Les olympiades stibiennes ou les jeux de la désobéissanc

« Mobib, portiques, publicité, surveillance électronique, contrôleurs… Les investissements de la STIB, humains et technologiques, ne doivent pas nous faire oublier que la STIB est avant tout un service public qui doit permettre à tous de se déplacer librement. » C’est ce que nous avons pu lire sur le prospectus du collectif homostibien, venu présenter, lundi 25 février au Phare, une  action critiquant la politique de la société de transport. Le collectif dénonce  des contrôles de plus en plus courants, des tarifs qui s’envolent et des mesures sécuritaires (caméras, police,…) qui mettent à mal l’accessibilité aux transports et la convivialité.

S’ils ont choisi le Phare pour présenter leur action, c’est que cette occupation temporaire est propice au débat et à la mobilisation. En effet, tous les lundis se tient un ciné-club où sont projetés des films et des documentaires engagés. Cette soirée-là, quatre courts métrages étaient présentés, chacun d’entre eux appuyait une revendication du collectif. Nous avons pu notamment voir Barres (1984) un film de Luc Moullet qui caricature les tentatives de fraudes face à des portiques de plus en plus perfectionnés, de plus en plus surréalistes aussi.


Luc Moullet – Barres (1984) par cinemarati

Suite à cette projection, l’occasion est donnée aux habitants et aux visiteurs d’un soir de débattre sur la politique de la mobilité à Bruxelles. Si l’idée d’une nouvelle mobilité est présente, les participants restent mitigés sur la forme qu’elle doit prendre : la gratuité complète des transports en commun est-elle possible ? est-ce qu’il n’est pas meilleur de diminuer les transports classiques afin de privilégier la marche ou le vélo ? Chacun a sa propre idée de la question.

Chacun donne son avis sur une mobilité idéale

Chacun donne son avis sur une mobilité idéale

La discussion se termine sur une présentation de l’activité des 1er et 2 mars : les jeux olympiques de la Stib. Le collectif a en effet pour ambition d’organiser ses propres olympiades dans une station de métro de Bruxelles. « Déjouons la Stib ! », leur leitmotiv, rappelle tout le côté ludique de la manifestation : chaque épreuve représente une problématique : la surveillance, le contrôle, les tarifs, portiques ou la publicité. Vu la nature illégale de certaines activités (le saut de portiques par exemple), il est laissé à l’appréciation de chacun de payer son ticket ou non.

Les cinq épreuves seront adaptables selon a tournure des évènements

Les cinq épreuves seront adaptables à la situation pour éviter tout débordement

Pour le bien d’une opération surprise, il est important que l’information ne circule qu’en cercle fermé. C’est incognito que vendredi, jour J, les athlètes se retrouvent à 16h devant le bar Verschueren au parvis de St Gilles. Force est de constater que nous ne sommes pas les seuls journalistes présents. Si certains organisateurs avaient manifesté le désir de ne voir aucun journaliste traditionnel, le Soir et TV Bruxelles sont quand même au rendez-vous.

L’ampleur de la fuite est plus grande que prévue : la Stib, en collaboration avec la police, s’est préparée en conséquence car elle s’attend à une éventuelle manifestation dans les différentes stations qui entourent le quartier. La nouvelle s’est répandue à la publication du mercredi 27 février sur le site Inter-environnement Bruxelles (IEB), aujourd’hui indisponible. En effet, la députée MR Viviane Teitelbaum s’est indigné qu’un organisme comme l’IEB, financé par la Région, appelle à l’incivisme en invitant ses lecteurs à se joindre à l’évènement. La députée et la STIB ont donc porté plainte et ont demandé un retrait de l’article. Entretemps, la réputation de l’organisme a permis à l’évènement de se faire connaître de tous les médias et ce si bien que L’Avenir a suggéré que l’IEB était l’instigateur du projet.

La Stib a aussi qualifié les jeux olympiques « d’action d’incivisme » et a souligné son investissement dans des campagnes de préventions.

Malgré cette polémique et ces imprévus, le collectif a été jusqu’au bout de ses idées : la manifestation a eu lieu comme prévu. En plus de constituer un compte rendu des évènements, la vidéo qui suit tente au mieux de comprendre les motivations qui justifient des activistes à se retrouver sur le fil.

Les agents de police en civil, déployés pour la sécurité,  n’ont déclaré aucun incident, qualifiant les faits de « bon enfant ». Du côté de la Stib, le bilan de la journée se résume par deux amendes : une amende pour dégradation de matériel (forçage d’un portique) et une amende pour une carte Mobib non pointé. Comble de l’histoire, cette dernière sanction a été infligée à un usager qui passait par là, les contrôleurs n’auraient pas pu procéder à son identification… il était déguisé en clown !

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