Le Hamas une organisation terroriste ? Voici ce que dit le droit

Par Christophe Oberlin

Pour les historiens la Palestine existe depuis plus de 3000 ans, pour les juristes l’Etat moderne de Palestine depuis un siècle. Avec des frontières reconnues, un système judiciaire propre, des passeports palestiniens, des timbres et une monnaie palestinienne. Un Etat de Palestine qui passait des accords internationaux avec les pays environnants, y compris la puissance mandataire le Royaume-Uni.

Rassemblement du mouvement Hamas à Gaza – Photo : via Hamas.ps

Alors, la guerre ne date pas du samedi 7 octobre 2023. La Palestine est en guerre depuis 1948. Et elle ressemble à un volcan en activité qui gronde chaque jour de souffrance et de colère. Avec parfois des explosions. L’éruption à laquelle nous assistons aujourd’hui est la plus puissante depuis 1948.

Le peuple palestinien ne revendique rien : il demande le rétablissement de ses droits souverains sur sa terre. L’éruption actuelle est la conséquence de cette violation initiale du droit. Pourtant, pour les gouvernements occidentaux, c’est le peuple palestinien qui serait devenu le coupable. L’action juridique, par le jeu des principes, permet de rétablir la réalité.

Il faut revenir à l’origine du conflit, à 1917, avec la volonté occidentale de créer une implantation au Moyen Orient pour contrôler les peuples arabes, en utilisant la politique sioniste. Israël est la puissance militaire occupante à Gaza, malgré son retrait du territoire, car il s’assure un contrôle total. Selon le droit coutumier, Israël doit la protection à la population occupée.

Or, non seulement il ne la protège pas, mais il l’agresse par le blocus, les bombardements et maintenant le siège total depuis le 9 octobre 2023. Les décisions politiques israéliennes plaçant en détention les résistants palestiniens sont présentées comme des « jugements », ce qui donne une apparence de régularité.

Or, il s’agit de prisonniers de guerre, qu’Israël n’a pas le droit de juger, par application de la 3 ème convention de Genève. Même sous l’angle de la 4 ème convention, les « jugements » sont illégaux : procès tenus en dehors du territoire palestinien, procédure ne respectant pas le procès équitable.

Aussi, les palestiniens détenus sont des otages politiques d’Israël. Il n’y a donc pas « les otages du Hamas » d’un côté et les « Palestiniens prisonniers d’Israël » de l’autre. Selon la Cour Pénale Internationale, seul tribunal international habilité à traiter des crimes de guerre, la Palestine est un Etat.

De fait l’Etat de Palestine siège à l’assemblée des Etats-parties de la CPI, à égalité de droits et de devoirs avec les 122 autres Etats. Ainsi, les puissances occidentales qui nient la réalité de l’Etat de Palestine sont en contradiction avec eux-mêmes.

Le Hamas a affirmé son accord avec le droit international et sa volonté de coopérer avec la CPI. A l’inverse, Israël refuse le droit international, et refuse toute coopération avec la CPI.

C’est le Hamas qui est en phase avec le droit, et Israël qui dénie le droit. Les crimes actuellement commis sont la conséquence de ce déni du droit.

Le statut de la CPI définit une longue liste d’infractions, et aucune ne fait référence au terrorisme, car ce mot a toujours été utilisé pour discréditer les opposants politiques (De Gaulle, Mandela…).

Aussi, le Hamas, qui a reconnu la CPI et veut coopérer, rejette cette accusation de « terrorisme », qui est un concept politique et médiatique, mais pas juridique. Le Hamas n’a d’ailleurs jamais figuré sur la liste des organisations terroristes de l’ONU.

Les faits commis par les attaquants palestiniens sur le territoire actuel d’Israël seront jugés par Israël et les puissances occidentales (procédure déjà ouverte en France). Israël n’acceptera pas de confier ses affaires à la CPI.

La CPI est pourtant compétente du fait de la nationalité palestinienne des combattants, mais elle appliquera le principe de subsidiarité : elle n’intervient qu’en l’absence de procédures conduites par les juges nationaux.

Aussi, la ligne doit être :

  • 1) de contester les futurs jugements israéliens, vu qu’Israël refuse d’appliquer le droit international,
  • 2) de demander une enquête par la CPI, le droit national israélien ignorant le droit international. Le Hamas attend que la justice se prononce, mais dans une procédure équitable et donc devant la CPI.

Quand Israël engagera des procédures devant ses juridictions, il faudra demander au procureur de la CPI d’ouvrir la même enquête, en démontrant que les procédures israéliennes sont des violations graves du droit humanitaire (Statut, Art. 8, 2, a, 6) et donc en portant plainte contre les juges israéliens. Ce sera une mise en accusation de la justice israélienne.

L’hypothèse d’un procès contre les résistants devant la CPI est peu probable, sauf pour des aspects mineurs. En effet, Israël n’acceptera jamais de s’en remettre à la CPI, ce qui l’obligerait à accepter l’arrêt de la CPI du 5 février 2021 qui a reconnu l’Etat de Palestine. Aussi, la résistance doit multiplier les références à la CPI… même si celle-ci reste inactive.

Devant la CPI, le cadre de la défense serait la légitime défense. Le statut prévoit une version large avec l’article 31 d, qui légitime la commission de crimes de guerre si c’est le seul moyen d’assurer la sauvegarde du peuple. Il y a donc une solide marge de manœuvre.

Israël ne veut pas se retirer des territoires palestiniens occupés y compris Jérusalem, et sa solution est un Etat unique. Israël ne veut accepter l’égalité des citoyens arabes, car c’est la fin de l’Etat juif, et la seule issue est alors l’Etat d’apartheid.

Aussi, il faut envisager des plaintes contre les dirigeants européens qui apportent leur assistance à cette politique comme complicité du crime d’apartheid international. Tous les Etats européens ont d’ailleurs ratifiés le statut de la CPI.

Dès que le moment sera propice, il faudra déposer la plainte pour l’annexion de Jérusalem, car vu l’importance de l’enjeu, la clarté du droit applicable et des preuves, le procureur Karim Khan ne pourra pas rester sept ans (la fin de son mandat) sans rien faire.

L’enquête sur les crimes en cours (bombardements indiscriminés, siège total, déplacements forcés de population) relèvent tous de la CPI, mais le procureur mettra probablement en avant la complexité de l’affaire, la masse des faits, pour ne pas avancer.

D’où l’intérêt essentiel de faire juger la plainte pour l’annexion de Jérusalem. Il en va de la crédibilité de la cour, observée par le monde entier, et c’est un hommage à la résistance qui est mobilisée sur la protection de Jérusalem.

20 octobre 2023 – Transmis par l’auteur

Source

La Charte du mouvement Hamas : version française

Par Hamas

Résistance islamique – Un document sur les principes généraux et les politiques du mouvement Hamas

 

 

Au nom d’Allah, le Très Clément, le Très Miséricordieux,
Le mouvement de résistance islamique « Hamas »

 

Un document sur les principes essentiels et les politiques générales

Qu’Allah, le Seigneur de tous les mondes, soit loué ! Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur Mouhammad, le Maître des Messagers et le Chef des Moujahidins, sur sa famille et tous ses compagnons !

Préambule

La Palestine est la terre du peuple palestinien arabe ; il en est originaire, il ne fait qu’un avec elle, il lui appartient, et c’est à partir de cette appartenance qu’il communique avec le reste du monde.

La Palestine est une terre dont le statut a été renforcé par l’Islam, une foi qui la tient en haute estime, qui lui insuffle son esprit et ses valeurs, et qui pose les bases d’une doctrine qui a pour but de la défendre et de la protéger.

La Palestine est la Cause d’un peuple abandonné par une humanité qui ne respecte pas ses droits, un peuple qui veut qu’on lui rende ce qu’on lui a pris, qui veut voir ses droits garantis au lieu d’être violés, un peuple qui continue de subir sur sa terre l’une des pires espèces d’occupation du monde.

La Palestine est une terre dont on s’est emparé par la force pour mettre en œuvre un projet sioniste, raciste, inhumain et colonial fondé sur une promesse mensongère (la Déclaration Balfour), sur la reconnaissance de l’entité occupante, et sur le fait accompli.

La Palestine symbolise la résistance qui se poursuivra jusqu’à la libération complète, jusqu’à ce que tous les Palestiniens soient revenus y vivre et jusqu’à ce qu’un État vraiment souverain soit établi avec Jérusalem comme capitale.

La Palestine est ce qui fait des Palestiniens de toutes affiliations de véritables partenaires dans la poursuite du sublime objectif de la libération.

La Palestine est l’esprit de la Oummah [la communauté des Croyants] et sa Cause centrale; c’est l’âme de l’humanité et sa conscience vivante.

Ce document est le fruit de délibérations approfondies qui ont abouti à un fort consensus. En tant que mouvement, nous approuvons la vision décrite dans les pages qui suivent, la théorie comme la pratique. C’est une vision qui repose sur des bases solides et sur des principes bien établis. Ce document décrit les objectifs, les étapes et la manière dont l’unité nationale peut se concrétiser. Il précise également notre compréhension commune de la Cause palestinienne, les principes d’action qui présideront à sa promotion, et le cadre de son interprétation.

Le mouvement

1. Le Mouvement de résistance islamique “Hamas” est un mouvement islamisme palestinien de libération nationale et de résistance. Son but est de libérer la Palestine et de s’opposer au projet sioniste. Son cadre de référence est l’Islam qui détermine ses principes, ses objectifs et ses moyens.

La terre de Palestine

2. La Palestine, qui s’étend de la Jordanie, à l’est, jusqu’à la Méditerranée, à l’ouest, et de Ras Al-Naqurah, au nord, jusqu’à Umm Al-Rashrash, au sud, est une unité territoriale indivisible. C’est la terre et la patrie du peuple palestinien. L’expulsion et le bannissement des Palestiniens de leur terre et l’établissement de l’entité sioniste à leur place n’anéantissent pas le droit du peuple palestinien à sa terre toute entière et ne donnent aucun droit à l’usurpateur sioniste.

3. La Palestine est une terre islamique arabe. C’est une terre sacrée et bénie qui a une place spéciale dans le cœur de chaque Arabe et de chaque Musulman.

Le peuple palestinien

4. Les Palestiniens sont les Arabes qui vivaient en Palestine jusqu’en 1947, indépendamment du fait qu’ils en aient été expulsés ou qu’ils y soient restés; et toute personne née d’un père arabe palestinien après cette date, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la Palestine, est un Palestinien.

5. L’identité palestinienne est authentique et éternelle; elle se transmet de génération en génération. Les catastrophes qui ont frappé le peuple palestinien du fait de l’occupation sioniste et de sa politique de déplacement de population, ne peuvent pas effacer l’identité du peuple Palestinien, ni la lui dénier. Un(e) Palestinien(e) ne perdra pas son identité ni ses droits nationaux en acquérant une deuxième nationalité.

6. Le peuple palestinien est un seul peuple. Il est composé de tous les Palestiniens, qu’ils vivent en Palestine ou ailleurs, indépendamment de leur religion, leur culture ou leur affiliation politique.

L’Islam et la Palestine

7. La Palestine est au cœur de la Oummah arabe et islamique et elle jouit d’un statut spécial. En Palestine, se trouve Jérusalem qui est bénie par Allah. La Palestine est la Terre Sainte, qu’Allah a bénie pour l’humanité. C’est le premier Qiblah des musulmans et la destination du voyage de nuit du Prophète Mouhammad, que la paix soit avec lui ! C’est là qu’il est monté au ciel. C’est le lieu de naissance de Jésus-Christ, la paix soit avec lui ! Son sol contient les ossements de milliers de Prophètes, de Compagnons et de Moujahidins. Jérusalem – et alentour – est un lieu où vivent et ont vécu des personnes déterminées à défendre la vérité, des personnes qui ne se laissent pas dissuader ou intimider par ceux qui s’opposent à eux ou qui les trahissent, des personnes qui poursuivront leur mission jusqu’à ce que la promesse d’Allah soit accomplie.

8. En vertu de sa voie équilibrée et modérée du juste milieu, l’Islam – pour le Hamas – offre un mode de vie complet et un ordre qui conviennent à toutes les époques et tous les lieux. L’Islam est une religion de paix et de tolérance. Il protège les adeptes des autres croyances et religions qui peuvent pratiquer leur foi en toute sécurité. Le Hamas croit également que la Palestine a toujours été et sera toujours un modèle de coexistence, de tolérance et d’innovation culturelle.

9. Le Hamas croit que le message de l’Islam prône des valeurs de vérité, justice, liberté et dignité, interdit toutes les formes d’injustice et criminalise les oppresseurs indépendamment de leur religion, race, sexe ou nationalité. L’islam est contre toute forme d’extrémisme religieux, ethnique ou sectaire et de fanatisme. C’est une religion qui prône la résistance à l’agression et le soutien des opprimés; elle les encourage à la générosité et à se sacrifier pour défendre leur dignité, leur terre, leur peuple et leurs lieux saints.

Jérusalem

10. Jérusalem est la capitale de la Palestine. Son statut religieux, historique et culturel est fondamental pour les Arabes, les Musulmans et le monde entier. Ses lieux saints islamiques et chrétiens appartiennent exclusivement au peuple palestinien et à la Oummah arabe et islamique. Aucune pierre de Jérusalem ne peut être cédée ou abandonnée. Les mesures prises par les occupants de Jérusalem, comme la judaïsation, la construction de colonies et les faits-accomplis, sont fondamentalement nulles et non avenues.

11. La sainte mosquée Al-Aqsa appartient exclusivement à notre peuple et à notre Oummah, et l’occupation n’a aucun droit sur elle. Les projets, mesures et tentatives de l’occupation pour judaïser Al-Aqsa et la diviser sont nuls, non avenus et illégitimes.

Les réfugiés et le droit au retour

12. La Cause palestinienne dans son essence est la Cause d’un pays occupé et d’un peuple chassé de sa terre. Le droit des réfugiés palestiniens et des Palestiniens déplacés à l‘intérieur du pays de revenir dans les maisons dont ils ont été chassés – ou où on les empêche de revenir – dans les terres occupées soit depuis 1948, soit depuis 1967 (c’est-à-dire dans la Palestine toute entière), est un droit naturel à la fois individuel et collectif. Ce droit est confirmé par toutes les lois divines, ainsi que par les principes fondamentaux des droits de l’homme et du droit international. C’est un droit inaliénable dont personne ne peut faire fi, qu’il soit palestinien, arabe ou international.

13. Le Hamas rejette toutes les tentatives visant à abolir les droits des réfugiés, y compris les tentatives de les installer en dehors de la Palestine à travers les projets de patrie alternative. L’indemnisation des réfugiés palestiniens pour le préjudice qu’ils ont subi du fait de leur bannissement et de l’occupation de leur terre est un droit aussi absolu que leur droit au retour. Ils doivent recevoir une compensation lors de leur retour et cela n’exclut, ni ne restreint, leur droit au retour.

Le projet sioniste

14. Le projet sioniste est un projet raciste, agressif, colonial et expansionniste basé sur l’appropriation violente de ce qui appartient à d’autres; c’est un projet hostile au peuple palestinien et à son aspiration à la liberté, à l’émancipation; un projet hostile au retour des Palestiniens sur leur terre et à leur autodétermination. L’entité israélienne est le terrain d’expérimentation du violent projet sioniste et sa base opérationnelle.

15. Le projet sioniste ne vise pas uniquement le peuple palestinien; c’est l’ennemi de la Oummah arabe et islamique dont il menace gravement la sécurité et les intérêts. Il est également hostile aux aspirations de la Oummah, à son unité, à sa renaissance et à sa libération, et a été la principale source de ses problèmes. Le projet sioniste représente également un grand danger pour la sécurité et la paix internationales et la stabilité de l’humanité toute entière.

16. Le Hamas affirme qu’il s’oppose au projet sioniste, et non pas aux Juifs en raison de leur religion. Le Hamas ne lutte pas contre les Juifs parce qu’ils sont juifs, mais il mène la lutte contre les sionistes qui occupent la Palestine. En réalité, ce sont les sionistes qui assimilent constamment le judaïsme et les Juifs à leur projet colonial et à leur entité illégale.

17. Le Hamas rejette la persécution de tout être humain ou mise en cause de ses droits nationaux, religieux ou communautaires. Le Hamas estime que le problème juif, l’antisémitisme et la persécution des Juifs sont des phénomènes fondamentalement liés à l’histoire européenne et non à l’histoire des Arabes et des Musulmans ou à leur héritage. Le mouvement sioniste, qui a pu avec l’aide des pouvoirs occidentaux occuper la Palestine, est la forme la plus dangereuse de l’occupation colonialiste qui a déjà disparu du reste du monde et doit disparaître de la Palestine.

La position par rapport à l’Occupation et les solutions politiques

18. Les éléments suivants sont considérés comme nuls et non avenus : la Déclaration de Balfour, le document du mandat britannique, la résolution des Nations Unies sur la partition de la Palestine, et toutes les résolutions et les mesures qui en découlent ou s’y apparentent. La création d’”Israël” est entièrement illégale et contrevient aux droits inaliénables du peuple palestinien et va contre sa volonté et la volonté de la Oummah; elle viole également les Droits de l’homme garantis par les conventions internationales, avec en première place le droit à l’autodétermination.

19. Il n’y aura aucune reconnaissance d’une légitimité de l’entité sioniste. Quelle que soit l’ampleur de l’occupation de la terre de Palestine, sont illégitimes la construction de colonies, la judaïsation ou la modification de ses caractéristiques ou falsification des faits. Jamais les droits ne disparaissent.

20. Le Hamas estime qu’aucune partie de la terre de Palestine ne devra faire l’objet de compromis ou de concessions, indépendamment des raisons, des circonstances et des pressions, et peu importe la durée de l’occupation. Le Hamas rejette toute alternative à la libération complète et achevée de la Palestine, du fleuve à la mer. Cependant, sans revenir sur son rejet de l’entité sioniste et sans renoncer à aucun droit palestinien, le Hamas considère la création d’un État palestinien entièrement souverain et indépendant, avec Jérusalem comme capitale, selon les limites du 4 juin 1967, avec le retour des réfugiés et des déplacés vers les maisons d’où ils ont été expulsés, comme une formule de consensus national.

21. Le Hamas affirme que les Accords d’Oslo et leurs additifs contreviennent au droit international en ce sens qu’ils génèrent des engagements qui violent les droits inaliénables du peuple palestinien. Par conséquent, le Mouvement rejette ces accords et tout ce qui en découle, avec parmi eux les obligations qui nuisent aux intérêts de notre peuple, en particulier la coordination sécuritaire (collaboration).

22. Le Hamas rejette tous les accords, initiatives et projets de règlement qui visent à saper la cause palestinienne et les droits de notre peuple palestinien. À cet égard, toute position, initiative ou programme politique ne doit en aucun cas violer ces droits, y contrevenir ou les contredire.

23. Le Hamas souligne que le viol des droits du peuple palestinien, le vol de ses terres et son bannissement de sa patrie ne peut pas être appelé paix. Les règlements conclus sur cette base ne conduiront pas à la paix. La résistance et le djihad pour la libération de la Palestine resteront un droit légitime, un devoir et un honneur pour tous les fils et les filles de notre peuple et de notre Oummah.

Résistance et Libération

24. La libération de la Palestine est le devoir du peuple palestinien en particulier et le devoir de la Oummah arabe et islamique en général. C’est aussi une obligation humanitaire telle que requise par les impératifs de la vérité et de la justice. Les agences travaillant pour la Palestine, qu’elles soient nationales, arabes, islamiques ou humanitaires, se complètent et agissent en harmonie, et non pas en conflit les unes avec les autres.

25. Résister à l’occupation avec tous les moyens et méthodes est un droit légitime garanti par les lois divines et par les normes et lois internationales. Au cœur de cela se trouve la résistance armée, qui est considérée comme le
choix stratégique pour la protection des principes et des droits du peuple palestinien.

26. Le Hamas rejette toute tentative de saper la résistance et ses armes. Il affirme également le droit de notre peuple de développer les moyens et outils de résistance. Gérer la résistance, en termes d’escalade ou désescalade, ou en termes de diversification des moyens et des méthodes, fait partie intégrante du processus de gestion du conflit et ne devrait pas se faire au détriment du principe de résistance.

Le système politique palestinien

27. Un véritable État palestinien est un État qui a été libéré. Il n’y a pas d’alternative à un État palestinien totalement souverain sur l’ensemble du territoire national et du sol palestinien, avec Jérusalem comme capitale.

28. Le Hamas croit et adhère à la gestion de ses relations palestiniennes sur la base du pluralisme, de la démocratie, du partenariat national, de l’acceptation de l’autre et du dialogue. L’objectif est de renforcer l’unité des rangs et l’action commune dans le but d’atteindre les objectifs nationaux et de répondre aux aspirations du peuple palestinien.

29. L’OLP [Organisation de Libération de la Palestine] est un cadre national pour le peuple palestinien à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine. Elle devrait donc être préservée, développée et reconstruite sur des bases démocratiques afin d’assurer la participation de toutes les composantes et forces du peuple palestinien, d’une manière qui garantisse les droits des Palestiniens.

30. Le Hamas souligne la nécessité de construire des institutions nationales palestiniennes sur des principes démocratiques solides, avec tout d’abord des élections libres et équitables. Une telle procédure devrait être fondée sur un
partenariat national et selon un programme et une stratégie clairs qui respectent les droits, y compris le droit à la résistance, et qui répondent aux aspirations du peuple palestinien.

31. Le Hamas affirme que le rôle de l’Autorité palestinienne devrait être de servir le peuple palestinien et protéger sa sécurité, ses droits et son projet national.

32. Le Hamas souligne la nécessité de maintenir l’indépendance de la prise de décision nationale palestinienne. Les forces extérieures ne devraient pas être autorisées à intervenir. Dans le même temps, le Hamas affirme la responsabilité des Arabes et des Musulmans et leur devoir et rôle dans la libération de la Palestine de l’occupation sioniste.

33. La société palestinienne est enrichie par ses personnes éminentes, ses personnalités, ses dignitaires, ses institutions de la société civile et ses jeunes, étudiants, syndicalistes et groupes de femmes qui travaillent ensemble pour la réalisation des droits nationaux et la construction sociale, poursuivent la résistance et la lutte pour la libération.

34. Le rôle des femmes palestiniennes est fondamental dans le processus de construction du présent et du futur, tout comme il l’a toujours été dans le processus historique palestinien. C’est un rôle central dans le projet de la résistance, de la libération et de la construction du système politique.

La Oummah arabe et islamique

35. Le Hamas croit que la question palestinienne est la cause centrale de la Oummah arabe et islamique.

36. Le Hamas croit en l’unité de la Oummah avec toute sa diversité et ses composantes, et est conscient de la nécessité d’éviter tout ce qui pourrait fragmenter la Oummah et saper son unité.

37. Le Hamas croit en la coopération avec tous les États qui soutiennent les droits du peuple palestinien. Il s’oppose à l’intervention dans les affaires intérieures de n’importe quel pays. Il refuse également d’être attiré dans des disputes et conflits qui existent entre différents pays. Le Hamas adopte la politique de l’ouverture aux différents États du monde, en particulier les États arabes et islamiques. Il s’efforce d’établir des relations équilibrées sur la base d’une combinaison d’une part des exigences de la cause palestinienne et des intérêts des Palestiniens, et d’autre part des intérêts de la Oummah, de sa renaissance et de sa sécurité.

L’aspect humanitaire et international

38. La question palestinienne est celle qui a des répercussions humanitaires et dimensions internationales majeures. Soutenir et appuyer cette Cause est une nécessité humanitaire et civilisationnelle et une question de vérité, justice et respect des valeurs humanitaires communes

39. D’un point de vue juridique et humanitaire, la libération de la Palestine est une action légitime, c’est un acte de légitime défense et l’expression du droit naturel de tous les peuples à l’autodétermination.

40. Dans ses relations avec les nations et les peuples du monde, le Hamas croit en les valeurs de la coopération, de la justice, de la liberté et du respect de la volonté des peuples.

41. Le Hamas se félicite des positions des États, des organisations et des institutions qui soutiennent les droits du peuple palestinien. Il salue les peuples libres du monde qui soutiennent la cause palestinienne. Dans le même
temps, il dénonce le soutien accordé par toute partie à l’entité sioniste ou les tentatives de couvrir ses crimes et agressions contre les Palestiniens, et il appelle à la poursuite des criminels de guerre sionistes.

42. Le Hamas rejette les tentatives d’imposer une hégémonie sur la Oummah arabe et islamique, tout comme il rejette les tentatives d’imposer une hégémonie sur le reste des nations et des peuples du monde. Le Hamas condamne également toute forme de colonialisme, d’occupation, de discrimination, d’oppression et d’agression dans le monde.

Mai 2017 – Hamas.ps – Traduction : Chronique de Palestine – Dominique Muselet & Lotfallah

Histoire de la politique étrangère du Hamas – édition française

Par Christophe Oberlin

Mouvement de libération nationale créé en 1987, puis transformé en parti politique, vainqueur des élections législatives palestiniennes de 2006, le Hamas s’impose aujourd’hui comme l’une des principales forces politiques palestiniennes.

Méconnu, critiqué, caricaturé à l’extrême dans les pays occidentaux, le mouvement a compris très tôt que la reconnaissance de sa légitimité et de sa crédibilité passait par une acceptation de la part de la communauté internationale.

Ce livre, le plus complet à ce jour, évalue les principes fondateurs du mouvement dans l’établissement de ses relations internationales. Il décrit son évolution, succès et échecs, ainsi que l’impact global de sa politique extérieure sur le mouvement national palestinien. Un texte de référence pour les universitaires, responsables politiques, et aussi tout lecteur portant attention au peuple palestinien.

« Ce livre démonte avec brio les représentations biaisées du Hamas dans les pays occidentaux. Une lecture éclairante pour quiconque recherche une présentation honnête de cet important mouvement palestinien. » Ilan Pappe, College of Social Sciences & International Studies, Université d’Exeter

Préface

Pour beaucoup, le Hamas est un groupement palestinien politico- religieux classé sur la liste des organisations terroristes. Ceux qui en savent davantage se souviennent confusément d’élections palestiniennes anciennes suivies d’une sorte de coup d’Etat divisant les « territoires palestiniens » en deux : la Cisjordanie dirigée « légalement » par l’Autorité Palestinienne, et la Bande de Gaza « dirigée d’une main de fer par le mouvement islamiste ».

 

 

Cette dernière formule étant même retrouvée dans certains travaux de recherche en Sciences Politiques.

Peu savent que le Hamas, tout en développant une stratégie de participation aux processus électoraux selon le même schéma que celui des démocraties libérales occidentales, a cherché dès sa création en 1987 et jusqu’aujourd’hui à développer un réseau de relations internationales. Le livre de Daud Abdullah intitulé « The Making of Hamas’s foreign policy » [1] , riche de près de 600 références bibliographiques, et appuyé sur une série impressionnante de récits par les acteurs eux-mêmes du mouvement, démontre la constance et la cohérence de cette politique étrangères.

Point de « tournant à 180° », mais une adaptation réaliste aux événements intercurrents. Comme l’impact de l’occupation du Koweït par l’Irak de Saddam Hussein alors que le Hamas − qui s’en souvient − et à l’inverse d’Arafat, condamna l’invasion ; la déportation à Marj el Zohour au Liban qui, loin d’étouffer le mouvement, lui permis d’accéder à la notoriété internationale.

Des récits séparés particulièrement intéressants sont consacrés aux rapports du Hamas avec des pays comme la Chine, la Russie, l’Afrique du Sud, l’Inde ou le Brésil. Des relations basées sur cinq principes : indépendance, non ingérance, consensus, évitement des conflits, limitation de la résistance armée à la Palestine du mandat britannique.

Le livre de Daud Abdullah est certainement le plus solide des livres consacrés à la politique étrangère du Hamas, en anglais comme en français. Mis à part l’ouvrage de Aude Signoles [2], concis et sans parti pris, mais déjà ancien, les autres livres ou articles longs publiés en français restent marqués par l’idéologie. Des livres à charge, utilisant un vocabulaire volontiers méprisant à l’égard d’un mouvement qui représente pourtant la moitié de l’électorat palestinien. Un poids électoral qui inquiète Israël et ses amis occidentaux.

Il est regrettable que les publications françaises, sur lesquelles s’appuient volontiers médias et décideurs politiques, restent marquées par certaines idées préconçues, et farouchement attachées à une vision restrictive et erronée de la laïcité à la française.

Daud Abdullah, par le sérieux de ses références et analyses, présente ici le résultat d’un remarquable travail de chercheur, tout en estimant son sujet. Il va jusqu’à comparer le pragmatisme britannique… à celui du Hamas !

On aimerait que la classe politique en tire leçon et cesse de prendre pour cible les sociétés musulmanes, y compris dans notre pays.

Notes :

[1] Daud Abdullah (2020) Engaging the world – The Making of Hamas’s Foreign Policy, Afro-Middle East Centre (AMEC) PO Box 411494, Craighall 2024, Johannesburg, South Africa, 246 p
[2] Le Hamas au pouvoir, et après ? Aude Signoles , Milan Actu 2006, 112 p

Histoire de la politique étrangère du Hamas
Daud Abdallah
Traduit et préfacé par Christophe Oberlin
Editeur: Erick Bonnier
EAN: 978 236 760 2813
Prix: 22 euros

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