Au milieu de l’escalade de l’agression israélienne contre le peuple palestinien, 4450 Palestiniens sont privés de leur liberté dans les prisons de l’occupation israélienne.
Le 17 avril marque la Journée des prisonniers palestiniens, instaurée en 1974 par le Conseil national palestinien comme un tribut national pour honorer les milliers de prisonniers palestiniens retenus dans les prisons de l’occupation israélienne et pour soutenir leur droit légitime à la liberté. Cette Journée des prisonniers palestiniens coïncide avec une intensification de l’agression de l’occupation israélienne contre le peuple palestinien, alors que sont perpétrés de plus grands crimes systématiques et de plus grandes violations des droits humains. Le régime d’occupation israélien continue à détenir 4450 prisonniers palestiniens, dont 32 femmes, 160 enfants et 530 détenus administratifs sans inculpation ni procès.
Statistiques décrivant la réalité des prisonniers palestiniens
Depuis le début de 2022, les Forces d’occupation israéliennes (FOI) ont arrêté plus de 2140 Palestiniens, la majorité des arrestations ayant eu lieu dans les villes palestiniennes occupées de Jérusalem et de Jénine. Les arrestations se sont intensifiées en mars 2022 et avec le début du mois sacré de Ramadan, atteignant leur sommet le 15 avril, quand les FOI ont envahi la mosquée Al-Aqsa pendant la prière de l’aube et ont effectué des arrestations de masse arbitraires de plus de 450 Palestiniens, y compris beaucoup d’enfants.
De manière alarmante, l’échelle des attaques et des arrestations arbitraires à Jérusalem rappelle les attaques israéliennes qui ont précédé le Soulèvement de l’unité palestinienne de mai 2021, conduisant à l’extension des arrestations arbitraires et dees détentions de masse et à une violence aggravée contre le peuple palestinien dans toute la Palestine occupée.
Le nombre de prisonniers palestiniens malades a atteint plus de 600, dont 200 ont été diagnostiqués comme souffrant de maladies chroniques, incluant 22 prisonniers avec des cancers et des tumeurs à des degrés variés. Le plus dangereux de ces cas est celui de Nasser Abu Hamid, luttant contre un cancer des poumons, qui est dans un état critique.
Le nombre de martyrs parmi les prisonniers palestiniens a atteint 227, dont la mort de Sami Al-Amour due à une négligence médicale délibérée —un assassinat lent et cruel —en plus des centaines de prisonniers libérés qui sont morts des conséquences de malades contractées à l’intérieur de la prison. C’est le cas bien connu de Hussein Masalma, qui est mort peu après que les autorités d’occupation israéliennes ont ordonné sa libération après des années de négligence militaire des Services de prison israéliens (SPI). Le nombre de prisonniers palestiniens qui sont morts par négligence médicale délibérée a atteint 72 cas.
Dans le cadre de sa pratique systématique et cruel de nécro-politique, l’occupation israélienne continue de détenir les corps de huit prisonniers palestiniens qui sont morts pendant leur peine de prison, dont Anis Doula, dans la prison d’Ashkelon en 1980, Aziz Owisat en 2018 ; Fares Baroud, Nassar Taqtatqa, et Bassam Al-Sayeh, qui sont décédés en 2019, Sa’di Al-Gharabli, Kamal Abu Wa’r, en 2020 ; et plus récemment, Sami Al-Amour, en 2021.
Il reste 25 prisonniers palestiniens qui ont été arrêtés avant les Accords d’Oslo. Les plus vieux d’entre eux sont Karim Younis et Maher Younis, qui sont emprisonnés depuis 1983, et le prisonnier Nael Barghouthi, qui purge la période de détention la plus longue de l’histoire des prisonniers palestiniens, entrant dans sa 42e année dans les prisons de l’occupation israélienne. Nael Barghouthi a passé 34 années consécutives en prison avant d’être libéré dans un échange de prisonniers en 2011, puis d’être arrêté à nouveau en 2014.
Il y a actuellement huit députés du Conseil législatif palestinien emprisonnés par l’occupation israélienne, dont Marwan Al-Barghouthi et Ahmad Sa’adat. De plus, les autorités israéliennes d’occupation continuent de détenir 11 journalistes.
Les pratiques systématiques et les crimes les plus importants exécutés par l’occupation israélienne contre les prisonniers palestiniens
Isolement cellulaire
Cette année a vu une augmentation importante du nombre de prisonniers palestiniens placés à l’isolement, atteignant 29 prisonniers fin mars 2022, dont les six prisonniers re-capturés après l’évasion de la prison de Gilboa en 2021, ce qui constitue le pourcentage le plus élevé depuis 2012. Parmi les prisonniers placés à l’isolement sont des prisonniers qui souffrent de sévères problèmes de santé psychologique dus aux mauvais traitements systématiques et à la torture physique et psychologique dont ils ont souffert pendant des années. Celui des prisonniers qui a été placé le plus longtemps à l’isolement est Muhammad Khaleel de Al-Mazra’a Al-Gharbiyeh, Ramallah, qui a passé plus de 15 ans à l’isolement.
La politique de l’isolement cellulaire est l’une des pratiques systématiques les plus dangereuses, une pratique qui vise à bousculer les structures sociales et organisationnelles, le prisonnier étant détenu dans une cellule qui manque des conditions minimales pour la vie humaine, étant interdit de visites familiales, dépouillé de tous ses biens, et autorisé seulement à aller dans la cour de la prison enchaîné et seul. Les autorités d’occupation israélienne ont utilisé historiquement l’isolement contre les leaders du mouvement des prisonniers palestiniens, en particulier grâce à des ordonnances des renseignements israéliens. Le cas le plus connu d’isolement cellulaire est celui de Mahmoud Issa, qui a été détenu à l’isolement pendant plus de 13 ans à titre de mesure punitive contre la communauté globale des prisonniers palestiniens.
Punition collective
L’évasion de la prison de Gilboa en 2021 a été une étape importante, sympboliquement et pratiquement, dans le défi au régime d’occupation israélien et à l’institution carcérale. En représailles, le SPI a imposé une série de sanctions aux six prisonniers échappés (Mahmoud et Muhammad Al-Ardah, Zakaria Al-Zubaidi, Yacob Qadri, Ayham Kammaji, et Munadil Infaat), les soumettant à la violence physique et à des conditions nuisibles, visant à les isoler du monde extérieur complètement. Les autorités israéliennes d’occupation continuent à les sanctionner, même si leur tentative de se libérer ne constitue pas une violation des dispositions de la Loi humanitaire internationale.
Les autorités israéliennes d’occupation et le SPI ont mis en oeuvre une série de sanctions collectives illégales imposées à tous les prisonniers palestiniens après l’évasion de Gilboa, incluant, inter alia, le confinement de toutes les sections de la prison et la fermeture des cantines de prisons ; la fermeture complète de la prison de Gilboa et le transfert forcé de plus de 350 prisonniers palestiniens à des lieux inconnus dans les diverses prisons israéliennes ; de vastes transferts des prisonniers palestiniens associés avec le mouvement du Jihad islamique et l’isolement cellulaire de leaders politiques de premier plan ; et des raids violents par les forces spéciales israéliennes contre les prisonniers palestiniens dans de nombreuses prisons, dont le plus important était à la prison du Néguev.
Après cela, le Mouvement des prisonniers palestiniens a formé un « Comité national d’urgence », représentant chaque faction politique, dont le but était de coordonner entre les factions l’action collective et les décisions à prendre. Ils ont instauré un vaste programme de désobéissance et de résistance pour protester contre les violations les plus flagrantes commises par le SPI. Ce mouvement a augmenté, puis diminué, au cours des derniers mois, atteignant un pic au début de février 2022, quand le SPI a imposé une série de restrictions arbitraires pour limiter l’accès des prisonniers à la cour des prisonniers et le transfert forcé de tous les prisonniers palestiniens de sorte qu’aucun prisonnier ne reste plus de six mois dans la même cellule, dans la même section, ou même dans la même prison. Cela a conduit à des cycles de désobéissance collective et de négociations, après lesquelles le Mouvement des prisonniers palestiniens a annoncé une imminente grève de la faim massive, ainsi qu’un ensemble de requêtes. Remarquablement, les prisonniers ont pu obtenir lce qu’ils demandaient la veille du début prévu pour la grève de la faim de masse.
Le crime de détention administrative : plus de 500 détenus administratifs palestiniens boycottent les tribunaux militaires israéliens
Depuis le commencement de cette année, les autorités israéliennes d’occupation ont émis environ 400 ordonnances de détention administraitve, la plupart étant des renouvellements d’ordonnances contre des détenus existants. Le nombre le plus élevé d’ordonnances a eu lieu en mars 2022, atteignant 195 ordonnances de détention administrative.
Les autorités israéliennes d’occupation poursuivent systématiquement la pratique de détention administrative indéfinie, sans inculpation ni procès, contre tous les segments de la société palestinienne, y compris des étudiants, des journalistes, des femmes, des enfants, des personnes âgées, malades ou blessées. Le détenu administratif est retenu sans inculpation ni procès juridique. La détention administrative est ordonnée sous le prétexte d’un « dossier secret » auquel ni le détenu ni son avocat n’ont accès.
A la place, le commandant militaire israélien émet une ordonnance de détention administrative et est soumis à un examen judiciaire devant le tribunal militaire, lors d’audiences à huis clos sans les garanties d’un procès équitable. La plupart des ordonnances de détention administrative sont soit approuvées, soit légèrement réduites en durée. Le système judiciaire militaire israélien joue un rôle essentiel pour faciliter l’extension de la détention administrative et, plus largement, pour soutenir et nourrir l’établissement d’un appareil global d’apartheid israélien dans les territoires occupés.
En réponse à la pratique étendue, arbitraire et systématique, de la détention administrative, les détenus administratifs palestiniens, plus de 500 détenus actuellement, ont annoncé un boycott de masse, collectif et global, de tous les tribunaux militaires israéliens, ainsi que de la Cour suprême civile israélienne. Depuis le début de leur boycott collectif le 1er janvier 2022, sous l’égide de la campagne « Notre Décision est la liberté … Non à la détention administrative », les détenus administratifs palestiniens ont boycotté les tribunaux pendant plus de 100 jours, et cela continue à ce jour.
Les événements en cours en Ukraine amènent à juste titre sur le devant de la scène les discussions sur la reddition de comptes pour des violations des droits humains internationaux et le droit humanitaire. Pourtant, il y a un remarquable exceptionalisme en jeu en ce qui concerne le silence des Etats et des parties tiers à propos de l’installation et des crimes flagrants de l’occupation militaire et du régime d’apartheid israéliens longs de plusieurs décennies.
Maintenant plus que jamais, la communauté internationale doit assumer ses responsabilités selon le droit international et respecter son engagement juridique et moral à réclamer et favoriser la protection des droits humains palestiniens à l’intérieur du cadre plus large du droit à l’auto-détermination.
La communauté internationale doit mettre fin à son silence continu et faire rendre des comptes à l’occupation israélienne et à son régime d’apartheid pour les violations graves et variées des lois sur les droits humains et des lois humanitaires, afin de maintenir la paix internationale et la justice au nom du peuple palestinien, y compris des prisonniers politiques palestiniens et de leur quête pour la liberté, la justice et la dignité.
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