Extrait du livre «Planter du blanc » de Saïd Bouamama
Nous avons le plaisir de publier en exclusivité un extrait du livre «Planter du blanc » de Saïd Bouamama
Au nom de quoi la France possède-t-elle toujours, en 2019, et en violant ostensiblement certaines résolutions de l’ONU, des territoires en Amérique latine, au large de Madagascar et en plein Océan pacifique ? Comment s’y prennent nos gouvernements pour endiguer, le plus discrètement possible, les velléités indépendantistes des populations ultra-marines ? Pourquoi huit pays africains utilisent-ils encore une monnaie portant le nom de l’ancien occupant, le franc CFA ? En quoi la philosophie des Lumières peut-elle s’avérer le corolaire, et non le remède, de discriminations raciales ? Dans « Planter du Blanc ». Chroniques du (néo)colonialisme français (Syllepse, 2019), un livre incroyablement documenté sur le plan historique et factuel, le sociologue Saïd Bouamama apporte des réponses édifiantes.
BANDUNG DU NORD – BRUXELLES – DU 16 AU 18 DECEMBRE 2022
À propos du Qatar bashing
Édito #58 – Nous sommes si bons – À propos du Qatar bashing
L’édito du QG 22 novembre 2022
Haro sur le Qatar, haro sur les barbares !, s’écrient nos démocrates. Jamais l’injonction au boycott d’un Mondial, pas même au moment de la Coupe de 1978 dans l’Argentine fasciste, n’a été aussi forte. Tout condamne, il faut dire, l’organisation de la Coupe du Monde par ce pays : l’insouciance criminelle des normes requises pour préserver la planète d’une aggravation du dérèglement climatique (ainsi les stades érigés en plein désert sont-ils climatisés), le traitement réservé aux travailleurs migrants venus construire des stades en toute hâte parfois au péril de leurs vies, et plus généralement, le mépris de l’humanité par un régime archaïque et tyrannique.
De l’antiracisme moral à l’antiracisme « woke » ou l’histoire d’un progrès et d’une régression
Au moment où l’antiracisme libéral menace sérieusement les acquis de l’antiracisme politique, on peut se demander si on n’assiste pas à un retour de l’antiracisme moral endossant de nouveaux oripeaux et se faisant passer pour une nouvelle radicalité. Pour répondre à ce questionnement, il m’apparaît utile de revenir sur l’histoire de cet antiracisme qu’on peut appeler d’Etat, de sa confrontation avec l’antiracisme politique et de la manière dont il se métamorphose pour réduire à néant les efforts de politisation des forces militantes issues de l’histoire coloniale.
“The Ballot or the Bullet”, le testament électoral de Malcolm X
L’Histoire appelant l’Histoire, nous vous proposons “The Ballot or the Bullet” (“le bulletin de vote ou le fusil”, en français), un discours public prononcé le 3 avril 1964 à l’Église méthodiste de Cory à Cleveland, par Malcolm X. Des mots puissants qui sont un véritable appel à ce que la communauté noire exerce judicieusement son droit de vote.
“The Ballot or the Bullet” marque un tournant dans majeur dans le parcours politique de Malcolm X :
- Il marque ses distances avec ses anciens frères d’arme de la Nation of Islam.
- Il “fait du pied” aux dirigeants de droits civiques modérés.
- Il réaffirme son adhésion au nationalisme noir et à l’autodéfense
Voici la retranscription de son discours :
Marche vers Bruxelles : Plus aucun décès en raison de la migration ni aux frontières ! Des droits pour toutes et tous !
Plus de 28 000 personnes sont mortes depuis 2014 en essayant de rejoindre l’Europe ou de franchir ses frontières intérieures, 49 000 depuis 1993. Elles viennent d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient et disparaissent surtout en Méditerranée et dans l’Atlantique, mais aussi dans les Balkans, dans les Alpes, dans la Manche, dans la Bidassoa au pied des Pyrénées et dans d’autres zones frontalières.
Entretien avec Houria Bouteldja : “La décolonisation du monde est devant nous et les forces à combattre sont colossales”
Houria Bouteldja a accepté un entretien ( pour « Du Racisme Social en Europe – et par extension dans le monde. » ). Vous trouvez ci-dessous questions et réponses. Elle est une référence constante et du monde décolonial et de tout un arc extrémiste, dont les membres actifs la détestent. Parce qu’elle est la Lénine des Décoloniaux. Ce qui est impressionnant, c’est que, face à leur rage, et ce n’est même pas une métaphore, tant certains ont la bave aux lèvres quand ils l’évoquent, elle reste calme, froide – clinique et pas clanique. La concernant, il faut faire un choix : ou faire comme l’ex-chroniqueur de BFMTV, Thomas Guénolé, qui, dans l’émission “Ce soir ou jamais”, a fait référence à son livre “Les blancs, les juifs et nous”, soit, sans en comprendre le sens, soit en citant des extraits de manière tronquée, ou, au contraire, la lire et l’écouter, ce qui garantit de se vacciner contre les interprétations/réductions, frelatées, stupides ou dégueulasses. C’est l’une des raisons de cet entretien : inciter, chacune, chacun, à avoir un accès direct, personnel, par la lecture ou l’audition, sans le filtre d’un média explicitement (ou non) réactionnaire. Dont nous sommes bombardés, pollués. Remerciements à Houria pour avoir pris le temps de cet entretien.
La matrice coloniale de la frontière maroco-espagnole : Ceuta & Melilla
Massacre raciste à la frontière de Melilla
par Elsa Tyszler
Le 24 juin 2022, des ressortissant·e·s d’Afrique centrale, de l’Ouest et de l’Est ont tenté de franchir les barrières de l’enclave espagnole de Melilla[1]. La violence de la répression opérée par les garde-frontières espagnols et marocains en charge d’empêcher ces entrées a provoqué la mort d’au moins 37 personnes et plus de 300 blessés[2].
Ce massacre est une nouvelle manifestation de la guerre qui est menée aux migrant·e·s racisé·e·s noir·e·s depuis trois décennies aux frontières maroco-espagnoles, où l’Europe – et en particulier ici l’Espagne – délègue aux autorités marocaines la fonction de repousser les personnes cherchant à migrer et accorde pour cette défense de la frontière européenne un véritable permis de tuer.
Pourquoi le Sud global post-colonial est-il source d’immigration et de réfugiés ?
Aussi bien dans le passé comme actuellement, les gens migrent à la recherche d’opportunités économiques, de moyens de subsistance et de sécurité pour eux-mêmes et leur famille. La recherche d’opportunités économiques loin de chez soi est le principal moteur de l’immigration et des déplacements d’une partie du monde à l’autre. Les immigrants vers l’Europe et les États-Unis cherchent des opportunités économiques loin de chez eux en raison de l’effondrement et de la fragmentation totale des économies post-coloniales du Sud et de l’effondrement des ordres politiques et sociaux qui ont conduit à l’insécurité. La raison de ce phénomène est une question essentielle qui n’est pas souvent posée ou à laquelle on ne répond pas.