Ce texte a été initialement publié dans le bulletin de recherche du ASN de décembre 2020/janvier 2021, que vous pouvez retrouver ici.
Bonnes feuilles : Contre-histoire des États-Unis (La culture de la conquête)
Nous publions, avec l’aimable autorisation des éditions Wildproject, le chapitre 2, « La culture de la conquête », du livre de Roxanne Dunbar-Ortiz, Contre-histoire des États-Unis (Wildproject éditions, coll. « Le monde qui vient », 2018), traduit par Pascal Ménoret. Vous pouvez retrouver toutes les informations sur ce livre ici. La préface de Pascal Ménoret est à lire ici.
La culture de la conquête
La découverte des contrées aurifères et argentifères de l’Amérique, la réduction des indigènes en esclavage, leur enfouissement dans les mines ou leur extermination, les commencements de conquête et de pillage aux Indes orientales, la transformation de l’Afrique en une sorte de garenne commerciale pour la chasse aux peaux noires, voilà les procédés idylliques d’accumulation primitive qui signalent l’ère capitaliste à son aurore.
Karl Marx[1]
Comment tout commença
Maradona, un dribble contre le purisme intersectionnel
Traduction du texte de Jose Romero-Losacco faite par Libra Sphera
POUVONS-NOUS ÊTRE FÉMINISTES ET AIMER MARADONA ?
Mercredi 25 novembre mourait Diego Maradona, légende du football mondial à laquelle des millions de personnes se sont identifiées tout au long de sa vie, des faubourgs de Buenos Aires aux quartiers populaires de l’Italie méridionale. Nous avions rendu hommage à celui qui, animé par une impérissable loyauté de classe, n’a cessé de prendre position pour la justice sociale et la défense des peuples opprimés par l’impérialisme.
Certains débats ont émergé ces derniers jours visant à confronter aux célébrations endeuillées du footballeur la réalité de son machisme, ainsi que les accusations de violences conjugales émises à son encontre.
DIEGO L’ANTI-IMPÉRIALISTE
« S’il n’avait pas été footballeur, il serait devenu révolutionnaire »
Emir Kusturica
« Ils défendent tous les États-Unis, moi c’est Cuba »
Diego Maradona
Diego Armando Maradona est décédé un 25 novembre, quatre ans jour pour jour après Fidel Castro, dont il s’était fait tatouer l’effigie sur son mollet gauche et qu’il considérait comme son « second père ». Champion du monde avec l’Argentine en 1986, Maradona a marqué l’histoire de son sport, dont il restera l’une des plus légendaires incarnations.
Mais lui qui avait grandi à Villa Fiorito, bidonville surpeuplé et insalubre dans la banlieue sud de Buenos Aires, qui dès son plus jeune âge choisit Boca Juniors, le club populaire de la capitale argentine, contre son rival des quartiers riches River Plate, n’a jamais oublié ses origines prolétaires. Et s’il est un fil rouge qui traverse les différentes étapes de sa vie, de la gloire footballistique aux déboires judiciaires en passant par sa dépendance à la cocaïne, c’est bien une sensibilité anti-impérialiste dont il ne s’est jamais caché.
Un match résume à lui seul la carrière de Maradona. Les images de sa performance lors du quart de finale de la coupe du monde 1986 au Mexique entre l’Argentine et l’Angleterre, ponctuée par deux buts d’anthologie, resteront gravées dans la mémoire de tous les amoureux du ballon rond.
HUIT THÈSES SUR L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN ET LES LUTTES ANTI-IMPÉRIALISTES AU 21ÈME SIÈCLE, PAR RAMON GROSFOGUEL
Ce texte a été prononcé par le professeur Ramón Grosfoguel lors du cycle international « Notre Amérique dans les plans de l’impérialisme », lors de la réunion « Regards depuis l’Amérique du Nord » le 25 août 2020. Sociologue formé à l’Université de Puerto Rico et à la Temple University de Pennsylvanie (avec un Post-Doctorat, à la Maison des Sciences de l‘Homme, Centre Fernand Braudel, Paris) Ramon Grosfoguel est internationalement reconnu pour son travail sur la décolonisation du savoir et du pouvoir ainsi que pour son travail sur les migrations internationales et la politico-économie du système mondial. Il a été chercheur associé à la Maison des Sciences de l’Homme à Paris pendant de nombreuses années et enseigne actuellement à l’Université de Berkeley, où il travaille au sein de l’équipe de chercheurs « Modernité/colonialité ».
Documenter les plis de COVID-19. Quelques notes à propos du coronavirus.
Ce texte est un premier relevé très partiel et en cours, vu de Belgique, de la pandémie de coronavirus, des affects qu’elle charrie et de ce qui a été éprouvé dans nos modes d’existences. Contacts : martin.vanderelst@uclouvain.be, Elsa.Roland@ulb.ac.be, David.Jamar@umons.ac.be
Analyse partielle d’un processus en cours
Documenter les plis de COVID-19.
Quelques notes à propos du coronavirus – 15 avril 2020
Préambule. Ce texte est un premier relevé très partiel et en cours, vu de Belgique, de la pandémie de coronavirus, des affects qu’elle charrie et de ce qui a été éprouvé dans nos modes d’existences. Nous avons besoin de documenter ce qui arrive, ce qui arrive de manière radicalement divergente selon les milieux touchés. A partir de ces documents, il s’agirait de formuler des doléances[1] susceptibles de renforcer nos capacités d’action sur le cours des choses, en ce compris le relais d’articulations politiques mais aussi de plaintes éventuellement juridiques. Certains éléments seront, pour le meilleur ou pour le pire, démentis par la suite des événements. Il n’en reste pas moins que covid-19 fait résonner les capacités différenciées de réponses en situation. En d’autres mots se rejoue aussi la question des « responsabilités » de situations en situations. Ce texte, parmi d’autres, devrait pouvoir aussi cultiver des idées de luttes de refus et/ou propositionnelles. Sa diffusion voudrait avoir pour effet, de croiser et de multiplier les comptes rendus. Ce texte appelle donc de nombreux prolongements et actualisations à venir. Nous y travaillons à partir de nos propres relais ; nous travaillerons les relais de ce qui nous parviendrait.
Une première partie tente de caractériser l’être COVID-19 et les affects d’insensibilité qui en favorisent l’expansion. Les pénalistes diraient qu’il s’agit là d’un « contexte », non pas extérieur, mais informant ce qui traverse sur des modes divers les situations et leurs appréciations.
Une deuxième partie entreprend un premier tour de ces situations, tentant à chaque fois d’en ébaucher les documentations et de saisir ce que, de cette documentation, il y aurait moyen de faire afin de relayer les plaintes (et les quelques propositions) qui en émergent déjà.
Contacts : martin.vanderelst@uclouvain.be, Elsa.Roland@ulb.ac.be, David.Jamar@umons.ac.be [2]
Table des matières
Combattre l’Etat policier et le racisme d’Etat à l’échelle des pays du Nord : le cas belge
#byanymeansnecessary #stopblackface Intervention de Nordine Saidi au Bandung du Nord : la colonialité du pouvoir en Belgique. On ne peut agir et penser la fin du blackface en Belgique sans agir et penser contre la politique coloniale belge jusque dans ses effets les plus actuels. « On ne peut pas envisager aujourd’hui les discriminations, le racisme et la négrophobie sans revenir sur les 80 années d’histoire coloniale, qui ont laissé des traces dans les mentalités, les esprits mais aussi dans sa politique ». Et l’on ne peut agir et penser contre la colonialité du pouvoir en Belgique sans penser ses formes contemporaines, sans restituer les inégalités géographiques (différences d’espérances de vie entre le croissant pauvre et le croissant colonial), sans penser les dispositifs racistes de ségrégation (plans canal, déchéance de la nationalité, profilage racial, ségrégation scolaire, opérations Medusa, etc.). La plainte portée par le bourgmestre socialiste de Lessines contre Nordine Saidi et les Bruxelles Panthères est à inscrire dans l’histoire longue de la colonialité négro-islamophobe en Belgique. Un texte très important à relire de toute urgence.
Face à la barbarie qui vient, l’utopie décoloniale
Il s’agit pour le Tiers-Monde de recommencer une histoire de l’Homme.
Frantz Fanon.
Il y a des périodes au cours desquelles l’histoire semble s’accélérer et tout nous porte à croire que nous sommes dans l’une d’entre elles. Il y a à peine plus d’un an sortait le livre d’Ugo Palheta, La possibilité du fascisme[1], alertant sur le fait que le fascisme, loin d’être un danger qui aurait été écarté de manière définitive, restait au contraire une possibilité susceptible de resurgir sous une autre forme. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si une fascisation des démocraties électorales européennes et occidentales est une éventualité, mais de trouver le moyen d’enrayer ce glissement vers la barbarie.
Ce moyen, c’est la voie décoloniale.