Histoire de la politique étrangère du Hamas

Par Christophe Oberlin

Mouvement de libération nationale créé en 1987, puis transformé en parti politique, vainqueur des élections législatives palestiniennes de 2006, le Hamas s’impose aujourd’hui comme l’une des principales forces politiques palestiniennes.

Méconnu, critiqué, caricaturé à l’extrême dans les pays occidentaux, le mouvement a compris très tôt que la reconnaissance de sa légitimité et de sa crédibilité passait par une acceptation de la part de la communauté internationale.

Ce livre, le plus complet à ce jour, évalue les principes fondateurs du mouvement dans l’établissement de ses relations internationales. Il décrit son évolution, succès et échecs, ainsi que l’impact global de sa politique extérieure sur le mouvement national palestinien. Un texte de référence pour les universitaires, responsables politiques, et aussi tout lecteur portant attention au peuple palestinien.

« Ce livre démonte avec brio les représentations biaisées du Hamas dans les pays occidentaux. Une lecture éclairante pour quiconque recherche une présentation honnête de cet important mouvement palestinien. » Ilan Pappe, College of Social Sciences & International Studies, Université d’Exeter

Préface

Pour beaucoup, le Hamas est un groupement palestinien politico- religieux classé sur la liste des organisations terroristes. Ceux qui en savent davantage se souviennent confusément d’élections palestiniennes anciennes suivies d’une sorte de coup d’Etat divisant les « territoires palestiniens » en deux : la Cisjordanie dirigée « légalement » par l’Autorité Palestinienne, et la Bande de Gaza « dirigée d’une main de fer par le mouvement islamiste ».

 

 

Cette dernière formule étant même retrouvée dans certains travaux de recherche en Sciences Politiques.

Peu savent que le Hamas, tout en développant une stratégie de participation aux processus électoraux selon le même schéma que celui des démocraties libérales occidentales, a cherché dès sa création en 1987 et jusqu’aujourd’hui à développer un réseau de relations internationales. Le livre de Daud Abdullah intitulé « The Making of Hamas’s foreign policy » [1] , riche de près de 600 références bibliographiques, et appuyé sur une série impressionnante de récits par les acteurs eux-mêmes du mouvement, démontre la constance et la cohérence de cette politique étrangères.

Point de « tournant à 180° », mais une adaptation réaliste aux événements intercurrents. Comme l’impact de l’occupation du Koweït par l’Irak de Saddam Hussein alors que le Hamas − qui s’en souvient − et à l’inverse d’Arafat, condamna l’invasion ; la déportation à Marj el Zohour au Liban qui, loin d’étouffer le mouvement, lui permis d’accéder à la notoriété internationale.

Des récits séparés particulièrement intéressants sont consacrés aux rapports du Hamas avec des pays comme la Chine, la Russie, l’Afrique du Sud, l’Inde ou le Brésil. Des relations basées sur cinq principes : indépendance, non ingérance, consensus, évitement des conflits, limitation de la résistance armée à la Palestine du mandat britannique.

Le livre de Daud Abdullah est certainement le plus solide des livres consacrés à la politique étrangère du Hamas, en anglais comme en français. Mis à part l’ouvrage de Aude Signoles [2], concis et sans parti pris, mais déjà ancien, les autres livres ou articles longs publiés en français restent marqués par l’idéologie. Des livres à charge, utilisant un vocabulaire volontiers méprisant à l’égard d’un mouvement qui représente pourtant la moitié de l’électorat palestinien. Un poids électoral qui inquiète Israël et ses amis occidentaux.

Il est regrettable que les publications françaises, sur lesquelles s’appuient volontiers médias et décideurs politiques, restent marquées par certaines idées préconçues, et farouchement attachées à une vision restrictive et erronée de la laïcité à la française.

Daud Abdullah, par le sérieux de ses références et analyses, présente ici le résultat d’un remarquable travail de chercheur, tout en estimant son sujet. Il va jusqu’à comparer le pragmatisme britannique… à celui du Hamas !

On aimerait que la classe politique en tire leçon et cesse de prendre pour cible les sociétés musulmanes, y compris dans notre pays.

Notes :

[1] Daud Abdullah (2020) Engaging the world – The Making of Hamas’s Foreign Policy, Afro-Middle East Centre (AMEC) PO Box 411494, Craighall 2024, Johannesburg, South Africa, 246 p
[2] Le Hamas au pouvoir, et après ? Aude Signoles , Milan Actu 2006, 112 p

Histoire de la politique étrangère du Hamas
Daud Abdallah
Traduit et préfacé par Christophe Oberlin
Editeur: Erick Bonnier
EAN: 978 236 760 2813
Prix: 22 euros

L’élaboration de la politique étrangère du mouvement Hamas – un ouvrage du Dr Daud Abdullah

‘Engaging the World: The Making of Hamas’s Foreign Policy’ par Daud Abdullah – Photo: via MEMO

Par Romana Rubeo, Ramzy Baroud

Le 4 février, des représentants du mouvement palestinien Hamas, se sont rendus à Moscou pour informer le gouvernement russe des derniers développements sur les pourparlers d’unité entre le mouvement islamique et ses homologues palestiniens, en particulier le Fatah.

Ce n’était pas la première fois que des responsables du Hamas se rendaient à Moscou pour des missions similaires. En fait, Moscou continue de représenter une référence politique important pour le Hamas, volontairement isolé par les soutiens occidentaux d’Israël. Plusieurs gouvernements arabes sont également impliqués dans ce déni, et ils ont sans aucun doute, fait très peu pour briser le siège israélien sur Gaza.

La proximité Russie-Hamas porte déjà ses fruits. Le 17 février, des expéditions du vaccin russe COVID-19, Spoutnik V, sont arrivées à Gaza via Israël, témoignage de cette relation qui se renforce.

Alors que la Russie seule ne peut pas provoquer un changement de paradigme complet dans le cas de la Palestine, le Hamas estime qu’une alternative russe au soutien aveugle et inconditionnel des États-Unis à Israël est possible, sinon urgente.

Récemment, nous avons interviewé le Dr Daud Abdullah, l’auteur de Engaging the World: The Making of Hamas’s Foreign Policy, et M. Na’eem Jeenah, directeur de l’Afro-Middle East Centre à Johannesburg, qui a publié le livre du Dr Abdullah.

Pour passer commande de l’ouvrage, cliquez ici.

L’ouvrage d’Abdullah sur le Hamas est une lecture incontournable, car il offre une vision unique du Hamas, affranchissant le débat sur le Mouvement [de la résistance islamique] du carcan de la perception des médias occidentaux qui traitent le Hamas comme une organisation terroriste, ainsi que des questions reconventionnelles. Dans ce livre, le Hamas est considéré comme un acteur politique, dont la résistance armée n’est qu’une des composantes d’une stratégie complexe et de grande envergure.

Pourquoi la Russie ?

Alors que Moscou continue de consolider sa présence dans la région en se présentant comme un partenaire politique et, par rapport aux États-Unis, un médiateur plus équilibré entre Israël et les Palestiniens, le Hamas voit le rôle croissant de la Russie comme une occasion rare de sortir de l’isolement imposé par les États-Unis et Israël.

«La Russie était membre du Quatuor qui a été créé en 2003 mais, bien sûr, en tant que membre du Conseil de sécurité (des Nations Unies), elle a toujours eu la capacité d’alimenter le discours sur la Palestine», a déclaré Abdullah, ajoutant que à la lumière de «la disparition progressive de l’influence américaine, la Russie s’est rendu compte qu’il y avait un vide naissant dans la région, en particulier après les soulèvements (arabes)».

«En ce qui concerne le Hamas et la Russie, la relation a décollé après les élections (palestiniennes) de 2006, mais ce n’était pas à l’initiative du Hamas; c’était (le président russe Vladimir) Poutine qui, lors d’une conférence de presse à Madrid après les élections, a déclaré qu’il était disposé à accueillir les dirigeants du Hamas à Moscou. Parce que la Russie cherche une place dans la région.»

La volonté du Hamas de s’engager avec les Russes a plus d’une raison, la principale étant que Moscou, contrairement aux États-Unis, a refusé de se conformer à la représentation israélienne du Mouvement. «La différence fondamentale entre la Russie et l’Amérique et la Chine… est que les Russes et les Chinois ne voient pas le Hamas comme une ‘organisation terroriste ‘; ils ne l’ont jamais fait, contrairement aux Américains, et cela leur a donc permis de s’engager ouvertement avec le Hamas», a écrit Abdullah.

Entre “objectifs stratégiques et flexibilité tactique”

Dans son livre, Abdullah écrit sur les accords d’Oslo de 1993, qui ont représenté un moment décisif, non seulement pour le Hamas mais aussi pour toute la lutte de libération palestinienne. Le passage à un «processus de paix» dirigé par les États-Unis a contraint le Hamas à maintenir un équilibre délicat «entre les objectifs stratégiques et la flexibilité tactique».

Abdullah a écrit :

“Le Hamas considère les relations extérieures comme une partie intégrante et importante de son idéologie politique et de sa stratégie de libération. Peu après l’émergence du Mouvement, des politiques étrangères ont été élaborées pour aider ses dirigeants et ses membres à dépasser cette tension entre idéalisme et réalisme. Ce pragmatisme est évident dans le fait que le Hamas a pu établir des relations avec les régimes de Mouammar Kadhafi en Libye et de Bachar al-Assad en Syrie, tous deux farouchement opposés aux Frères musulmans.”

Et il a ensuite développé, à l’occasion de notre entretien :

“D’emblée, le Hamas a adopté certains principes concernant ses relations internationales, puis ensuite dans la définition d’une politique étrangère. Parmi ceux-ci se trouvent le maintien de son indépendance de décision, le non-alignement dans des blocs conflictuels, le refus de l’ingérence dans les affaires d’autres États.”

M. Jeenah, écrivain, a également parlé de cet «équilibre délicat».

«C’est un équilibre délicat et difficile à maintenir car, à ce stade, lorsque les mouvements sont considérés et se considèrent comme des mouvements de libération, ils doivent avoir des normes morales et éthiques plus élevées que, par exemple, les gouvernements», a déclaré Jeenah.

«De fait, nous nous attendons à ce que les gouvernements fassent des choix difficiles mais, avec les mouvements de libération, ce n’est pas le cas, car ils sont tous axés sur l’idéalisme et la création d’une société idéale, etc…»

Pour illustrer son propos, Jeenah se réfère à la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud qui, à bien des égards, est comparable à la lutte palestinienne pour la liberté :

“Lorsque le mouvement de libération en Afrique du Sud s’est retrouvé en exil, ils ont adopté une position similaire. Alors que certains d’entre eux pouvaient avoir une allégeance particulière à l’Union soviétique ou à la Chine, d’autres avaient également de fortes relations dans les pays européens, qu’ils considéraient comme faisant partie du plus grand empire. Néanmoins, ils avaient la liberté d’y opérer. Certains d’entre eux ont opéré dans des pays africains où il y avait des dictatures, et ils ont obtenu la protection de ces États.”

Le Hamas et la question de l’unité nationale

Dans son livre, qui assurément sera une lecture de référence sur le sujet, Abdallah énumère six principes qui guident l’agenda politique du Hamas. L’un de ces principes directeurs est la «recherche d’un terrain d’entente».

En abordant la question du factionnalisme palestinien, nous avons soutenu que, bien que le Fatah n’ait pas réussi à créer une plate-forme commune et théoriquement démocratique permettant aux Palestiniens d’interagir politiquement, le Hamas ne peut être totalement irréprochable. Si tel était pourtant le cas, peut-on alors affirmer que le Hamas a réussi dans sa recherche d’un terrain d’entente si difficile à trouver ?

Abdullah répond :

“Permettez-moi de commencer par ce qui s’est passé après les élections de 2006. Bien que le Hamas ait gagné de manière incontestable et qu’il aurait pu former un gouvernement, il a décidé d’opter pour un gouvernement d’unité nationale. Ils ont offert à (le président de l’Autorité palestinienne) Mahmoud Abbas et au (son parti) Fatah de se joindre à un gouvernement d’unité nationale. Ils ne voulaient pas gouverner par eux-mêmes. Et cela, pour moi, est emblématique de leur vision, de leur engagement en faveur de l’unité nationale.”

Mais la question de l’unité nationale, aussi désirée et urgente soit-elle, ne dépend pas que des Palestiniens.

“L’OLP est l’organisation qui a signé les accords d’Oslo», a déclaré Abdullah, «et je pense que c’est l’une des faiblesses du Hamas : alors qu’il veut l’unité nationale et une réforme de l’OLP, le fait est Israël et l’Occident feront tout pour interdire au Hamas de faire partie de l’OLP, car ce serait la fin d’Oslo.”

Des élections sous occupation militaire

Le 15 janvier, Abbas a signé un décret officiel pour la tenue d’élections palestiniennes, d’abord présidentielles, puis législatives, puis des élections au sein du Conseil national palestinien (PNC) de l’OLP, qui a toujours servi de parlement palestinien en exil. La première phase de ces élections est prévue le 22 mai.

Mais cela résoudra-t-il le problème endémique de la représentation politique palestinienne ? De plus, est-ce la véritable évolution historique des mouvements de libération nationale – la démocratie sous occupation militaire, suivie de la libération, au lieu de l’inverse ?

Jeenah a parlé de cette dichotomie: «D’une part, les élections sont l’occasion pour les Palestiniens d’exprimer leurs choix. D’un autre côté, qu’est-ce que l’élection vraiment ? Nous ne parlons pas d’élections démocratiques pour l’État, mais pour une autorité bantoustan, avec plus de restrictions que sous l’autorité sud-africaine.»

De plus, la «puissance occupante israélienne» ne commettra pas l’erreur qu’elle a commise la dernière fois. Elle ne permettra pas une telle liberté où Hamas avait remporté les élections. Je ne pense pas qu’Israël le permettra maintenant.»

Pourtant, il y a une lueur d’espoir dans ce scénario peu prometteur. Selon Jeenah, «je pense que la seule différence que cette élection pourrait faire est de permettre une sorte de réconciliation entre Gaza et la Cisjordanie.”

Le Hamas, la CPI et les crimes de guerre

Ensuite, il y a la question importante de l’enquête à venir sur les crimes de guerre, par la Cour pénale internationale (CPI). Pourtant, lorsque la CPI a accepté d’examiner les allégations de crimes de guerre en Palestine, il est probable que non seulement les présumés criminels de guerre israéliens fassent l’objet d’une enquête, mais l’enquête pourrait également envisager l’interrogatoire des Palestiniens. Cela ne devrait-il pas concerner le moins du monde le Hamas ?

Dans les guerres israéliennes contre Gaza en 2008, 2012 et 2014, le Hamas, ainsi que d’autres groupes armés n’avaient d’autre choix que de «défendre la population civile», a déclaré Abdullah, soulignant que le «concept primordial» est que le Mouvement «croit dans le principe du droit international. »

Si le Hamas «peut restaurer les droits du peuple palestinien par des voies légales, alors ce sera beaucoup plus facile pour le Mouvement, plutôt que de devoir opter pour la lutte armée», a affirmé Abdullah.

Comprendre le Hamas

Sans aucun doute, il est crucial de comprendre le Hamas, non seulement dans le cadre du discours analytique sur la Palestine, mais dans le discours politique quotidien concernant la Palestine. Et en fait, dans toute la région. Le livre d’Abdullah est lui-même essentiel à cette compréhension.

Jeenah a fait valoir que le livre d’Abdullah n’était pas nécessairement un «texte d’introduction au mouvement Hamas. Il a un objectif particulier, qui est le développement de la politique étrangère du Hamas. L’importance de cela, en général, est d’abord qu’il n’existe pas de texte qui traite spécifiquement de la politique étrangère du Hamas. Ce que fait ce livre, c’est présenter le Hamas comme un véritable acteur politique.»

L’évolution du discours et du comportement politiques du Hamas depuis sa création, selon Jeenah, est «fascinante».

Beaucoup sont d’accord. Commentant le livre, un historien israélien de premier plan, le professeur Ilan Pappé, a écrit :

“Ce livre conteste avec succès la représentation erronée et courante du Hamas en Occident. C’est une lecture incontournable pour toute personne engagée dans la question de Palestine et intéressée par une introduction honnête à cet important mouvement palestinien.”

2 mars 2021 – RamzyBaroud.net – Traduction : Chronique de Palestine – Lotfallah

 

La Charte du mouvement Hamas : version française

Par Hamas

Résistance islamique – Un document sur les principes généraux et les politiques du mouvement Hamas

 

 

Au nom d’Allah, le Très Clément, le Très Miséricordieux,
Le mouvement de résistance islamique « Hamas »

 

Un document sur les principes essentiels et les politiques générales

Qu’Allah, le Seigneur de tous les mondes, soit loué ! Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur Mouhammad, le Maître des Messagers et le Chef des Moujahidins, sur sa famille et tous ses compagnons !

Préambule

La Palestine est la terre du peuple palestinien arabe ; il en est originaire, il ne fait qu’un avec elle, il lui appartient, et c’est à partir de cette appartenance qu’il communique avec le reste du monde.

La Palestine est une terre dont le statut a été renforcé par l’Islam, une foi qui la tient en haute estime, qui lui insuffle son esprit et ses valeurs, et qui pose les bases d’une doctrine qui a pour but de la défendre et de la protéger.

La Palestine est la Cause d’un peuple abandonné par une humanité qui ne respecte pas ses droits, un peuple qui veut qu’on lui rende ce qu’on lui a pris, qui veut voir ses droits garantis au lieu d’être violés, un peuple qui continue de subir sur sa terre l’une des pires espèces d’occupation du monde.

La Palestine est une terre dont on s’est emparé par la force pour mettre en œuvre un projet sioniste, raciste, inhumain et colonial fondé sur une promesse mensongère (la Déclaration Balfour), sur la reconnaissance de l’entité occupante, et sur le fait accompli.

La Palestine symbolise la résistance qui se poursuivra jusqu’à la libération complète, jusqu’à ce que tous les Palestiniens soient revenus y vivre et jusqu’à ce qu’un État vraiment souverain soit établi avec Jérusalem comme capitale.

La Palestine est ce qui fait des Palestiniens de toutes affiliations de véritables partenaires dans la poursuite du sublime objectif de la libération.

La Palestine est l’esprit de la Oummah [la communauté des Croyants] et sa Cause centrale; c’est l’âme de l’humanité et sa conscience vivante.

Ce document est le fruit de délibérations approfondies qui ont abouti à un fort consensus. En tant que mouvement, nous approuvons la vision décrite dans les pages qui suivent, la théorie comme la pratique. C’est une vision qui repose sur des bases solides et sur des principes bien établis. Ce document décrit les objectifs, les étapes et la manière dont l’unité nationale peut se concrétiser. Il précise également notre compréhension commune de la Cause palestinienne, les principes d’action qui présideront à sa promotion, et le cadre de son interprétation.

Le mouvement

1. Le Mouvement de résistance islamique “Hamas” est un mouvement islamisme palestinien de libération nationale et de résistance. Son but est de libérer la Palestine et de s’opposer au projet sioniste. Son cadre de référence est l’Islam qui détermine ses principes, ses objectifs et ses moyens.

La terre de Palestine

2. La Palestine, qui s’étend de la Jordanie, à l’est, jusqu’à la Méditerranée, à l’ouest, et de Ras Al-Naqurah, au nord, jusqu’à Umm Al-Rashrash, au sud, est une unité territoriale indivisible. C’est la terre et la patrie du peuple palestinien. L’expulsion et le bannissement des Palestiniens de leur terre et l’établissement de l’entité sioniste à leur place n’anéantissent pas le droit du peuple palestinien à sa terre toute entière et ne donnent aucun droit à l’usurpateur sioniste.

3. La Palestine est une terre islamique arabe. C’est une terre sacrée et bénie qui a une place spéciale dans le cœur de chaque Arabe et de chaque Musulman.

Le peuple palestinien

4. Les Palestiniens sont les Arabes qui vivaient en Palestine jusqu’en 1947, indépendamment du fait qu’ils en aient été expulsés ou qu’ils y soient restés; et toute personne née d’un père arabe palestinien après cette date, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la Palestine, est un Palestinien.

5. L’identité palestinienne est authentique et éternelle; elle se transmet de génération en génération. Les catastrophes qui ont frappé le peuple palestinien du fait de l’occupation sioniste et de sa politique de déplacement de population, ne peuvent pas effacer l’identité du peuple Palestinien, ni la lui dénier. Un(e) Palestinien(e) ne perdra pas son identité ni ses droits nationaux en acquérant une deuxième nationalité.

6. Le peuple palestinien est un seul peuple. Il est composé de tous les Palestiniens, qu’ils vivent en Palestine ou ailleurs, indépendamment de leur religion, leur culture ou leur affiliation politique.

L’Islam et la Palestine

7. La Palestine est au cœur de la Oummah arabe et islamique et elle jouit d’un statut spécial. En Palestine, se trouve Jérusalem qui est bénie par Allah. La Palestine est la Terre Sainte, qu’Allah a bénie pour l’humanité. C’est le premier Qiblah des musulmans et la destination du voyage de nuit du Prophète Mouhammad, que la paix soit avec lui ! C’est là qu’il est monté au ciel. C’est le lieu de naissance de Jésus-Christ, la paix soit avec lui ! Son sol contient les ossements de milliers de Prophètes, de Compagnons et de Moujahidins. Jérusalem – et alentour – est un lieu où vivent et ont vécu des personnes déterminées à défendre la vérité, des personnes qui ne se laissent pas dissuader ou intimider par ceux qui s’opposent à eux ou qui les trahissent, des personnes qui poursuivront leur mission jusqu’à ce que la promesse d’Allah soit accomplie.

8. En vertu de sa voie équilibrée et modérée du juste milieu, l’Islam – pour le Hamas – offre un mode de vie complet et un ordre qui conviennent à toutes les époques et tous les lieux. L’Islam est une religion de paix et de tolérance. Il protège les adeptes des autres croyances et religions qui peuvent pratiquer leur foi en toute sécurité. Le Hamas croit également que la Palestine a toujours été et sera toujours un modèle de coexistence, de tolérance et d’innovation culturelle.

9. Le Hamas croit que le message de l’Islam prône des valeurs de vérité, justice, liberté et dignité, interdit toutes les formes d’injustice et criminalise les oppresseurs indépendamment de leur religion, race, sexe ou nationalité. L’islam est contre toute forme d’extrémisme religieux, ethnique ou sectaire et de fanatisme. C’est une religion qui prône la résistance à l’agression et le soutien des opprimés; elle les encourage à la générosité et à se sacrifier pour défendre leur dignité, leur terre, leur peuple et leurs lieux saints.

Jérusalem

10. Jérusalem est la capitale de la Palestine. Son statut religieux, historique et culturel est fondamental pour les Arabes, les Musulmans et le monde entier. Ses lieux saints islamiques et chrétiens appartiennent exclusivement au peuple palestinien et à la Oummah arabe et islamique. Aucune pierre de Jérusalem ne peut être cédée ou abandonnée. Les mesures prises par les occupants de Jérusalem, comme la judaïsation, la construction de colonies et les faits-accomplis, sont fondamentalement nulles et non avenues.

11. La sainte mosquée Al-Aqsa appartient exclusivement à notre peuple et à notre Oummah, et l’occupation n’a aucun droit sur elle. Les projets, mesures et tentatives de l’occupation pour judaïser Al-Aqsa et la diviser sont nuls, non avenus et illégitimes.

Les réfugiés et le droit au retour

12. La Cause palestinienne dans son essence est la Cause d’un pays occupé et d’un peuple chassé de sa terre. Le droit des réfugiés palestiniens et des Palestiniens déplacés à l‘intérieur du pays de revenir dans les maisons dont ils ont été chassés – ou où on les empêche de revenir – dans les terres occupées soit depuis 1948, soit depuis 1967 (c’est-à-dire dans la Palestine toute entière), est un droit naturel à la fois individuel et collectif. Ce droit est confirmé par toutes les lois divines, ainsi que par les principes fondamentaux des droits de l’homme et du droit international. C’est un droit inaliénable dont personne ne peut faire fi, qu’il soit palestinien, arabe ou international.

13. Le Hamas rejette toutes les tentatives visant à abolir les droits des réfugiés, y compris les tentatives de les installer en dehors de la Palestine à travers les projets de patrie alternative. L’indemnisation des réfugiés palestiniens pour le préjudice qu’ils ont subi du fait de leur bannissement et de l’occupation de leur terre est un droit aussi absolu que leur droit au retour. Ils doivent recevoir une compensation lors de leur retour et cela n’exclut, ni ne restreint, leur droit au retour.

Le projet sioniste

14. Le projet sioniste est un projet raciste, agressif, colonial et expansionniste basé sur l’appropriation violente de ce qui appartient à d’autres; c’est un projet hostile au peuple palestinien et à son aspiration à la liberté, à l’émancipation; un projet hostile au retour des Palestiniens sur leur terre et à leur autodétermination. L’entité israélienne est le terrain d’expérimentation du violent projet sioniste et sa base opérationnelle.

15. Le projet sioniste ne vise pas uniquement le peuple palestinien; c’est l’ennemi de la Oummah arabe et islamique dont il menace gravement la sécurité et les intérêts. Il est également hostile aux aspirations de la Oummah, à son unité, à sa renaissance et à sa libération, et a été la principale source de ses problèmes. Le projet sioniste représente également un grand danger pour la sécurité et la paix internationales et la stabilité de l’humanité toute entière.

16. Le Hamas affirme qu’il s’oppose au projet sioniste, et non pas aux Juifs en raison de leur religion. Le Hamas ne lutte pas contre les Juifs parce qu’ils sont juifs, mais il mène la lutte contre les sionistes qui occupent la Palestine. En réalité, ce sont les sionistes qui assimilent constamment le judaïsme et les Juifs à leur projet colonial et à leur entité illégale.

17. Le Hamas rejette la persécution de tout être humain ou mise en cause de ses droits nationaux, religieux ou communautaires. Le Hamas estime que le problème juif, l’antisémitisme et la persécution des Juifs sont des phénomènes fondamentalement liés à l’histoire européenne et non à l’histoire des Arabes et des Musulmans ou à leur héritage. Le mouvement sioniste, qui a pu avec l’aide des pouvoirs occidentaux occuper la Palestine, est la forme la plus dangereuse de l’occupation colonialiste qui a déjà disparu du reste du monde et doit disparaître de la Palestine.

La position par rapport à l’Occupation et les solutions politiques

18. Les éléments suivants sont considérés comme nuls et non avenus : la Déclaration de Balfour, le document du mandat britannique, la résolution des Nations Unies sur la partition de la Palestine, et toutes les résolutions et les mesures qui en découlent ou s’y apparentent. La création d’”Israël” est entièrement illégale et contrevient aux droits inaliénables du peuple palestinien et va contre sa volonté et la volonté de la Oummah; elle viole également les Droits de l’homme garantis par les conventions internationales, avec en première place le droit à l’autodétermination.

19. Il n’y aura aucune reconnaissance d’une légitimité de l’entité sioniste. Quelle que soit l’ampleur de l’occupation de la terre de Palestine, sont illégitimes la construction de colonies, la judaïsation ou la modification de ses caractéristiques ou falsification des faits. Jamais les droits ne disparaissent.

20. Le Hamas estime qu’aucune partie de la terre de Palestine ne devra faire l’objet de compromis ou de concessions, indépendamment des raisons, des circonstances et des pressions, et peu importe la durée de l’occupation. Le Hamas rejette toute alternative à la libération complète et achevée de la Palestine, du fleuve à la mer. Cependant, sans revenir sur son rejet de l’entité sioniste et sans renoncer à aucun droit palestinien, le Hamas considère la création d’un État palestinien entièrement souverain et indépendant, avec Jérusalem comme capitale, selon les limites du 4 juin 1967, avec le retour des réfugiés et des déplacés vers les maisons d’où ils ont été expulsés, comme une formule de consensus national.

21. Le Hamas affirme que les Accords d’Oslo et leurs additifs contreviennent au droit international en ce sens qu’ils génèrent des engagements qui violent les droits inaliénables du peuple palestinien. Par conséquent, le Mouvement rejette ces accords et tout ce qui en découle, avec parmi eux les obligations qui nuisent aux intérêts de notre peuple, en particulier la coordination sécuritaire (collaboration).

22. Le Hamas rejette tous les accords, initiatives et projets de règlement qui visent à saper la cause palestinienne et les droits de notre peuple palestinien. À cet égard, toute position, initiative ou programme politique ne doit en aucun cas violer ces droits, y contrevenir ou les contredire.

23. Le Hamas souligne que le viol des droits du peuple palestinien, le vol de ses terres et son bannissement de sa patrie ne peut pas être appelé paix. Les règlements conclus sur cette base ne conduiront pas à la paix. La résistance et le djihad pour la libération de la Palestine resteront un droit légitime, un devoir et un honneur pour tous les fils et les filles de notre peuple et de notre Oummah.

Résistance et Libération

24. La libération de la Palestine est le devoir du peuple palestinien en particulier et le devoir de la Oummah arabe et islamique en général. C’est aussi une obligation humanitaire telle que requise par les impératifs de la vérité et de la justice. Les agences travaillant pour la Palestine, qu’elles soient nationales, arabes, islamiques ou humanitaires, se complètent et agissent en harmonie, et non pas en conflit les unes avec les autres.

25. Résister à l’occupation avec tous les moyens et méthodes est un droit légitime garanti par les lois divines et par les normes et lois internationales. Au cœur de cela se trouve la résistance armée, qui est considérée comme le
choix stratégique pour la protection des principes et des droits du peuple palestinien.

26. Le Hamas rejette toute tentative de saper la résistance et ses armes. Il affirme également le droit de notre peuple de développer les moyens et outils de résistance. Gérer la résistance, en termes d’escalade ou désescalade, ou en termes de diversification des moyens et des méthodes, fait partie intégrante du processus de gestion du conflit et ne devrait pas se faire au détriment du principe de résistance.

Le système politique palestinien

27. Un véritable État palestinien est un État qui a été libéré. Il n’y a pas d’alternative à un État palestinien totalement souverain sur l’ensemble du territoire national et du sol palestinien, avec Jérusalem comme capitale.

28. Le Hamas croit et adhère à la gestion de ses relations palestiniennes sur la base du pluralisme, de la démocratie, du partenariat national, de l’acceptation de l’autre et du dialogue. L’objectif est de renforcer l’unité des rangs et l’action commune dans le but d’atteindre les objectifs nationaux et de répondre aux aspirations du peuple palestinien.

29. L’OLP [Organisation de Libération de la Palestine] est un cadre national pour le peuple palestinien à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine. Elle devrait donc être préservée, développée et reconstruite sur des bases démocratiques afin d’assurer la participation de toutes les composantes et forces du peuple palestinien, d’une manière qui garantisse les droits des Palestiniens.

30. Le Hamas souligne la nécessité de construire des institutions nationales palestiniennes sur des principes démocratiques solides, avec tout d’abord des élections libres et équitables. Une telle procédure devrait être fondée sur un
partenariat national et selon un programme et une stratégie clairs qui respectent les droits, y compris le droit à la résistance, et qui répondent aux aspirations du peuple palestinien.

31. Le Hamas affirme que le rôle de l’Autorité palestinienne devrait être de servir le peuple palestinien et protéger sa sécurité, ses droits et son projet national.

32. Le Hamas souligne la nécessité de maintenir l’indépendance de la prise de décision nationale palestinienne. Les forces extérieures ne devraient pas être autorisées à intervenir. Dans le même temps, le Hamas affirme la responsabilité des Arabes et des Musulmans et leur devoir et rôle dans la libération de la Palestine de l’occupation sioniste.

33. La société palestinienne est enrichie par ses personnes éminentes, ses personnalités, ses dignitaires, ses institutions de la société civile et ses jeunes, étudiants, syndicalistes et groupes de femmes qui travaillent ensemble pour la réalisation des droits nationaux et la construction sociale, poursuivent la résistance et la lutte pour la libération.

34. Le rôle des femmes palestiniennes est fondamental dans le processus de construction du présent et du futur, tout comme il l’a toujours été dans le processus historique palestinien. C’est un rôle central dans le projet de la résistance, de la libération et de la construction du système politique.

La Oummah arabe et islamique

35. Le Hamas croit que la question palestinienne est la cause centrale de la Oummah arabe et islamique.

36. Le Hamas croit en l’unité de la Oummah avec toute sa diversité et ses composantes, et est conscient de la nécessité d’éviter tout ce qui pourrait fragmenter la Oummah et saper son unité.

37. Le Hamas croit en la coopération avec tous les États qui soutiennent les droits du peuple palestinien. Il s’oppose à l’intervention dans les affaires intérieures de n’importe quel pays. Il refuse également d’être attiré dans des disputes et conflits qui existent entre différents pays. Le Hamas adopte la politique de l’ouverture aux différents États du monde, en particulier les États arabes et islamiques. Il s’efforce d’établir des relations équilibrées sur la base d’une combinaison d’une part des exigences de la cause palestinienne et des intérêts des Palestiniens, et d’autre part des intérêts de la Oummah, de sa renaissance et de sa sécurité.

L’aspect humanitaire et international

38. La question palestinienne est celle qui a des répercussions humanitaires et dimensions internationales majeures. Soutenir et appuyer cette Cause est une nécessité humanitaire et civilisationnelle et une question de vérité, justice et respect des valeurs humanitaires communes

39. D’un point de vue juridique et humanitaire, la libération de la Palestine est une action légitime, c’est un acte de légitime défense et l’expression du droit naturel de tous les peuples à l’autodétermination.

40. Dans ses relations avec les nations et les peuples du monde, le Hamas croit en les valeurs de la coopération, de la justice, de la liberté et du respect de la volonté des peuples.

41. Le Hamas se félicite des positions des États, des organisations et des institutions qui soutiennent les droits du peuple palestinien. Il salue les peuples libres du monde qui soutiennent la cause palestinienne. Dans le même
temps, il dénonce le soutien accordé par toute partie à l’entité sioniste ou les tentatives de couvrir ses crimes et agressions contre les Palestiniens, et il appelle à la poursuite des criminels de guerre sionistes.

42. Le Hamas rejette les tentatives d’imposer une hégémonie sur la Oummah arabe et islamique, tout comme il rejette les tentatives d’imposer une hégémonie sur le reste des nations et des peuples du monde. Le Hamas condamne également toute forme de colonialisme, d’occupation, de discrimination, d’oppression et d’agression dans le monde.

Mai 2017 – Hamas.ps – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet & Lotfallah

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