Crimes d’État – Police – Prison – Tribunaux : vers l’abolition du système pénal ?

Qui le système pénal protège-t-il ? Et de qui ? Qui appelle la police ? Qui en a peur ? Qui va en prison ? Qui n’y va pas ? Et qui sont ceux que l’on désigne volontiers comme criminels, et comme victimes ? Ces questions, tristement rhétoriques, méritent qu’on s’y attarde pour aller au-delà du constat. Car si les luttes des populations issues de l’immigration et des quartiers populaires se sont principalement menées contre les violences policières ces dernières années, peut-on vraiment espérer affaiblir le bras armé, sans s’attaquer au cerveau qui l’agite ?

Loin d’être nouvelles, c’est à nos propres héritages politiques que les réflexions autour de l’abolitionnisme pénal font écho. De fait, l’idée  de mettre fin aux violences d’État n’a pas été l’apanage de ceux qui l’ont théorisé à partir des années 70 : des militants anti-esclavagistes noirs aux luttes de libération africaines-américaines en passant par les luttes pour l’abolition du système colonial, c’est à un retour aux sources que ces questions invitent à penser. Car si l’ambition d’une société sans police, ni prison, ni système pénal peut paraitre un peu utopique, voire dangereuse, celle de subir la violence d’un système tout entier dirigé contre nos existences, est-elle plus acceptable ?

Entretien avec Gwenola Ricordeau, militante abolitionniste et professeure associée en justice criminelle à l’université d’État de Californie, Chico, auteure de Pour elles toutes. Femmes contre la prison (2019, Lux) et qui vient de publier Crimes et Peines : penser l’abolitionnisme du système pénal aux éditions Grévis.

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Médecine et race sous l’Empire français

À propos de : Delphine Peiretti-Courtis, Corps noirs et médecins blancs : La fabrique du préjugé racial, XIXeXXe siècles, La Découverte

par Élodie Edwards-Grossi , le 16 septembre
S’appuyant sur les traités de naturalistes et de médecins, ainsi que sur des rapports de missions coloniales, l’historienne Delphine Peiretti-Courtis étudie la manière dont l’autorité médicale a infériorisé et déshumanisé les corps racisés dans l’Empire français à partir du XIXe siècle.

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L’art colonisateur

PeoPL - LAURA NSENGIYUMVA

A propos de : Anne Lafont, L’art et la race. L’Africain (tout) contre l’œil des Lumières, Les presses du réel

par Guillaume Mazeau , le 31 juillet 2020
Dans un essai de grande ampleur sur la construction de la race dans les arts des Lumières, Anne Lafont traque de manière passionnante la responsabilité des images dans la naturalisation de la différence raciale et la justification de la colonisation.

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Une histoire politique du ring noir

PRÉSENTATION

Aux États-Unis, le ring a toujours été un terrain de mise en scène de la domination raciale et de sa contestation. Tel est le point de départ d’un récit sensible et incarné, faisant revivre la trajectoire de quelques-uns des plus grands boxeurs noirs de l’histoire américaine. De la période esclavagiste au mouvement des droits civiques des années 1960, en passant par les deux guerres mondiales, la figure du boxeur noir n’a cessé de cristalliser les espoirs de la population afro-américaine mais aussi la haine et le désir de vengeance du pouvoir et de ses alliés.
On croisera dans les pages de ce livre de nombreux boxeurs, dont Tom Molineaux, ancien esclave qui devint célèbre lorsque ses victoires portèrent atteinte au prestige racial blanc ; Peter Jackson, victime, comme tant d’autres boxeurs noirs, de la barrière de couleur qui le priva de la consécration suprême sur le ring ; Jack
Johnson, premier champion du monde noir des poids lourds en 1908, ou encore Muhammad Ali, « le plus grand ».
Dans Histoire politique du ring noir, sport et politique, racisme et histoire des États-Unis s’entremêlent et dessinent des figures comme autant de coups portés, reçus et esquivés.

 

En proposant d’aborder l’histoire de la domination raciale aux États-Unis depuis le ring Chafik Sayari ne pouvait être plus… percutant ! Essai absolument passionnant.

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SUR LES TRACES COLONIALES DE LA VILLE BASSE

Il y a dans la ville haute beaucoup de traces de la colonisation du Congo : tous les quartiers généraux, économiques et politiques se trouvaient là. Mais dans la ville basse, elles sont quasiment effacées. Guidé·es par Lucas Catherine, spécialisé dans l’histoire coloniale belge, nous vous invitons à partir à la découverte de ces traces perdues ou méconnues. L’Union Minière du Haut-Katanga, qui exploitait presque toutes les mines du Congo existe encore, elle a seulement changé de nom : Umicore. A 14h00, nous commencerons rue du Marais 31. Les premiers Congolais ne sont pas arrivés à Matonge XL, mais dès 1910 dans l’ancien quartier du Port (le Vismet). Ils ont fondé leur première association en 1919 au boulevard Jacqumain. C’est aussi dans ce quartier que sont arrivés les bananes et le cacao, les produits de luxe en provenance du Congo.

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Mumia Abu Jamal : l’exemple d’une justice raciste

Mumia Abu Jamal : l’exemple d’une justice raciste, solidarité internationale pour sa libération

Réunion zoom organisée par  Free Mumia Abu Jamal Campaign-UK, 31 Juillet 2021

Parler de Mumia Abu Jamal, c’est informer sur les mobilisations organisées, à Paris, un rassemblement, une fois par mois, à proximité de l’ambassade étatsunienne initié par le collectif national de soutien à Mumia, créé en 1995, qui n’a jamais manqué un rendez-vous et qui, avec insistance, demande à être reçu par l‘ambassade étatsunienne ; ce collectif rend régulièrement visite à Mumia et  est présent lors de dates importantes : son anniversaire, ses rendez-vous à la cour de Philadelphie et bien d’autres.

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Justice and truth for Lamine Bangoura: Black and colored Belgians must know that they are not alone.

Lamine Bangoura was a 27 years old Belgian Black man of Guinean descent, a professional soccer player, living in Roelers, Flanders. On May 7, 2018, he was killed at his home, surrounded by a group of eight police officers.

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La négrophobie arabe (et le reste) comme impuissance indigène

Par Houria Bouteldja

« Des perdants. Mon optimisme ne renaitra que sur le socle de cette vérité ultime. Nous sommes des perdants. Ce sera mon point de départ sinon rien. »

C’est cette phrase, perdue quelque part dans mon livre, qui me revient quand, perplexe, je médite sur la surmédiatisation des insultes négrophobes proférées par un Maghrébin à Cergy et la puissante émotion qu’elle a provoquée. C’est cette même phrase qui avait traversé mon esprit au moment de l’affaire « Bouhlel », du nom de cet Algérien qui avait défrayé la chronique en avril dernier au Maroc et suscité un émoi national en insultant les Marocains.

Ce ne sont pas tant les formes de racismes intercommunautaires (certes non résolues mais reconnues et traitées par le mouvement décolonial) ou le mépris (qu’on peut aussi appeler racisme) des « blanchis » à l’égard de leurs « frères » restés dans le Sud qui m’intéressent ici, mais la parfaite similitude des deux situations et ce qu’elle dit de l’état de décomposition de la conscience politique des indigènes, tant du Sud que du Nord et du pourrissement idéologique généralisé. Je m’explique.

Les faits d’abord.

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