Ce que nous dévoile l’affaire TR

Sur notre soutien « inconditionnel ».

Qualifier « d’inconditionnel » le soutien apporté par des gens au professeur Tariq Ramadan c’est ôter à ces gens toute capacité de réflexion et d’esprit critique, c’est les réduire à un fan club en admiration aveugle devant leur idole. Vision lourde de préjugés. On peut parfaitement le soutenir avec discernement et clairvoyance, sans tomber dans l’aliénation.

Oui ! le professeur Tariq Ramadan mérite tout notre soutien pour son œuvre, pour ses combats, pour avoir redonné fierté et dignité à toute une génération qui se cherchait. Il a largement contribué à nous réconcilier avec nous même, avec nos parents et avec la société française / belge / européenne. Il a aidé beaucoup de personnes à se reconstruire et à reprendre confiance en elles-mêmes.

Oui ! nous lui devons notre soutien en ce tragique moment de sa vie ; vie qu’il a passé à sillonner notre pays pour panser nos blessures et nous réconforter comme un père, comme un frère.

A notre tour de lui témoigner notre reconnaissance, notre amitié, notre fraternité et de l’aider, comme il nous a aidé, à se relever, à reprendre pied dans ce monde impitoyable. D’aucuns, poursuivant de sombres desseins, l’ont jugé et livré à la vindicte populaire. Il faut savoir pardonner, et seul l’amour donne la force de pardonner. Une société est plus forte quand elle fait du pardon un principe régulateur des relations humaines.

C’est dans pareille situation que la fraternité prend tout son sens et devrait être généreusement déployée pour panser les blessures de notre frère…

Le professeur Tariq Ramadan a eu le courage d’entrer dans l’arène de la lutte idéologique sans concéder un seul de ses principes à ses détracteurs. Il aurait pu choisir un discours convenu, lisse et politiquement correct qui lui aurait valu sans doute d’être adoubé par le système et porté aux nues. Mais il a choisi le combat, et cela l’honore. A l’ombre de ses rudes combats, des pensées ont pu éclore et des vocations se dessiner, à l’abri de l’adversité.

Notre soutien est bienveillant et sagace.

Sur notre conscience politique

Sur le plan politique et idéologique, certains sont tombés dans le piège tendu par les ennemis, déclarés ou cachés, du professeur Tariq Ramadan : salir la personne pour discréditer une pensée, un discours et un état d’esprit qui refuse la compromission et les injustices. Il s’agit de briser l’esprit de résistance inhérent à l’Islam. Certains n’ont pas compris que le professeur Tariq Ramadan est attaqué en tant que symbole d’un discours dérangeant qui plonge ses racines dans les valeurs de l’Islam. La qualité de ses mœurs relève strictement de sa vie privée et n’est pertinente a soulevé ni face à ses positions politiques, ni dans un prétoire. N’en déplaise aux pères la morale, l’adultère n’est pas un viol.

Il faut avoir la maturité intellectuelle pour dissocier les idées de l’homme qui les exprime. Nous avons tendance à incarner un idéal dans une personne, ce qui a des conséquences néfastes : tous les écarts de cette personne, supposés ou avérés, se soldent par un rejet de cet idéal. « Nous sommes au service des idées et non des hommes », dixit le professeur Tariq Ramadan. Unissons-nous autour des idées.

La mise en scène des accusations de viols n’a d’autres buts que de choquer nos esprits et d’anesthésier nos consciences pour nous faire basculer dans le monde des sentiments. Nous tombons alors dans une vision politique émotionnelle, à laquelle nous cédons trop souvent. Ceci est une manœuvre bien connue de nos ennemis. Refusant de tomber dans ce piège, nous maintenons qu’Il nous faut développer notre conscience politique pour déchiffrer de manière avisée les conflits de notre monde.

Sur le leadership

L’affaire Tariq Ramadan est révélatrice des positionnements stratégiques des acteurs du champ islamique en France / Belgique. D’aucuns ont préféré le silence (gêné ?), d’autres après l’avoir soutenu se sont fait discrets voire l’ont lâché, d’autres encore sont restés constants dans leur soutien. Et n’oublions pas les concurrents-adversaires qui ont vu là une opportunité pour promouvoir leurs idées et briguer des responsabilités au plus haut niveau.

Je trouve personnellement dommageable cette course au leadership qui montre que l’on est incapable de nous réunir autour d’une stratégie commune pour le bien commun.

L’islam et les musulmans n’appartiennent à personne.

Éduquons-nous à l’autonomie intellectuelle, politique et économique.

 En conclusion

Le professeur Tariq Ramadan est toujours de ce monde et le combat pour le respect de sa présomption d’innocence et pour qu’un traitement judiciaire équitable lui soit appliqué continue.
Il en va de notre dignité, de celle de nos aïeux et de celle de nos enfants.

Nordine Saïdi

Bruxelles Panthères

07 Juin 2018

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