P. Gelderloos – Comment la non-violence protège l’État – Chapitre 2 (traduction française)

CHAPITRE 2 : LA NON-VIOLENCE EST RACISTE

Je ne cherche pas à faire assaut d’insultes, et ce n’est qu’après mûre réflexion que j’utilise l’épithète « raciste ». Dans le contexte contemporain, la non-violence est en soi une posture de privilégiés. Outre que le pacifiste lambda est assez clairement un Blanc de la classe moyenne, le pacifisme comme idéologie émane d’un contexte privilégié. Il ignore que la violence est déjà là ; que la violence est inévitable, car elle fait structurellement partie intégrante de la hiérarchie sociale actuelle ; et que ce sont les personnes de couleur qui sont les plus touchées par cette violence. Le pacifisme présuppose que les Blancs qui ont grandi dans des banlieues pavillonnaires, et en obtenant satisfaction de tous leurs besoins de base, peuvent conseiller aux personnes opprimées, dont un grand nombre sont des personnes de couleur, de subir patiemment une violence indiciblement plus grande que celle qu’ils ont connue eux-mêmes, jusqu’au jour où le Grand Père Blanc (2) se laissera émouvoir par les exigences du mouvement, à moins que ce ne soit celui où les non-violents parviendront à la légendaire « masse critique ».

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L’UE craint d’offenser Israël – Un document interne

Depuis plus d’une décennie, je soupçonne l’Union européenne  (UE) d’avoir une politique tendant à éviter de heurter Israël. Aujourd’hui, j’ai enfin la preuve que cette politique existe bel et bien.

David Cronin, 17 juillet 2023

Alors que la bureaucratie bruxelloise a célébré « le succès des dialogues contreterroristes » qu’elle entretient avec Israël depuis 2015, très peu de détails de ces échanges ont été rendus accessibles au public.

En janvier dernier, j’ai introduit une plainte auprès de l’ombudsman de l’UE – nominalement, un contrôleur au service des citoyens – à propos de ce manque de transparence. La plainte a été introduite après que les services diplomatiques de l’UE avaient refusé de divulguer les noms des institutions israéliennes qui avaient participé à ces « dialogues ».

Via une requête au nom de la liberté d’information, j’ai obtenu un document qui résumait les discussions concernant ma plainte entre l’équipe de l’ombudsman et les diplomates de l’UE.

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Féministes musulmanes. La révolution qui vient

Les féministes musulmanes contestent depuis des années à la fois un discours islamique qui infériorise les femmes et une pensée occidentale qui les infantilise. On s’en tient le plus souvent à une rhétorique qui débouche pourtant de plus en plus sur des stratégies et des formes d’action concrètes méconnues, dont le dernier livre de Malika Hamidi brosse un tableau passionnant.

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Ethnocentrisme, impérialisme sexuel et homonationalisme

L’ethnocentrisme constitue un élément central de la manière dont l’occident à découvert, considéré et raconté les orientations, identités et pratiques sexuelles subalternes. Il est toujours présent et influant dans les rapports que les communautés, les militants, les professionnels et les institutions entretiennent avec celles et ceux perçues comme LGBTQIA+. Pour envisager une prise compte véritablement inclusive de la diversité des identités et des pratiques il convient de regarder les approches LGBTQIA+ occidentales comme des constructions anthropologiques exportées, soumises au risque de la récupération politique, et appelant les professionnel a une vigilance méthodologique.

Par Guilhem Lautrec, travailleur social, militant.

Ce texte est extrait des actes d’un colloques de la ligue bruxelloise de santé mentale de novembre 2022 sur la prise charge en santé mentale des publics LGBTQIA+

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Je me suis relevé dans l’orage de Jonathan Nguyen

“Je me suis relevé dans l’orage” est un poème issu du témoignage d’un étudiant congolais qui vivait en Ukraine lorsque la guerre a éclaté (travail avec l’organisation Change Asbl). Le poème relate la discrimination dont il a fait preuve en Ukraine, et continue de faire preuve en Belgique. A l’heure où l’on voit une discrimination de traitement des réfugiés sur la base de l’origine, ce texte a pour vocation d’être connu et diffusé.

Jonathan Nguyen

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Entretien avec Amal Bentounsi du collectif Urgence notre police assassine.

« L’enfant qui n’est pas embrassé par le village, le brûlera pour en sentir la chaleur », dit un proverbe africain. Les jeunes noirs et arabes des quartiers de France sont-ils embrassés voire aimés ? La réponse semble négative dans les chef des Autorités comme dans une large partie de la population française. Une détestation et un mépris racistes croissant, annonciateur d’autres crimes policiers et d’autres révoltes… Depuis onze ans, Amal Bentounsi n’a cessé d’alerter sur la dangerosité des violences policières et dénoncé, dès 2017, le vote de la loi qui a « légalisé » l’exécution de Nahel. Entretien avec la fondatrice et porte-parole du collectif Urgence notre police assassine.

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Ukraine, Palestine. Deux guerres, deux récits

L’armée israélienne a mené pendant 48 heures à Jénine son opération militaire la plus étendue depuis la deuxième intifada, avec aviation et chars, jetant sur les routes plus de 3 000 Palestiniens. Pourtant, cette guerre ne suscite que peu de réactions internationales, contrairement à la mobilisation permanente en faveur des Ukrainiens. Ce double standard mine le discours sur l’universalité du droit international.

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Françoise Vergès : « Il y a des zones à défendre dans ces quartiers populaires »

Pour la politologue Françoise Vergès, la destruction écologique et le meurtre de Nahel ont les mêmes racines, coloniales. Après le reflux du mouvement social, elle affirme que ce sont ces jeunes qui tiennent désormais la lutte.

Françoise Verges est politologue et militante féministe décoloniale. Elle soutient officiellement les Soulèvements de la Terre et a écrit le chapitre « État toujours colonial » dans le livre On ne dissout pas un Soulèvement (Seuil, 2023).

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SUR LES TRACES DU TRAM COLONIAL

Par Lucas Catherine, Martin Rosenfeld, Matthias Förster

Il s’agit d’enfourcher votre vélo et de partir à vélo à la découverte des trésors de l’Art nouveau dispersés le long de l’ancien parcours du tram qui reliait le centre-ville à l’exposition coloniale de Tervuren. Les pavillons de l’exposition de 1897 ont été l’une des premières occasions de faire découvrir au grand public l’audace et la finesse d’artistes tels que Paul Hankar ou Philippe Wolfers. Mais il s’agissait aussi d’un projet délibéré de promotion du projet colonial et des matières premières exploitées au Congo. Pour explorer par vous-même toutes ces imbrications entre naissance de l’Art nouveau et promotion du projet colonial, il vous suffit d’imprimer la carte et de suivre les explications le long du parcours.

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