Pieds nus dans l'avion, Baudouin a été débarqué de force et blessé par la police
Je suis traumatisé”. Le 4 décembre, Baudouin monte dans un avion vers Kinshasa, mais il n’arrivera pas à destination. Avant le décollage, il est débarqué de force par la police belge. Résultat : une main plâtrée, une vision trouble et un sentiment de peur. Baudouin dénonce un usage disproportionné de la force des policiers et du racisme de la part de l’équipage de Brussels Airlines.
Pour des raisons religieuses, Baudouin marche pieds nus. À plusieurs reprises, le personnel de cabine l’interpelle et lui demande où sont ses chaussures. “J’ai répondu que j’avais mes babouches dans mon sac au besoin, pour aller aux toilettes par exemple”, relate-t-il.
Après plusieurs échanges entre le passager et l’équipage, le pilote fait appel à la police pour débarquer de force Baudouin. Pour lui, c’est l’incompréhension et un puissant sentiment d’injustice : “Il y avait d’autres personnes qui avaient enlevé leurs chaussures dans l’avion mais ils se sont focalisés sur moi. Ils ne m’ont donné aucun argument.” Plusieurs jours après les faits, il ne comprend toujours pas comment la situation a pu escalader si vite.
Brussels Airlines refuse de commenter ce cas, invoquant la protection de la vie privée. La compagnie indique qu’il n’y a pas d’interdiction d’enlever ses chaussures à bord d’un avion mais qu’il faut suivre les éventuelles indications de sécurité données par l’équipage. “Cette décision [de refuser un passager] n’est prise que lorsque nos équipes estiment qu’un passager peut représenter un danger ou perturber gravement le déroulement du vol.”
Nous n’avons cependant reçu aucun élément indiquant que le passager concerné pouvait « représenter un danger » ni quelles indications de sécurité il aurait refusé de suivre. Il n’était en outre pas assis à une des places nécessitant des mesures particulières de sécurité.
La police fédérale assure que son équipe aéronautique avait d’abord entamé un dialogue avec Baudouin, ce qu’il dément. “Vu que ce passager a refusé de quitter l’avion volontairement, ils [les policiers] n’ont pas eu d’autre choix que de faire l’usage de la contrainte proportionnelle pour débarquer cette personne.”
Dans les informations qui nous ont été transmises jusqu’ici, on ne relève pas d’élément justifiant que le passager aurait dû quitter l’avion et donc a fortiori pas de motifs qui auraient pu justifier l’usage de la force pour faire appliquer cette mesure.
« C’est du racisme pur«
Unia, le centre pour l’Egalité des chances, a décidé d’ouvrir un dossier sans se porter partie civile pour le moment. La Ligue des Droits Humains déclare : “Le fait que la compagnie ait appelé la police pour ce motif mineur qui ne pose pas de problème de sécurité ou de nuisance pour les autres passagers, ainsi que l’usage de la force qui semble disproportionné, posent question.”
Baudouin a l’intention de porter plainte une fois sa santé retrouvée. Il en reste persuadé, la violence et les blessures qu’il a subies ainsi que le vol qu’on lui a interdit de prendre sont dû à « du racisme pur« .
Justice pour Baudouin !
Injustement débarqué par Brussels Airlines et violenté par la police fédérale.
Le 4 décembre, Baudouin P. embarque dans un avion de Brussels Airlines pour se rendre à Kinshasa. Il se prépare à un long voyage et n’a pas de chaussures lorsqu’une hôtesse de l’air exige qu’il se chausse. La deuxième fois, elle l’avertira que la police va être appelée pour qu’il soit débarqué de l’avion. Les images choquantes d’une vidéo prise au moment de l’intervention des policiers démontre la violence exercée sur le corps de Baudouin alors qu’il n’avait aucune intention de résister, et qui l’a même exprimé.
Son témoignage fait au média « La diaspora chuchote » et sur « Vews RTBF » est révélateur de la violence subie et de la dangerosité des techniques policières utilisée, particulièrement l’étouffement durant un long moment d’un des policiers comme nous le voyons dans la vidéo. Une chose est sûre, le traitement dont il a fait l’objet est discriminatoire. L’analyse que Baudouin fait de l’intervention policière est claire : « Ça c’est du racisme pur ! Et demain ça va être qui ? Si c’était un blanc, on n’allait pas le traiter comme ça ».
Conséquemment à l’intervention policière, les séquelles psychologiques et physiques sont nombreuses. Il n’a toujours pas retrouvé ses facultés visuelles de l’œil gauche et à une fracture à la main. Les procédures qui suivront devront permettre d’établir les responsabilités, tant de Brussels Airlines que de la police fédérale, et d’obtenir réparation.
A présent, le combat de Baudouin pour la justice commence. Il sera long mais est déterminant dans le dévoilement des pratiques racistes rendues trop souvent invisibles par la complexité et le coût des procédures judiciaires. Soutenons Baudouin en partageant son témoignage et en participant financièrement à la cagnotte autant que possible afin de couvrir les frais de justice et les honoraires d’avocat à venir.
Pour les personnes qui n’arrivent pas à donner via la cagnotte, vous pouvez faire un virement sur ce compte SVP : BE90 3771 1382 9032