Une seule solution, la régularisation de tous les sans-papiers.

« Dans le mouvement migratoire que nous vivons depuis 2015, c’est dans les villes et au niveau des villes que se pose la question de l’accueil ou du non-accueil. Mais qui est « la ville » ? Est-ce la mairie ? Les habitants ? »
Entre accueil et rejet : Ce que les villes font aux migrants Le passager clandestin / Bibliothèque des frontières, Lyon 2018

 

Un élan de solidarité sans précédent a vu le jour au Parc Maximilien où l’aide humanitaire et le respect de la dignité humaine semble être les lignes directrices du mouvement.

Chaque soir, ce sont des centaines d’exilés qui attendent Gare du Nord à Bruxelles qu’un des nombreux « chauffeurs » les conduisent dans une des nombreuses familles d’« hébergeurs » à Bruxelles ou ailleurs. Se met ainsi en place une longue chaîne de solidarité citoyenne qui force l’admiration.

Ces exilés ont traversé déserts, mers, frontières, camps… Ils ont été déshumanisés, maltraités, parfois même torturés. Ils sont sur la route depuis plusieurs années.

Certains sont partis enfants et certains le sont encore…

En arrivant dans des familles d’hébergement, pour la plupart, c’est la première fois depuis trop longtemps qu’ils peuvent tout simplement dormir en se sentant en sécurité.

Toutes ces familles qui accueillent ces personnes exilées, manifestent de la solidarité envers elles et semblent vouloir construire le monde de demain.

Ce jeudi 17 mai 2018, Mawda Shawri, une petite fille née en Allemagne de parents qui fuyaient le Kurdistan irakien pour rejoindre l’Angleterre, a été tuée par la police belge. L’enfant a reçu une balle dans la tête après que la police ait ouvert le feu sur une camionnette transportant des migrants près de Mons. Ce crime est la conséquence de la répression des migrants « sans-papiers » organisée par le gouvernement qui force les personnes qui fuient la guerre, la pauvreté et la répression à devoir prendre toujours plus de risques pour échapper aux forces de l’ordre et ainsi espérer construire un avenir de l’autre côté de la Manche.

Ces exilés ont risqué leur vie à cause des politiques des pays occidentaux qui ont pillé, esclavagisé, colonisé, les pays d’où proviennent les migrants mais aussi à cause des politiques néocoloniales de guerres et d’ajustements structurels qui continuent à détruire et à déstabiliser les sociétés extra-européennes. Cette Europe a contribué et continue à contribuer ainsi à la genèse de cette misère que ces jeunes Africains, Syriens, Afghans, Irakiens, … fuient.

En détruisant depuis les années 1990 le droit d’asile et en criminalisant les migrants « sans-papiers », c’est cette même Europe qui rend les routes de l’exil périlleuses et ses frontières impénétrable, alors que des milliers d’Africains périssent en Méditerranée, dans le désert, ou en détention.

Ces enfants, femmes et hommes qui se retrouvent aujourd’hui au Parc Maximilien ont entrepris un long et dangereux voyage pour une vie meilleure plus sûre et plus digne, comme tout être humain peut la désirer.

Tous leurs témoignages convergent : fatigue, stress, harcèlement policier, …

Ils ne croient plus qu’en la « chance », ce qui veut dire en réalité « sans l’aide de Dieu c’est impossible ».

Cette situation ne peut, ne doit plus durer ! Elle est inhumaine, indigne, et criminelle. Or, l’État ne fait rien pour répondre aux besoins pratiques de ces migrants.

Au contraire, le contexte est qu’aujourd’hui, la répression policière sur les migrants est inégalée et que les lois rendent de plus en plus difficiles les pratiques de soutien avec les migrants sur cet enjeu politique, y compris quand la motivation des familles accueillantes est humanitaire.

La solidarité doit se multiplier et doit prendre des formes diversifiées.

Si notre objectif prioritaire est de leur permettre de dormir en sécurité sous un toit, il nous faut également protester contre la politique migratoire meurtrière du gouvernement belge et négocier une régularisation générale.

Il nous faut comprendre et résister à ce qui se joue dans les politiques de fermeture des frontières.

La Belgique n’envisage pas de renoncer à financer Frontex afin qu’elles continuent de bloquer les migrants, et donc à être complice des violences dont sont victimes les migrants.

A court terme, l’abandon du règlement de Dublin doit être une des revendications majeures.

Les exilés sont pratiquement tous « dublinés », selon cette procédure qui veut que le premier lieu où une personne dépose ses empreintes soit celui où elle est expulsée.

A moyen terme, c’est-à-dire pour les élections communales, nous sommes en force de revendiquer des mesures concrètes à nos futurs élus. Par exemple, que :

  • La police locale refuse de soutenir les politiques de déportation mises en place au niveau fédéral des personnes « sans-papiers » en n’exécutant plus aucun ordre de quitter le territoire (OQT).
  • La police fournira pour tout contrôle d’identité un récépissé justifiant cette procédure qui doit rester exceptionnelle.

Aussi, sur le plus long terme, Il nous faut également revendiquer pour les élections de 2019 :

–          la régularisation de tous les sans-papiers,

–          la fermeture des centres fermés,

–          la liberté de circulation,

–          l’arrêt des expulsions,

–          l’arrêt de la criminalisation des sans-papiers,

–          le respect des droits fondamentaux comme l’accès aux soins médicaux et à l’éducation,

–          le respect et l’application des droits de l’enfant,

–          l’instauration d’un droit nouveau de la circulation et de l’installation des personnes qui prennent en compte la réalité du monde dans lequel nous vivons.

Rappelons-nous que, les deux dernières campagnes de régularisation ont régularisé quelques 125.000 personnes, après examen de leur demande individuelle et sur base de critères précis.

La régularisation d’étrangers en situation irrégulière n’est pas une pratique isolée de la Belgique. Quasiment tous les États européens y ont recours, même s’ils ne le déclarent pas expressément. En réalité, dans une économie capitaliste néo-libérale, la régularisation périodique par l’État de migrants « sans-papiers » est un dispositif de gestion de la population et du marché du travail.

Le discours politique actuel est triste et décevant. Il s’agit d’un grand pas en arrière au niveau des droits des personnes et plus encore des exilés. Mais en même temps, nous n’avons jamais vu une telle mobilisation citoyenne.

En politique, tout n’est que rapport de force et de pouvoir. Si nous avons la volonté politique ce qui nous semble impossible aujourd’hui peut se réaliser dès 2019.

L’État d’urgence / d’exception banalise la fermeture des frontières. Le plan Canal lui banalise les contrôles au faciès, le fichage généralisé, les perquisitions, la déchéance de nationalité.

Il est temps, plus que jamais, de nous mobiliser contres toutes ces mesures et d’organiser une large mobilisation anti-guerre, anti-raciste, de solidarité avec les réfugiés et décoloniale.

Nordine Saïdi
Bruxelles Panthères

Pour Mawda demain ( Mercredi 23 Mai ) à 22h devant le Palais de Justice pour une veillée aux flambeaux.
Solidairement,
Bruxelles Panthères
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MAWDA : 10 JOURS DE DEUIL NATIONAL ! – JUSTICE et VÉRITÉ
Mawda avait deux ans, elle est née en Allemagne. Ce 18 mai elle a été tuée d’une balle dans la tête dans les bras de son père sur une aire d’autoroute de la E42 à l’issue d’une course poursuite avec la police. Le meurtre de Mawda a été rendu possible par la politique d’immigration de l’Europe appliquée par le gouvernement Michel. Et c’est la même politique, et l’idéologie nauséabonde qui la sous-tend qui, il y a 20 ans, avait rendu possible le meurtre de Semira Adamu.

Mawda ne portera jamais de vêtements dont la taille est plus grande que 104 cm. En signe de deuil et de protestation, la coordination Semira Adamu invite toutes les habitantes les habitants de Belgique et au-delà de ses frontières, à attacher un vêtement d’enfant à leur fenêtre, sur les places et aux entrées de leurs villes et de leurs villages, de le photographier et de poster cette photo sur les réseaux sociaux ou d’en faire leur photo de profil.

Rendez-vous ce mercredi 23 mai à 17h30 place Poelart, pour y déposer un vêtement d’enfant et nous recueillir.

Nous reviendrons ce mercredi soir à 22h au Palais de Justice pour une veillée aux flambeaux.

La coordination Semira Adamu 2018
info@semiraadamu2018.be

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4 réflexions au sujet de “Une seule solution, la régularisation de tous les sans-papiers.”

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