous-tendent ces rapports.

Ces questions prennent place dans le contexte d’une société post-coloniale qui est toujours en prise avec le système-monde. Dans cette perspective, il est certains événements qui jettent une lumière crue sur nos sociétés modernes libérales qui, à première vue, ont l’air d’être pacifiées mais en réalité sont profondément violentes. Le drame de l’assassinat de Semira Adamu fait assurément partie de ces événements tant cette mort et le procès qui s’en est suivi ont mis à nu la froide mécanique du pouvoir, la force et la brutalité dont il est capable pour justifier et perpétuer une situation d’injustice et de domination, ainsi que la discordance manifeste qui existe entre les valeurs humanistes censées régir nos sociétés et l’épreuve de la réalité qui est une négation de ces principes.

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la Belgique est à la traîne sur la restitution des trésors coloniaux

Aujourd’hui nous avons tenté de publier une carte blanche intitulée « la Belgique est à la traîne sur la restitution des trésors coloniaux ». Le Soir a décidé de la reprendre mais au final William Bourton l’a complètement noyée dans une page du Soir + qui s’intitule : « Faut-il restituer les objets sacrés du Congo aux Congolais ? ». Art du camouflage et de la dispersion, finalement cette publication ressemble étrangement au processus de modernisation du musée de Tervuren lui-même : un gigantesque foutoir de positions pseudo-scientifiques, une façon de dissimuler la colonialité du savoir-pouvoir au sein d’un discours qui prend les allure du post-colonial. Il faut lire six paragraphes dont on imagine qu’ils ont été écrit par William Bourton, sans que cela soit explicite, pour que la parole nous soit enfin donnée. Et en six paragraphe, on a déjà le vertige. D’emblée, notre parole se trouve déformée : nous, les signataires de la carte blanche, nous serions les « représentants de la société congolaise » et en face de nous, il y aurait Bruxelles qui serait « pas totalement fermée à l’idée (de la restitution), même si celle-ci soulève nombre d’objections. » Très vite Bourton se permet de reprendre, sans le vérifier, l’argument répété ad nauseam par le Musée selon lequel « nombre de pièces rendues au Zaïre à l’époque de Mobutu se sont volatilisées » (« on sait par exemple »). Ainsi, d’emblée, avant même que le débat ne commence à s’ouvrir, il tente de le refermer. C’est incroyable cette puissance spectrale de Tervuren et de sa propagande sur la conscience de journalistes dont on imagine qu’ils ne travaillent par pour le Musée.

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Semira Adamu : « Ils ont tué une femme, pas son combat ! »

Semira Adamu était une jeune femme nigériane ; elle militait depuis l’intérieur d’un centre fermé en Belgique, où sont retenues les personnes « sans-papiers ». Ce 22 septembre 2018 marque les 20 ans, jour pour jour, de sa mort, tuée par l’escorte de gendarmes en charge de son expulsion. Il y a peu, une autre réfugiée décédait des mains des forces de l’ordre belges : Mawda, une fille de 2 ans tombée d’une balle dans la tête. Le gouvernement belge vient à nouveau d’autoriser l’enfermement d’enfants et la Coordination Semira Adamu 2018 clame dans la capitale de l’Union européenne : « Ils ont tué une femme, pas son combat ! » Nous rencontrons Cataline, anciennement membre du Collectif contre les expulsions ; elle nous fait le récit du combat et de la mort de Semira Adamu qui bouleversa la Belgique.


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Rémanences de la colonalité au cœur des processus de restitution des « restes humains »

Des Héréros et Namas à Lusinga (Allemagne-Namibie, Belgique-Congo)

La restitution des « restes humains » et des biens culturels pillés durant la période coloniale s’inscrit dans le cadre des « dettes morales et matérielles dues aux peuples africains » (Proclamation d’Abuja, 1993), c’est-à-dire dans le cadre d’une politique de la réparation. En effet, les revendications de restitution formulent un tort subi par la colonisation qui « (…) se manifeste douloureusement dans les vies mises à mal des Africains d’aujourd’hui (…), dans les économies mises à mal du monde africain » (Proclamation d’Abuja). Dès lors, la question de la restitution des biens spoliés, des trésors traditionnels et des « restes humains » est inséparable de la question du versement intégral d’indemnités sous la forme de transfert de capitaux et d’annulation de dettes.
La restitution d’ossements de Héréros et de Namas de l’Allemange à la Namibie si elle offre un précédant qui pourrait faire jurisprudence – au vu du statut quo ante tel qu’il se pose en Belgique (cf. article de Michel Bouffioux) – pose le problème de la désarticulation des enjeux de restitution et de réparation. Les ossements avaient été envoyés en Allemagne pour des expériences scientifiques à caractère racial, après le génocide de dizaines de milliers d’Héréros et Namas au début du XXe siècle. La plupart des dépouilles provenaient de la collection anthropologique de la clinique universitaire berlinoise de la Charité.

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Fanon Hier, Aujourd’hui

VENDREDI 7/09/2018 à 19h30

Projection du film « Fanon hier, aujourd’hui » au cinéma l’Aventure à Bruxelles, en présence du réalisateur Hassan Mezine (https://www.facebook.com/hassan.macmez si vous voulez suivre son travail ou l’inviter)

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Black marxism : pour une politique de l’inimaginable

Par Minkah Makalani

La politique a été communément définie comme un « art du possible ». Or il se trouve que c’est principalement notre imaginaire qui est à même de circonscrire le champ du possible. Dès lors, comment surmonter l’épuisement et l’écrasement de nos imaginations, à l’heure où il est plus facile de se figurer la fin de l’humanité que la fin du capitalisme ? Dans ce texte éclairant, Minkah Makalani propose un repérage des idées majeures du Black marxism en remarquant que cette tradition a ceci d’unique qu’elle a pour horizon un avenir « inimaginable ». En prenant pour témoin Frantz Fanon, C.L.R. James et Amilcar Cabral, Makalani montre qu’il est possible d’intervenir en conjoncture en repoussant les limites de l’imaginaire politique. En d’autres termes, Makalani esquisse un tableau de la tradition noire radicale comme une invention de l’inconnu, comme un art de l’impossible.

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Qu’est « faire un film politique »

« Depuis l’invention de la photographie, l’impérialisme a fait des films pour empêcher ceux qu’il opprimait d’en faire. »
Par Jean-Luc Godard

Les convictions pro-palestiniennes de Jean-Luc Godard n’ont cessé d’accompagner son travail cinématographique, ce qui a valu au réalisateur d’être souvent malmené par la réaction. Dans ce texte de 1970, à l’époque la plus militante de l’oeuvre godardienne, il est question de la production d’un film sur les combattants palestiniens dans un camp d’Amman en Jordanie, initialement intitulé Jusqu’à la victoire. Si le « groupe Dziga Vertov » n’a pas exploité ses images, Godard et Anne-Marie Miéville en ont proposé un montage dans le puissant Ici et ailleurs. Ce dernier film a ceci de singulier qu’il interroge la possibilité même de montrer la révolution palestinienne ; il pose le problème du montage, des effets idéologiques des appareils de prise de vue ; il questionne ce qu’est « faire un film politique », ce qu’est un rapport d’images politique. Le texte republié ici a ceci de fascinant qu’il pose une grande partie de ces enjeux, tout en proposant une lecture anti-impérialiste du cinéma et des circuits de diffusion. « Il faut étudier et enquêter, enregistrer cette enquête et cette étude, ensuite montrer le résultat (le montage) à d’autre combattants. Montrer le combat des fedayin à leurs frères arabes exploités par les patrons dans les usines en France. Montrer les miliciennes du Fath à leurs sœurs des Black Panthers pourchassées par le FBI. Tourner politiquement un film. Le montrer politiquement. Le diffuser politiquement. C’est long et difficile. C’est résoudre chaque jour un problème concret. »

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