À 30 ANS DE L’INSURRECTION ZAPATISTE

Par  Bernard Duterme

Oui, cela fait trente ans ce 1er janvier. Trois décennies. L’événement sanctionne la fin du siècle dernier. Le 1er janvier 1994, le jour même de l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain (États-Unis, Canada, Mexique), quelques milliers d’indigènes mayas du Chiapas, dans le Sud-Est mexicain, « déclarent la guerre », vieilles pétoires à la main, à l’armée fédérale et au « dictateur » Carlos Salinas. Quels visages et virages a pris cette détonnante rébellion ? Qu’en est-il aujourd’hui ?

TEXTE ANNIVERSAIRE À PARAÎTRE IN EXTENSO CE 10 JANVIER 24 (EN FRANÇAIS, ESPAGNOL ET ANGLAIS) SUR EQUAL TIMESParu ! Ici :
https://www.cetri.be/L-insurrection-zapatiste-30-ans
https://www.cetri.be/El-levantamiento-zapatista-30-anos
https://www.cetri.be/The-Zapatista-uprising-30-years-on

Extraits :
Si l’élan martial du jour de l’an fut vite étouffé, les « zapatistes », désormais encagoulés « pour être reconnus » (premier paradoxe identitaire), vont rester mobilisés contre vents et marées, pour « la liberté, la démocratie et la justice ». Et pour « la dignité ».
(…)
Critique en actes du modèle dominant élaborée au fil des circonstances, leur nouvelle perspective émancipatrice – pour « la redistribution et la reconnaissance » – trouve son incarnation actuelle dans cet autogouvernement qui prétend « commander en obéissant », ainsi que dans leurs invitations intercontinentales réitérées à articuler les luttes « en bas à gauche ».
(…)
Le Chiapas d’aujourd’hui (…) est en proie à un climat d’insécurité sans précédent. (…) Difficile pour l’autogouvernement zapatiste dans ces conditions (…) d’administrer paisiblement le quotidien de ses « communautés, collectifs et assemblées autonomes ». D’un côté, leurs propres activités économiques, agroécologiques, éducatives, sanitaires, judiciaires, etc., certes précaires et fragiles – dépendantes d’une solidarité internationale évanescente – mais constitutives de leur démarche alternative ; de l’autre, des adversités et des adversaires en cascade.
(…)
Les rebelles du Chiapas ne sont certes pas parvenus à refonder la Constitution, à décoloniser les institutions, ni même à prendre pied sur la scène politique mexicaine, mais, tant sur le plan local, que national et international, ils auront doté les luttes paysannes et indigènes pour la justice et l’autonomie d’une visibilité et d’une portée inédites.

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