Hommage à tous nos pères

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Hommage à tous nos pères

Marcinelle 8 Aout 1956 Catastrophe du Bois du Cazier.

La catastrophe minière du Bois du Cazier à Marcinelle, en août 1956, marque un tournant dans l’immigration italienne. Sur les 262 victimes, 136 sont italiennes.
L’Italie revoit alors sa politique d’émigration et la Belgique se tourne vers d’autres pays pourvoyeurs. L’immigration italienne est remplacée par l’immigration espagnole et grecque.
En 1961, plus de deux tiers des étrangers vivant en Belgique résident en Wallonie.
Au cours des années 1960-1970, la Belgique s’oriente vers les pays du Maghreb et la Turquie. La crise du secteur charbonnier s’intensifiant, ils sont embauchés dans d’autres secteurs tels le bâtiment, la métallurgie, les transports en commun, etc.

Il m’est impossible de ne pas rendre hommage à ces hommes qui sont venus comme mon père pour travailler.

On ne peut pas oublier ces gens qui ont sacrifié leur vie pour celles de leur enfants.

Nordine Saïdi

 

Témoignages extraits de Travailleur d’où viens-tu ? Équipes populaires-CARHOP, Seraing, 1993.

La bataille du charbon
«Une personne ayant travaillé de nombreuses années au charbonnage, a vu défiler un certain nombre de nationalités et les premières que nous avons vu arriver étaient les prisonniers russes. Ils logeaient dans les baraquements de fortune et travaillaient vraiment parce qu’il fallait bien. Après la libération, juste retour des choses, diront certains, les prisonniers russes ont été remplacés par des prisonniers allemands malgré le retour des prisonniers de guerre.» (J.D.)

On le constate, les Belges, malgré les avantages importants accordés aux mineurs refusent de descendre ou d’envoyer leurs fils dans la mine. Pour pallier au manque de main-d’œuvre chronique dans les mines, le Gouvernement belge va faire appel systématiquement à la main-d’œuvre étrangère ; les pays de l’Est, anciens lieux de recrutement étant fermés, ce sera vers l’Italie qu’il se tournera.«Manque de main-d’œuvre ? Mais ce n’est pas un problème pour les capitalistes. Ils ont eu recours à une importation très forte de main-d’œuvre venant principalement, dans cette deuxième phase, d’Italie.» (J.D.)

«Je trouve très étonnant d’entendre parfois les Belges déclarer que nous sommes venus leur prendre le travail. Cela n’est pas vrai. Pourquoi avoir alors fait appel aux étrangers pour venir travailler dans les mines? Mais voilà, ici en Wallonie comme au Limbourg, les Belges n’aiment pas tellement travailler dans la mine.» (L.C.)

«L’entente était bonne entre les mineurs italiens, belges, marocains et autres. Je n’ai jamais trouvé de différences entre les étrangers et les Belges. Chacun fait son métier, c’est le principal. Naturellement, il peut arriver que l’un ou l’autre soit contre les étrangers. Mais ce sont des ignorants: ils ne savent pas…» (L.C.)

«En 1956-57, les mines du Limbourg comptaient plus de travailleurs italiens que de travailleurs flamands.» (L.C.)

«Ils venaient pour une période très courte presque comme des chercheurs d’or.» (J.D.)

Le départ
«Je suis parti comme ça… un peu pour trouver un autre monde, une autre ambiance, une autre civilisation. Les jeunes surtout aiment aller à gauche et à droite, un peu à l’aventure. Personnellement, j’aimais bien le goût de l’inconnu, de l’aventure…» (L.C.)

Les formalités
«D’abord passer devant le médecin. Puis ma mère a dû remplir des papiers ; c’est elle qui devait le faire avec 4 témoins parce que je n’avais pas 21 ans. Après avoir quitté Udine, je suis arrivé à Milan où j’ai dû passer une nouvelle visite auprès du médecin belge. Après, destination: Liège en Belgique !»

L’accueil
«C’était en 53, une année où il faisait très froid… Il y avait de la neige. À la gare, un vrai débarquement. Les patrons étaient là pour faire une sorte de triage, chacun prenant les personnes qui devaient aller travailler dans sa société. Malgré le froid, on est resté là des heures pendant qu’ils faisaient leur triage. C’est eux qui paient le voyage… alors ils veulent récupérer leurs travailleurs…» (F.S.)

Les conditions de vie et de travail
«Avec tous les Italiens de mon village, nous étions logés à la « cantine ». Pour dormir, cela allait, mais pour manger… ! On avait une petite chambre pour quatre personnes, une autre chambre en comptait 5 et une troisième plus grande en comptait 7.» (L.B. et M.C.)

«Les prisonniers russes logeaient dans de vieilles baraques, mises souvent sur le terril; quand les prisonniers allemands sont venus, ils ont logé dans les mêmes baraquements. Les personnes déplacées, Polonais, Yougoslaves, personnes de l’Est, ainsi que les Italiens sont arrivés alors et ont repris les baraquements des prisonniers allemands, et puis, la CECA a fait une série de cités pour pouvoir démolir les « phalanstères » comme on disait…» (J.D.)

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