12 novembre | Al-Haq | Traduction J.Ch. pour l’AURDIP |
Alors que la Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique (COP27) était lancée le 6 novembre en Égypte à Sharm El Sheikh, et que les dirigeants, les représentants des gouvernements et les décideurs politiques du monde entier se réunissaient pour négocier la justice climatique, le défenseur des droits de l’homme (HRD) britannico-égyptien et prisonnier de conscience, Alaa Abdel Fattah, buvait son dernier verre d’eau dans une prison égyptienne après plus de 200 jours d’une grève partielle de la faim. S’il n’est pas libéré, Alaa mourra avant la fin de la COP27.
Les organisations palestiniennes soussignées insistent sur le caractère indissociable de la lutte pour la justice climatique et les droits de l’homme, la justice sociale et les luttes pour l’autodétermination et la liberté. Nous exigeons par conséquent que les États placent les droits de l’homme et les libertés aux cœur de leurs négociations à la COP27 pour permettre un véritable sommet mondial ouvert à tous. Nous joignons nos voix aux voix qui, dans le monde entier, appellent à la libération immédiate d’Alaa Abd El Fattah et de tous les prisonniers égyptiens, palestiniens et politiques à travers le monde, arrêtés et détenus arbitrairement uniquement parce qu’ils exercent leurs droits fondamentaux.
La justice climatique ne peut pas être séparée des droits de l’homme. D’une part, le changement climatique affecte de manière significative la jouissance des droits fondamentaux, dont le droit à une eau et des aliments sains et suffisants, le droit à la santé, à un logement et une éducation convenables, ainsi que le droit au développement et à l’autodétermination. D’autre part, ce sont les régimes mondiaux de colonialisme, de néolibéralisme, d’occupation, de discrimination raciale et d’autoritarisme qui violent et privent les gens de leurs droits fondamentaux, dont les droits politiques, civils et socio-économiques, leur droit à l’autodétermination, leur droit à l’entière souveraineté sur leurs terres et leurs ressources naturelles, constituant ainsi un moteur essentiel de la crise climatique.
En même temps, à l’avant-garde du mouvement pour la justice climatique, on trouve les peuples indigènes, les mouvements populaires pour la justice sociale, les organisations de la société civile et les défenseurs des droits de l’homme, dont les défenseurs des droits à un environnement sain, comme cela a été souligné par le Rapporteur Spécial de l’ONU sur les Droits à la Liberté de Rassemblement Pacifique et d’Association. [1] En vertu du droit international des droits de l’homme, les États sont tenus de s’abstenir d’appliquer des lois et de s’engager dans des pratiques qui perturbent l’exercice des droits à la liberté de réunion pacifique et d’association, et doivent par ailleurs promouvoir un environnement propice à l’exercice de ces droits. [2] Les États sont également tenus de respecter le droit collectif à l’autodétermination des peuples, y compris leur droit à déterminer librement leur statut politique et à poursuivre librement leur développement économique, social et culturel, et leur droit à une totale souveraineté sur leurs ressources et leurs richesses naturelles. [3] Par ailleurs, et la Convention Cadre de l’ONU sur le Changement Climatique, et l’Accord de Paris obligent les États Parties à faciliter la participation du public à la question du changement climatique. [4]
Malheureusement, au lieu d’encourager le combat pour la justice, dont la lutte pour la justice climatique, de nombreux États ont violé les droits et libertés des défenseurs des droits de l’homme et de la société civile avec des agressions physiques, des meurtres, des campagnes de dénigrement, des restrictions sur les réunions pacifiques, des arrestations arbitraires, de la criminalisation, du harcèlement judiciaire et de la surveillance. [5] Dans des contextes coloniaux et autoritaires, des États se sont appuyés sur des lois antiterroristes et des prétextes sécuritaires pour ce genre de violations. Ces actions répressives ne contreviennent pas seulement au droit international des droits de l’homme, elles incarnent aussi les régimes mondiaux d’oppression qui veulent maintenir le statu quo pour étendre leur domination coloniale, leurs pouvoirs et leur profit.
En septembre 2021, Alaa Abdel Fattah a écrit depuis sa cellule en prison : « J’ai fait quatre grèves de la faim … et à chaque fois, je me rappelle la grève des captifs palestiniens. La Palestine est toujours dans mes pensées… Un captif a-t-il le droit de demander de l’aide à l’assiégé ? Je sais que ces questions sont la preuve de mon âge, mais je suis un Arabe et la Palestine est toujours dans mes pensées. Et, pour ma défense, je dirai que j’ai refusé d’être humilié dans mon pays, et que je n’ai jamais abaissé mes bannières, et qu’on devrait retenir le fait que je me suis tenu debout face à mes oppresseurs : un orphelin, nu et nu-pieds, et ma consolation, c’est que la tragédie que je vis n’est que ma part de la vôtre. Je vous crie : vous êtes toujours dans mes pensées. » Les organisations soussignées redisent que la liberté en Palestine ne sera pas complète sans la liberté de tous les peules qui vivent sous des régimes de colonialisme, d’occupation, de discrimination raciale et d’autoritarisme.
Les Organisations et Réseaux de la Société Civile Palestinienne soussignées :
- Addameer, Association de Défense des Prisonniers et des Droits de l’Homme
- Al-Haq, le Droit au Service de l’Homme
- Le Centre de Défense des Libertés et des Droits Civils « HURRYYAT »
- Défense des Enfants International – Palestine
- Comité National BDS palestinien (BNC)
- Coalition Civique pour les Droits des Palestiniens de Jérusalem
- L’Initiative palestinienne pour la Promotion d’un Dialogue et d’une Démocratie Mondiales – MIFTAH
- L’Institut de Palestine pour la Diplomatie Publique
- Le Réseau des ONG Palestiniennes (PNGO)
- Le Centre des Femmes pour le Soutien et les Conseils Juridiques
- MAKAN
- Union des Comités de Travailleurs Agricoles (UAWC)