L´Islamophobie : une conséquence prévisible de l´ultra libéralisme ?
MICHAËL PRIVOT 11 Novembre 2014
L´islamophobie n´est pas le résultat d´une stratégie spécifique pour créer le bouc-émissaire idéal, mais les Musulmans arrivèrent à point nommé pour remplir cette fonction au sein des sociétés européennes ultra libérales
Pendant longtemps les discours contemporains sur l´islamophobie – tenus tant par les musulmans que les non-musulmans – ont eu pour point commun [1] de situer le surgissement de l´islamophobie moderne suite à la chute du Mur de Berlin et la disparition du bon vieil « ennemi communiste » en 1989.
Dans ce type de discours, le 11 septembre (2001) serait une espèce de moment de vérité qui manifestât, ou frayât la voie à la manifestation, de discours et d’attitudes préexistants contre les musulmans et/ou l´Islam, lesquels avaient été conservés jusque-là sous la surface du politiquement correct.
Bien sûr, personne ne peut nier que les sociétés européennes, de même que beaucoup d´autres sociétés dans le monde, ont toujours nécessité un quelconque ennemi juré, un Autre ultime, pour forger leurs propres identités.
Il est en effet toujours plus facile de définir ce qu´on n´est pas, plutôt que ce que l´on est. Cet Autre a toujours fluctué au travers des siècles, dépendant du contexte géopolitique, voir même « géo-théologique » [2], bien que les musulmans et l´Islam aient toujours été à l’arrière-plan des constructions identitaires propres à l´Europe depuis le septième siècle.
Quelle que soit la pertinence, la valeur ou même le confort de l’argument des politiques identitaires pour expliquer la hausse et la pénétration de l’islamophobie en Europe au cours des trois dernières décennies, il ne parvient pas à articuler cette dernière avec une vision plus large des changements économiques, politiques et sociaux radicaux que l’Europe a connu depuis la deuxième Guerre mondiale.
Quoique les analogies entre la situation européenne depuis le début de la crise économique et financière en 2008 et la grande crise des années vingt/trente, ont leurs limites, certaines ressemblances-clé peuvent cependant être : la prédation de l´économie entière par une minorité au détriment d´une immense majorité de personnes ; le soutien grandissant des riches et des puissants pour des partis ou mouvements ultra-conservateurs et d´extrême droite au travers de l´Europe, avec l´objectif de protéger l´ordre social en général et leurs privilèges en particulier ; la désignation de minorités spécifiques (auparavant des Juifs, des musulmans mais aussi des Roms, des LGBTIs…) comme boucs émissaires – avec les sinistres conséquences potentielles que nous ne connaissons que trop bien de l’histoire : une guerre mondiale qui tua des millions de personnes et l´Holocauste.
Les sociétés Européennes sortirent de ces horribles évènements profondément traumatisées. De manière intéressante, les élites politiques, sociales et intellectuelles de l´époque comprirent la profonde interconnexion entre le capitalisme financier sauvage qui avait régné après la première guerre mondiale et le nationalisme implacable qui avait été mobilisé comme diversion de l´augmentation des inégalités sociales en Europe, ainsi que de la faillite des démocraties européennes à protéger les plus faibles.
Juste après la deuxième guerre mondiale, en se fondant sur l’impressionnant travail de développement de coalition qui avait été entrepris par les divers mouvements de résistance pendant l’occupation Nazie de l’Europe, ils ont posé les pierres angulaires du modèle démocratique prospère de l’Europe occidentale, et ce dans trois domaines corrélés :
Le premier, ce fut le cadre légal avec l´avènement de la Déclaration Universelle des Droits de l´Homme, entérinant le principe d´égalité entre les êtres humains et la protection des droits inaliénables des individus. Celle-ci et des initiatives légales ultérieures comme la Convention européenne pour la Protection de Droits de l’homme et des Libertés Fondamentales devaient dominer la hiérarchie des normes légales dans les pays européens au cours des décennies suivantes, s’imposant même au-dessus des constitutions nationales. Elles étaient sensées être l´ultime protection pour les minorités contre la tyrannie de la majorité au sein des sociétés démocratiques. Un dernier joker avant le désastre.
Le second domaine, ce fut le projet politique. Les démocraties européennes n´avaient pas honoré leurs principes fondateurs et couraient toujours le risque d´être sapées par des nationalismes vicieux. La seule marche à suivre pour surmonter de tels défauts fut d´imaginer un projet politique plus large, unissant un certain nombre de pays partageant des intérêts en commun. Il débuta modestement avec les accords sur le charbon et l´acier entre les 6 membres fondateurs de la Communauté Economique Européenne, qui devait ensuite se transformer en Union Européenne.
Le troisième domaine fut le projet économique et social : l´augmentation des inégalités dans la répartition du pouvoir et de la richesse parmi les différentes classes sociales, avec le riche devenant plus riche et le pauvre, plus pauvre, ne pouvait pas générer la paix sociale et la durabilité dans les sociétés (capitalistes) européennes. Dès lors, s’en est suivi le développement de sociétés redistributives favorisant la justice sociale, de systèmes sociaux forts se souciant des besoins des individus au cours de leur vie, articulés autour des principes keynésiens comme le plein emploi (littéralement, visant 0 individu au chômage), ainsi que des investissements massifs dans les infrastructures, l´éducation et la santé.
Des démocraties sociales telles que la Suède ou le Danemark furent capables de redistribuer très bien jusque dans les années 80, ainsi l´écart de salaire ne dépassait pas plus de 1 à 6 au sein des entreprises (comparé à l’écart de 1 à 1000 qui n´est plus une exception dans certaines entreprises globales), le taux global de chômage (toutes catégories comprises) ne dépassant jamais les 2 %.
Ce fut pendant les années soixante et soixante-dix que le plus grand nombre de migrants avec une origine musulmane furent appelés pour travailler dans divers – souvent les plus durs – secteurs industriels. Il y avait plusieurs raisons pour cela, telle qu’une économie en hausse nécessitant une force de travail, mais aussi le manque de volonté de la part des détenteurs de capital d´investir dans leurs entreprises pour renouveler les machines et les outils vieillissants.
Au lieu de cela, ils favorisèrent l´importation d´une main d’œuvre bon marché et la maximisation conséquente de leurs profits à court terme – avec le soutien des partis et des gouvernements conservateurs qui ne prévirent pas la nécessité de mesures d´accompagnement pour favoriser une intégration en douceur de ces nouvelles communautés au sein des populations majoritaires européennes – s’ils avaient même jamais souhaité qu’une telle intégration se produise un jour.
De façon intéressante, des témoins directs de cette période, issus tant des communautés majoritaires que minoritaires, ont souvent témoigné qu´il n´y avait pas de conflits majeurs sur le lieu de travail. Le racisme et les difficultés de communication existèrent, bien sûr, mais les travailleurs – quelle que soit leur provenance – avaient profondément conscience qu´ils étaient tous là pour gagner leur croûte décemment, pour construire une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs enfants, ici ou à l´étranger, et pour jouir d´une existence pacifique. Leur identité commune en tant que travailleurs, formée en partie au travers du syndicalisme, mais aussi à travers des solidarités générées par des années de travail sur la même chaine de production ou en creusant ensemble dans les mêmes mines, fonctionnèrent comme des mécanismes puissants d´incorporation.
Rétrospectivement, nous pouvons mieux comprendre l´écart énorme entre les principes et idéaux développés pendant la Résistance et leur mise en œuvre dans les années quarante et cinquante, d´une part, et notre situation actuelle, d´autre part. Le changement survint sous la houlette de Mme Thatcher et M. Reagan, qui réussirent à imprimer un virage idéologique énorme, en Europe surtout. Nous passâmes progressivement de démocraties redistributives sociales ayant pour but le plein emploi à des démocraties ultra-libérales, gérées pour contrôler l´inflation, préserver le capital privé, réduisant les impôts sur les revenus des plus aisés, réduisant les dépenses publiques au travers de la libération des services, augmentant les retours sur investissement pour les actionnaires, comprimant les salaires des travailleurs et des employés, etc.
Cela prit trente ans pour démanteler la plupart des acquis sociaux, légaux et politiques de la seconde guerre mondiale, alors que ce raz-de-marée n´a pas encore épuisé son potentiel négatif. Malgré cela, la poussée vers plus d´égalité pouvait encore être perçue jusqu´à la fin des années 90 en Europe de l´Ouest, et même soutenue encore un peu plus tard par des pays tels que la Grande-Bretagne.
Un paradoxe au sein du chorus européen de l´ultra-libéralisme? Probablement pas autant qu´il pourrait y paraitre. En effet, égalité et non-discrimination – exception faite peut-être de l´immédiat après-guerre – n´ont jamais été soutenu en soi par les gouvernements européens comme une cause vertueuse pour le bien être global des individus vivant dans leurs pays respectifs.
Au contraire, ils ont toujours été plus ou moins explicitement reliés à un accroissement de la flexibilité et de l´efficacité des affaires, nivelant les obstacles en vue d’améliorer une économie de marché libre sans restrictions, ainsi qu’au besoin des gouvernements d´employer le plus de gens possibles pour s’assurer de pouvoir réduire la dépense publique. C´est en partie pour cela que les politiques ultra-libérales peuvent s´accommoder – voire bénéficier – de la promotion du genre, de la diversité ethnique ou religieuse ainsi que de la non-discrimination, tout en s’opposant férocement à toute avancée de l´égalité et de justice sociale. « Divers mais tous également inégaux » pourrait être la rengaine de cette approche.
C’est dans ce contexte beaucoup plus vaste, comme une sorte de dommage collatéral, que l’Islamophobie est devenue une problématique dans la plupart des démocraties européennes. En effet, c’est une caractéristique commune des récits dominants visant à protéger les droits acquis de quelques-uns que de détourner la colère légitime des populations contre leurs exploiteurs.
Il était donc crucial dans les années 80 de sortir des débats publics sur la redistribution du pouvoir et des richesses, sur l´oppression des classes, etc… et de se diriger vers des débats sur les valeurs.
Il n´est dès lors pas étonnant que Samuel Huntington publiât son livre sur le choc des civilisations en 1993.
L’avantage compétitif des valeurs sur le marché politique consiste en ce que tout le monde a des valeurs et, de manière plus importante encore, une opinion concernant ses propres valeurs et les valeurs des autres. Tout le monde n´a pas un emploi, un intérêt personnel à préserver la société telle qu´elle est à l´heure actuelle, mais chacun-e a des opinions sur les valeurs – et ces dernières possèdent un grand facteur mobilisateur en ce sens qu´elles sont incrustées dans nos identités.
Enfin, elles offrent un sujet sans fin de discussion et d’opposition politique car elles sont en flux et recomposition constants et peuvent être constamment invoquées pour délimiter ce qui est à l’intérieur ou à l’extérieur du cercle de l´acceptabilité sociale, culturelle et par conséquent économique.
Depuis la fin des années 80, les musulmans – et en particulier les migrants musulmans (ou perçus comme tels) et les jeunes musulman-e-s né-e-s en Europe – ont été vus comme incarnant l´Autre, au-delà du cercle de « nos » valeurs.
Les musulmans sont apparus comme ayant le désavantage (ou l´avantage, dépendant du point de vue) de cocher plusieurs cases : posséder des valeurs différentes (et supposément inférieures), une histoire conflictuelle avec les sociétés européennes, un passé colonial, des cultures différentes, des ethnies différentes, des éthiques différentes – parfois contredisant de facto les valeurs démocratiques libérales.
La question de l´égalité des sexes en est un bon exemple. Clairement, un certain nombre de traditions développées dans certains pays musulmans sont en opposition directe avec la notion même d´égalité des sexes – et ne doivent pas être acceptées sous prétexte de relativisme culturel. Cependant, la violence contre des femmes (1 femme européenne sur 3 fait face à la violence dans sa vie), le manque de représentation dans des postes clefs et dans la politique et l’écart salarial selon le sexe dans des pays comme la France (20 % en 2012), devraient être inexistants sur un continent si fier de brandir le principe d’égalité des sexes comme une de ses valeurs fondamentales.
De telles discordances entre la réalité et les principes démontrent que beaucoup de discours politiques concernant l´égalité des sexes comme principe définissant les démocraties européennes, ne sont cultivés en réalité que pour servir de puissant moyen d´exclusion par la mobilisation négative d’un puissant idéal.
Plus important encore, d´autres éléments demandent à être considérés au-delà du débat sur les valeurs : l´Islamophobie ne peut pas être dissociée d’une analyse de classe, sachant que l´un des traits clefs de l´ultra-libéralime est de délégitimer tout type d’analyses de classes, car celles-ci remettent en question la redistribution du pouvoir et de la richesse au sein de la société.
S´il n´y a plus de classes sociales, alors la redistribution du pouvoir et de la richesse entre elles disparait comme question politique. Tout ce qui reste, c’est le potentiel de chaque individu à atteindre le succès en amassant des richesses, ou à échouer en ne prenant pas ses responsabilités, tandis que toute la structure de l´exploitation capitaliste reste incontestée.
Les musulmans sont généralement au bas de l’échelle sociale en Europe. Ce n´est que récemment qu´un pourcentage grandissant (mais encore marginal) de musulmans a réussi socialement et économiquement, mais la plupart ont fait partie des travailleurs pauvres ou fait face à un chômage massif au cours des trois dernières décennies depuis que les politiques de plein emploi ont été abandonnées au profit de la « lutte contre le chômage ». Dans un certain nombre de pays européens, la migration irrégulière en provenance du nord de l´Afrique a constitué une ressource énorme de travailleurs dans l´économie informelle, soumise à des emplois extrêmement peu payés et une exploitation générale de la part d´employeurs impitoyables les utilisant pour organiser un dumping social à l’encontre des travailleurs de la population majoritaire.
Tant les travailleurs pauvres musulmans que les migrants irréguliers d´origine musulmane ont été instrumentalisés par les employeurs et les décideurs pour générer une compétition contre les travailleurs blancs majoritaires (pauvres). Ils ont été engouffrés dans une guerre des pauvres contre les pauvres, du pauvre Blanc contre le pauvre Noir – pour utiliser des catégories générales – ce qui est une caractéristiques principales des sociétés ultra-libérales pour les raisons détaillées auparavant. Dans un tel contexte, les musulmans sont devenus une cible facile pour la colère d´une population majoritaire qui s’est fait déclasser et dévaloriser à une allure croissante au cours de ces vingt dernières années.
L’islamophobie moderne n´est pas juste un phénomène ex-nihilo dont la fonction serait semblable à celle de l´anticommunisme jusqu´à la fin des années quatre-vingt comme un élément-clef des politiques identitaires européennes. Bien que cette dimension soit certainement présente, elle ne peut pas être réduite à ce simple aspect[3]. Il est nécessaire de la comprendre non seulement comme un dommage collatéral sinon comme l´accomplissement d´un ensemble de fonctions spécifiques dans la structure ultra-libérale qui a été mise en œuvre depuis la fin des années soixante-dix en Europe et aux Etats-Unis.
L´islamophobie ne résulte pas d´une stratégie spécifique qui aurait visé à créer le bouc-émissaire idéal, mais les musulmans arrivèrent à point nommé pour remplir cette fonction au sein des sociétés européennes – ce qui n´exclut pas, par la suite, la mise sur pied de stratégies délibérées visant les musulmans ou l´Islam dans des contextes politiques spécifiques (ex.: Geert Wilder aux Pays-Bas).
L´une des conséquences de cette approche, c’est qu´elle lie la lutte contre l´islamophobie à la lutte, plus large, en faveur de l´égalité totale, y compris l´égalité et la justice sociale au sein de nos sociétés démocratiques redistributives.
L´islamophobie n´étant en aucun cas un phénomène autonome, mais bien un aspect structurel/fonctionnel des sociétés ultra-libérales, la crise financière et économique actuelle devient une opportunité en or pour développer des alliances et coalitions progressistes pour le bien-être de tous au travers d´une redistribution du pouvoir et des richesses au sein des sociétés européennes – plutôt que de conserver le combat contre l’islamophobie comme une préoccupation uniquement pour les musulmans ou une question subsidiaire pour les activistes antiracistes et les militants des Droits de l´Homme.
La lutte contre l’islamophobie devrait être englobée dans un effort conjoint pour reconstruire une colère populaire commune – non pas contre le pauvre d´une autre origine ethnique ou religieuse – mais contre les exploiteurs des 99 %.
Compris comme ceci, le combat contre l’islamophobie concerne 99 % de la population et devrait faire partie intégrante de l’agenda politique de tous les mouvements et partis progressistes.
Lutter contre les inégalités sociales et économiques tout en soutenant ou en appliquant des politiques qui excluent concrètement ou discriminent les musulmans, est un non-sens intellectuel, politique et stratégique dans la lutte pour l´égalité .
Cela révèle un défaut crucial dans l’analyse politique des formes modernes d’exploitation capitaliste par beaucoup de mouvements et partis européens de gauche. Eviter d’affronter l´islamophobie de face est un des clous plantés dans le cercueil de la révolution sociale que beaucoup d´entre nous tentent de réaliser.
Les points de vue exprimés dans cet article ont valeur prospective et sont seulement ceux de l´auteur. Ils ne reflètent pas forcément les points de vue de l’ENAR – le Réseau Européen Contre le Racisme. L´auteur a bénéficié des conseils de Georgina Siklossy et de Julie Pascoët pour la rédaction de son article. Les incohérences sont de la seule responsabilité de l´auteur.
[1] Je ne discuterai pas ici des différents sens et interprétations auxquels se prête le terme « islamophobie ». J´utilise ce mot dans le contexte de cet article pour parler tant de la peur de l´Islam et des musulmans de la part des non musulmans, mais aussi de la sous-catégorie de racisme spécifique qui construit les musulmans comme membres d´une communauté universelle globale caractérisée par une culture, un ensemble de valeurs, une civilisation inférieurs, en comparaison avec la soi-disant « culture européenne/occidentale », son ensemble de valeurs, sa civilisation. Tous les termes utilisés sont volontairement généralisant. Pour les discussions universitaires détaillées et enrichissantes du terme et de ses implications, voir S. Sayyid et Abdoolkarim Vakil (eds.), « Thinking Through Islamophobia », London, Hurst, 2010, et Maleiha Malik (ed.), « Anti-Muslim Prejudice in the West: Past and Present », London, Routledge, 2010.
[2] Voir M. Privot et C. Baylocq, Tareq Oubrou, Profession Imâm, (Spiritualités vivantes), Paris, Albin Michel, 2009.
[3] Pour une analyse en profondeur de cet aspect du point de vue des théories critiques du racisme, voir ici.
[Traduction Gwénaëlle Taffin pour Bruxelles Panthères avec l’aimable autorisation de l’auteur.]
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