Extrait du livre  » COMME UN GOÛT DE RÉVOLUTION  »  Autobiographie d’ Elaine Brown ( Black Panther ) 

Nous avons le plaisir de publier en exclusivité un extrait du livre  » COMME UN GOÛT DE RÉVOLUTION  »  Autobiographie d’ Elaine Brown ( Black Panther )

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse. 

PRÉSENTATION

Enfant des ghettos de Philadelphie, adolescente noire dans un monde violent, militante révolutionnaire, chanteuse, cheffe du Black Panther Party : dans ce récit captivant, Elaine Brown revient sur sa vie, ses engagements, ses déchirements.
Née en 1943, Elaine Brown s’engage en politique progressivement, puis, en avril 1968, après l’assassinat de Martin Luther King, rejoint le Black Panther Party, créé deux ans plus tôt à Oakland. Chanteuse, elle enregistre deux albums pour le parti. En 1971, elle entre au comité central et en devient le ministre de l’information. Elle accepte la direction du Black Panther Party en 1974, quand Huey P. Newton part en exil à Cuba.
Cette plongée vibrante dans le parcours et l’expérience d’Elaine Brown ne passe sous silence ni ses erreurs, ni ses trahisons à ses propres engagements, ni les errements de cette formidable aventure collective, qui demeure un grand moment de l’histoire des mouvements de libération. Avec ce récit, Elaine Brown nous invite à repenser l’émancipation, la révolution, l’intime et le politique.

Autobiographie d’une Black Panther
Collection : « Avant-première »
Auteur-e : Elaine Brown
Parution : mai 2022
Pages : 496
Format : 150 x 210
ISBN : 978-2-84950-959-3

Chapitre 1

Ascension

 

 

 

 

 

 

« Toutes les armes et le fric sont entre mes mains. Je ferai face à tout ce qui peut venir de l’extérieur comme de l’intérieur. Est-ce clair, camarades ? »

« Right on ! », lança Larry en réponse à ma question rhétorique. Son corps musclé s’inclina doucement alors qu’il ajustait sous sa veste son pistolet automatique .45.

J’étais sur la scène avec Larry à mes côtés. Plusieurs des membres principaux des équipes de sécurité se tenaient derrière nous. À ma gauche, je pouvais sentir la présence de Big Bob, le garde du corps personnel de Huey Newton, et sa masse de 1,83 m pour 180 kg. Devant moi, jusqu’au fin fond de l’auditorium, s’étendait une salle remplie de plusieurs centaines des membres du Black Panther Party. Cet océan n’était constitué pratiquement que de visages masculins. Il y avait des hommes et des femmes du comité central et plusieurs cadres dirigeants locaux, venus des quartiers Ouest de Chicago, et des quartiers Nord de Philadelphie, de Harlem, de La Nouvelle-Orléans, de Los Angeles, de Washington DC, et encore d’ailleurs. Ils étaient venus à Oakland à la suite de mon appel en ce mois d’août 1974.

Je les observais avec attention, remarquant que personne n’avait réagi. Voici qu’une femme, moi, proclamait un pouvoir suprême sur l’association la plus militante des États-Unis. Et cela me semblait normal. J’avais passé ces sept dernières années entièrement dévouée au Black Panther Party, et les quatre dernières en tant que bras droit de Huey.

« Je ne vous ai pas fait venir pour vous menacer, camarades, continuai-je, j’ai organisé cette assemblée simplement pour que vous preniez conscience de la réalité de notre situation. Le fait est que le camarade Huey est en exil. Par conséquent, je vais prendre sa place jusqu’à ce que nous rendions possible son retour. »

Je leur accordai un moment afin qu’ils prennent la pleine mesure de ce que je venais de leur dire. « Je vous fais part de tout cela car il est possible que certains rechignent à l’idée qu’une femme prenne la tête du Black Panther Party. » Je fis une pause et pris une grande inspiration. « Si tel est votre avis, vous feriez mieux de quitter le Black Panther Party. Maintenant. »

« Je le précise car il se peut qu’il y ait des individus dans nos rangs qui aient des ambitions personnelles et qui, en l’absence du camarade Huey, se croient capables de prendre le pouvoir. » Je marquai une pause à nouveau. Personne ne disait mot.

En penchant ma tête sur le côté, je continuai de la manière attendue. « Si vous êtes de ces individus-là, déguerpissez – et vite ! En tant que présidente, c’est moi qui dirige ce parti, dès à présent. Ce fait ne pourra être contesté. Je prends les commandes du parti officiel, comme du clandestin. Je le mènerai selon les objectifs que nous nous sommes donnés, je le défendrai également par tous les moyens nécessaires. »

Ils comprirent. Deux mois auparavant, j’avais été nommée présidente, et donc propulsée au deuxième rang dans le comité central. Devant moi, le ministre de la défense, Huey. En réalité Huey était le chef absolu du Black Panther Party. Je prenais sa place. Ils comprirent.

« Ensemble nous allons faire avancer cette révolution en repoussant nos limites, mais avec précaution, bien sûr ; il se peut que nous devions reculer d’un pas pour avancer de deux. Comme nous avions commencé avant l’exil forcé du camarade Huey, nous allons continuer à consolider nos efforts plus particulièrement dans une ville, cette ville. Oakland est le berceau de ce parti. Oakland sera le berceau de la révolution aux États-Unis. Malgré les porcs. Malgré les despotes ridicules se disant nos camarades. Malgré les critiques des gauchistes infantiles, qui n’ont jamais rien réalisé. Malgré les tambours vaudous des soi-disant nationalistes noirs. »

Je regardais les quelques frères qui applaudissaient pour m’encourager. Marquant leur accord, un rire d’approbation gagna doucement l’auditorium. J’arpentais la scène, appuyant exprès chacun de mes mots avec le son des talons de mes bottes de cuir noir. Je ponctuais chaque phrase avec un regard vers un des soldats assurant mes arrières sur la scène.

« Ils peuvent exiler un chef révolutionnaire mais ils ne peuvent pas exiler la révolution. Nous avancerons à la vitesse nécessaire ! »

« Je le répète, j’ai entre les mains toutes les armes et tout le fric de ce parti. Je ferai face et vaincrai toute opposition interne ou externe. Je traiterai comme il se doit quiconque ou tout obstacle qui se mettra sur notre route. Si cela vous déplaît, si le fait que je sois une femme vous contrarie, voici votre dernière chance de partir. Et vous feriez mieux de partir car nous ne le tolérerons pas ! »

Je fis un geste en direction de Larry. « Le camarade Larry Henson est notre nouveau chef d’équipe. Il remplace June Hilliard, qui a été exclu. Il suivait de trop près les pas de notre ancien porte-parole, Bobby Seale. N’ayez pas peur de ces changements, camarades. Après tout, c’est le changement que nous cherchons. Comme le disait Mao : “Qu’un million de révolutions fleurissent !” Le changement est bon. Nous devons accueillir le changement. Ceux qui y résistent seront balayés avec les poussières insignifiantes de l’histoire ! »

Des « Right on ! » clamés à l’unisson se firent entendre.

« Ensemble nous allons prendre cette ville. Nous en ferons la base de la révolution. Les porcs nous regarderont et seront troublés. Ils nous verront mais ne pourront rien faire. Nous établirons ici un modèle révolutionnaire. Et l’exemple que nous déploierons à Oakland sera l’étincelle qui enflammera la prairie. Nous porterons notre flambeau dans une autre ville, puis une autre. À chaque fois, dans chaque lieu, les gens nous suivront, nous, l’avant-garde de la révolution. Tout comme les gens ont demandé et institutionnalisé notre programme des petit déjeuners gratuits[1] pour les enfants et les programmes contre la drépanocytose[2], ils demanderont des programmes de soins médicaux gratuits et des logements décents. Et ainsi ils prendront en main le système politique local. Ensuite, ils attaqueront le système économique qui structure chaque ville. Petit à petit, ville par ville, nous taillerons en pièces le système capitaliste dans ses fondements. À la fin, le temps viendra – pas de notre vivant, camarades – mais le temps viendra où le peuple reconnaîtra sa puissance et le système policier ne sera plus en mesure de contenir ses revendications ; le temps où le peuple – Noirs et Blancs pauvres, opprimés de toute l’Amérique – se lèvera telle une puissante marée et balaiera définitivement les rives du capitalisme et du racisme, et fera la révolution ! »

Ils se mirent à applaudir bruyamment, de plus en plus fort, et soudain ils étaient debout. Les sœurs et les frères s’étaient levés. Quand l’ovation se termina et qu’ils s’assirent, je repris mon souffle et continuai. « Maintenant, camarades, passons à l’étape suivante. Nous devons faire d’Oakland la base de notre révolution. C’est pour cette raison que nous ne pouvons nous permettre des luttes internes. Il nous faut avancer. »

« Alors, mettons-nous au travail, camarades. Retournez dans vos branches et vos chapitres[3], à travers tout le pays, avec une détermination nouvelle. Le comité central émettra bientôt des ordres et des rapports à suivre concernant chaque chapitre. La plupart d’entre vous et des vôtres seront rappelés à la base. »

« Mettons-nous au travail pour le retour du camarade Huey. Mettons-nous au travail pour faire place à la révolution ! » Je levai mon poing en l’air et criai : « Tout le pouvoir au peuple ! Le pouvoir des Panthères à l’avant-garde ! »

Tous se dressèrent d’un bond, les poings levés en salut : « Le pouvoir au peuple ! Le pouvoir au peuple ! Le pouvoir au peuple ! »

Pendant que je parlais, j’avais l’impression de renaître. Ce moment-là fut pour moi comme une réparation pour toute la rage et la souffrance que j’avais endurées dans ma vie. Ironie du sort, j’y étais arrivée après le profond désespoir des deux semaines précédentes.

Charles Garry, l’avocat de Huey, et moi-même étions allés ensemble attendre à la prison d’Alameda pour ramener Huey à la maison. Gwen, celle qu’à mon grand dépit Huey s’était mis à considérer comme sa femme, attendait là, elle aussi. Nous observions Huey. Il faisait les cent pas dans sa cellule située dans le coin du commissariat. Il endurait sans trêve les sorties sous cautions. On lisait cet air familier de satisfaction arrogante sur son visage. Son léger sourire voulait dire « Callins peut aller se faire foutre ».

Callins était un tailleur noir qui avait bossé pour Huey. Il voulait faire des costumes pour lui et d’autres frères du parti. Pourtant, il avait refusé les demandes de rabais que Huey lui avait demandées pour les costumes. Callins avait tenu tête à Huey au sujet de ses problèmes financiers, dans son propre appartement. Cela se termina avec les poings. Huey fut arrêté et accusé d’avoir frappé Callins avec une arme. C’était arrivé un peu plus tôt dans la soirée. Et à présent, nous en étions à payer la caution de Huey.

Alors que j’observais l’attitude insolente de Huey à propos de cette histoire, Callins m’apparut tout aussi insignifiant. Il n’était ni un homme ni une victime à mes yeux. Il me semblait qu’à la fin, la révolution rééquilibrerait tout. Je savais aussi que me soucier de Callins me coûterait bien trop, au vu de ma situation dans le parti. Oui, pensai-je, que Callins aille se faire foutre. D’autre part, je n’étais pas pressée de voir Huey sortir de prison. J’avais besoin d’un peu de répit.

Toutefois, dire que j’aimais Huey, même à ce moment-là, aurait été un euphémisme. J’aimais être aimé de lui. J’aimais la protection qu’il m’offrait avec ses bras puissants et ses rêves téméraires. J’aimais sa beauté, à la fois tendue et étouffante. J’aimais son génie et comment il en faisait usage. J’aimais le voir comme le cauchemar caché que l’homme blanc se refusait à admettre, sauf lorsqu’il lui faisait face, et s’opposait à ses lois, à son monde. J’aimais ses hanches étroites, ses épaules larges et sa peau bien nette. J’aimais être la reine de son monde, car il en avait modelé un nouveau pour ceux qui oseraient y vivre. Pourtant j’avais commencé à détester la vie avec lui. Sa folie était devenue explosive comme son génie. Les nombreux « petits cons » qui se pavanaient autour de lui, avaient mis au défi ce héros de prouver sa virilité, et ils avaient finalement gagné. À présent, il était devenu encore pire qu’eux.

Cette libération prenait un temps fou. Garry, Gwen et moi-même sommes restés des heures à échanger des banalités, jetant régulièrement des coups d’œil à l’horloge murale, qui affichait bientôt deux heures du matin. Ce n’était pas normal que les flics d’Oakland cherchent des noises à Huey Newton, bien qu’ils aient déjà été considérés comme les forces de police les plus brutales de Californie. Cette réputation datait cependant de plusieurs années – avant même le procès de Huey pour le meurtre d’un des leurs, l’officier Frey. La campagne « Libérez Huey » qui avait suivi cette accusation avait tenu en haleine les unes de journaux du pays et accablé la police locale. Pendant que Huey devenait un héros national, la police d’Oakland devenait, elle, une petite armée en déroute.

Lorsque Huey sortit finalement de sa cellule, je le regardai traverser la pièce dans toute sa beauté nocturne. Comme d’habitude je pouvais consciemment me sentir céder en le voyant. J’oubliais toute la folie pour me souvenir d’autres temps. Son visage s’éveillait doucement comme lorsqu’il m’enlaça de toute sa force. Il prit dans ses bras Garry pendant que Gwen le couvrait d’un manteau. Je fis signe à Gwen de sortir pour dire à Larry et à Big Bob d’amener la voiture de Huey devant le commissariat. C’est alors que la police d’Oakland nous fit savoir ce qui les avait retenus si longtemps. Le capitaine Machin-Truc dit, dans un souffle : « M. Newton, attendez s’il vous plaît. » Il avait deux adjoints à ses côtés. Tout le monde dans le bureau se retourna vers lui, même les autres officiers.

Huey dévisageait le capitaine, se préparant au combat.

Garry, protecteur, fit un pas en avant : « Que voulez-vous ? M. Newton est assez épuisé. Il… »

« M. Newton, vous êtes accusé de violation du Code pénal californien pour la tentative d’homicide de… la nuit du… », formula le capitaine en langage policier. Il y avait une note de jouissance dans sa voix qui disait combien ils avaient attendu ce moment depuis que Huey leur avait échappé avec succès une première fois. Les adjoints du capitaine menottèrent l’anti-héros.

L’accusation concernait une jeune fille noire de 17 ans, une prostituée d’Oakland, qui avait reçu des coups de feu. Cela s’était passé quelques jours auparavant et elle était dans le coma depuis. Les mots « tentative d’assassinat » avaient effacé la suffisance du visage de Huey. Je crois avoir vu un éclair de véritable terreur dans ses yeux. Quelques secondes plus tard, il semblait frappé de désespoir. C’était juste avant qu’ils ne le ramènent dans les tréfonds du commissariat. Le désespoir flottait aussi dans l’air. Personne d’entre nous ne savait vraiment quoi faire.

Quand ils nous laissèrent enfin voir Huey, après sa réincarcération, la terreur s’était évanouie. De retour dans sa cellule et à nouveau lui-même, il s’était rendu à l’évidence qu’il ne pourrait jamais affronter cette affaire de tentative de meurtre. Je sentais qu’il avait mis au point un plan pour s’en sortir.

« Lève la caution pour ce matin », commanda Huey. Il me parlait doucement mais avec intensité, après m’avoir prise à partie.

Je soupirai et répondis prudemment : « Demain matin, tout de suite, c’est impossible… »

« Ce sera demain alors. » Il sourit, satisfait. « Demain, nous pourrons être au paradis. »

Garry, prévoyant une longue bataille judiciaire et les unes de journaux qui en découleraient, se rapprocha du coin où nous étions Huey et moi. Il souffla des conseils en matière de stratégie judiciaire à Huey, qui regardait au loin. Gwen ne bougeait pas, le visage figé par le chagrin.

Je me revoyais encore une semaine auparavant en train de prévoir mon départ définitif du parti. C’était juste après ce que Huey m’avait fait subir, et qui n’était pas rare dans nos rangs dangereux. Il m’avait frappée. Il m’avait donné une claque à la suite d’une simple remarque. Huey n’avait auparavant pas même levé la voix contre moi dans des moments de colère, même pendant ces derniers mois où sa folie en avait blessé plus d’un.

Nous étions dans son penthouse, où j’étais venue lui parler de ce qui nécessairement ne pouvait passer par nos lignes téléphoniques placées sur écoute. Quand j’arrivais, un frère était en train de se prendre une correction pour avoir volé dans les caisses du parti.

Je passai sans voir le visage ensanglanté du voleur comme j’avais appris à le faire. Je m’étais blindée face à ce genre de choses, tout comme un soldat qui apprend à ne rien ressentir en tuant : en regardant des films d’entraînement sur des meurtres brutaux à la chaîne, il ne recule plus ni devant le sang ni devant aucune brutalité. J’ignorai le sang dégoulinant de la bouche et du nez de l’accusé puni par les hommes de Huey. Je ne remarquai que le froid qui régnait dans l’appartement de Huey. Le froid me fit réfléchir aux raisons que Huey pouvait avoir pour laisser toujours ses portes-fenêtres grandes ouvertes du haut de son 25e étage. Parfois j’avais peur qu’une personne puisse être jetée d’un de ces nombreux balcons. Et ces derniers temps, je m’étais demandé plus d’une fois si ce n’était pas à moi que cela arriverait.

Huey arrêta son interrogatoire pour me parler. Comme d’habitude, il ne portait pas de chemise, seulement un pantalon. Son corps brillait de la sueur due à l’abus de cocaïne. Il n’avait probablement pas dormi depuis quarante-huit heures. Pourtant sa force ressortait encore, toujours aussi fascinante. Je crois que je l’aime trop, pensai-je.

Avant que je ne réalise pourquoi j’étais venue, Huey me glissa dans un chuchotement théâtral. « Elaine, c’est important que tu retournes à ta musique. Je veux que tu étudies sérieusement. Le parti paiera ce qu’il faudra. »

Ses yeux étaient vitreux et ses pupilles se dilataient de manière incontrôlée. Ce qu’il me disait n’avait aucun sens. J’essayai de cacher ma confusion, ma peur.

« Merci, Huey », dis-je angoissée, ne cherchant qu’à partir.

D’un coup, il leva sa main et me frappa en plein visage. Puis il attrapa ma mâchoire d’une main et me tira contre lui de l’autre, nos nez se touchant presque.

D’un ton appuyé, il prononça : « Ne me remercie jamais. Si tu me remercies, cela suppose que tu es à distance de moi, or tu es avec moi. »

En quelques secondes, mon esprit composa une échappatoire, loin de lui et du parti. Je connaissais les signes. Il y en avait eu bien assez. J’irais prendre ma fille, Ericka, pour rendre visite à ma mère à Los Angeles, comme je l’avais déjà fait plusieurs fois. Nous nous enfuirions. Bientôt. Ma décision était prise.

Ce n’est que quelques jours plus tard que Callins fut tabassé et Huey arrêté. Cela m’avait pris pas mal de temps. Rien n’avait plus d’importance maintenant, car tout semblait fini.

Prise par un sentiment d’inanité, je rassemblai l’argent déposé sur les divers comptes et propriétés pour payer la seconde caution de 80 000 dollars pour Huey. Lorsqu’il fut relâché, je le retrouvai au bureau de l’huissier de justice, où il devait s’acquitter de plusieurs signatures. Gwen était à ses côtés, accrochée à son bras. Il vint vers moi et me serra tendrement, il souffla à mon oreille : « Au revoir. »

Mes yeux se refermèrent sur mes larmes. Il était possible que je ne le revoie jamais. Sa détermination à partir se laissait lire dans son étreinte. Il ne pouvait émettre aucun son, aucun mot ou sentiment qu’il puisse dévoiler que je ne ressente dans mon âme.

Il ne dirait rien sur les détails de son départ, pour nous protéger tous. Il trouverait refuge au-delà des frontières. Des Panthères avaient déjà fait cela à Cuba, en Algérie. Le tiers-monde révolutionnaire accueillerait son frère célèbre qui arriverait du cœur de la bête. Il emmènerait sûrement Gwen avec lui, elle que je considérais comme sa putain apolitique et sa servante loyale. Je ravalai mon ressentiment sur le coup, consciente que je n’aurais jamais tenu dans le rôle d’épouse de Huey. Elle me regarda et nous échangeâmes un sourire. Plus personne ne dit mot.

Huey savait ce dont il avait besoin pour survivre. Au diable le parti, la politique, la rhétorique et les fidèles apeurés, les « masses » comprises. Il se soulageait d’un fardeau, tel un père abandonnant son enfant. Si jamais il revenait, il serait pardonné.

Les premières nuits après le départ de Huey d’Oakland, Big Bob, Larry et moi-même passâmes tout notre temps à réfléchir à la façon de faire face à son absence, à la fois pour le parti et pour la presse. Il était censé comparaître au tribunal dans les deux semaines à venir. Nous débattions si nous devions soutenir la folie du Divin Père du peuple, qui avait su pendant des années convaincre ses troupes, comme tout le monde du reste, que le « Père » était bien vivant, alors qu’il était déjà mort. C’est pendant l’une de ces réunions que la solution se présenta d’elle-même. Larry, Bob et moi étions assis dans une cabine au Lamp Post, un bar-restaurant tenu par le parti. Un coup de fil sonna pour moi. J’allai derrière le bar. C’était Huey.

« Sauve mon parti », commanda-t-il. Sa voix était faible, mais passionnée. « Je ne reviendrai pas. Il n’y a que toi qui peux le faire. Tu es mienne. Je ne peux faire confiance à personne d’autre dans mon parti. »

« Je ne peux pas le faire sans des appuis solides », m’entendis-je dire, la bouche sèche de peur et d’excitation. « Tu le sais. Les frères n’accepteront jamais », continuai-je, tournant le dos au barman.

« Laisse-moi parler à mon gars », dit Huey en pensant à Big Bob.

« Ça ne marchera jamais », dis-je calmement, m’étonnant de la rapidité et de l’assurance de ma réponse.

« À toi de décider. »

« Larry », chuchotai-je.

« Il est ici ? »

« Oui. » Je me tournai et fis signe à Larry de venir derrière le bar. Je lui passai le téléphone, en lui disant de qui il s’agissait. Il le saisit avec déférence.

« Oui, Monsieur, frère », dit-il dans le combiné.

Ensuite : « J’ai bien compris, frère. Je te le promets. » Ensuite : « Avec ma vie, camarade. Tu as ma parole. » Il me rendit le téléphone.

« Maintenant, tu prendras soin de mon parti ?  », chuchota Huey.

« Oui. »

C’était fait. Pendant que Huey se ressourcerait, je maintiendrais et ferais renaître ce qui semblait à l’agonie.

Comme je me rendais compte de ce que cela impliquait, je comprenais que j’avais pris cette décision cardinale de la manière la plus avisée. J’avais besoin de Larry. « La guerre et la politique sont indissociables dans un État fasciste », disait le magnifique George Jackson. Nous ne pourrions mener aucune révolution dans l’État fasciste américain sans avoir une armée. Notre armée était actuellement en déroute. Larry était un général.

Big Bob avait été le garde du corps de Huey, et en cela sa loyauté envers lui était assurée. Il était vrai aussi que Big Bob avait déjà accepté d’être dirigé par une femme, Audrea Jones, lorsqu’il était à la section de Boston. Le gabarit de Bob, toutefois – 1,83 m pour 180 kg – le mettait mal à l’aise et son manque d’autodiscipline rendait son état émotionnel instable. Il n’avait simplement pas l’étoffe d’un général.

Dans les semaines qui suivirent, la justesse de ma décision fut confirmée. Nous étions toujours tous les trois ensemble pendant tout le temps que nous mettions à profit pour comprendre la situation du parti que Huey venait de lâcher.

Nous décidâmes de repousser le plus longtemps possible la préparation d’une nécessaire assemblée générale de tous les chapitres. Nous devions d’abord assurer les opérations du parti à Oakland, notre état-major national. Nous avions conclu en priorité qu’il fallait éviter toute réaction potentiellement néfaste dans les rues de la ville à la suite de la nouvelle de la disparition de Huey. Dans ces rues, Huey était une idole. La rumeur de son absence ne nous attirerait que des ennuis.

Nous commençâmes par la tournée chaque soir des avenues de l’Oakland marginal, pour leur rappeler qu’un changement de leader au sein du parti ne les affranchirait pas de leurs obligations : les tributs[4] devraient toujours être versés. Les Noirs travaillant sur Oakland – légalement ou illégalement – savaient qu’ils ne pouvaient pas éviter le parti. Dans notre révolution, on était soit du côté de la solution, soit du côté du problème. Personne dans les rues d’Oakland ne devait pouvoir choisir d’être de l’autre côté, que ce soit avec ou sans Huey. Voilà quel était notre message nocturne.

En visite dans un bar de nuit tenu par un Noir, nous étions assis à une table jouxtant celle d’un individu très influent. Cet individu se lança aussitôt dans une conversation délibérément sonore avec ses amis, où il surnommait Big Bob le « gros lard ». Deux femmes de sa table se mirent à ricaner. Bob se leva. Larry et moi nous levâmes aussi. Bob se dirigea vers l’individu et le frappa avec le dos de sa main démesurée, l’envoyant rouler au travers de la pièce, renversant tables, verres de scotch et de vodka avec leurs glaçons. Les cohortes de grandes gueules sautèrent sur leurs pieds alors que Larry sortait son colt 45, et que je cherchais dans mon sac à main mon .38 à canon court. Nous dûmes reculer hors du bar comme des gangsters dans un film de série B. C’est là que je sus que Bob était un nid à embrouilles que je ne pourrais jamais contrôler.

La justesse de ma décision de placer Larry à la place vacante de chef de la sécurité me fut par la suite confirmée de multiples fois. Je pris la mesure, par exemple, que les frères de l’équipe de sécurité avaient bien plus de respect pour Larry qu’ils n’avaient pu en avoir pour d’autres chefs – Huey inclus, que peu d’entre eux connaissaient d’ailleurs. De plus, Larry avait l’esprit d’initiative. Il avait un sens inné pour mettre au point des plans et pour organiser l’hébergement, la maintenance et l’entretien de notre inventaire militaire, qui avait été laissé en chantier depuis le départ du frère de David Hilliard, June, l’ancien chef de la sécurité. De plus, Larry semblait savoir aussi bien que nos vétérans du Vietnam comment faire bon usage du large choix d’armes dont nous disposions.

Chaque propriété des Panthères hébergeait des armes. C’était notre engagement de base. Certaines maisons étaient de véritables arsenaux. Alors que nous passions en revue avec Larry et Bob les différentes opérations dans la Bay Area[5], en Californie du Nord, je fus frappée par la richesse des armureries du parti.

Nous avions de nombreuses planques à Richmond, Berkeley, San Francisco, San José, comme à Oakland et dans d’autres villes de la région. Nous avions réellement des milliers d’armes. Un grand nombre d’AR-18 et des fusils automatiques à canon court, des fusils à lunettes 308, des Winchesters .3030, des Magnums 375 et des fusils à gros calibre, des gros calibres 30, des M15 et des M16 ainsi qu’un assortiment de fusils semi-automatiques, un nombre incalculable de fusils à pompe, et des lance-grenades M79. Nous avions des valises, des remorques, des placards remplis de pistolets, d’Astra et de Browning 9 mm, des .45 automatiques, des .38, des 357 Magnum, .41 et .44 Magnum. Nous avions des centaines de boîtes de munitions, et un large stock d’accessoires, comme des lunettes pour fusil (certains infrarouges), des silencieux, des trépieds, et des chargeurs de rechange. Nous avions des caches remplies d’arcs et de flèches, de grenades, d’explosifs et de divers dispositifs.

C’est en regardant l’habilité et la précision avec laquelle Larry organisait les frères des équipes de sécurité pour recenser, classifier, nettoyer et relocaliser le moindre outil, que ma conviction d’avoir pris correctement ma première et plus importante décision fut renforcée.

Il y avait toutefois d’autres problèmes qui devaient être résolus avant d’annoncer publiquement l’exil de Huey et mon arrivée aux commandes. La plupart de ces problèmes tournaient autour du fait que le Black Panther Party avait été le parti de Huey depuis trop longtemps. J’avais été trop proche de lui pour le réaliser avant. Même Bobby Seale ou June ou David Hilliard ou d’autres membres du comité central, qui avaient démissionné un mois plus tôt par colère, ne pouvaient pas m’aider. Huey, seul, avait gardé le contrôle et les savoirs nécessaires. Il avait manipulé le parti de manière que personne ne puisse tout savoir, excepté lui-même. C’est pourquoi, pendant que Larry faisait l’inventaire de chaque arme et équipement, je cherchais à recenser les divers comptes en banques, propriétés et autres titres du parti, j’épluchais tous les bureaux de nos quartiers généraux et de nos dépendances.

En dernière instance, je dus me résoudre à envisager notre problème principal, la probabilité de conflits internes du fait de ma direction. Et à ce titre, je pressentais qu’il y aurait des soucis avec Chicago, comme il y en avait déjà, je le savais, avec Los Angeles.

Le sud de la Californie, là où j’avais rejoint le parti, n’avait plus de chapitre officiel. Là-bas, tout se passait dans la clandestinité. C’est-à-dire que les Panthères locales n’avaient aucun lien officiel avec le parti. Ils vivaient en tout bien tout honneur, comme des gens ordinaires. Pourtant, ils abritaient une grande partie de l’arsenal militaire du parti, avec lequel ils soutenaient illégalement nos arrières et permettaient de renforcer nos décisions politiques. Le chef de cette puissante et fidèle section était un névrotique imbu de lui-même, avec qui je m’étais sérieusement disputée quelque temps auparavant. Ayant flairé l’absence de Huey, il s’était rendu à Oakland à peine une semaine après son départ, accompagné de trois de ses hommes bien armés.

Comme un charognard, Steve entra avec un air important dans le Lamp Post sans crier gare. Je le regardais de loin. J’observais le spectacle absurde de cet homme retirant son manteau, commandant son cognac préféré et avisant les hommes de sécurité. Cet homme était mon cauchemar.

C’était venu trop tôt. Je savais que fuir était impossible, mais ce test était un peu prématuré. Je ne savais pas encore si Larry me serait fidèle, et plus particulièrement face à un prétendant de l’envergure de Steve, un frère et un homme lui aussi.

En avançant vers la table de Steve, je pris une inspiration et ordonnai à Larry de m’épauler. J’espérais qu’il suive.

« Alors comme ça, le frère est parti », dit Steve, un sourire affecté sur ses lèvres. Il leva son verre de cognac en ma direction, portant un toast ironique alors que nous nous asseyions à sa table.

« Nous allons parler seul à seul, Steve », dis-je d’un ton ferme, masquant comme je le pouvais ma nervosité. Je fixais l’autre Panthère, qui se leva pour partir.

« Ça fait un bail qu’on s’est pas vus, ma sœur. » Un sourire découvrit ses dents parfaitement blanches et brillantes. Il s’enfonça dans le luxueux cuir rouge du canapé, parfaitement assorti à l’épaisse moquette du bar.

« Qu’est-ce que tu viens faire ici ? dis-je. Tu n’as rien à faire ici, et tu le sais. Tu dois partir. »

« Je voulais savoir ce qui se passait, ma sœur. J’ai entendu dire que personne n’avait vu Notre Serviteur depuis sa sortie sous caution », dit-il en se référant par là Huey.

« Ce n’est pas une raison, frère, dit Larry. La camarade vient de te dire que tu n’as rien à faire ici. Dégage. »

« Huey m’a fait un legs, frère, proféra-t-il avec un geste ample, comme s’il tenait un sceptre. J’ai mon business. Personne ne me dit ce que je dois faire. »

Tout se passa très vite. Larry mit sa main sous sa veste en avançant vers les frères dans le Lamp Post et en faisant signe. Big Bob arriva.

Passant son colt .45 sous la table de Steve, Larry cracha « Ok, Négro. Tu vas déguerpir. Immédiatement ! Et te clouer le cul à Los Angeles. T’as pigé ? »

« C’est des conneries. Je veux parler directement au Serviteur ! Où est-ce qu’il est ? Il est vraiment parti ? ! »

« Tu es en train de lui parler en ce moment, frère, dit Larry. Quand tu parles à la sœur ici, tu parles à Huey Newton. »

Cela aurait pu être pire, mais Steve le savait déjà. Ses hommes le savaient. Larry l’avait déjà fait savoir. Steve se retira avec sa bande du Lamp Post cette nuit-là. Quelques jours plus tard, il quittait Oakland pour retourner à la clandestinité à Los Angeles.

Ce n’était là qu’une partie du délire dont j’avais hérité. Le Black Panther Party était la cible de la plus violente agression des forces de police américaines. Mais même en mordant la poussière, son souffle restait brûlant. C’était aussi bien un lion à dompter que le terrible glaive de la liberté qu’il nous fallait affûter. En août 1974, au moment où je prenais la responsabilité du pouvoir, le Black Panther Party était le seul mouvement armé qui opérait sur le sol des États-Unis.

Nous avions plusieurs milliers de troupes prêtes à mourir à Oakland, en Californie, et dans presque tous les États de l’Union.

Nous étions dotés, bien sûr, d’un riche arsenal militaire, et de branches clandestines en activité dans chaque chapitre, des frères entraînés au Vietnam et dans les rues misérables des États-Unis, qui pouvaient et n’hésiteraient pas à faire usage de la violence pour poursuivre nos objectifs politiques.

Nous avions quasiment un million de dollars dans nos coffres. Nous avions un stock ahurissant de titres de propriété du parti et des stocks massifs de matériel et de véhicules. Nous touchions une taxe de la part des partis reconnus et des rues du ghetto, et les nouvelles contributions de la communauté des travailleurs noirs nous rapprochaient plus que jamais des objectifs fixés par le parti. Nous avions aussi les contributions financières des membres du parti qui le pouvaient, grâce à leur salaire ou à d’autres rentes, en plus des revenus de vente des produits du parti, tels que notre journal.

L’histoire du parti était chargée d’audace et de puissance, et elle avait suscité un soutien national et international chez des millions de personnes noires ou autres. Des centaines de milliers de personnes, noires, latinas, asiatiques, blanches, participaient ou étaient bénéficiaires des programmes de repas gratuits, de nos cliniques médicales gratuites[6], de nos programmes d’aide juridique, de nos programmes pour les prisons, pour les écoles ou pour l’éducation, de nos programmes de service pour les personnes âgées, les adolescents, les enfants maltraités et les femmes battues comme pour les personnes sans abri. Des milliers d’autres participaient à notre programme d’aide aux vétérans de la guerre de Vietnam, et au projet de droits des travailleurs. Plein d’autres encore, dans tous les États-Unis, lisaient notre journal hebdomadaire, avec des abonnements individuels ou pris par des écoles ou des bibliothèques. Des milliers d’autres encore y souscrivaient en dehors des États-Unis, en Chine, en Corée du Nord, en Allemagne de l’Est, à Cuba, et ailleurs. De nombreux groupes de soutien aux Panthères s’étaient formés à l’initiative de Blancs aux États-Unis, et par des habitants du Japon, d’Italie, de France, de Suède, du Danemark, et dans d’autres pays, Israël compris. Nous avions aussi de nombreuses alliances avec des organisations progressistes au sein des États-Unis et avec des mouvements révolutionnaires dans le monde entier, plus particulièrement en Afrique, au nord comme au sud du Sahara.

Comme je me préparais au discours de l’après-midi où j’allais annoncer publiquement que je prenais la direction du parti, je m’apercevais de l’étendue de la folie dont j’héritais. Le Black Panther Party, dont Huey m’avait confié la charge, restait une force à ne pas sous-estimer. Nul doute qu’il devait être sauvé.

En m’adressant à mes camarades, mon seul objectif était de faire avancer notre lutte pour la libération totale du peuple noir aux États-Unis. Je dédiais ma vie au parti, afin de réaliser l’accomplissement d’une révolution socialiste aux États-Unis, que Huey revienne ou non. Je croyais au fond de moi-même que c’était possible, et je me sentais capable de le faire.

[1]. Le Black Panther Party, se coordonnant avec les Églises locales et des commerces, débuta son Programme de petit déjeuners gratuits pour les enfants (Free Breakfast for Children Program, FBCP) en janvier 1969. À la fin de l’année, ils avaient nourri 10 000 enfants dans différentes villes du pays en leur offrant un petit déjeuner gratuit chaque jour avant qu’ils n’aillent à l’école.

[2]. La drépanocytose est une maladie génétique apparue initialement en Afrique, en Inde mais également en Amérique du Sud. Elle se caractérise par une anomalie des globules rouges provoquant anémie et douleurs. Cette pathologie touche aux États-Unis principalement la population noire et les traitements étaient alors peu développés.

[3]. Le Black Panther Party était organisé en « chapitres ». Voici l’explication que donne Elaine Brown de ce fonctionnement dans le chapitre 7 de cet ouvrage : « Les chapitres du parti étaient organisés par États, à part la Californie, où il y avait deux chapitres, un pour le nord et un pour le sud, dont nous étions membres. Au sein de chaque chapitre, il y avait des branches pour chaque ville. Chaque branche était divisée en sections, divisées en sous-sections, elle-même divisées en escouades. »

[4]. Cotisations perçues par le parti.

[5]. La San Francisco Bay Area, souvent appelée Bay Area ou The Bay, la région de la baie de San Francisco, s’étend sur neuf comtés en Californie du Nord, avec pour villes principales San Francisco, San José et Oakland.

[6]. Ce programme est connu sous le nom de Free Clinics. Leur objectif visant à créer un service de soins « communautaires » ou de quartier. Le Black Panther Party, constatant que le système de soins public était débordé et peu accessible, des cliniques hors de prix, fit de la santé le sixième point de son programme : « People’s Free Medical Research Clinics ». Ces considérations étaient partagées par une grande partie des mouvements de l’époque. Le parti réussi à établir treize lieux dans le pays. Ces lieux de soins fondés dans les années 1970 à la suite des Community Health Centers, sans aide de l’État, cette fois, se tournaient vers l’accès réel dans les quartiers aux soins et à l’appropriation de sa santé. Plusieurs restent encore ouverts aujourd’hui.

Autobiographie d'une Black Panther Collection : « Avant-première » Auteur-e : Elaine Brown Parution : mai 2022 Pages : 496 Format : 150 x 210 ISBN : 978-2-84950-959-3
Autobiographie d’une Black Panther Collection : « Avant-première » Auteur-e : Elaine Brown Parution : mai 2022 Pages : 496 Format : 150 x 210 ISBN : 978-2-84950-959-3
Spread the love

Laisser un commentaire