Entretien avec Louisa Yousfi autour de Rester barbare.

Louisa Yousfi : « Plus je me gavais de culture légitime, plus je ressentais une impuissance à écrire » (Rester Barbare)

Entretiens Johan Faerber    

Autant le dire tout de suite : avec Rester barbare, Louisa Yousfi livre un texte important. Essai littéraire, manifeste politique du décolonial, force de l’écriture devant un monde qui s’effondre, réflexion sur l’intégration et l’assimilation, Rester barbare sonde l’irréductible d’une parole que l’Occident voudrait faire taire. De Mohammed Dib à PNL, de la littérature au rap, Louisa Yousfi pose la barbarie comme puissance esthétique et politique positive contre la rhétorique macroniste, lepéniste et zemmouriste de l’ensauvagement. Une nouvelle voie se dessine pour qui écrit : elle est ici. Autant de nouvelles perspectives sur lesquelles Diacritik a souhaité interroger avec Louisa Yousfi le temps d’un grand entretien.

Lire la suite

Guerre permanente ou paix révolutionnaire, il faut choisir !

En ce 20eme anniversaire du 11 septembre, un appel/manifeste signé par de nombreuses personnalités, en une de Médiapart et signable à partir du lien vers la pétition. 
Nous commémorons ce 11 septembre un anniversaire tragique. 20 ans après, l’heure du bilan a sonné. Françoise Vergès, Andreas Malm, Cornel West, Maboula Soumahoro… Ce manifeste est signé par plus d’une centaine d’intellectuels en France et à l’international.

Lire la suite

Les nécessaires reconfigurations décoloniales du champ de l’antiracisme

Par Khadija SENHADJI

Loin d’être neutres, les modalités du confinement pour lutter contre le Covid-19 et les contrôles effectués pour en assurer le respect ont rappelé avec acuité le poids des inégalités raciales structurelles dans l’espace public autant que privé. C’est d’ailleurs sur la problématique raciale que la première manifestation post-confinement est organisée le 7 juin dernier. Nous avons demandé à Khadija Senhadji, militante antiraciste, quel regard décolonial porter sur cette pandémie.

Lire la suite

Face à la barbarie qui vient, l’utopie décoloniale

Il s’agit pour le Tiers-Monde de recommencer une histoire de l’Homme.

Frantz Fanon.

Il y a des périodes au cours desquelles l’histoire semble s’accélérer et tout nous porte à croire que nous sommes dans l’une d’entre elles. Il y a à peine plus d’un an sortait le livre d’Ugo Palheta, La possibilité du fascisme[1], alertant sur le fait que le fascisme, loin d’être un danger qui aurait été écarté de manière définitive, restait au contraire une possibilité susceptible de resurgir sous une autre forme. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si une fascisation des démocraties électorales européennes et occidentales est une éventualité, mais de trouver le moyen d’enrayer ce glissement vers la barbarie.

Ce moyen, c’est la voie décoloniale.

Lire la suite

Nous exigeons un moratoire sur l’exposition des objets dont on sait qu’ils ont été obtenus par le vol, le pillage, la conversion forcée, la menace ou l’extorsion.

Bravo à Mireille-Tsheusi Robert et Anne Wetsi Mpoma pour leurs interventions déterminantes lors du débat sur les ondes de la RTBF : Débats premières. On sent clairement que les arguments s’affutent et que le débat devient public. A un mois de la réouverture du Musée de Tervuren, il était temps que les prises de paroles sortent du huit clos des groupes internes du musée en charge de la rénovation. Le débat commence à prendre et on sent clairement une panique monter du côté du personnel du Musée. Mr Verbergt finit le débat en invitant tout le monde pour la réouverture en disant : « j’aurais préféré avoir cette discussion un mois après la réouverture ». Clairement, le directeur en charge des relations avec les publics craint que l’image lisse de la « rénovation » avec laquelle le discours marketing du musée entend attirer à lui de nouveaux publics ne soit brisée. Il ne faudrait surtout pas gâcher la fête. Nous sommes redevables à BAMKO-CRAN ASBL qui s’est approprié le débat sur la restitution et à Mireille qui a réussi à faire bouger les lignes et à recomposer le champ des positions autour de la « modernisation » du musée colonial. Et si on peut d’avantage parler de « modernisation » des infrastructures que de « décolonisation » de l’institution c’est d’abord parce que ¾ du budget alloué a été affecté à la rénovation des bâtiments.

Lire la suite

Nouveaux dispositifs de contrôle, répressions et résistances. SAM/ZAT 22.09 > 10:00 – 16:00 : SEMINAIRE 2 &3 @ CFS-Université populaire

1998-2018 : résistances actives et collectives contre le durcissement des politiques migratoires

 

Quand :
22 septembre 2018 @ 10 h 00 min – 16 h 00 min
Où :
Université populaire de Bruxelles – CFS
rue de la Victoire 26 Overwinningstraat
1060 Saint-Gilles
Coût :
Gratuit

Lire la suite

Chronologie de la révolte des Indiens d’Amérique

Les Indiens d’Amérique (nord, sud et centre) ont subi un véritable génocide mais ils ne se sont pas laissés faire… Ils ont été tués, violés, brûlés, torturés, exploités, massacrés par « les plus grandes civilisations » occidentales : espagnols, portugais, hollandais, anglais, français, américains pour permettre le lancement du monde capitaliste qui est né dans un grand bain … Lire la suite

Utopies de la libération : Houria Bouteldja à propos du féminisme, de l’antisémitisme, et des politiques de décolonisation

Utopies de la libération : Houria Bouteldja à propos du féminisme, de l’antisémitisme, et des politiques de décolonisation

De Ben Ratskoff

Le 5 avril 2018

En mai 1943, l’écrivaine surréaliste noire et militante Suzanne Césaire a demandé des rations de papier au gouvernement de Vichy, en temps de guerre, administrant la Martinique. Elle avait besoin de ce papier pour imprimer le prochain numéro de Tropiques, un journal consacré à l’intersection du Surréalisme et des politiques anticolonialistes dans les Caraïbes. Le gouvernement a refusé sa demande. Dans une vertigineuse démonstration de double discours, les collaborateurs du régime Nazi ont affirmé que le journal de Césaire était trop raciste et sectaire, dans son engagement assumé pour la négritude, et dans sa révolte littéraire contre la civilisation française. Il est à la fois troublant et éclairant de trouver un discours quasi-identique entourant la publication récente d’Houria Bouteldja, Les blancs, les juifs et nous : vers une politique de l’amour révolutionnaire. A la sortie du livre en France en 2016, un véritable lynchage s’est produit dans les médias. La pensée unique des intellectuels Français, de droite comme de gauche, s’est précipitée pour discipliner cette femme Arabe qui avait osé démystifier le conte de fée que la France se raconte à elle-même. De bien laids qualificatifs lui ont été attribués : Bouteldja était donc une raciste antiraciste ! Une néo-nazie ! Une homophobe ! Pas grand-chose n’a changé depuis la requête de Césaire pour les rations de papier en Martinique.

Lire la suite