Houria Bouteldja a accepté un entretien ( pour « Du Racisme Social en Europe – et par extension dans le monde. » ). Vous trouvez ci-dessous questions et réponses. Elle est une référence constante et du monde décolonial et de tout un arc extrémiste, dont les membres actifs la détestent. Parce qu’elle est la Lénine des Décoloniaux. Ce qui est impressionnant, c’est que, face à leur rage, et ce n’est même pas une métaphore, tant certains ont la bave aux lèvres quand ils l’évoquent, elle reste calme, froide – clinique et pas clanique. La concernant, il faut faire un choix : ou faire comme l’ex-chroniqueur de BFMTV, Thomas Guénolé, qui, dans l’émission “Ce soir ou jamais”, a fait référence à son livre “Les blancs, les juifs et nous”, soit, sans en comprendre le sens, soit en citant des extraits de manière tronquée, ou, au contraire, la lire et l’écouter, ce qui garantit de se vacciner contre les interprétations/réductions, frelatées, stupides ou dégueulasses. C’est l’une des raisons de cet entretien : inciter, chacune, chacun, à avoir un accès direct, personnel, par la lecture ou l’audition, sans le filtre d’un média explicitement (ou non) réactionnaire. Dont nous sommes bombardés, pollués. Remerciements à Houria pour avoir pris le temps de cet entretien.
A propos de Queer Palestine and The Empire of Critic

A propos de Queer Palestine and The Empire of Critic de Sa’ed Atshan (Stanford University Press, 2020).
Traduit de l’anglais par Nina Zadekine, avec l’aimable autorisation de l’auteur. Vous pouvez retrouver la version originale ici.
Combattre l’Etat policier et le racisme d’Etat à l’échelle des pays du Nord : le cas belge
#byanymeansnecessary #stopblackface Intervention de Nordine Saidi au Bandung du Nord : la colonialité du pouvoir en Belgique. On ne peut agir et penser la fin du blackface en Belgique sans agir et penser contre la politique coloniale belge jusque dans ses effets les plus actuels. « On ne peut pas envisager aujourd’hui les discriminations, le racisme et la négrophobie sans revenir sur les 80 années d’histoire coloniale, qui ont laissé des traces dans les mentalités, les esprits mais aussi dans sa politique ». Et l’on ne peut agir et penser contre la colonialité du pouvoir en Belgique sans penser ses formes contemporaines, sans restituer les inégalités géographiques (différences d’espérances de vie entre le croissant pauvre et le croissant colonial), sans penser les dispositifs racistes de ségrégation (plans canal, déchéance de la nationalité, profilage racial, ségrégation scolaire, opérations Medusa, etc.). La plainte portée par le bourgmestre socialiste de Lessines contre Nordine Saidi et les Bruxelles Panthères est à inscrire dans l’histoire longue de la colonialité négro-islamophobe en Belgique. Un texte très important à relire de toute urgence.
Il n’est plus seulement question de résistance, il est question d’offensive !
Intervention de Nacira Guénif au Rassemblement fraternel contre l’islamophobie du samedi 19 octobre 2019, place de la République, Paris.
Bonjour,
Je vais essayer de parler fort pour faire entendre toutes les voix qui nous animent aujourd’hui. Je m’appelle Nacira Guénif, je suis la fille d’une femme qui a porté, à la fin de sa vie, un voile, et qui un jour a été insultée dans la rue de la ville où nous habitions. C’est aussi sa voix aujourd’hui que je veux porter, même si je ne suis pas voilée. Du fond de sa dignité, elle n’a pas compris ce qui lui arrivait, mais elle a reconnu le visage du colonisateur, qui l’avait fait mettre sous le Code de l’indigénat, et qui avait cherché à l’humilier toute sa vie. C’est donc aussi au nom de ma mère, qui a été comme cette femme, comme Fatima, comme tant d’autres, humiliée, menacée dans son intégrité, tout au long de sa vie, parce qu’elle était née indigène, en Algérie, parce qu’elle vivait en France chez l’ancien colonisateur, et parce qu’elle était fière de porter les signes de la religion qui l’avait portée tout au long de sa vie…
Où mène le racisme ‘décomplexé’ de la sphère politico-médiatique
Après Utøya en Norvège, Christchurch, en Nouvelle Zélande.
Dans les deux cas, la haine. La haine à l’état pur.
Dans son expression la plus brutale, la plus violente, la plus viscérale.
BlackFace et déguisements du KKK dans le folklore belge
Au Carnaval d’Alost, des déguisements du Ku Klux Klan ne passent pas

« Il est évident que l’extrême-droite ne se sent en aucun cas menacée par ces ‘moqueries' ». | © BELGA PHOTO JONAS ROOSENS
Déjà épinglé pour des dérives antisémites, le Carnaval d’Alost est également critiqué par la Nouvelle Voie Anticoloniale pour la présence d’un char de suprémacistes blancs qui se prennent notamment en photo avec le leader d’extrême droite de Forza Ninove, Guy D’haeseleer.
Eunuque et violeur : le devenir homme Indigène en Occident
Ce texte est une version annotée de l’intervention tenue au Bandung du Nord dans le cadre du Forum sur les effets du racisme sur les féminités et les masculinités opprimées, le 6 mai 2018.
Dans ces 15 minutes, mon propos ne pourra être qu’incomplet, péremptoire, fait de postures et de provocations. Mais peut-être est-ce là le point de départ d’une critique indigène, à défaut d’être tout à fait décoloniale.
Après tout, nous Indigènes du Nord, sommes réputés ne pas être authentiques. L’authenticité est en Afrique, elle est en Irak, elle est en Asie, et surtout elle est dans le passé. Elle est enfouie sous les décombres de Tenochtitlan et dans le vent des plaines de l’Ouest, entre les collines de Safâ et Marwah, et sous le sable qui a enfoui le Sphinx, jusqu’à ce que l’homme blanc le redécouvre pour nous. Nous ne sommes que des versions frelatées, métissées, corrompues de ce que nous sommes « vraiment », et l’homme blanc est encore aujourd’hui le maton de cette essence.
1955-2018 : D’un Bandung à l’autre l’urgence de faire front.
Avec Angela Davis, Aminata Traoré, Fred Hampton Jr, Mountadhar Al Zaidi et Elie Domota, sous le parrainage de Mumia Abu Jamal et Léonard Peltier, une conférence internationale, dite Bandung du Nord, accueillera des délégations d’activistes issus des immigrations postcoloniales de tous les pays occidentaux, du 4 au 6 mai, à la Bourse du Travail de Saint-Denis.
1955. En présence de Nasser, Soekarno, Zhu Enlai, Nehru, N’Krumah…, 29 pays d’Afrique et d’Asie tiennent la première conférence internationale des pays nouvellement décolonisés. Auto-baptisé « non-aligné », « ce tiers-monde ignoré, exploité, méprisé » veut peser dans les affaires du monde. Au-delà du bilan contestable et contesté de leur évolution, ces pays ont inauguré, dans l’après-guerre, un moment fondateur : celui d’un Sud qui s’organise contre le colonialisme, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes contre l’impérialisme, en dehors de l’affrontement bloc contre bloc (Etats-Unis/Urss) qui domine cette période.