L’histoire de Belliraj racontée par sa femme.
Abdelkader Belliraj est affaibli physiquement, car il a entamé une grève de la faim pendant un mois, juste avant notre arrivée au Maroc. Du point de vue de sa corpulence, il a perdu pas mal de kilos. Mais Dieu Merci, il y a eu l’intervention de M. Khadija Rouissi. Elle a pu le voir en prison et le convaincre d’arrêter, ou du moins de suspendre sa grève. J’étais contente lorsque je suis arrivée car il ne faisait plus de grève. En ce qui concerne ces 5 ans de détention, est-ce qu’il y a eu un changement, une amélioration dans ce dossier ?
Tout d’abord, Abdelkader à été arrêté à Marrakech et non à l’aéroport comme nous l’avions pu entendre de la bouche des médias et du ministre de la justice. Abdelkader a été enlevé dans un café et a disparu pendant un mois. Nous l’avons cherché partout : dans les commissariats, dans les hôpitaux, mais en vain ! C’est par les médias et par intermédiaire du ministre de l’intérieur que nous avons appris qu’Abdelkader avait été incarcéré. Il a été enlevé, puis torturé. La famille a encaissé le coup, nous ne savions pas où était Abdelkader et le pourquoi de sa disparition.
Du jour au lendemain , Abdelkader est devenu l’ennemi publique numéro 1 au Maroc , et cette affaire , l’affaire du siècle !!! Le ministre de l’intérieur a sorti des informations , aux médias avant même que Abdelkader ne soit présenté devant un juge !!! Dans une violation flagrante du secret de l’instruction …..puis quand une question lui a été posée sur ce détail, il a simplement répondu que ce n’était qu’un détail futile et sans importance.
Bien que dans un véritable état de droit, c’est une violation flagrante des procédures judiciaires…Avant qu’Abdelkader soit présenté à la justice, avant toute enquête, des informations vraies et fausses se retrouvaient dans la presse. Après un an de procès, plus d’une centaine de séances, Abdelkader a été condamné à vie en première instance, qui a été confirmé en appel.
Dès ce moment, ma maison est devenue la destination prisée des médias belges et marocains et parmi eux la deuxième chaine. J’ai même été poursuivie par les médias en voiture lors de la conduite de mes enfants à l’école pour une déclaration. Ils m’ont demandé cette déclaration en face de l’école, devant tous les parents. J’ai refusé. C’était honteux, et ils ont continué ! Un lynchage médiatique sans aucun précédent ! Vingt années de vie avec Abdelkader et je n’avais jamais rien vu de tel ou ressenti quelque chose qui pouvait amener à la situation actuelle. Abdelkader qui a vécu 40 années en Belgique, n’a aucune relation avec cette soit disant « affaire Belliraj » !