La mémoire volée : réponse à Jean-Pierre Filiu

Accuser Husseini de la Nakba et le Hamas de la destruction de Gaza, comme le fait Jean-Pierre Filiu, c’est effacer l’essentiel: la Nakba comme le génocide à Gaza ne sont pas l’œuvre des Palestiniens, mais l’aboutissement d’un projet colonial européen. Depuis un siècle, l’Europe trace les cartes, arme Israël, fabrique l’exil palestinien et exige des victimes qu’elles se déclarent coupables.

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De la mer aux campus : la Palestine nous libère ! Nouvelles depuis le Royaume de Belgique.

Le campus de l’Université libre de Bruxelles est à nouveau secoué par les mouvements de solidarité pour la Palestine et contre le génocide à Gaza1. La Faculté de droit et de criminologie, a décidé, à la suite d’un vote, de nommer sa promotion Rima Hassan. Ce choix n’a pas laissé indifférente la classe politique et institutionnelle, de l’extrême droite à ce qu’on pourrait encore appeler le centre-gauche, révélant une fois de plus le continuum réactionnaire omniprésent depuis trois ans. Car il faut le dire clairement : la Belgique est un État complice du génocide à Gaza. Ses accords militaires, sécuritaires et économiques avec Israël — qu’il s’agisse des contrats d’armement, de la coopération policière ou de la technologie sécuritaire — nourrissent directement l’occupation et le massacre. Ce n’est pas une complicité abstraite : c’est une complicité matérielle, inscrite dans les décisions des gouvernements successifs, dans le silence complice des partis, et dans les institutions universitaires elles-mêmes, liées à des entreprises actives dans la colonisation.

C’est là que se révèle la réalité du racisme d’État et de la suprématie blanche institutionnelle qui structurent la société belge : des universités aux rédactions, des tribunaux aux parlements. Le débat autour du nom de la promotion Rima Hassan agit comme un miroir grossissant de ce système. Quoi qu’en disent celles et ceux qui aboient avec les maîtres — de la presse nationale aux profils Facebook de personnalités médiatiques — ce choix fait événement et illustre encore une fois « ce que la Palestine nous fait ».

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Le devoir de solidarité implique une lutte pour l’annulation intégrale de la dette du Tiers Monde

Mise en perspective des relations Nord/Sud — Les fondements d’une solidarité entre citoyen-ne-s

par Ernest Mandel

Nous publions une interview d’Ernest Mandel (1923-1995), militant marxiste, connu notamment pour ses travaux économiques et pour ses analyses politiques. Ernest Mandel a soutenu dès le départ la création du CADTM et a participé comme conférencier aux premiers grands rassemblements internationaux organisés par celui-ci à Bruxelles en 1991 (aux côtés de Hugo Blanco, Susan George, René Dumont et Gilles Perrault) et en 1993 (aux côtés d’Abraham Serfaty, Susan George, Nawaal El Saadawi et Michel Chossudovsky). L’interview qui date de 1991 se termine par la nécessité d’agir pour l’annulation de la dette du Tiers Monde et pour l’émancipation des peuples du Sud. Dans cette contribution, Ernest Mandel met en perspective historique les relations Nord Sud en utilisant la grille d’analyse marxiste, il en vient à la question des mécanismes de drainage des richesses du Sud vers le Nord (le remboursement de la dette du Tiers Monde comme l’échange inégal) et argumente en faveur de la solidarité entre travailleurs du Sud et du Nord. L’énorme intérêt de l’apport d’Ernest Mandel au travers de ce texte est la mise en évidence du cadre historique global dans lequel s’insèrent des combats comme celui de l’annulation de la dette du Tiers Monde.

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66 519 décès recensés – Liste UNITED des décès de réfugiés en 2025

L’ONG UNITED for Intercultural Action publie l’édition 2025 de la Liste des décès de réfugiés, recensant 66 519 morts depuis 1993.

Ces morts ne sont pas des « accidents » de parcours, ni de simples « tragédies ». Elles sont le produit direct d’une politique européenne qui a choisi la mort comme instrument de gouvernement : militarisation des frontières, externalisation des contrôles, accords cyniques avec des régimes autoritaires pour bloquer les routes migratoires. L’Union européenne et ses États membres portent une responsabilité criminelle : chaque nom inscrit dans cette liste est une accusation contre l’Europe forteresse.

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Sara R. Farris : le fémonationalisme, une idéologie sexiste et raciste au nom des femmes

Le 1er avril 2025, Enflammé.e.s s’est entretenu avec Sara R. Farris, sociologue, maîtresse de conférences à Goldsmiths (Université de Londres), spécialiste des migrations, du genre et de l’économie politique du care. Ses recherches portent notamment sur le rôle central des travailleuses migrantes dans les économies de la reproduction sociale, la racialisation du sexisme et la financiarisation du secteur du soin.

Elle est l’autrice de In the Name of Women’s Rights. The Rise of Femonationalism (Duke University Press, 2017), traduit en français sous le titre Au nom des femmes. « Fémonationalisme » : les instrumentalisations racistes du féminisme (Éditions Syllepse, 2021), un ouvrage qui a largement contribué à diffuser le concept de fémonationalisme. Celui-ci désigne l’instrumentalisation de la cause des femmes par des partis nationalistes, xénophobes ou néolibéraux, à des fins anti-immigration et islamophobes.

Dans cet entretien, elle revient sur la banalisation de ce phénomène, ses racines économiques, ses prolongements racistes, et les ambiguïtés croissantes autour d’un féminisme désormais mobilisé par l’extrême droite. Une analyse cruciale, alors que Marine Le Pen a été condamnée la veille à de la prison ferme et à cinq ans d’inéligibilité, et que la droite radicale se recompose à l’approche de l’élection présidentielle de 2027.

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26 ans après la tragédie de Yaguine et Fodé

Il y a exactement 26 ans jour pour jour, le 2 août 1999, les corps sans vie de deux adolescents guinéens étaient découverts dans le train d’atterrissage d’un avion Sabena à l’aéroport de Bruxelles. Yaguine Koita, 15 ans, et Fodé Tounkara, 14 ans, avaient trouvé la mort par hypothermie après s’être cachés clandestinement dans le compartiment de l’appareil à l’aéroport de Conakry, portés par un rêve fou : étudier en Europe pour échapper à la misère et revenir aider leurs compatriotes.

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1936 – 1938 : CES ARABES, HÉROS PERDUS DE LA GUERRE D’ESPAGNE

Portraits de combattants républicains
qui ont souffert du racisme de leur propre camp

Même si les historiens ont préféré insister sur les Maures qui ont servi Franco, des centaines de volontaires arabes ont combattu aux côtés des républicains espagnols entre 1936 et 1938. On a commencé à le dire à Lausanne, lors d’un colloque consacré aux Brigades internationales [1].

Ce dossier, Abdelatif Ben Salem, sociologue de formation, Tunisien hispanophile, Parisien passionné d’histoire, le connaît bien. Voila des années qu’il est sur les traces de ces combattants inconnus. Et qu’il est certain que Said Mohamed, l’ouvrier anar de l banlieue parisienne devenu le responsable politique des étrangers de la colo,,e Durruti, n’tait pas le seul Arabe à se battre aux côtés des antifranquistes.

Dans une première intervention sur ce sujet à Valence en 1988, il a montré que de nombreux Algériens et Tunisiens et que des Palestiniens avaient rejoint les Brigades internationales. Ils l’avaient fait, parfois, pour prouver que contrairement à ce que proclamait la propagande républicaine, les Arabes n’étaient pas tous des fascistes. Et parfois par devoir militant.

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Kimpa Vita, une femme prophétique

Aujourd’hui encore, elle est considérée comme l’une des premières révolutionnaires anticoloniales d’Afrique. Après avoir lu l’histoire de Kimpa Vita, vous n’oublierez jamais son nom, son engagement envers son peuple et son courage sans faille.

Kimpa Vita n’était qu’une adolescente lorsqu’elle a commencé à défier les pouvoirs qui dirigeaient son monde.

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Patrice Émery Lumumba (1925-1961) : Honneur et Respect

Patrice Emery Lumumba (né le 2 juillet 1925) aura été une étoile filante dans le ciel  de l’Afrique à peine indépendante. Élu Premier ministre en 1960, destitué quatre mois plus tard, il est assassiné le 17 janvier 1961, suite à un complot mêlant la puissance coloniale belge, la CIA et les services secrets français. Ce que toutes ces puissances ne lui pardonnaient pas, c’était de vouloir rompre avec le colonialisme qui, au Congo, fut particulièrement féroce. Patrice Lumumba a scellé son destin le jour même de l’Indépendance, par son discours, non prévu. En disant la vérité du colonialisme, il se condamnait à mort.

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