Les 13 membres du Conseil régional de Megiddo vivent sur les terres des villages palestiniens détruits lors de la Nakba à partir de 1948. Tous les villages palestiniens de cette région d’environ 200 km2 (al-Lajjun, Umm al-Zinat, Qira, al-Rihaniyya, Abu Zurayq, Abu Shusha, al-Ghubayya al-Tahta, al-Ghubayya al-Fawqa, Ein al-Mansi, al-Mansi, al-Kafrayn, al-Butaymat, al-Naghnaghiya, Sabbarin et Khubbayza) ont été ethniquement nettoyés ; 9 kibboutz et 4 moshavs s’y sont installés.
Le kibboutz nommé à présent « Megiddo » par exemple, a été créé dans la zone du village palestinien d’al-Lajjun, nettoyé ethniquement et dont les habitants ont été entièrement expulsés lors de la Nakba en 1948.
Par ailleurs, la Cour suprême israélienne a rejeté en 2010, la demande de 486 familles descendantes de al-Lajjun, citoyens israélo-palestiniens, de récupérer 200 dounam (sur les 77 000 dounam qu’ils possédaient jusqu’en 1948), arguant que ces terres sont utilisées par l’État dans le cadre d’un projet de boisement.
https://www.adalah.org/he/content/view/3014
Le kibboutz Megiddo refuse même que les réfugiés d’al-Lajjun (des citoyens israéliens qui vivent à Umm al-Fahm) visitent leur mosquée qui est toujours debout sur le territoire (volé) du kibboutz. En 2004, le kibboutz a également refusé d’apposer un panneau sur la mosquée, arguant qu’elle était dangereuse pour les résidents du kibboutz.
Chacun de ces villages possède une histoire à laquelle nous renvoyons à la fin de ce texte.
Le site de la commune d’Ixelles
https://www.ixelles.be/site/309-Megiddo omet de mentionner que la région de Megiddo abrite actuellement l’une des principales prisons de l’état d’Israël et la plus grande prison détenant des Palestiniens (environ 800) et où des enfants sont également emprisonnés ; la plupart du temps sans procès et en violation du droit international – en l’occurrence, la Convention des droits de l’enfant de 1989 et l’article 76 de la Convention de Genève (IV). Il va sans dire que la détention a des effets dévastateurs sur le développement physique, émotionnel et psychologique de ces enfants. Ils sont exposés à des traumatismes durables qui compromettent leur avenir.
Amnesty International fait état de conditions inacceptables dans les prisons israéliennes : traitement inhumain et dégradant des prisonniers palestiniens, torture et décès en détention. Plusieurs détenus sont d’ailleurs décédés ces derniers mois dans la prison de Megiddo. https://english.almayadeen.net/news/politics/horrors-unveiled–megiddo-prison-s-reign-of-torture-and-abus
Depuis plus de huit mois, les attaques contre des civils sans défense en Palestine se poursuivent sans relâche et constituent des violations systématiques des droits humains et du droit international. Le système d’apartheid et la colonisation israéliens ne peuvent exister que grâce au soutien international et à la légitimation des États, des gouvernements, des entreprises, des institutions et des universités.
La décision de la Cour internationale de justice (CIJ) du 26 janvier 2024 fait suite à l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide dans la bande de Gaza à la demande de l’Afrique du Sud qui a invoquée ladite convention. Cette ordonnance stipule, entre autres, qu’Israël doit cesser immédiatement toute action susceptible de confirmer ou d’aggraver ledit génocide. Cette ordonnance n’ayant pas été respectée, les États ou gouvernements qui poursuivent leur coopération avec Israël pourraient être poursuivis par des instances judiciaires internationales ; en effet, la convention impose à ses signataires de prendre toutes les mesures en leur possession pour prévenir un génocide.
https://www.icj-cij.org/fr/node/203447
Le 20 mai 2024, le bureau du procureur de la Cour pénale internationale de La Haye (CPI) a lancé une demande de mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du ministre de la Défense Yoav Gallant. Un panel de trois juges de la CPI enquête sur cette affaire dans laquelle, selon le bureau du procureur de la CPI et « compte tenu des preuves recueillies et examinées », il existe des « motifs raisonnables » de croire que Netanyahu et Gallant portent une responsabilité pénale pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans le cadre de leur offensive meurtrière contre la bande de Gaza.
https://www.icc-cpi.int/fr/news/declaration-du-procureur-de-la-cpi-karim-aa-khan-kc-depot-de-requetes-aux-fins-de-delivrance
Dans un second arrêt, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye ordonne à Israël, le 24 mai 2024, d’arrêter immédiatement son offensive militaire à Rafah, d’ouvrir le poste frontière à l’aide humanitaire et d’autoriser l’entrée à des enquêteurs chargés par les organes compétents de l’Organisation des Nations Unies d’enquêter sur des allégations de génocide. Israël a rejeté la décision de la Cour et refuse de se conformer aux ordres.
https://www.icj-cij.org/sites/default/files/case-related/192/192-20240524-ord-01-00-fr.pdf
Nous félicitons les courageux étudiants des universités belges qui, par leurs actions et leurs occupations, ont déjà obtenu la cessation de collaborations, y compris dans le domaine des technologies militaires, de l’ULB et de l’UGent avec des universités israéliennes – maillon important de la politique de colonisation et d’Apartheid – voir à ce sujet le travail remarquable
https://www.versobooks.com/blogs/authors/wind-maya .
Nous regrettons par contre la décision de l’ULB de suspendre dans le même temps les collaborations avec les universités palestiniennes, les conditionnant entre autres à la libération des otages détenus à Gaza. Les étudiants de l’université de Gand ont également obtenu que tous les liens avec les universités israéliennes soient rompus. Ils vont plus loin en affirmant que, puisque la CIJ ne peut pas faire appliquer ses décisions, chacun d’entre nous a la responsabilité et le devoir moral de faire pression sur l’État d’Israël pour qu’il se conforme au droit international. Les étudiants gantois poursuivent leur action en vue de rompre les liens qui subsistent entre l’université de Gand et six entreprises israéliennes.
Comme les étudiants nous le montrent, chacun peut faire quelque chose pour contribuer au changement ; en tant que citoyens d’Ixelles, de Bruxelles et de Belgique nous avons également le devoir moral d’exiger ce boycott au niveau des gouvernements et des institutions politiques : en dénonçant ce jumelage, en nous opposant à la livraison d’armes, en demandant l’annulation du traité d’accord d’association bilatéral UE-Israël…
Des organisations et des citoyens en Belgique ont pris des initiatives pour mettre fin au jumelage entre Ixelles et Megiddo :
1. En mai 2023, le PTB-PVDA a déposé une motion au Conseil communal d’Ixelles demandant, entre autres, de mettre fin au jumelage entre Ixelles et Megiddo. Les partis de la majorité PS-Vooruit, Ecolo Groen et Objectif Ixelles, menée par le bourgmestre Ecolo Christos Doulkeridis, n’ont pas tenu compte des critiques et ont réaffirmé le maintien du jumelage.
D’autres communes et villes ont voté des motions contre la coopération avec Israël. En Belgique, on peut citer les exemples de Liège et de Verviers ; en Espagne, Barcelone a suspendu le jumelage avec Tel-Aviv, contrairement à Anvers seule autre commune belge jumelée à une localité israélienne (Haïfa).
Ce n’est que près d’un an plus tard, le 2 juin 2024, que l’ABP a reçu une réponse de huit pages de la part de l’échevin concerné. Résumé : Ixelles maintient son jumelage avec Megiddo.
La rupture d’alliances comme celle entre Ixelles et Megiddo est nécessaire pour affirmer avec détermination notre soutien au peuple palestinien, victime de nettoyage ethnique depuis plus de 76 ans ; ce fait dénoncé par de nombreux universitaires, y compris israélien comme le renommé Ilan Pappé (dans notamment « Le nettoyage ethnique de la Palestine », ed. La Fabrique) et dont Megiddo est un exemple frappant.
Le génocide dans la bande de Gaza, dont les images filmées par les victimes elles-mêmes défilent sur nos écrans, se déroule dans l’impunité et la complicité les plus totales est financé par les grandes puissances et soutenu par les chantres de la démocratie. On estime que ce petit bout de terre, grand comme une fois et demie Bruxelles, a reçu une quantité d’explosifs équivalente en tonnage à la bombe lancée sur Hiroshima.
Des experts militaires estiment que le nombre de victimes serait aux alentours de 70 000 et non de 35 000 comme on le répète depuis janvier, moment à partir duquel le ministère de la Santé à Gaza n’a plus été en mesure de fournir des chiffres mis à jour – le ministère se basant sur les données provenant des hôpitaux, tous détruits depuis – les services hospitaliers s’étant littéralement écroulés.
L’ampleur de la destruction et de la tragédie nous imposent en tant que simples citoyens, chacun en notre nom propre et quelle que soit par ailleurs notre fonction ou quels que soient nos titres, et pour notre propre dignité, de nous insurger contre la poursuite de ce jumelage de la localité de Megiddo avec une commune belge.
Pour le peuple palestinien, au nom de notre humanité, et en mémoire du diplomate et intellectuel palestinien Naïm Khader, délégué de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) assassiné à Ixelles le 1er juin 1981, nous exigeons de la Commune d’Ixelles qu’elle mette immédiatement un terme à ce jumelage et qu’elle se joigne au mouvement international de la société civile qui demande la fin de l’impunité dont jouit Israël depuis trop longtemps.
Pour une description et l’histoire des villages palestiniens détruits lors de la Nakba dans la région ainsi qu’une sélection d’articles sur la prison de Megiddo et les violations des droits humains qui y sont commises, veuillez suivre ce lien : https://bruxelles-panthere.thefreecat.org/?p=5962
Juin 2024,
Signataires & pour plus d’informations sur nos initiatives :
Mouhad Reghif, pour Bruxelles Panthères : bruxelles.pantheres@gmail.com
Malika Hamri : hamri.malika@gmail.com
Theo Mewis, grondrechten activist : theomewis@skynet.be