#Magdebourg : une hiérarchie sécuritaire au service de l’ordre colonial

L’attentat de Magdebourg met en lumière une constante : l’extrême droite agit librement jusqu’à ce qu’elle franchisse une ligne rouge définie par l’État.Tant que ses membres ne s’attaquent pas directement aux intérêts de ce dernier ou qu’ils n’invoquent pas « Allah » pour justifier leurs actes, leur violence est tolérée, minimisée, et souvent invisibilisée. Cela révèle une vérité crue : dans les démocraties occidentales, le seul « danger légitime » est celui qui peut être rattaché à l’islam.

L’obsession sécuritaire islamophobe.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, la grille de lecture sécuritaire de l’Occident est islamocentrée. Peu importe que des rapports officiels montrent que les violences d’extrême droite surpassent largement celles attribuées à l’islamisme radical. Peu importe que ces violences soient directement responsables de la mort de milliers de personnes, en particulier des minorités racialisées. L’islamophobie d’État impose son agenda : toute menace doit passer par la figure du musulman pour devenir une priorité politique.

Ce phénomène n’est pas le fruit du hasard : il est le prolongement direct des logiques coloniales. L’ennemi intérieur, ici le musulman, est construit comme une altérité radicale à laquelle il faut imposer un ordre : celui de la suprématie blanche et de la domination impérialiste. Pendant ce temps, les extrémistes de droite, bien souvent intégrés aux structures mêmes de l’État (forces de police, armée, justice), prospèrent dans l’ombre.

Un État complice et un silence assourdissant.

À Magdebourg, comme ailleurs, la menace d’extrême droite n’est pas ignorée par maladresse : elle est activement tolérée. Cette tolérance n’est pas innocente : elle révèle que ces violences ne sont pas perçues comme une rupture avec l’ordre dominant, mais comme un prolongement de celui-ci. L’extrême droite, avec ses discours xénophobes et racistes, ne fait qu’appuyer les politiques déjà en place : celles qui criminalisent les migrants, stigmatisent les musulmans, et défendent l’Europe forteresse.

L’islamisme radical est construit comme une menace existentielle, car il est un prétexte. Un prétexte pour justifier la militarisation de nos sociétés, l’érosion des libertés publiques, et la légitimation des interventions impérialistes dans le Sud global. C’est cette obsession qui permet de détourner le regard de l’essentiel : les violences systémiques qui tuent, qu’elles soient policières, judiciaires, ou économiques.

L’extrême droite : un outil de l’ordre colonial.

L’extrême droite n’est pas l’antithèse des États occidentaux : elle en est une excroissance. En Belgique, le Vlaams Belang gagne du terrain, mais ses idées ne sont que la version décomplexée de ce que les partis traditionnels appliquent depuis des décennies. Ce ne sont pas les groupuscules néonazis isolés qui posent problème, mais l’ordre institutionnel qui leur permet d’exister : un ordre raciste, islamophobe, et profondément inégalitaire.
Lorsque des attentats comme celui de Magdebourg surviennent, il est crucial de se poser la question suivante : qui bénéficie réellement de cette violence ? Elle sert avant tout à justifier un système qui persécute les populations musulmanes, tout en renforçant les appareils répressifs. Pendant ce temps, les gouvernements restent silencieux face aux crimes de leurs alliés : Israël, en Palestine, ou les dictatures soutenues par l’Europe et les États-Unis.

Antisionisme et solidarité décoloniale.

Cette affaire montre aussi comment les priorités sécuritaires des États occidentaux s’inscrivent dans un projet global. Le silence face aux violences d’extrême droite contraste avec la criminalisation systématique des militants pro-palestiniens ou antisionistes. L’État, complice du colonialisme israélien, mobilise son arsenal juridique et policier non pas contre la haine, mais contre ceux qui la dénoncent.
La lutte contre l’islamisme radical devient ainsi un écran de fumée : elle sert à légitimer un ordre impérialiste dans lequel Israël joue un rôle central. Les Palestiniens ne sont pas seulement colonisés par Israël : ils sont abandonnés par des États européens qui préfèrent soutenir un projet sioniste, pourtant porteur des mêmes logiques racistes que celles qui animent l’extrême droite européenne.

Quelle réponse ?

Face à cette hiérarchie sécuritaire, une répondre antiraciste, et décoloniale s’impose. Cela implique de reconnaître que :

– L’extrême droite n’est pas un « dérapage », mais un élément structurel de nos sociétés racistes.
– L’islamophobie d’État est une arme de division, utilisée pour fragmenter les luttes populaires.
– Le soutien à la Palestine n’est pas une option, mais une nécessité pour toute lutte anticoloniale cohérente.
Pour contrer cet ordre oppressif, plusieurs axes de résistance sont nécessaires :
Démanteler l’islamophobie d’État : Cela implique de combattre la criminalisation des musulmans et de rejeter l’idée que l’islamisme radical est la seule ou la principale menace à la sécurité européenne.

Nommer et combattre la suprématie blanche : L’extrême droite n’est pas une déviance : elle est un symptôme d’un système politique fondé sur l’inégalité raciale. Les institutions doivent être purgées de leurs complicités avec ces idéologies.

Solidarité radicale avec la Palestine : Le soutien à la résistance palestinienne n’est pas une simple question de géopolitique : c’est un acte anticolonial fondamental. La lutte contre le sionisme doit s’inscrire dans une critique plus large de l’impérialisme et des violences raciales.

Construire des coalitions décoloniales transnationales : Les luttes locales doivent s’articuler avec celles des peuples opprimés à travers le monde. Il s’agit de dépasser les frontières et de reconnaître l’interconnexion des systèmes d’oppression.

Décoloniser la sécurité pour libérer les peuples

Le cas de Magdebourg illustre un paradigme où la sécurité n’est pas un droit universel, mais un privilège réservé aux groupes dominants. Les États européens ne protègent pas leurs populations : ils protègent un système d’oppression raciale et impérialiste. Décoloniser la sécurité, c’est rejeter cette logique et construire des sociétés où la justice sociale, l’égalité raciale et l’autodétermination des peuples priment sur les logiques de domination.

Il est temps de sortir de ce paradigme sécuritaire qui divise pour mieux régner. Nos luttes doivent être solidaires, transnationales, et anticoloniales. À Magdebourg, comme à Gaza ou à Bruxelles, la vraie menace n’est pas celle des opprimés qui résistent, mais celle d’un système qui écrase, divise et tue au nom de la « civilisation ».

Nordine Saïdi
Bruxelles Panthères
« La liberté, la justice et l'égalité, par tous les moyens nécessaires ! » Malcolm X

Mouvement Citoyen Palestine
« L'égalité ou rien » Edward Said
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