À propos des exclusions illégales d’élèves « difficiles » : la face cachée d’un racisme d’Etat, négrophobe et islamophobe

À propos des exclusions illégales d’élèves « difficiles » : la face cachée d’un racisme d’Etat, négrophobe et islamophobe

L’article de La Libre Belgique du 16 décembre 2024 met en lumière une réalité aussi inquiétante qu’inacceptable : pour la deuxième année consécutive, des écoles belges continuent d’exclure illégalement des élèves dits « difficiles ». Le terme est vague, édulcoré, presque innocent. Mais derrière cette expression, il y a des enfants. Et il y a surtout un système scolaire qui, sous couvert de neutralité, perpétue des logiques d’exclusion profondément racistes, #Négrophobe et #Islamophobe.

L’exclusion illégale, c’est l’autre visage de l’école belge : une institution qui prétend garantir l’égalité des chances mais qui, dans les faits, produit de l’injustice sociale et reproduit le racisme systémique. Ces enfants “difficiles” sont, en réalité, des enfants qui portent le stigmate de leur couleur de peau, de leurs origines sociales et de leurs croyances religieuses. La prétendue difficulté qu’ils incarnent n’est pas leur “comportement” mais ce qu’ils représentent : une rupture dans un système scolaire qui, depuis toujours, nie et invisibilise la question raciale.

Comme je l’ai montré dans mon travail de recherche, une telle analyse révèle inévitablement que la majorité des élèves concernés par ces exclusions ( ou mauvaise orientation ) proviennent des communautés noires, arabes et musulmanes. Cette réalité n’est ni nouvelle, ni surprenante

La #Belgique refuse obstinément de produire des statistiques ethniques, un outil pourtant indispensable pour objectiver les discriminations structurelles. Ce refus ne fait pas disparaître le problème, il le rend seulement plus difficile à quantifier. Mais il suffit d’observer la réalité sociale pour savoir qui sont les enfants que l’on appelle “difficiles” : ils sont, dans leur grande majorité, Noirs, Arabes et/ou musulmans. Cela n’a rien d’un hasard. Le système éducatif belge, à l’image de la société qui l’encadre, reste traversé par des rapports de pouvoir raciaux hérités de l’histoire coloniale et de ses prolongements contemporains.

Cette exclusion illégale, c’est un symptôme. Un symptôme de l’incapacité structurelle du système scolaire à accueillir les enfants qui incarnent une altérité insupportable pour une institution profondément normative. Que ces enfants soient issus des quartiers populaires, qu’ils portent des noms arabes, africains, ou qu’ils manifestent une pratique religieuse — cela suffit à les désigner comme “problématiques”. Dans un climat politique et médiatique saturé d’islamophobie et de négrophobie il est devenu presque normal d’assimiler la présence d’un enfant musulman, de ses références culturelles ou religieuses, à une forme de défiance envers l’autorité scolaire.

Il convient de s’interroger : La dimension raciale des exclusions. Quels enfants sont concernés ? Quelle est leur origine sociale et racial ou ethnique ?
La question de l’islamophobie et négrophobie au sein du corps enseignant. Quels impacts ont les préjugés et stéréotypes islamophobes sur le traitement des enfants musulmans ?

Pourquoi ces élèves sont-ils qualifiés de « difficiles » ? Quelle est la véritable nature des “difficultés” pointées par les enseignants ? Les récits médiatiques et institutionnels tendent à invisibiliser un phénomène central : l’impact de l’islamophobie rampante qui gangrène certains corps enseignants. Depuis plusieurs années, une propagande islamophobe, savamment entretenue, alimente des stéréotypes déshumanisants sur les jeunes musulmans. Certains enseignants se disent “mis en difficulté” par des élèves dont le seul tort est de manifester une pratique religieuse, une foi ou des références culturelles qui dérangent. Le préjugé islamophobe assimile désormais des expressions de la religiosité à une forme de défiance ou d’opposition à l’autorité.

Combien d’enseignants, influencés par cette propagande islamophobe ambiante, se disent « mis en difficulté » parce qu’un élève évoque Allah ? Combien voient dans la foi religieuse de leurs élèves une menace plutôt qu’une composante identitaire et spirituelle digne de respect ? Il faut poser cette question sans détour : l’islamophobie gangrène le corps enseignant comme elle gangrène d’autres secteurs de la société. Les stéréotypes et les préjugés se transforment ici en actes concrets d’exclusion, et ce sont les enfants racialisés qui en paient le prix.

Derrière les discours policés sur l’égalité des chances, le racisme d’Etat fait son œuvre, méthodiquement. L’école belge est censée être un espace d’émancipation et d’éducation pour tous. Mais pour beaucoup d’enfants noirs et arabes, elle devient un espace de stigmatisation, de violence symbolique et d’exclusion. Ces enfants ne sont pas difficiles : c’est le système qui est difficile pour eux. C’est l’école qui refuse de les voir comme des enfants à part entière, et qui préfère les désigner comme des problèmes à éliminer.

Aujourd’hui, le discours sur les élèves “ingérables” se double d’une propagande islamophobe qui gangrène le corps enseignant.

Madame la Ministre Valérie Glatigny, il est urgent d’ouvrir les yeux. Cette réalité ne disparaîtra pas d’elle-même. La reproduction du racisme structurel au sein des écoles est un fait. Le traitement réservé aux élèves issus des communautés noires, arabes et musulmanes doit faire l’objet d’une enquête rigoureuse. Je vous propose — et vous exhorte — à lancer une étude nationale sur les exclusions scolaires, en y intégrant explicitement :

La dimension raciale des exclusions. Quels enfants sont concernés ? Quelle est leur origine sociale et ethnique ?
La question de l’islamophobie et de la négrophobie au sein du corps enseignant. Quels impacts ont les préjugés et stéréotypes islamophobe et négrophobe sur le traitement des enfants noirs, arabes et/ou musulmans ?

Cette étude est nécessaire pour lever le voile sur un phénomène systémique. Refuser de le voir, c’est entretenir un système de violence et d’injustice. Il est temps d’assumer les responsabilités collectives et de comprendre que ces exclusions ne sont pas des cas isolés, mais des symptômes d’une violence structurelle.

À celles et ceux qui continuent de détourner le regard, je dis ceci : l’école est politique. Ce qui s’y joue n’est pas neutre. Exclure un enfant aujourd’hui, c’est poser les bases de son exclusion sociale demain. Les conséquences sont réelles et elles se paient au prix fort dans des trajectoires de marginalisation et d’injustice.
Madame la Ministre, vous n’avez plus le droit de détourner le regard. Ce n’est pas une simple question d’ordre ou de discipline. Derrière ces exclusions illégales, il y a un système qui rejette systématiquement des enfants racisés sous couvert de neutralité. Je vous le dis ici, en tant qu’acteur de terrain et militant antiraciste : il est temps d’ouvrir les yeux et d’agir.

Madame la Ministre Valérie Glatigny, vous pouvez me contacter facilement pour approfondir cette analyse, apporter mon expertise et contribuer à amorcer un changement structurel. Mais sachez-le : le silence et l’inaction ne nous arrêteront pas. Tant que l’injustice frappera nos enfants, nous serons là pour la dénoncer.

Parce que ces enfants que l’on exclut ne sont pas des problèmes. Le problème, c’est le système. Un système incapable de voir dans ces enfants autre chose que ce qu’il refuse d’assumer : sa propre violence postcoloniale et raciale.

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